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A PROPOS DU 26 AOUT 1958 A DAKAR ET DE L’OCTROI DE L’INDEPENDANCE AU SENEGAL PAR LA PUISSANCE COLONIALE

Rédigé par leral.net le Jeudi 10 Janvier 2013 à 01:54 | | 0 commentaire(s)|

A PROPOS DU 26 AOUT 1958 A DAKAR
L’accueil du Général de Gaulle fut conçu, organisé et dirigé par le Parti Africain de l’Indépendance (PAI) avec à sa tête Majmout DIOP aux cris de MOMSAREW (Indépendance) ! En ce temps là, le PRA-Sénégal n’était pas encore né.


Dans l’article intitulé « L’ère de la falsification de l’histoire, de l’usurpation de fonctions et de récupération, Maître Mbaye Jacques DIOP dame le pion à tous », paru dans le journal « Le Matin » des 26 et 27 Novembre 2009, signé de Moctar Fofana NIANG et de Mandiaye GAYE, et la réponse donnée par Maître Mbaye Jacques DIOP dans « Le Quotidien » de vendredi 18 Novembre 2009, nous donnent l’occasion de revenir sur cette arnaque du siècle mais aussi et surtout pour assumer un devoir de vérité de l’histoire pour les générations présentes et futures en rapportant quelques faits de cette époque « vivante et vibrante » de la lutte pour l’indépendance nationale.
Auparavant, nous voudrions faire remarquer que dans un régime de trahison nationale les tenants du pouvoir ont la voie belle pour dissimuler leur passé honteux de collaboration avec le colonialisme. A ce propos, il est intéressant de se souvenir de l’infâme escroquerie politique du référendum gaulliste du 28 septembre 1958 qui a enfanté et jeté les bases du néocolonialisme au Sénégal.
Quelques années plus tard, des imposteurs « porteurs de pancartes » se sont donnés des rôles qu’ils n’ont jamais joués ni dans la lutte pour l’indépendance nationale, ni dans l’organisation de l’accueil du Général de Gaulle à Dakar le 26 août 1958.
Installés au pouvoir avec l’onction de la puissance coloniale, ils ont cru devoir se livrer à la falsification de l’histoire de la lutte pour l’indépendance du Sénégal, notamment la séquence du passage de de Gaulle à Dakar le 26 août 1958. Pour ce faire, ils ont usé de cet adage à connotation militaire qui dit que « le vainqueur d’une guerre en écrit l’histoire », c'est-à-dire selon son point de vue propre parce qu’il n’a personne en face pour le contester. Il faut dire qu’il en a été ainsi pour beaucoup de chefs et ou de régimes sortis vainqueurs de conflits armés. A ce propos, nous pouvons rappeler des faits similaires de l’histoire de la conquête coloniale de nos pays par les puissances impérialistes. Ainsi par exemple, la soi-disant capture du héros légendaire anticolonialiste et sans égal en son temps, Samory TOURE, par des troupes coloniales était du faux. La vérité sera rétablie bien après par des chercheurs historiens, de même que les calomnies et mensonges que l’administration coloniale nous faisait chanter et réciter dans ses écoles sur lui. Bien que, par ailleurs dans ses rapports secrets à consommation interne, les qualités d’homme d’Etat exceptionnel de l’Almamy Samory TOURE comme le confirme les propos ci après :
« Il n’est pas exagéré de dire que l’Almamy s’est montré supérieur à tous les chefs noirs qui furent nos adversaires sur le continent africain. Il est seul avoir fait preuve de qualité caractérisant un chef de peuple, une stratégie et surtout un homme politique. Conducteur d’hommes, il le fut en tout temps. C’est dans l’audace, l’énergie, l’esprit de suite et de prévision et par-dessus tout une ténacité inaccessible au découragement » (Source : Regard sur le passé de Bambeya Jazz national).
Pour revenir aux imposteurs « Porteurs de pancartes », il faut dire qu’ils ont été pris de court par l’histoire. Ne s’attendant pas à la chute de leur régime, le régime UPS-PS de Senghor, un régime néocolonial, ils ont cru se donner la liberté de falsifier à leur guise l’histoire de la lutte pour l’indépendance au Sénégal et surtout sa séquence historique du 26 août 1958 à Dakar.
Dieu merci, non seulement beaucoup de compagnons de cette époque de la campagne du référendum gaulliste sont encore en vie mais aussi des témoins et acteurs de l’organisation de l’accueil de de Gaulle à Dakar ont apporté des démentis cinglants au Sieur Mbaye Jacques DIOP et à ses acolytes. Mieux, en 2007au Sénégal, « un Comité National de commémoration du Manifeste du PAI » a vu le jour non seulement pour immortaliser ce document historique de la lutte pour l’indépendance nationale, mais aussi et surtout pour assurer la mémoire historique du PAI, porteur du « Manifeste » du 15 Septembre 1957 ».


LE PARTI AFRICAIN DE L’INDEPENDANCE (PAI) FER DE LANCE DANS LA LUTTE POUR L’INDEPENDANCE NON SEULEMENT DU SENEGAL MAIS AUSSI DES PAYS DE LA SOUS-REGION OUEST-AFRICAINE
C’est connu et irréfutable, le mot d’ordre « Indépendance immédiate » a été formulé par le Parti Africain de l’Indépendance (PAI), mot d’ordre au tour duquel il s’est organisé et battu vingt trois ans durant sans interruption, de 1957 à 1980.
Dans « Le Manifeste du PAI » diffusé le 15 septembre 1957 à Thiès, nous pouvons lire, entre autres, ce qui suit :
« A l’heure historique de Bandung et de la désintégration du système colonial de l’impérialisme, à l’heure où la confusion politique submerge l’Afrique Noire sous domination française, notre devoir d’africains nous oblige à porter devant les masses de notre pays le problème de l’indépendance nationale et de la transformation socialiste de notre économie ».
« Le premier paragraphe du titre III du Manifeste stipule : « Pour la conquête totale du pouvoir politique au moyen de l’indépendance nationale pour la remise des biens sociaux à ceux qui produisent ces biens, au moyen du socialisme, il est devenu une nécessité historique de créer un parti de type nouveau ».
« Africains ! Longtemps asservis par l’impérialisme, l’histoire pose devant nous des tâches de portée historique mondiale : liquider la domination impérialiste et, entrant dans le concert universel, bâtir la future société socialiste africaine ».
« Pour mener à bien ces tâches héroïques, nous vous appelons à constituer le Parti Africain de l’indépendance, le parti où la discipline est une pour tous, des dirigeants aux simples militants ».
Et le Manifeste se termine par :
« Que toute l’Afrique se lève et marche vers l’indépendance ! »
C’était un coup de tonnerre dans le ciel de l’empire colonial français au Sud du Sahara. Jusque-là, les partis politiques africains, dont ceux du Sénégal, rivalisaient dans la collaboration avec le colonialisme français.
Jusqu’au 26 août 1958, et même après, le PAI était la seule organisation politique à côté de celles de la jeunesse, de syndicats, de femmes, à se battre pour l’indépendance nationale. Un peu plus d’un an après la naissance du PAI, le Parti du Regroupement Africain, Section du Sénégal (PRA-Sénégal) naissait sous la direction de Abdoulaye Ly, mouvement issu de l’éclatement de l’UPS de Senghor – Dia le 20 septembre 1958, marquant ainsi la fidélité de ses membres aux décisions du congrès de Cotonou. En outre, il faut noter le Mouvement Populaire Sénégalais, Section Sénégalaise du Rassemblement Démocratique Africain (MPS/RDA) sous la direction de Doudou GUEYE et de Gabriel d’Arboussier qui, sous la foulée du référendum gaulliste, avait opté pour l’indépendance nationale.
Telles furent les dates d’apparition des partis ayant opté et mené la campagne à voter «NON» au référendum de de Gaulle en septembre 1958. Ainsi, le PAI avait une longueur d’avance sur tous les autres partis de l’époque. En effet, plus d’un an auparavant (15 septembre 1957 – 20 septembre 1958), au moyen de diverses manifestations et de campagne de masses à travers le pays, comme entre autres, contacts de proximité, meetings et conférences publics, séminaires d’éducation politique et idéologique, diffusion de journaux et de tracts, gribouillages sur les murs. Le PAI s’attacha à populariser dans les masses le mot d’ordre d’indépendance non seulement dans la langue du colonisateur que fut le français, mais également dans nos langues nationales à savoir : Monsarev, Ambanyeréta, Dieyeleyedima, etc.
Nous aimerions rappeler également que jusqu’en 1960, date de son interdiction administrative, le PAI était le parti le plus actif sur l’échiquier politique sénégalais et cela dès sa naissance.
Madické WADE, ancien dirigeant du PAI, dans son livre intitulé « Notre modeste part au combat du PAI pour la dignité et la liberté de notre peuple » rapporte très justement ce qui suit : « le PAI a plané sur la politique sénégalaise et ouest-africaine dès 1957…
Il« créa chez les jeunes un engouement et chez les adultes une véritable remise en cause de toutes les options, sinon une admiration que nous manifestèrent les nationaux honnêtes et les observateurs étrangers. Tout le monde ressentait, calculait les rapports qu’on pouvait avoir avec lui et qui se reflétaient sur toutes les actions politiques d’alors… » (page 33, paragraphe 1, 2, 3).
« Les organisations et autres groupes sociaux subissaient son influence et lui servaient de force d’appoint pour lutter pour l’indépendance nationale et même sur le plan des individualités, le phénomène était le même ».
Le PAI a recelé, plus que tout autre parti au Sénégal, des intellectuels universitaires de renom, de hauts cadres administratifs et politiques, de grandes figures patriotiques et révolutionnaires, des figures historiques nationales. Le chemin parcouru a été jalonné de hauts faits patriotiques et d’actes hautement héroïques mémorables de ses dirigeants et militants.
Nous affirmons, haut et fort, que la lutte héroïque du PAI est inégalée dans l’histoire politique contemporaine du Sénégal. Nous sommes confortés dans notre affirmation par le Professeur Iba Der THIAM dans son témoignage sur «Mai 68» paru dans l’édition spéciale de Sud Quotidien du 30 Mai 2008, page 20, 2éme colonne, en ces termes : «le Parti Africain de l’Indépendance (PAI), parti dont la contribution au combat pour l’indépendance avait été particulièrement décisive »

