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2017: le temps de Idrissa Seck ?

Le nom de l’ancien Premier ministre revient, de plus en plus, comme étant l’alternative pour les prochaines échéances électorales de 2017, à un tel point qu’on ne peut nier aujourd’hui une vague Idrissa Seck est entrain de se dessiner dans le champ politique sénégalais. Pour l’analyste que nous sommes, il s’agit dans cet article de décrypter les éléments qui ont permis cette remontée spectaculaire d’un leader que beaucoup donnaient comme « fini politiquement » et qui, aujourd’hui, s’est positionné de manière évidente comme la principale alternative pour les prochaines échéances électorales.


Rédigé par leral.net le Mercredi 10 Juin 2015 à 22:06 | | 18 commentaire(s)|

2017: le temps de Idrissa Seck ?
Une démarche cohérente d’opposition technique et non politicienne

Le premier pas de cette remontée, Idrissa Seck l’a certainement posé le 25 mars 2013, lorsqu’il marquait son désaccord d’avec la gestion économique du gouvernement du Président Macky Sall sous la houlette du premier ministre Abdoul Mbaye. Ce qu’il faut noter dans cette sortie c’était d’abord le caractère éminemment technique des arguments opposés au régime de Macky Sall. En s’opposant à une politique d’austérité qui ne disait pas son nom et qui ne correspondait pas au besoin de relance de l’économie, Idrissa Seck donnait à son opposition une base principielle et technique qu’elle ne cessera de suivre tout au long de ces dernières années.

Le second élément qu’on peut noter dans cette sortie, c’est le courage que Rewmi a eu, à l’époque, malgré une absence de plus d’une décennie des cercles du pouvoir, de ne pas s’associer à une gestion économique dont il ne partageait pas les orientations. Une telle démarche, qui a valu au parti orange des représailles et des débauchages, est révélatrice d’un courage politique, d’une cohérence et d’une constance auxquels l’électeur sénégalais ne fait pas généralement la fine bouche.

Un parti renouvelé et revigoré

On aurait pu croire que la vague de départs de Rewmi aurait pu affaiblir le parti de l’ancien premier ministre, mais il semble qu’il n’en est rien. Revigorés par une certaine homogénéité dans la direction que ces départs ont permis de créer, portés par une volonté de survie que chaque attaque de l’APR faisait grandir, les responsables du Rewmi ont dans une remarquable dignité et une louable efficacité porté leur formation, contre vents et marrées, contre doutes et quolibets.

La survie politique de l’appareil orange s’est aussi faite par une parfaite maitrise de l’agenda communicationnel du parti ainsi qu’un rôle prépondérant dans l’orientation et l’animation du débat politique. Celle-ci a permis de réaffirmer l’idée d’un parti prêt à dérouler sa vision à l’heure même qui suit son accession au pouvoir, notamment à travers une importance accordée aussi bien à la préparation politique (appareil, maillage du territoire) qu’à la préparation intellectuelle (rassembler les idées).

Le coup de pouce de Macky ?

Les performances présidentielles de Macky Sall sont, ironiquement, un facteur qui explique le retour au premier plan d’Idrissa Seck. En effet, deux ans de tâtonnement, d'immobilisme et de lenteur, justifiant la nécessité d'accélérer la cadence, ont fini par implanter dans la conscience populaire l'idée que la présidence de Macky Sall ne produirait pas les résultats escomptés. Cette réalité dont les déclinaisons dans notre langage populaire sont nombreuses (Macky dou dem, Deukk bi dafa Macky) s'est sédimentée dans l'esprit du citoyen lambda, au point de ne jamais le quitter, malgré la tentative de redresser la barre avec le PSE.

On peut difficilement comprendre que, de 5000 fiches répertoriant les maux du Sénégal, on ne peut extraire un programme de gouvernement cohérent, à tel point de recourir à un « achat de vision », après deux années de tâtonnement. Le « mackysme » s’est révélé être une volonté certes forte, mais qui achoppe sur une incapacité qui l’est encore plus.

C’est comme si l’accession au pouvoir de Macky Sall a été un révélateur de la nécessité d’une préparation technique et intellectuelle à la charge présidentielle à laquelle, dans la conscience populaire, Idrissa Seck s’est adonnée depuis fort longtemps. Cette nouvelle dynamique dans la formation de l’opinion de vote qui s’explique par le niveau élevé d’obligation de résultat chez l’électeur sénégalais, est sans doute un des points forts de M. Seck.


Un leadership et une capacité de réforme

Il est clair aujourd’hui que le Sénégal a besoin de réformes, lesquelles doivent être portées par un leadership courageux, volontariste et éclairé. La Banque mondiale nous renseigne dans son dernier rapport semestriel de Décembre 2014 sur la situation économique que le rythme des réformes au Sénégal s’est ralenti depuis 2005 ; comme une coïncidence, c’est depuis cette période qu’Idrissa Seck n’est plus aux affaires.

Dans ce rapport on peut lire que : « Une analyse à long terme de l'économie fait ressortir une certaine perte de dynamisme enregistrée depuis 2005. Ceci est en partie du aux chocs extérieurs mais également à des investissements inefficaces et à l'absence de reformes. »

La capacité de réforme ne provient pas d’une démarche unilatérale, repoussant le débat et recourant au « un point- un trait! » ; elle provient d’une clarté de la vision et d’une pédagogie dans l’exécution, toutes choses dont l’ancien premier ministre semble être doté.

La capacité de réforme c’est aussi le courage de la solitude, qui ne veut point dire une gestion solitaire du pouvoir, mais plutôt le courage de ne pas se réfugier dans le confort d’un consensus mou entre acteurs politiques complaisants, pour couvrir « la marmite sociale qui boue ». Le courage de la solitude, c’est celui de ne pas se laisser « encombrer », pour reprendre le terme de M. Seck, lorsque le consensus se fait au profit des appareils et au détriment de la poursuite des réformes nécessaires pour faire avancer le pays ; car au soir de l’élection présidentielle c’est un homme (ou une femme) qui est élu.


Badara Samb
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