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Mercredi 23 Juillet 2014

Abdoulaye Aziz Ndao et le "coup d'Etat" contre Me Wade


Le Colonel Abdoulaye Aziz Ndaw, tel un chirurgien qui opère, déchire avec sa plume qui lui sert de scalpel l'enveloppe de la réserve qui régit la gendarmerie dans son livre polémique parcouru par Leral.net. Le Colonel Ndaw, à défaut de pouvoir enlever la tumeur de la corruption et de l'escroquerie, entre autres, qui mine son corps de métier, montre avec les mots le cancer qui le tue à petit feu. Pour la partie qui nous intéresse, le Colonel Abdoulaye Aziz Ndaw y révèle la légèreté avec laquelle les renseignements sont donnés dans la gendarmerie. Pour exemple, il narre la fois où cette dernière a été convoquée à 3h du matin pour faire face à un coup d'Etat imminent du régime de Wade. Extrait



Abdoulaye Aziz Ndao et le "coup d'Etat" contre Me Wade
"Un Officier de renseignement est un homme d'honneur, intelligent et disponible pour sa communauté. Son métier exclut l'apprentissage et l'amateurisme.

L'amateurisme est grave en termes de renseignement et l'exemple qui suit en démontre le caractère pernicieux et dangereux pour un Etat.

En l'absence du Général FALL, Haut Commandant de la Gendarmerie, en mission au Congo, j'ai participé à un fait grave et inimaginable pour la Sécurité nationale. Je me suis trouvé réveillé et convoqué à trois heures du matin par le président de la République, lui-même, pour participer à une réunion urgente de Sécurité nationale.

Le président de la République avait reçu des renseignements faisant état d'une attaque imminente contre son régime. Des containers d'armes seraient déjà entreposés dans le port de Dakar et un commando de deux cents hommes devait débarquer à l'Aéroport LSS pour prendre ses armes et détruire son régime.

Il était demandé, dans l'urgence, aux Services de sécurité de prendre les mesures idoines et urgentes pour protéger les institutions de la République. A 3H30, nous retournâmes dans nos commandements pour prendre ces mesures.

Nous étions de nouveau convoqués vers 10H30 pour faire le point et définir la meilleure stratégie à même de battre les soi-disant mercenaires qui en voulaient au régime.

La réunion fut décevante par les laudateries dont avaient fait preuve la plupart des responsables de la République participant à la réunion. Officiers, généraux, comme Ministres. Leur discours militant se résumait à : « Dieu protège votre régime et vos ennemis ne peuvent rien contre vous ».

Seul le CEMGA fit preuve de retenue en disant clairement ne pas devoir s'affoler devant deux cents mercenaires. Mon tour de parole jeta l'émoi dans la salle et on entendait les mouches voler. Je posai au Président de la République la seule question qui valait : "Quelle est sa source et quelle est la valeur de sa source ?".

Le Président fut interloqué par cette question à laquelle non seulement il ne s'attendait pas mais, plus grave, dont il ne maîtrisait pas la réponse. Le père WADE, l'homme le plus diplômé du Caire au cap, ne savait ni ce qu'était une source encore moins les termes de classification.

Énervé et hors de lui, il me demanda de préciser ma question en m'affirmant que cette réunion était sérieuse et qu'on ne m'y avait admis qu'à la place de mon chef, il pardonnait mes errements, du moment que je n'avais pas l'expérience de cette réunion.

Je précisais ma question en lui demandant comment il avait reçu son renseignement, qui était la personne qui lui avait donné ce renseignement et quelle confiance pouvions-nous lui accorder.

Il fit appeler par son aide de camp son petit-fils garde de corps, Lamine FAYE, et lui demanda, sans autre civilité, d'introduire dans le Conseil de Sécurité son agent. La personne fut introduite avec son costume de Colobane et sa mine patibulaire. J'eus la surprise de ma vie et je me suis demandé comment de telles personnes pouvaient accéder aussi facilement à un président de la République et lui porter des informations aussi graves, aussi fallacieuses et aussi inadmissibles.

WADE, contre toute attente, me livra son informateur, ou plus exactement l'informateur de son petit-fils et garde du corps. Je lui demandai d'emblée combien il avait reçu après avoir livré une telle information, il me répondit deux millions.

Je lui demandai comment il avait eu cette information, était-il de la bande et combien les membres du commando allaient percevoir pour attaquer un pays comme le Sénégal.

Le gars ne sut que répondre. Comme tout menteur, il se mit à bégayer et à trembloter. WADE mit fin à l'entretien, le traita de gros menteur et ordonna la restitution des deux millions. Lamine FAYE et son informateur m'en voudront à jamais et WADE leva la séance pour retourner à des tâches plus sérieuses".