L’ACCUEIL DU GENERAL DE GAULLE A LA PLACE PROTET, ACTUELLE PLACE DE L’INDEPENDANCE
La tournée référendaire que fit le Général de Gaulle dans les pays de l’ex AOF courant Août-Septembre 1958 terrorisa beaucoup de leaders africains qui, très vite, firent volte-face aux décisions du Congrès de Cotonou.
Au Sénégal, Senghor leader du PFA et Mamadou Dia Président du Conseil de gouvernement de la Loi-cadre s’éclipsèrent prétextant de vacances : l’un en Normandie, l’autre en Suisse pour des soins médicaux. Ils laissèrent sur place, selon l’expression du camarade Madické Wade, « libre cours aux hommes et aux choses ».
Ce fut dans le cadre du « Comité de défense des libertés démocratiques » où le PAI se retrouva ave la plus grande centrale syndicale de l’époque, l’UGTAN et les organisations de jeunesse (le RJDA) et le Conseil de la jeunesse du Sénégal (CJS), estudiantine (UGEAO) et des femmes que l’accueil au Général de Gaulle fut conçu, organisé et dirigé à la place Protêt le 26 août 1958. Le leader incontesté fut Majmout DIOP, 1er secrétaire du PAI.
Madické WADE, ancien responsable du PAI, acteur et témoin encore vivant parmi nous, rapporte dans son livre cité plus haut, le passage de de Gaulle en ce jour du 26 août 1958 en ces termes :
« Lors de ce passage de de Gaulle, le PAI s’affirma d’une façon encore plus concrète et plus déterminée. Non seulement il mobilisa tous ses membres pour venir à Dakar et à manifester à de Gaulle notre besoin d’indépendance, mais en plus, il dirigea toutes les manifestations le long du parcours du cortège officiel et organisa les porteurs de pancartes jusque sur la place Protêt où de Gaulle devait tenir son discours ».
« Les cadres du PAI, Khalil SALL, LY Tidiane Baïdy, Malick KAMARA… en tête avaient entraîné toutes les masses et avaient inculqué aux populations sénégalaises la seule notion qui pouvait leur donner l’espoir en faisant recouvrer la dignité que le colon leur avait arrachée, l’indépendance nationale » (p. 28, paragraphes 2, 3 et 4).
Voilà qui est clair ! « Les porteurs de pancartes » à la Mbaye Jacques DIOP, même s’ils étaient à la place Protêt, ils ne pouvaient pas jouer un rôle significatif.
Et le camarade Madiké Wade de s’indigner à juste titre, de voir aujourd’hui.
« D’autres organisateurs des rencontres de ce glorieux jour du 26 août, des figures qui ce jour la défendaient encore l’UPS (Union Progressiste Sénégalaise) qui ne voulut plus de l’indépendance malgré les décisions du PRA, leur parti, s’approprient de cette héroïque journée et crièrent à tort et à travers qu’ils étaient « les porteurs de pancartes » de la place Protêt sans même vouloir citer le PAI, cela me donne des nausées et me trouble : les usurpateurs ont la voie belle dans des régimes où les tenants dissimulent leur passé honteux » (page 28, avant dernier paragraphe).
Nous allons maintenant nous référer aux témoignages de ces autres porteurs de pancartes, de vrais aussi ceux-là. Il s’agit d’Abdou Kane qui fut dirigeant national connu du PAI, une des victimes de la répression brutale de Mamadou DIA et Malick KAMARA signataire du Manifeste du PAI.
Citation d’Abdou KANE :
« Mbaye Jacques n’est pas un porteur de pancartes. Il était peut être là au début, c’est tout, mais il s’est retiré par la suite. Il y avait donc Majmout DIOP qui a joué un rôle de leader. Ensemble, nous avons fait les pancartes et les banderoles. L’Institut national de l’audiovisuel (INA) a tous les films. Il faut rappeler qu’il y a une différence entre le PAI, assez rodé et les autres partis. C’est nous du PAI qui avons tout préparé. Et Majmout DIOP a joué un rôle d’avant-garde. Nous sommes arrivés ce jour à la place. Nous avons cherché de bons endroits pour que De Gaulle nous voit. Le PAI avait tout noyauté, les mouvements de jeunesse, les organisations syndicales, etc. » (L’Observateur n°1960 – samedi 03, dimanche 04 et lundi 05 avril 2010 – page 6).
De Malick KAMARA :
Lors de la conférence de presse sur le thème « l’actualité du Manifeste au XXIe siècle» à l’amphithéâtre de Kocc Barma FALL, Malick KAMARA a démenti avec force les usurpateurs « porteurs de pancartes » en ces termes : « ceux qui se réclament aujourd’hui porteurs de pancartes avaient fui. Ce n’était pas eux, il y’avait seul le PAI, les autres avaient fui ».
Ce que viennent renforcer les propos suivants du camarade Alla KANE à l’époque 1er Secrétaire Exécutif du PAI de la région de Diourbel et nous informe en disant :
« Nous avons aussi préparé et organisé minutieusement la participation de la région à la manifestation des porteurs de pancartes du 26 Aout 1958 à la place Protêt de Dakar. Une délégation d’une vingtaine de membres conduite par le 1er SER y a représenté la région. Le regroupement des délégations régionales s’était effectué pendant 3 jours avant l’événement. Ce qui a permis la préparation politique, idéologique et matérielle de la manifestation et le succès retentissant qui s’en est suivi ». (Source : la gauche en miettes, Janvier 2008, page 22)
Ces faits démentent éloquemment Mbaye Jacques DIOP, quand il dit :
« Nous étions l’épine dorsale de la manifestation. Nous jeunes de l’UPS, Section sénégalaise du PRA ».
A l’époque, comme nous le disions un peu plus haut, le PAI était le parti le plus actif sur l’échiquier politique national. Initiateur, il avait plus de maîtrise de détermination dans l’organisation et la mobilisation des masses, la confection de pancartes, de banderoles et de gribouillages sur les murs. Je peux même dire qu’il était seul détenteur de ces pratiques durant toute son existence. Certes le MJ/UPS existait mais il ne pesait pas lourd face au PAI. Ceci d’autant qu’il était une structure de l’UPS alors section sénégalaise du PRA qui avait opté pour le «OUI», c'est-à-dire pour la continuité coloniale. Aussi, nous aimerions rappeler que le PRA / Sénégal n’existait pas encore ce 26 août, il verra le jour le 28 septembre 1958, un mois après. Comme le dit, un adage de chez nous : « Le mensonge a beau devancé la vérité d’une journée de course, celle-ci finit par le rattraper en quelques minutes de poursuite. En d’autres termes, le mensonge ne saurait prospérer même s’il s’appuie sur des puissances occultes étrangères à nos valeurs de culture et de civilisation.

