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Pénurie d’eau à Dakar : Et si la solution se trouvait à Malika ? Dr. Ahmed Khalifa Niasse

Docteur Ahmed Khalifa Niasse n’est pas resté les bras croisés, sans rien faire par rapport à la question de l’eau. Il a en fait, mis les pieds dans le plat, en donnant une réflexion sur la solution de cette pénurie d’eau qui n'a que trop duré.


Rédigé par leral.net le Lundi 6 Mai 2024 à 11:20 | | 0 commentaire(s)|

Nous le savons, le Lac de Guiers a un lien avec le fleuve Sénégal pour se réalimenter en eau douce provenant du lointain Fouta Djallon. Toutefois, entre le lac de Guiers et Dakar, le chapelet de lacs d’eau douce étalé sur une distance de 300 kilomètres environ, aurait pu faire du Sénégal, un pays de petits lacs, par analogie au pays des grands lacs.

Le lac Retba, jadis bleu et rempli d’eau douce, acquit une super salinité proche de celle de la Mer Morte, au point de favoriser l’abondance de micro-organismes. Lesquels vus au microscope ressembleraient à des micros crevettes dont les bancs donnent cette couleur rosâtre. D’où vient sa nouvelle appellation de Lac Rose.

Le lac Tanma est dans une situation intermédiaire, son ph indique des eaux plutôt saumâtres. Toutefois le lac Malika Mbeubeuss demeure un lac d’eau douce, bien qu’il y ait des infiltrations provenant de l’océan qui arrivent à altérer son ph. Cependant, le coût financier d’une seule des nombreuses conduites d’eau pour amener de l’eau traitée à Dakar, représente une somme suffisante pour colmater les voies d’infiltration océaniques et rendre le ph du lac Malika Mbeubeuss à l’état ante.

Ce qui vient d’être dit, constitue une double solution. Cette eau peut être distribuée dans les Niayes pour l’irrigation en horticulture. L’un des effets immédiats est de multiplier par 30, la production actuelle en fruits et légumes. Le rapport de prix entre la même quantité d’eau Guiers-Malika Mbeubeuss est de 1 à 10. L’autre partie, une fois traitée, comme c’est le cas à Keur Momar Sarr, pourra, une fois injectée à Dakar, doubler la quantité d’eau potable disponible dans la capitale.

Ce, et d’autant plus que ce lac est le jaillissement de la nappe des sables du quaternaire, qui date de 11.000 ans. Et qui a l’avantage de se renouveler partiellement par voie pluviale.

Constatons que l’eau provenant de Keur Momar Sarr aurait pu être décantée et allégée, puis acheminée, pour en faire bénéficier l’agriculture au passage des conduites. Avec des petits et moyens centres de traitement dans les zones traversées. L’usine sur les bords du lac de Guiers sera alors implantée en amont de Dakar, pour ne traiter que l’eau destinée à l’usage de la capitale.

Avouons, donc, qu’une bonne partie des problèmes actuels de l’eau à Dakar,, résulte d’une mauvaise conception ayant choisi la solution la plus onéreuse. Avec des moyens de transport de l’eau dont l’un des inconvénients est l’obligation de multiplier les conduites, dont le coût à lui seul rend l’accès à l’eau prohibitive.

La solution des forages n’est qu’un palliatif à la fois cher et dangereux, parce qu’elle consiste à pomper à grande dose dans le réservoir constitué par les eaux fossiles. Donc, non renouvelable. Et cela peut être, à la longue, à la base d’un déplacement souterrain des roches. Et peut provoquer, sur le plan tectonique, à terme, des séismes localisés répétitifs. Sans oublier l’instabilité des sols au niveau de l’affleurement qui pourrait en découler.

Bien que le lac Malika ait perdu près de deux tiers de son volume originel, si on y ajoute son corollaire, le Mbeubeuss, on arrive à une quantité d’eau suffisante pour atteindre les objectifs visés. Car en plus de l’aspect fourniture en eau, on aurait pu créer l’équivalent sénégalais du Canal du Midi en France. Et, ce, par la jonction de l’ensemble des lacs dont nous disposons. Le lac de Guiers apportant de l’eau douce. La permanence en plus de la profondeur pour la navigabilité d’un tel ouvrage.

Il est temps que nos entités étatiques réfléchissent à des solutions globales et innovantes. Plutôt que d’opter pour des mini solutions. Lesquelles créent parfois plus de problèmes qu’elles n’en résolvent.





Dr. Ahmed Khalifa Niasse