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24 heures chrono pour Yahya Jammeh


Rédigé par leral.net le Mercredi 18 Janvier 2017 à 09:35 | | 0 commentaire(s)|

A vingt et quatre heures de la fin de son mandat, le dictateur gambien Yahya Jammeh multiplie les forfaitures alors que son entourage-civil et militaire- continue de le lâcher et que les populations fuient le pays dans l’éventualité d’une intervention militaire. 25.000 ressortissants gambiens ont rallié le Sénégal depuis le début de la crise, selon des sources autorisées. Pendant ce temps, les supermarchés sont dévalisés à Banjul. Tout est désormais possible en Gambie même si Jammeh joue à se faire peur avec sa très petite armée de…5 000 hommes, compte non tenu des défections et divisions tous azimuts
 
L ’Assemblée nationale de la Gambie prépare une forfaiture », annonçait Libération il y a quarante et huit heures. Les faits nous ont donné raison et comment. A la suite de trois résolutions portées par les députés de la majorité, l’Assemblée a déclaré hier l’état d’urgence en Gambie. Selon le document obtenu par nos soins, cet état d’urgence dont le but manifeste est d’empêcher l’investiture du Président Adama Barrow demain, a pris effet hier et s’étale jusqu’au 17 avril 2017.
 
Une énième forfaiture du despote de Banjul dont les parlementaires aux ordres ont aussi décidé de prolonger le mandat des députés jusqu’au 11 juillet 2017. Ce, sous le prétexte fallacieux d’un «niveau d’ingérence étrangère exceptionnel et sans précédent » dans le processus électoral gambien. Pis, L’Assemblée a prolongé de trois le mandat de Jammeh qui prend fin aujour’hui.
 
 Auparavant, l’Assemblée nationale a accusé le Sénégal d’ingérence dans les affaires internes de la Gambie et mis en garde la Cedeao contre une intervention militaire. Ce qui n’est pas surprenant puisque lors de l’ouverture de sa session extraordinaire lundi dernier, des sources internes révélaient à Libération que des députés de la majorité s’en sont pris au Sénégal.
 
Une accusation des plus ridicules d’autant que le «crime » de notre pays aura été de «loger »Adama Barrow sur demande pressante de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest(Cedeao).Qui plus est, la vie de Adama Barrow était sérieusement menacée en Gambie où les arrestations d’officiers ayant refusé de se soumettre à la Garde républicaine se sont poursuivies encore hier.
 
 Après l’acte posé par son Assemblée qui a perdu toute sa crédibilité depuis des lustres, Yahya Jammeh s’est encore invité sur le plateau de la chaîne nationale pour un discours à l’image de sa santé mentale. «Tout acte de désobéissance aux lois de la Gambie, l’incitation à la violence et les troubles à l’ordre public sont interdits. Les forces de sécurité maintiendront l’ordre », a-t-il affirmé avant de dénoncer, comme son Assemblée, cette «ingérence étrangère » qui n’existe que dans sa tête.
 
 Le décret instaurant l’état d’urgence a été publié le…même jour dans le journal officiel. A vrai dire, Jammeh n’en fait qu’à sa tête. A la suite de l’échec de la mission de médiation de la Cedeao, le Maroc a offert une dernière chance au dictateur en lui proposant l’asile s’il lâchait le pouvoir qu’il a perdu démocratiquement. A ce propos, le ministre marocain aux Affaires étrangères Nasser Bourita et le chef des Renseignements extérieurs Yassine Mansouri séjournent à Banjul pour jouer cartes sur table avec le dictateur qui avait décliné, il y a de cela quelques jours, une offre similaire du Nigéria.
 
 N’empêche, le vide se poursuit autour de Jammeh. Après la ministre des Affaires étrangères Neneh M. Macadouall Gaye, le ministre de l’Economie et des Finances Abdou Kolley ; Abdou Jobe, le ministre de l’Industrie et Pa Ousman Jarju son homologue de l’Environnement, un autre membre du gouvernement a fait ses valises, hier. Il s’agit du ministre du Tourisme et de la Culture Benjamin Roberts qui a précisé dans sa lettre de démission qu’il se conformait à la loi.
 
Avant de rendre publique sa démission, Benjamin Roberts s’était d’abord assuré d’être hors du territoire gambien. Face à l’éventualité d’une intervention militaire, les populations gambiennes ont pris d’assaut les supermarchés pour se ravitailler. Si ce n’est pas de fuir vers le Sénégal. Selon des sources officielles, 25.000 ressortissants gambiens sont arrivés au Sénégal par les frontières terrestres depuis le début de la crise. «On en a tous marre de ce dictateur », confesse un diplomate nigérian.
 
Source Libération