D’AILLEURS, IL EST INTERESSANT DE RAPPELER LA SITUATION POLITIQUE QUI PREVALAIT A L’EPOQUE ET LES RAISONS AYANT PRESIDE A LA NAISSANCE DU « DISCOURS NATIONALISTE » DE VALDIODIO NDIAYE QUI N’ETAIT PAS LE SIEN.

La situation politique de l’époque
Il est intéressant de rappeler la situation politique qui prévalait à l’époque. Le référendum gaulliste avait divisé la classe politique en trois sensibilités :

Le triumvirat Senghor – Dia – Valdiodio, unis dans l’UPS, section sénégalaise du PRA préconisait le «OUI» parce que, selon ces derniers, le Sénégal ne serait pas prêt pour l’indépendance politique en raison du fait que c’est la France qui soutenait le prix de l’arachide à un niveau supérieur au cours du marché mondial. En outre, ils prétendaient que le risque serait grand de voir des micros – Etas africains non viables aller isolément à l’indépendance. L’urgence serait plutôt d’éviter la balkanisation de l’Afrique au profit de grands ensembles que constituaient les ex. AOF et AEF. Mais en réalité, ce discours panafricaniste était un alibi quand on sait le rôle foncièrement négatif que Valdiodio NDIAYE a joué dans l’unité des peuples soudanais et sénégalais et qui a contribué à l’éclatement de la Fédération du Mali. En effet, qui de notre génération ne se souvient-il pas des images anti-africanistes de l’organisateur du 26 août 1958, alors Ministre de l’Intérieur, jetant, comme un colis, le Président Modibo Keïta dans un train de marchandises en partance pour le Mali, son pays. En même temps, il existait une frange nationaliste égarée dans les rangs de l’UPS,(section sénégalaise du PRA, autour d’Abdoulaye LY) qui était pour le «NON».
L’UPS, (section sénégalaise du PRA, autour d’Abdoulaye Ly), qui était pour le NON.
Le camp du triumvirat et celui des nationalistes demeurèrent dans leurs positions respectives malgré deux réunions du Comité Exécutif tenues à Rufisque. Ce qui a abouti au départ d’Abdoulaye LY et de ses amis qui créèrent le 20 septembre 1958 le « Parti du Rassemblement Africain Section Sénégalaise du PRA (PRA /Sénégal).

Un troisième mouvement politique appelé Parti Africain de l’Indépendance (PAI) vit le jour par le lancement de sa déclaration de naissance à Thiès le 15 septembre 1957 appelée « Manifeste du PAI ». Il était d’obédience marxiste et avait comme leader Majmout DIOP. Cette formation, très tôt, s’était prononcée la première pour l’indépendance et appelait à voter «NON» au référendum gaulliste.
Au total donc, le 26 août 1958, les patriotes révolutionnaires organisés au sein du PAI et les nationalistes non organisés politiquement proclamèrent à la face du monde devant le General de Gaulle leur soif de liberté aux cris de MOMSAREW ! MOMSAREW ! (INDEPENDANCE, INDEPENDANCE).
Voilà comment le contexte politique de l’époque a donné naissance à deux camps diamétralement opposés à savoir : le camp des pro-colonialistes qui se prononça pour le «OUI», c'est-à-dire pour la continuité coloniale et celui des patriotes ardents regroupés au sein du PAI qui opté pour le «NON», c'est-à-dire pour l’indépendance.

A propos du discours de Valdiodio NDIAYE
En l’absence de Senghor et de Mamadou Dia, il revenait à Valdiodio NDIAYE, Ministre de l’Intérieur assurant l’intérim du Président du Conseil de gouvernement, d’exposer la position officielle du Sénégal. L’on sait aujourd’hui que ce discours n’était pas le sien et que son contenu patriotique lui avait été imposé par la situation où le rapport des forces était nettement en faveur des forces réclamant l’indépendance. Celles-ci étaient dominantes et pressantes dans l’opinion publique nationale. Ce qui se vérifiera le 26 août 1958 à la place Protêt quand de Gaulle s’y présentera pour prendre la parole. Le compatriote Oumar SANKHARE fait la remarque suivante :
« En toute logique, le représentant de l’UPS qu’était Valdiodio NDIAYE était censé prononcer un discours anti-indépendantiste conformément à la ligne politique de son parti, l’UPS. Alors comment en est-on arrivé à entendre ce jour-là de sa bouche, une harangue si révolutionnaire. Aurait-il renié son parti et ses idéaux ? Une telle éventualité ne peut être retenue pour qui sait l’étroite cohésion de la direction de l’UPS en 1958. L’explication est ailleurs ».
Au lendemain, il était clair que toute discordance entre les autorités politiques et les jeunes « porteurs de pancartes » provoquerait nécessairement des troubles aux conséquences incalculables. De peur que la manifestation ne dégénère en émeute face à la détermination des camarades de Majmout DIOP, l’idée vient alors à Rolland Collin d’harmoniser les différentes sensibilités en remettant à Valdiodio un discours foncièrement indépendantiste qu’il avait rédigé lui-même. Cette hypothèse a été confirmée par le Président Mamadou Dia dans ses mémoires : «Rolland Collin, mon directeur de cabinet qui était pour le vote négatif, a voté « NON » contrairement à la décision du parti.
Il s’agissait pour Rolland Collin d’utiliser Valdiodio NDIAYE afin de récupérer les revendications des militants PAI et des intellectuels du futur PRA-Sénégal pour faire triompher le mouvement contestataire des « porteurs de pancartes » (Oumar SANKHARE, UCAD, Dakar dans un article intitulé « Que s’est-il réellement passé le 26 août 1958 à Dakar » paru dans « Le Témoin », semaine du mardi 4 au lundi 10 septembre 2001).
Nous aimerions mentionner également ces propos du compatriote Oumar SANKHARE qui a vécu dans les milieux dirigeants de l’UPS – PS de l’époque.
Citation :
« Du reste, il me plaît de signaler que lors d’une réunion du Bureau Exécutif du parti tenu le 1er octobre 1958 à Rufisque, le Président Mamadou Dia a dénoncé la manipulation dont avait été victime son ami Valdiodio NDIAYE et l’agitation entretenue par les jeunes indépendantistes ».
Puis, le compatriote Oumar SANKHARE nous rapporte quelques propos de Mamadou Dia lors de cette réunion de la direction de l’UPS, à savoir :
« Après avoir mesuré nos responsabilités, nous avons décidé de répondre «OUI» au référendum. Mais, la révolution n’est pas forcément le désordre. Nous choisissons quant à nous la voie pacifique… ».
Et le compatriote Oumar SANKHARE de conclure son article par ces lignes :
« En définitive, s’il faut rendre à César ce qui appartient à César, c’est aux anciens militants PAI et à eux seuls, qu’il est juste de dédier la commémoration du 26 août. Voilà les véritables patriotes qui, en ces moments décisifs avaient fait le bon choix pour le destin national. Seulement, en cette période d’alternance, il faut et il suffit de s’être tant soit peu opposé à Senghor ou à son successeur pour être élevé au rang de martyr et de héros ».
De quoi plus normal parce que dans un régime de trahison nationale comme nous le disons plus haut, les tenants du pouvoir ont la voix belle pour dissimuler leur passé honteux. Mais ici cela ne passera pas, car les patriotes y veillent pour préserver la mémoire historique du PAI.

NOUS AIMERIONS RELEVER MAINTENANT QUELQUES PROPOS DE MAITRE MBAYE JACQUES DIOP DANS SA REPONSE AUX CAMARADES MOCTAR FOFANA NIANG ET MANDIAYE GAYE.

