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L’Unacois-Jappo limite les ambitions du président Wade

La baisse des prix de certaines denrées de première nécessité que le Président de la République a fixé pour le 10 janvier prochain sera-t-elle suivie par les commerçants. C’est la question qui s’impose du moment que l’Unacois-Jappo a fait savoir que cette mesure ne dépend pas du Chef de l’Etat mais de l’évolution du marché international. Par la même occasion, les commerçants ont dénoncé une absence de concertation dont fait montre les autorités.
par Bakary DABO | SUD QUOTIDIEN


Rédigé par leral.net le Mercredi 7 Janvier 2009 à 04:15 | | 0 commentaire(s)|

L’Unacois-Jappo limite les ambitions du président Wade
La conférence de presse que l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois-Jappo) a tenu ce mardi 6 janvier à Dakar, a été une occasion pour cette organisation de se prononcer officiellement sur les questions économiques nationales après la récente sortie du président de la République concernant la baisse annoncée des prix de certaines denrées de première nécessité. Se prononçant sur cette décision que le chef de l’Etat a promis de rendre effective le 10 janvier prochain, le vice-président de l’Unacois-Jappo, Moustapha Lô, s’est posé la question de savoir : « est ce que la baisse des prix des denrées de base dépend du président de la République ». Pour lui, « ce que le Chef de l’État peut faire c’est contrôler les droits de douanes et les subventions qui, d’ailleurs, ne tombent plus ». Moustapha Lô a tenu à préciser que « la baisse des denrées dépend du marché international mais avec les tendances actuelles, on espère qu’il y aura un repli sur les prix de certains produits ». Sur cette lancée, le chargé des relations extérieures, Serigne Dia Ndongo a fait savoir que « sur la baisse des denrées annoncée, l’Etat ne peut intervenir que sur deux produits que sont le sucre et l’huile ».

2008 : une année de toutes les crises

Le face à face avec la presse a été une occasion pour les commerçants de tirer un bilan économique sans complaisance de l’année 2008. L’Unacois-Jappo est partie du constat que « du fait de la fragilité des fondamentaux économiques qui ont connu quelques péripéties, secouée par une inflation de 5.6 % sur la période 2004-2008, le Sénégal ne parvient toujours pas à amorcer un véritable décollage économique, qui nécessiterait un taux de croissance minimum de 7 à 8 % pour faire face à une croissance démographique annuelle évaluée à 2,9%’ . Par la voix de son secrétaire permanent, M. Ousmane Sy Ndiaye, cette organisation juge que la persistance des difficultés structurelles relatives d’une part à la rareté des ressources naturelles, au déficit énergétique, au coût élevé des facteurs de production, à la productivité insuffisante, à l’enclavement de certaines parties du pays, entre autres, ainsi qu’à une insuffisance des investissements expliquent, pour une large part, cette difficulté.

D’autre part, poursuit M. Ndiaye, cette situation est liée aux échanges extérieurs, structurellement déficitaire, et surtout à l’absence notoire de concertations d’État-secteur-privé, qui ont été aggravés par l’alourdissement de la facture pétrolière depuis 2004. L’Unacois-Jappo a retenu que les situations de crise sont récurrentes (crise alimentaire, crise énergétique, inondation, crise financière, dépassements budgétaires, dette intérieure, ventes des actions de l’État, détournement, soulèvement des marchands ambulants, actions des imams et des jeunes de Kédougou…). Un état de fait qui amène les commerçants à constater que : « l’heure est grave et la situation risque d’empirer dans les semaines et les mois à venir. D’évidence, les choses ne vont pas dans la bonne direction au Sénégal ».

Devant cette situation de crise généralisée, l’Unacois-Jappo pense que la confiance entre État et citoyens s’effrite à un rythme vertigineux, face aux limites et manquement graves relevés dans l’activité de cette « mains invisible » qui, jusqu’alors, régulait l’économie. C’est ainsi que cette organisation considère qu’ « il urge de prendre des mesures rapidement, d’anticiper sur les implications et d’ériger de nouvelles conditions de gouvernance économique et sociale au profit de la stabilité de notre pays ». Les commerçants concèdent que le chef de « l’État se doit de dialoguer avec l’ensemble des acteurs économiques sans exclusive et le monde social (…) ».

Cette conférence de presse a également enregistré la participation du président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), Mansour Cama, selon qui, son organisation est en phase avec l’Unacois-Jappo sur toutes les questions développées.

Une réaction vite et bien en 2009 par la gouvernance économique Les commerçants pensent que cette situation de crise doit être transformée en opportunité de relance économique et servir de motif pour réagir et déclencher une dynamique véritablement nouvelle de gouvernance économique. « Il faut réagir vite et bien », ont-ils lancé. A la lumière de l’évolution de la crise alimentaire et des augmentations cycliques du prix du pétrole, l’Unacois-Jappo considère que « l’Etat ne peut plus se cantonner uniquement à ses tâches régaliennes car le marché ne régule pas convenablement ». Devant cette situation, les responsables de cette organisation pensent qu’une stratégie intelligente de concertation, et la réactivité d’un Etat modernisé et respectueuses du droit doivent être le dénominateur commun national.

Sur cette lancée, le président de la Cnes, a appelé les organisations à être citoyennes et soucieuses du bien être du pays. A son avis, « pour 2009, il faudra beaucoup se pencher sur la question de la gouvernance, la fiscalité et le foncier ». Même son de cloche pour Sonhibou Guèye, président du Groupement économique du Sénégal (Ges) qui a prôné la restauration de l’Etat de droit avec un système judiciaire fiable. Il a profité de l’opportunité pour réitérer le refus des opérateurs économiques sur la décision prise d’augmenter 500 F Cfa sur tout produit en partance ou en provenance du Mali.

Pour ses chantiers majeurs en 2009, l’Unacois-Jappo entend solliciter des autorités le recentrage du fonctionnement de la coopération sino-sénégalaise notamment sur les aspects relatifs à la circulation des personnes dans les deux pays. Une requête qui fait suite, dit-elle, au non respect des engagements pris par l’ambassade de la République populaire de Chine à Dakar après l’accord de facilitation des déplacements de ses membres en Chine. Entre autres chantiers, l’Unacois-Jappo compte formaliser le partenariat Unacois/Union Bank of Nigéria, travailler à une meilleure transparence sur la taxation des services portuaires, mettre en place une compagnie de transport de marchandises et des centrales d’achat de denrées de consommations courante.

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