Leral.net - S'informer en temps réel

2.800 migrants évacués à Paris, un record depuis novembre

Rédigé par leral.net le Vendredi 7 Juillet 2017 à 12:41 | | 0 commentaire(s)|

Près de 2.800 migrants ont été évacués vendredi matin, des campements où ils s’étaient installés, non loin du centre humanitaire de Paris, dans le nord de la capitale, lors de la plus importante opération de mise à l’abri depuis novembre.

Au total “2.771 personnes, dont 161 vulnérables” (femmes et mineurs isolés notamment), ont été prises en charge porte de la Chapelle et orientées vers des structures d’hébergement, a-t-on appris auprès de la préfecture d’Ile-de-France.

L’opération, qui s’est déroulée dans le calme, avait débuté peu après 6H00. Mais dès 5H30, les hommes se pressaient déjà devant le centre, dans l’attente de cette évacuation qui a mobilisé 60 bus et 350 policiers.

Paris : Evacuation de campements de migrants

Paris : Evacuation de campements de migrants© AFP Thomas SAINT-CRICQ

“On va monter dans des bus et ils vont nous emmener dans des hôtels, des centres. Je ne sais pas où, mais ce sera bien”, assure Milat, un jeune Afghan.

“On n’a pas dormi la nuit dernière! J’ai entendu parler de gymnases… C’est bien. Dès que j’ai une chambre ou un lit, j’apprends le français”, raconte Mirweiz, un autre Afghan, néanmoins convaincu qu’“un campement va se reconstituer”.

De fait, cette évacuation, la 34e depuis juin 2015 à Paris, intervient deux mois après une opération du même type, qui avait permis la mise à l’abri de 1.600 personnes. Mais les campements insalubres, disséminés sous l’autoroute ou le long des boulevards extérieurs, se sont vite reconstitués aux alentours du centre humanitaire.

‘Je suis fatigué’

Les migrants ont été orientés vers “une vingtaine de structures en Île-de-France, essentiellement des gymnases”, a indiqué sur place, le secrétaire général de la préfecture de région, François Ravier, en précisant qu’il y avait “de la place pour tout le monde”.

Sur ce total, la Ville de Paris a apporté 900 places, dans 4 gymnases intra-muros et une ancienne maison de retraite lui appartenant à Sarcelles (Val d’Oise).

Evacuation d'un campement de migrants Porte de la Chapelle à Paris le 7 juillet 2017

Evacuation d’un campement de migrants Porte de la Chapelle à Paris, le 7 juillet 2017© AFP Eric FEFERBERG

 

Tenant à la main un papier précisant son âge, Ori, un Guinéen de 16 ans, cherche le point de ralliement pour les personnes vulnérables. “Je suis fatigué, fatigué”, répète-t-il.

La mécanique de l’opération est bien rôdée: les migrants entrent par petits groupes sur un terrain vague, où des petits-déjeuners leur sont distribués par les organisateurs: préfecture de police, préfecture de région, Office français d’immigration et d’intégration (Ofii), ville de Paris et associations France terre d’asile et Emmaüs.

Ils montent ensuite dans des bus qui les emmènent vers les centres d’hébergement. “Des agents de l’Ofii vont passer au cours du mois et une information leur sera donnée sur la demande d’asile et l’aide au retour volontaire”, a indiqué à l’AFP, Didier Leschi, directeur général de l’Ofii.

Campement de migrants Porte de la Chapelle à Paris le 7 juillet 2017

Campement de migrants Porte de la Chapelle à Paris le 7 juillet 2017© AFP Eric FEFERBERG

Mais “la difficulté aujourd’hui est que, dans ces campements, on retrouve des réfugiés qui n’ont pas réussi à trouver des logements pérennes, c’est le paradoxe parce qu’on obtient le statut plus vite qu’avant”, a-t-il ajouté.

Il y a aussi un certain nombre de migrants ayant laissé leurs empreintes dans un autre pays européen, censément compétent pour leur demande d’asile, a rappelé le préfet.

Djamil, bandeau aux couleurs de l’Afghanistan ceint autour du front, explique qu’il a appris l’italien et l’allemand au cours de son périple. “Moi je parle grec”dit son voisin Mahmoud, qui a déjà été évacué le 9 mai, est parti à Figeac (Lot), mais en est revenu. “Les gens que je connaissais, étaient à Paris”, dit-il.

Evacuation d'un campement de migrants Porte de la Chapelle à Paris le 7 juillet 2017

Evacuation d’un campement de migrants Porte de la Chapelle à Paris le 7 juillet 2017© AFP Eric FEFERBERG

Cette opération était la plus grosse organisée depuis l’évacuation, le 4 novembre, du gigantesque bidonville de la place Stalingrad à Paris (4.000 personnes prises en charge).

L’ouverture, dans la foulée, du centre humanitaire porte de La Chapelle, devait empêcher la reconstitution de ce genre de campement, en offrant une alternative à la rue.

Mais le dispositif, unique en France, peine à absorber les nouveaux arrivants au rythme actuel. Aussi, l’adjointe à la maire de Paris Dominique Versini, a-t-elle demandé vendredi au gouvernement, “une répartition sur tout le parcours migratoire” et “sur l’ensemble du territoire”.