Propos anti-communistes
Dans sa réponse aux camarades Moctar NIANG et Mandiaye Gaye, Maître Mbaye Jacques DIOP embouche la trompette de l’anticommunisme de l’impérialisme international, oppresseur et exportateur des peuples coloniaux et dépendants des siècles durant. Ainsi nous relevons entre autres propos anti-communistes : « ceux qui ne se rendent pas compte que le mur de Berlin est tombé le 9 novembre 1989…, de l’époque du stalinisme idéologiquement mort…, que le marxisme – léninisme est mort » et d’autres fadaises encore…
Il faut dire que ces propos ne sont pas de Mbaye Jacques DIOP. Ils ont été distillés et propagés à travers le monde par l’impérialiste international contre la révolution d’Octobre 1917 et contre le jeune Etat soviétique. Alors comme un seul homme, les puissances impérialistes menèrent une campagne de calomnie et de dénigrement anti-communiste et antisoviétique avec des slogans éculés repris ci-dessus par notre imposteur, Maître Mbaye Jacques DIOP.
Dans les pays anciennement colonisés par les puissances impérialistes, ces slogans ont eu cours et continuent d’avoir cours dans des pays comme le Sénégal, notamment dans les milieux intellectuels acculturés sous l’influence de l’administration coloniale qui les a couvés et modelés comme instruments de relais dans la propagande anti-communiste, anti-soviétique et même contre leur propre pays.
Il faut rappeler que c’est l’immense succès de la Révolution d’octobre 17 et la formation de l’ex-Union Soviétique qui ont permis de mobiliser dans le monde entier des patriotes qui ont trouvé la force de se révolter contre la domination et l’exploitation des puissances impérialistes. Ce qui a permis la défaite du fascisme allemand et assurer l’écroulement du système colonial de l’impérialisme ou la victoire du mouvement de libération nationale des peuples coloniaux et dépendants. C’est là un acquis important pour les peuples victimes du capitalisme international à l’instar des peuples ouest-africains dont celui du Sénégal. C’est dire que n’eut été la Révolution d’Octobre 17 et la formation de l’Union Soviétique, le monde entier serait encore de nos jours sous l’asservissement des puissances impérialistes. Certes « le mur de Berlin est tombé », l’Union soviétique de même, mais cela ne signifie pas pour nous patriotes ardents et révolutionnaires africains, la fin de la lutte, mais plutôt une étape de celle-ci car pour nous, la révolution est un processus, une succession d’échecs et de victoires. Maître Mbaye Jacques DIOP ne saurait comprendre cela parce que sans aucune fibre patriotique, de justice sociale, sans ambition pour son pays, pour le peuple sénégalais. Un pareil personnage ne saurait être autre chose qu’un jouet entre les mains des puissances impérialistes.
Les répétiteurs de ces slogans anti-communistes comme Mbaye Jacques DIOP n’ayant pas vécu ces évènements et ne cherchant pas à comprendre leurs causes, se contentant de jouer le rôle de simple répétiteur comme si c’est délibérément que ces « atrocités » ont été commises. Contrairement à, certains compatriotes de bonne foi qui « s’interrogent sur les zones d’ombre ou plus précisément ce qu’ils considèrent comme des crimes atroces de Staline et du stalinisme, des milliers de morts et de déportés, de goulags, des atteintes aux libertés, le mépris de l’être humain », etc.
Dans le même temps, ils observent un silence coupable, soit par ignorance, soit par calcul sur les massacres collectifs commis par le colonialisme européen près des siècles durant. Pour rappel, nous aimerions, citer :

les trois siècles d’esclavage ou de traite négrière avec son corollaire qu’a été le dépeuplement de l’Afrique Noire qui freina dangereusement les forces productives de nos Etats. ;
comme on le sait, la conquête coloniale prit le relais de l’esclavage. Elle entrainant la destruction à grande échelle des populations africaines, des valeurs matérielles et spirituelles de leurs civilisations ;
l’exploitation coloniale acheva la destruction sociale, économique et culturelle de nos pays et les jeta dans l’arriération, la misère, la sous-alimentation chronique.
A ces grands faits irréfutables, nous pouvons ajouter quelques chiffres précis d’atrocités et de massacres collectifs et voire de génocides comme suit :

en 1952, les colonialistes anglais massacrèrent 12 000 kenyans et envoyèrent au bagne les chefs de l’insurrection ;
en 1944, les colonialistes français massacrèrent des dizaines de tirailleurs sénégalais à Thiaroye après leur apport inestimable à la libération de la France du joug du fascisme hitlérien. Leur tort fut d’avoir revendiqué les primes de guerre que la France leur devait et leurs bagages confisqués. Il est intéressant de préciser que ce massacre ait eu lieu du temps du gouvernement du Front Populaire sous la présidence de Charles de Gaule. Voilà pourquoi, lors de son accueil le 26 août 1958 à Dakar, les organisateurs porteurs de pancartes, les vrais ceux-là, avec comme leader Majmout DIOP, lui rappelèrent ce crime crapuleux et odieux aux cris :
« De Gaulle assassin ! », « De Gaulle assassin !». Les soit disant « porteurs de pancartes » ignoraient cela. Et pour cause, par servilité au colonialisme français, quelle honte !

en 1947, les forces de répression coloniales françaises massacrèrent 100.000 malgaches ;
en 1946-1947, dans le pays Bamilinké au Cameroun, l’armée coloniale française a massacré 300.000 à 400.000 personnes, un vrai génocide, ceci pour préparer le terrain à l’installation de son fantoche Ahidjo et parce qu’il fallait que le Cameroun garde ses liens avec la France ;
les massacres de Sétif et de Gelma dans le département de Constantine en Algérie le 8 mai 1945 qui se sont soldés pas 45.000 morts.
Avant de terminer ce chapitre, nous voudrions rappeler également à l’anti-communiste Maître Mbaye Jacques DIOP et ses pareils que ce n’est pas Staline et l’Union soviétique qui ont capturé et déporté nos valeureux chefs spirituels et temporels comme Cheikh Bamba, Samory TOURE, Alin Sitoé DIATTA, tué d’autres à l’instar de Lat-Dior, de Maba Diakhou BA, de Mamadou Lamine DRA ME, etc., mais bel et bien le colonialisme français. Le sabre d’El Hadji Omar se trouve exposé dans un musée de Paris en France comme trophée de guerre des troupes de conquêtes coloniales françaises. Il en est de même du crane de Lat Dior qui se trouve également exposé dans un musée de Marseille en France. L’Assassinat des « Tirailleurs sénégalais » à Thiaroye en 1944 a été bel et bien ordonné par le chef du gouvernement provisoire que fut le Général de Gaulle.

Les soi-disant « artisans de l’Indépendance » qui sont-ils et que sont-ils ?
Dans la rubrique « Off » du journal « L’AS » du 2 Septembre 2009, nous relevons ce qui suit : « Les véritables artisans de l’indépendance sont toujours actifs qu’en 1958… Mbaye Jacques et Compagnie ont décidé d’installer un jury indépendant pour leur diplôme de compagnon pour la consolidation de l’Etat, de la démocratie et la promotion de la bonne gouvernance ».
Ici, nous voulons apporter notre part de vérité sur les acteurs vrais de l’indépendance. C’est connu la campagne du référendum gaulliste de 1958 avait mis en face deux camps diamétralement opposés : les partisans de l’indépendance immédiate et ceux de la renonciation à la souveraineté nationale. Le premier regroupait le PAI et les patriotes non organisés. Le second rassemblait l’UPS de Senghor et de Mamadou DIA et les forces maraboutiques.
Ainsi donc, les forces antipatriotiques, néocoloniales regroupées au sein de l’UPS autour de Senghor et de Mamadou DIA avaient pris fait et cause pour le colonialisme français. Elles avaient pour mots d’ordre « OUI à la France », « OUI à de Gaulle », « OUI à la Communauté franco-africaine ! ».
Nous nous rappelons également, après le Congrès de Cotonou, l’habileté avec laquelle les leaders de l’UPS se sont illustrés dans la trahison de leur profession de foi et de leurs engagements sans avoir mauvaise conscience. Alors Senghor et Mamadou DIA avaient fui pour ensuite réapparaître et battre campagne pour le «OUI», pour de Gaulle, pour la France colonialiste. C’est dire que « les vrais artisans de l’indépendance du Sénégal » ne pouvaient pas se trouver dans l’UPS, mais en dehors. C’est ce que la mémoire collective a retenu, n’en déplaisent aux falsificateurs éhontés de l’histoire de la lutte pour l’indépendance du Sénégal.

Il est impropre de la bouche de Mbaye Jacques DIOP de parler de « consolidation de l’Etat de droit, de la démocratie et de la promotion de la bonne gouvernance.
C’est connu, Mbaye Jacques DIOP a appartenu à l’UPS – PS sans interruption jusqu’à sa défaite le 19 Mars 2000. Durant tout le règne de Senghor, la légalité constitutionnelle a été mise sous le boisseau, les organisations politiques, syndicales, de jeunesse et de femmes ont été interdites par voie administrative. En outre, des lois scélérates ont été adoptées et promulguées contre les forces patriotiques et démocratiques. Alors, la juridiction, les forces publiques ont été mobilisées contre elles.
Ainsi, de 1960 à 1971, le régime UPS – PS, alors en place, avait terrorisé les populations. Les interpellations de police étaient fréquentes pour ne pas dire permanentes. Pour un tract trouvé devant votre porte ou sous votre fenêtre, pour un mot prononcé contre l’UPS ou le gouvernement ou encore contre le Président lors d’un tour de thé, pour une lettre venant de la Guinée de Sékou Touré ou du Mali de Modibo Keïta ou encore de Moscou, Pékin, pour une photo de Majmout DIOP trouvée sur votre enfant, pour un journal ou une revue parlant de Chine ou de Cuba vous êtes interpelé, gardé à vue, parfois même conduit en prison. Ce fut une période qui rappelait celle de l’inquisition de la féodalité en Europe.
Cette situation policière ne s’arrêtait pas seulement aux militants et sympathisants PAI. Elle s’étendait également à ceux du PRA-Sénégal, aux progressistes du BMS (Bloc des Masses Sénégalaises), aux syndicalistes de l’UGTAN, aux membres du Conseil de la Jeunesse du Sénégal, etc.
Donc, la déclaration ci-dessus rapportée dans OFF et dans l’AS ne serait être autre chose qu’une déclaration imaginaire de Mbaye Jacques DIOP pour tromper l’opinion sur son passé peu glorieux.
Quant à la consolidation de l’Etat de droit, c’est là une vue de l’esprit, un mensonge grossier pour qui connaît le passé de cet homme sorti des entrailles du parti néocolonial UPS – PS de Senghor qui était à la fois « Un Etat – parti » et « un parti Etat ». En effet, dès l’installation de l’UPS – PS au pouvoir, ses dirigeants ont installé un mode de recrutement rigoureux des cadres dans ses rangs : parrainage, sélection, dévotion au parti. A cet effet, une commission près de la direction était constituée.
Pour être promu à un poste de responsabilité dans les organes de l’Etat et dans l’administration publique, il fallait être parrainé par un responsable UPS – PS et être retenu et recommandé à la direction par ladite commission.
Cette pratique a été officialisée au Congrès de l’UPS (ancêtre du PS) tenu à Kaolack en 1966. Une des résolutions de ce Congrès a été que pour être nommé à un poste de responsabilité dans le pouvoir d’Etat et dans l’administration « il faut être engagé », sous entendu politiquement dans le parti UPS, puis PS… Un peu plus tard, pour l’attribution des logements administratifs, la carte UPS – PS sera exigée. Alors la nomination dans les services publics et parapublics pour assumer des responsabilités et ou être attributaire d’un logement administratif n’obéissait plus aux critères objectifs de compétence, d’expérience, de probité morale, des lois et règlements en vigueur, mais à un critère subjectif qui est la détention de la carte du parti au pouvoir.
L’on sait que cette situation a conduit au recrutement clientéliste politicien et népotiste dans la fonction publique, les sociétés d’Etat, les services nationaux, les mairies avec des effectifs pléthoriques, sans qualification le plus souvent. Pire, certains recrutements sont faits sans concours, notamment dans l’Enseignement primaire et secondaire où des quotas sont attribués aux responsables départementaux et régionaux UPS – PS.
Voilà comment l’UPS – PS a été bâti sur l’appareil d’Etat et sur l’administration. Ses personnages dans l’essentiel, appartiennent au parti au pouvoir. Dès lors celui-ci a cessé d’être un parti ordinaire, un parti hors du pouvoir comme du temps où il s’appelait « Bloc Démocratique Sénégalais (B.D.S). Jusqu’à l’alternance, il était le pouvoir. Ce qui lui avait valu la juste appellation « Parti – Etat » ou « Etat Parti ». Ce qui s’est traduit par la centralité de l’UPS – PS dans la production et la reproduction de la quasi-totalité des sphères de l’Etat. La signification de cette situation est qu’il n’y a pas et ne saurait y avoir un Etat de droit. Et d’ailleurs que fut le rôle de Mbaye Jacques DIOP au cours du régime de l’UPS – PS au regard du cursus qu’il étale tant avec insistance et pour cause. Et pourtant, nombre de ses contemporains se rappellent des «tontons macoutes », ces milices de provocation et leurs guides et stratèges evoquent aussi «les deux ans de suspension de toutes les instances du parti et du MJ-UPS » que Maitre Mbaye Jacques DIOP évite de révéler dans son cursus si riche, peut être par honte des motifs retenus par Senghor et les instances du parti.

A propos de feu Majmout DIOP » qualifié par Maître Mbaye Jacques DIOP de « Patriote fondamental »
Citation :
« Moctar Fofana NIANG et Mandiaye GAYE, me prenant à patrie et au-delà de ma modeste personne, s’en prennent aussi… à feu Majmout DIOP, ce « patriote fondamental ».
Quelle outrecuidance que ce qualificatif de feu Majmout DIOP soit sortie de la bouche de Mbaye Jacques DIOP. L’on sait, comme montré un peu plus haut, dans le chapitre trois ci-dessus développé que Majmout DIOP et son parti, le PAI, furent les victimes de la répression sauvage de Mamadou DIA et de Senghor durant tout leur règne, ceci pour les beaux yeux du colonialisme français.
Evidemment, nous comprenons cet « éloge » de Mbaye Jacques DIOP à l’endroit de feu Majmout DIOP. C’est parce que celui-ci était devenu un renégat du PAI et sert de caution aujourd’hui pour crédibiliser les imposteurs « porteurs de pancartes » pour tenter de couvrir leur passé honteux, de collaboration servile au néocolonialisme français.

DE QUELLE INDEPENDANCE LES IMPOSTEURS « PORTEURS DE PANCARTES » S’EGOSILLENT-ILS AUJOURD’HUI ?
L’indépendance telle que brandie et criée par les militants du PAI et autres patriotes sénégalais le 26 août 1958 à la place Protêt face au Général de Gaulle n’était pas et ne saurait être celle des imposteurs « porteurs de pancartes ». Celle-ci a été octroyée en 1960 sous la pression exercée par le PAI et le peuple sénégalais sur les autorités coloniales de l’époque et leurs agents locaux. En effet, les colonialistes savaient que l’indépendance était inéluctable et ils s’étaient arrangés pour mettre en place une équipe formatée qui n’allait jamais remettre en cause ses intérêts fondamentaux.
Il faut dire que c’est une première au Sénégal, un pays où ceux qui se sont battus pour l’indépendance sont écartés du pouvoir lorsqu’elle a été officiellement proclamée au profit de ceux qui s’en déclaraient auparavant les adversaires. Voilà pourquoi nous disons que l’indépendance octroyée en 1960 bien que l’ayant été sous la pression du PAI et du peuple sénégalais n’était pas la leur parce que formelle, symbolisant tout juste un drapeau, un hymne et un « Président » nègre de service installé dans le Palais des anciens gouverneurs coloniaux. C’est pourquoi nous concédons à Mbaye Jacques DIOP et à ses pareils de l’UPS – PS la paternité de l’indépendance octroyée en 1960 par la puissance colonisatrice. Par contre, nous continuerons à leur dénier la paternité des « porteurs de pancartes » le 26 août 1958 à la place Protêt face à de Gaulle.

II- A PROPOS DE L’OCTROI DE L’INDEPENDANCE AU SENEGAL PAR LA PUISSANCE COLONIALE.
Ce fut dans le cadre de la Communauté Franco-africaine que la France coloniale gaulliste octroya un simulacre d’indépendance aux pays africains sous sa domination dont le Sénégal, ceci sur la base des « fameux transferts de compétences » laissant à la France, puissance coloniale, notre défense, notre système d’enseignement et d’administration ainsi que notre monnaie, donc notre commerce.

APRES LA « VICTOIRE » DU OUI ET L’INSTALLATION AU POUVOIR DE MAMADOU DIA ET DE SENGHOR PAR L’ADMINISTRATION COLONIALISTE GAULLISTE, CES DEUX HOMMES MENERENT, TOUR A TOUR, UNE REPRESSION FEROCE CONTRE LES PARTISANS DE L’INDEPENDANCE, DONC CONTRE LES PATRIOTES.
Cette répression se déroula, sans interruption, sur tout le long du règne des deux hommes. Alors tous les partis politiques et toutes les organisations syndicales, de jeunesse, d’étudiants, de femmes furent interdits par voie administrative au mépris de la constitution, des lois et règlements en vigueur. En outre, les dirigeants et membres desdites organisations furent injustement traqués, arrêtés, torturés, condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement, ceci dans l’exercice de leurs droits naturels d’association, de réunion, d’opinion de droit au travail, à l’éducation, à la santé, etc.
Le comportement de ces deux hommes vis-à-vis des partisans de l’indépendance nous est rappelé par Madické WADE comme suit :
« de Gaulle mécontent de Senghor et de DIA qui avaient usé de prétextes pour ne pas l’accueillir, leur promit sa collaboration en les mettant à l’épreuve de mater le PAI, l’UGTAN afin de lui prouver leur adhésion à sa politique de la Ve République qui changea le terme de l’Union Française en « Communauté Franco-africaine ».
Voilà qui explique l’acharnement aveugle de DIA et de Senghor contre les partisans de l’indépendance. Ils exercèrent tour à tour, une répression implacable sur le PAI, fer de lance de la lute pour l’indépendance nationale.
Alors nous pouvons nous poser la question de savoir, en quoi Mamadou DIA et Senghor sont-ils patriotes ? Voilà pourquoi il est intéressant de rappeler quelques séquences fortes de la répression sauvage exercée sur les patriotes et même sur les populations par le régime l’UPS – PS et ses hommes de main.

De Mamadou DIA
De 1958 à 1962, l’opinion publique retient Mamadou DIA comme seul responsable de toutes les bavures qui s’abattirent sur les progressistes en général et hommes de gauche en particulier. Pour ce faire, il commença dans sa propre famille par une forte coercition sur son entourage immédiat dont les plus jeunes qui entretenaient des affinités avec le PAI en firent les grands frais.
Ensuite, Mamadou DIA orienta sa répression jusqu’aux organisations de masse dont le seul tort fut de croire à l’indépendance du pays.
Puis il s’acharna sur les fonctionnaires en éliminant tous ceux qui étaient PAI, procéda à des suspensions et licenciements massifs et des révocations tous azimuts. Tout semblait indiquer que pour tranquilliser le Général, Mamadou DIA faisait les bouchés doubles.
Ce fut en ce temps-là que pour la première fois en Afrique, à notre connaissance et dans les annales de la répression contre les travailleurs, un gouvernement licencia tous les agents auxiliaires, contractuels ou stagiaires d’une administration aussi importante que celle du Sénégal, près de neuf mille (9000) agents au moins, soit 15 % de la population de la fonction publique du pays. Combien de ménages furent brisés? Combien d femmes de jeunes et d’enfants furent livrés à la délinquance et ou à la prostitution.
Ce fut à partir de « cette bavure historique » selon l’expression du camarade Madické WADE, qui en fut aussi une des victimes, que Mamadou DIA s’aliéna toutes les chances futures, boucha tout son avenir politique. L’issue de son duel avec son ami de parti Senghor le démontra le 17 Décembre 1962.

De Senghor
Après l’éviction de Dia du pouvoir, Senghor prit le relais de la répression contre le PAI et les organisations démocratiques de masse qu’il influençait. A cet effet, il institua un régime présidentiel concentré suite au référendum du 3 mars 1963. Les premiers moi de son entrée en vigueur vinrent éclairer sa nature foncièrement antinationale, anti-démocratique et anti PAI. Les élections présidentielles et législatives du 1er Décembre 1963 lui donnèrent l’occasion de s’imposer brutalement par le sang et les larmes.
A ces élections, le seul parti autorisé à y prendre part fut le PRA-Sénégal. Par cette participation, Senghor voulait paraître comme un homme démocrate vis-à-vis de l’opinion étrangère. Mais cela ne tarda pas à être démenti dans les faits.
Bien avant le jour du scrutin, dans une déclaration mémorable, le leader du PRA – Sénégal, Abdoulaye LY, avertissait l’opinion publique et les forces de « sécurité » en ces termes :
« Les spécialistes UPS de la fraude, qu’ils soient campés au Ministère de l’Intérieur, dans les édifices publics transformés en véritables permanences du népotisme et de la combine, où ailleurs, préparent déjà la prochaine victoire électorale sur notre peuple. Nous prenons à témoin, nos frères de l’armée de la gendarmerie sénégalaise, officiers, sous-officiers et hommes de troupes qui postés à nos frontières ou debout sur nos chantiers, ne sauraient demeurer indifférents à ce qui se passe à la maison, à ce qui arrive à leurs frères et sœurs, au devoir de leur pays … » (F. Zuccarelli dans « un parti politique africain, l’Union Progressiste Sénégalais, page 95, paragraphes 2 et 3).
Alors le PRA – Sénégal prit part aux élections législatives en parrainant une liste sous le titre « Démocratie et Unité Sénégalaise ». Les leaders et militants des organisations politiques et syndicales interdites comme le PAI et l’UGTAN, apportèrent leur soutien large et agissant à cette liste. Ainsi, celle-ci bénéficiera d’un appui massif, impétueux, inégalé jusque-là. Ce qui impulsa un puissant mouvement allant en s’amplifiant au fur et à mesure du déroulement de la campagne électorale.
Au soir du 1er Décembre 1963, à travers tout le pays, les électeurs votèrent massivement en faveur de la liste « Démocratie et Unité Sénégalaise ».
Comme en 1960 à Saint-Louis et confirmant la déclaration du leader du PRA – Sénégal, Abdoulaye LY ci-dessus rapportée, le pouvoir UPS et son administration s’évertuèrent à falsifier les résultats des votes et en même temps se livrèrent à l’arrestation arbitraire des responsables et membres de la liste « Démocratie et Unité Sénégalaise ». Ce qui suscita la colère populaire, notamment à Dakar contre le pouvoir UPS et ses hommes de main.
Pour contrer la colère populaire, le pouvoir senghorien fit intervenir la police, la gendarmerie et la garde républicaine qui ouvrirent le feu sur les manifestants sans armes causant plusieurs morts et de très nombreux blessés. Selon les chiffres officiels, cette répression se serait soldée par dix (10) morts et soixante (60) blessés. Comme à Saint-Louis en 1960, le pouvoir UPS n’a pas hésité à verser le sang sénégalais pour se maintenir au pouvoir pour les intérêts français. Ce fut un jour de deuil.
Il est évident que le nombre de morts et de blessés officiellement déclarés est bien inférieur à la réalité. Car, dans la vie des Etats, en de pareilles circonstances, les hommes du pouvoir ont toujours minimisé les chiffres au nom de « la raison d’Etat ».
L’opinion publique d’alors faisait état de plus de cinq cents (500) morts enterrés nuitamment et ou jetés dans la mer pour effacer toute trace et rendre impossible tout décompte précis de ce massacre sans précédant dans l’histoire du Sénégal contemporain. Le nombre de blessés serait tel que le pouvoir senghorien aurait été obligé de lancer des appels aux donneurs de sang sur les ondes de la Radio nationale pour sauver certains émeutiers menacés de passer de vie à trépas.
Il est intéressant de rappeler que bien avant la fermeture des bureaux de vote, Abdoulaye LY fut arrêté. Il sera jugé et condamné le 1er Décembre 1964 pour « incitation à l’émeute ». D’autres responsables PRA – Sénégal, comme Madia DIOP et Abdoulaye THIAW, se réfugièrent au Mali de Modibo KEITA.
De ces évènements douloureux et tragiques pour les forces démocratiques et patriotiques, le leader du PRA – Sénégal tira pour son parti la leçon suivante :
« Ce n’est en effet pas exagéré que le PRA – Sénégal, en tant qu’organisation … mourut à la suite de ces jours-là n’ayant pas l’homogénéité et la force nécessaire en dépit des sacrifices énormes consentis et les risques réels courus par les meilleurs de ses militants, par nombre de ses sympathisants et par les masses mobilisés » (page 101, avant dernier paragraphe du livre de Abdoulaye Ly ci-dessus mentionné).
Ainsi la répression sanglante du 1er Décembre 1963, inaugura le bâillonnement des libertés démocratiques et de la légalité constitutionnelle. C’est ce qui se vérifiera sur tout le long du régime de Senghor.

1964-1965 : LIQUIDATION DES LIBERTES ET DE LA LEGALITE CONSTITUTIONNELLE PAR SENGHOR
Le 23 février 1964 eurent lieu des élections municipales. L’UPS de Senghor se trouva seule à ces élections en raison de l’interdiction de tous les partis politiques et de toutes les organisations syndicales, de jeunesse, de femmes. Elles s’achevèrent dans un calme plat, l’expression de la mort au Sénégal des libertés démocratiques et de la légalité tout court. Ce qui, loin d’émousser la volonté de lutte contre la violence et le totalitarisme de Senghor, mais renforce celle-ci dans des formes nouvelles qui finirent par s’imposer à la place de toutes celles expérimentées jusqu’alors. Plus précisément, il s’agissait de la tentative de maquis du Parti Africain de l’Indépendance (PAI) dans les régions du Sénégal Oriental et de la Casamance.

La tentative de maquis : PAI : 1965 – 1966
En effet, le pouvoir UPS – PS, soutenu par la puissance colonisatrice par des « accords secrets de défense » nous imposait une telle forme de lutte pour nous permettre d’éviter des coups et d’en rendre. Il n’était plus supportable pour nous de subir unilatéralement et injustement la répression senghorienne nous privant de nos droits naturels d’association, de réunion, d’opinion, de droit à la santé, etc. Alors la question qui se posait à nous était de savoir si le parti, le PAI, devait continuer à subir la violence gratuite qui, à tort et à travers, s’exerçait sur lui une répression féroce pour décourager le peuple, allant de l’emprisonnement à l’exil, en passant par la torture physique et morale, la corruption et le chantage. Pour ces raisons, nous avons été amenés à tenter l’implantation de groupes de guérilla au Sénégal Oriental et en Casamance.
A la faveur de cette situation, Senghor et son protecteur, le colonialisme français, prirent des mesures de répression sans précédent dans l’histoire politique du Sénégal. Celles-ci, en plus de l’armée sénégalaise, impliquèrent directement des troupes françaises au Sénégal Oriental où les populations furent soumises à une terreur inouïe plus d’un an durant.

La répression massive culmina en avril 1966 avec la saisie du matériel de presse du parti
La répression massive culmina avec la saisie du matériel de presse du parti en avril 1966. Elle lança de nouveau des arrestations massives suivies de toutes sortes de tortures y comprise la torture à l’électricité et au goulot de la bouteille dans l’anus de prévenus. Une véritable chasse aux dirigeants et militants PAI eut lieu dans toutes les régions du pays, notamment au Sénégal Oriental, en Casamance et dans la région de Dakar. Des centaines de militants et sympathisants du PAI, de même que des citoyens sans aucune liaison avec le PAI, furent arrêtés, torturés et condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement. A la suite de ces tortures inhumaines et dégradants, des camarades perdirent la vue, d’autres l’usage de leurs jambes, certains autres ont perdu leur virilité sexuelle.
Malgré la détermination et l’héroïsme des militants qui assurèrent au parti une grande compassion des masses, ce dernier fut désorganisé, l’essentiel des structures de base et même le Comité central furent démantelés.
Comme illustration de l’ampleur et du poids de cette répression, nous pouvons citer le cas de Sadio CAMARA et de celui des habitants de son village, Bamtata. Il était le commandant du maquis PAI au Sénégal Oriental et avait pour nom de guerre « Alphonse » (nom bien connu des services spéciaux Sénégalais et français).
Les habitants de Bantata, considérés par les forces de répression comme militants PAI et en conséquence en rapport avec le maquis, furent terrorisés, humiliés des semaines durant. Ce qui effraya les populations de la zone au point que le village resta plus d’un an sans recevoir de visites et de passagers étrangers.

Crise de mai 1968 en bref
A la suite de la crise de mai 1968 occasionnée par la grève générale des cours par les étudiants, le pouvoir senghorien fit intervenir le groupement mobile d’intervention (GMI), la gendarmerie et la police pour dégager le campus et investir la cité universitaire. La répression fut brutale et se solda par 292 blessés et 4 morts et par de nombreuses arrestations parmi les étudiants (selon les chiffres officiels).

Les conflits sociaux de 1969
Le mois de février 1969 connut deux grèves importantes à savoir :

La Fédération nationale des banques et organismes de crédits décida une grève du 2 au 11 juin 1969 autour des Conventions collectives… L’Etat d’urgence est décrété sur toute l’étendue du territoire national, le pouvoir fit fermer et garder par la police les bourses de travail, lancer des réquisitions contre les fonctionnaires et autres agents de l’Etat indispensables au fonctionnement des services publics. Bilan : licenciement de 83 employés responsables de la Fédération de banques et organismes de crédit ;

Grève des élèves et étudiants de l’école des cadres ruraux de Bambey. Bilan : fermeture l’école, exclusion de 18 élèves fonctionnaires.
Tels sont quelques faits anti-démocratiques et antinationaux vécus et connus de la mémoire du peuple sénégalais, plus de vingt ans durant (1969 – 1981) sous le règne de Mamadou Dia et de celui de Senghor.
Nous aimerions ajouter que durant cette période de bâillonnement des libertés et de la légalité, aucune personnalité et organisation sociale ne s’était élevé à l’intérieur du pays contre les exactions de ces deux hommes.

LES CONSEQUENCES DE LA REPRESSION SUR LES HOMMES DE GAUCHE EN GENERAL ET PLUS PARTICULIEREMENT SUR LES MILITANTS ET DIRIGEANTS PAI
Cette répression implacable poursuivie des décennies durant est venue à bout de l’ardeur de lutte de bon nombre de militants et dirigeants PAI. Le traumatisme a été tel que la grande majorité d’entre eux ne veuillent plus s’en souvenir et parler du PAI. C’est comme s’ils ont honte de leur passé PAI. Le nom ou l’appellation PAI est devenu tabou. Ils n’en parlent ou ne l’évoquent jamais, ne témoignent jamais de ses hauts faits patriotiques, démocratiques et de justice sociale, ne défendent jamais son héritage historique face aux falsifications de son histoire, celle de la lutte pour l’indépendance et l’instauration des libertés démocratiques dans le pays. Ainsi, ils ont laissé et laissent libre cours aux contrevérités de ses ennemis de classe et alliés du pouvoir d’hier et d’aujourd’hui sur son passé politique combien noble et qui veulent l’effacer de la mémoire historique. Ainsi, la répression exercée par Mamadou DIA et Senghor a atteint son objectif. Tel est le but de la répression politique tel définie par les stratégies militaires la dissuasion. A ce propos, il est intéressant de rappeler le cas le plus tragique de l’histoire du PAI, notre histoire, celui de Majmout DIOP qui nous a tous subjugués, notamment la jeunesse et les travailleurs des villes et des campagnes de notre époque.
A cet effet, Majmout DIOP a été parmi les premiers partisans et propagandistes du mot d’ordre « indépendance » non seulement au Sénégal mais aussi dans la sous-région ouest-africaine. En outre, il a participé à l’élaboration, à la signature et à la diffusion du « Manifeste » du Parti Africain de l’Indépendance (PAI), premier parti marxiste en Afrique au Sud du Sahara.
Grand tribun, organisateur et éducateur de talent doublé d’un courage physique sans pareil, il s’affirmera à la tête du PAI comme son dirigeant émérite, conducteur de la lutte de l’indépendance nationale et de l’instauration des libertés démocratiques au Sénégal de 1957 à 1964, mais qui a fini par s’épuiser et céder à la subversion pour se rendre armes et bagages à Senghor, bras armé du colonialisme français.
C’est lui aussi Majmout DIOP, qui a été choisi par les imposteurs « porteurs de pancartes » de Mbaye Jacques DIOP et a accepté la présidence de leur édition 2006 de la glorieuse journée du 26 août 1957, portant ainsi sa caution à un mensonge grossier. C’est là un coup de poignard porté au PAI par Majmout DIOP à toute une génération de patriotes révolutionnaires qui ont enduré à ses côtés toutes les peines du monde pour la liberté du Sénégal.
Au total, le PAI a été combattu et battu par la puissance de l’Etat néocolonial de Mamadou Dia et de Senghor appuyée par la France, puissance colonisatrice.
Dans le cours de son activité, le PAI a connu des calomnies de toutes sortes, la subversion sous toutes ses formes. Celles-ci ont abouti à des divisions, à des trahisons à tous les niveaux de son organisation.
Ces faits qui ont été durement ressentis par l’organisation du PAI, l’ont inhibé et ont fini par atteindre son action et éteindre sa voix dans le peuple.
Comme on dit, la nature a horreur du vide. Il en est ainsi quand la mémoire d’un peuple à une époque donnée, comme cela a été le cas pendant la période de répression sanglante exercée sur le PAI, sa vigueur pour cause de reniements, de divisions et de trahisons, a cédé la place à l’occupation par des farfelus, de tonitruants, de faux acteurs, de faux héros, des imposteurs de tout bord pour se présenter ce dont ils n’ont jamais été, s’attribuer des rôles qu’ils n’ont jamais joués. Les « porteurs de pancartes » à la Mbaye Jacques DIOP sont de ceux-là. Ils s’évertuent à se donner de beaux rôles, à falsifier l’histoire de la lutte pour l’indépendance nationale qui est celle du PAI, principalement, de ses dirigeants et militants… Leur objectif est d’enterrer l’histoire du PAI : faire disparaître de la mémoire historique l’appellation PAI, son rôle premier, décisif et permanent dans la lutte pour l’indépendance, l’instauration des libertés démocratiques et la justice sociale dans le pays.


VOYONS MAINTENANT COMMENT LE NEOCOLONIALISME A ETE INSTALLE AU SENEGAL ET COMMENT IL S’Y MANIFESTE CONCRETEMENT
Le projet de constitution soumis et adopté au Référendum gaulliste du 28 septembre 1958 entraina l’installation de la Communauté Franco africaine, nouvelle appellation donnée à la vielle marchandise qui était l’empire colonial Français. Ce fut dans ce cadre que la France coloniale gaulliste octroya une fausse indépendance aux pays africains dont le Sénégal, couplée à de prétendus «accords de coopération ». Il s’agissait des « fameux transferts de compétences » laissant à la France notre défense, notre système d’enseignement, d’administration et notre monnaie, donc notre économie.
La France s’est empressée de faire avaliser par nos gouvernants fidèles à sa cause, des accords dont la teneur était et reste, jusqu’à nos jours, ignorée non seulement de notre peuple, mais même de la représentation nationale française. Leur mise en œuvre dépend également de la seule volonté de Paris. Ce qui a ouvert la voie au « règne des diktats de l’Elisée », ceci de de Gaulle à Sarkozy. Ce système se demeure toujours d’actualité.
La ratification de ces « accords spéciaux » a visé à institutionnaliser un type de rapport de domination intrinsèquement militaire et économique de l’ancienne puissance coloniale qu’est la France.
L’indépendance ainsi octroyée n’est rien d’autres que le néocolonialisme où l’ancienne puissance colonisatrice montre des signes de respect des attributs extérieurs de notre souveraineté. En réalité, les rapports réels entre notre pays et la France restent des rapports de dominé à dominant. Ces rapports sont qualifiés, justement, de rapports inégaux avec comme toile de fond la détérioration des termes de l’échange au détriment de notre économie. Elle renforce et maintient la suprématie des entreprises étrangères (principalement françaises). Au détriment d’un développement indépendant de nos sociétés entreprises nationales. A ce propos, nous pouvons citer cet exemple récent de manifestation du néocolonialisme français exprimant mieux nos rapports de dominé à dominant avec l’Etat français.
Le « Quotidien », dans sa livraison du mardi 9 février 2010, page 4, rapporte ce qui suit : « Après de fortes pressions de la France, les Wade passent l’éponge sur 52 milliards des banques françaises » et explique : « les entreprises françaises, notamment la BICIS, la SGBS, la SDV et la SEBO condamnés à payer plus de 50 milliards de francs CFA à l’Etat du Sénégal pour fraude douanière dans l’affaire Abdel Korban se sont ……félicités de l’appui de leur Etat. Suite au ton ferme avec lequel le gouvernement français s’est adressé aux autorités sénégalaises sur cette affaire, allant jusqu’à menacer de mettre fin à ses relations d’affaires avec le Sénégal, le gouvernement a préféré renoncer à cette créance ».
Cet exemple montre éloquemment la nature néocolonialiste de nos relations avec la France, de dominé à dominant.
En outre, par le biais du CFA et au moyen du mécanisme du compte d’opération, le trésor français exerce un contrôle direct sur notre commerce intérieur et extérieur. Ce contrôle direct continue de s’exercer malgré l’avènement de l’EURO
La nature et le contenu des relations entre la France et notre pays n’ont pas évolué fondamentalement, bien au contraire.
L’histoire des relations entre la France et le Sénégal montre clairement l’existence d’un lourd contentieux entre les deux pays. Il n’y a que les imposteurs « porteurs de pancartes » qui se glorifient de tels rapports, des rapports indignes d’un pays dit indépendant.
Cela se comprend quand on sait que Mbaye Jacques DIOP et ses compagnons appartiennent à la même classe sociale, la bourgeoisie bureaucratique ou administrative, une classe sociale au service des intérêts du capitalisme étranger en général et de ceux du capitalisme français en particulier.

APRES LA DISPARITION DU PAI, IL FAUT ASSURER LE DEVOIR DE MEMOIRE, ECRIRE POUR LES GENERATIONS PRESENTES ET FUTURES, L’HISTOIRE VRAIE DE LA LUTTE POUR L’INDEPENDANCE NATIONALE
Avec la disparition du PAI, des forces obscures tentent de récupérer son patrimoine historique combien patriotique et exaltant, africaniste et panafricaniste. Ainsi, depuis quelques temps, des gens qui étaient très loin de la lutte pour l’indépendance nationale et les libertés démocratiques dans le pays s’autoproclament « Porteurs de pancartes », « vrais artisans de l’indépendance du Sénégal » et autres fadaises encore et, en conséquence commémorent annuellement cet évènement important dans la vie de notre pays. En outre, de nouvelles voix s’élèvent pour affirmer effrontément que « la lutte politique au Sénégal a débuté avec l’avènement du PDS en 1974 ».
Ce sont là, sans aucun doute, des preuves manifestes de tentatives des milieux néocolonialistes français et de leurs laquais nationaux en vue d’embrouiller de la mémoire du peuple sénégalais pour un oubli définitif du nom PAI et son engagement dans la lutte pour l’indépendance nationale. A cet effet, deux forces sociales sont objectivement intéressées à savoir :

Le néocolonialisme français
La bourgeoisie bureaucratico-administrative et les couches parasitaires.

Le néocolonialisme français
C’est l’évidence que le colonialisme français est pleinement responsable de la répression qui s’est abattue sur les forces de gauche en général et plus particulièrement sur le PAI, ceci pour assurer l’installation et la consolidation du néocolonialisme français au Sénégal avec comme hommes de main ; en premier temps Mamadou Dia et en second temps Léopold Sédar SENGHOR.
Son agression permanente contre le régime de Sékou TOURE à partir du territoire de notre pays et l’intervention des troupes françaises contre les maquisards PAI en 1965 au Sénégal Oriental, restent des comportements illustratifs de cette politique d’installation du pouvoir néocolonial.

La bourgeoisie bureaucratique et les forces parasitaires
A l’occasion du 50e anniversaire du PAI, nous avons publié un article dans le journal « Le Quotidien » dans sa page « Opinions – Débats » du 14 Septembre 2007 intitulé : « Après 50 ans, Le Manifeste du PAI est toujours d’actualité ». Dans cet article, nous montrions la nature néocoloniale de notre pays, résultat d’une l’indépendance octroyée par le colonialisme français aux forces sociales qui n’ont jamais lutté pour l’indépendance nationale. Elles constituent aujourd’hui ce qu’on appelle la bourgeoisie bureaucratique et les forces parasitaires qui bloquent carrément le développement du pays.
Les usurpateurs qui se réclament « porteurs de pancartes » tentent de falsifier et de récupérer l’histoire et jeter ainsi un voile sur leur passé honteux fait de trahison et d’indignité nationales.
De nos jours, les temps ont changé bien que le système socialiste ait disparu momentanément et que le monde soit devenu plus ou moins mono polaires. En même temps, le système colonial de l’impérialisme a disparu en laissant la place à des Etats indépendants et à l’essor des luttes démocratiques des peuples. Les mensonges des forces néocoloniales ne peuvent plus continuer de prospérer. Les conditions objectives et subjectives existent aujourd’hui pour rétablir la vérité historique, assurer le devoir de mémoire. Ainsi, il s’est constitué le 14 juillet 2007 un « Comité National pour la Commémoration du Manifeste du PAI du 15 Septembre 1957 ». Il a déjà, à son actif des manifestations ci-après:

Une cérémonie de commémoration et d’hommages accompagnée d’une exposition organisée le 15 septembre 2007 à l’ENDSS ;
Un colloque international sur le thème central « Réalité du Manifeste du PAI au XXIe siècle » les 15 et 16 Novembre 2008 à la Maison de la culture Douta SECK à Dakar ;
Une conférence publique sur le thème : « Manifeste du PAI : lecture, impact historique, insuffisances relevées par la pratique » tenue à l’UPIS.
Le Comité National projette d’organiser prochainement une grande exposition sur la lutte du peuple sénégalais de 1946 à 1980.
Le Comité a décidé le défit de la lutte contre la conspiration du silence faite autour de l’histoire du PAI et celle de la lutte pour l’indépendance de notre pays. Il continuera à mener ce combat jusqu'à la victoire historique.

Sadio CAMARA
Email: alphonsecama@yahoo.fr
Alla KANE
Email: kane_alla@yahoo.fr
Tous deux anciens membres du Comité Central du PAI
Nota : Document à diffuser et à exploiter

Dakar, le 22 Aout 2011