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Acte 3 de la décentralisation: quels rôle et place pour la diaspora sénégalaise?

Rédigé par leral.net le Mercredi 24 Mai 2017 à 18:04 | | 0 commentaire(s)|

Acte 3 de la décentralisation: quels rôle et place pour la diaspora sénégalaise?

Des innovations majeures dans la gestion politique et l'animation administrative des collectivités locales et territoriales et dans la configuration des politiques publiques territoriales co-construites avec les réseaux de la diaspora sénégalaise, pourraient constituer à moyen et long terme, comme des leviers facilitant la préfiguration des dynamiques locales du développement durable avec l'avènement des pôles territoriaux tels qu'ils sont envisagés par l'acte 3 de la décentralisation en cours actuellement au Sénégal.

L'implication des acteurs de la diaspora dans l'animation des politiques publiques territoriales et locales, recouvre des enjeux majeurs pour les collectivités (départements et communes), autant dans l'approfondissement de la démocratie participative, la permanence de la pluralité des expressions et des comportements citoyens,  que dans la mobilisation des ressources humaines et financières dans la durée, qui concourent à une meilleure vulgarisation des projets de développement local durable, et une compréhension – appropriation significative des enjeux et actes de la déconcentration et de la décentralisation par les populations.

Cette perspective innovante et novatrice dans les discours et pratiques institutionnelles des différents niveaux de l'exercice de l'autorité publique, ainsi que l'imagerie  participative nouvelle au développement des territoires qu'elle rend possible, pourrait transcender au sein des réseaux de la diaspora,  des positions partisanes , susciter des adhésions , élargir les opportunités partenariales , dynamiser des réseaux de solidarités, co-construire des interfaces et des intermédiations nécessaires aux financements des collectivités locales et territoriales et développer des intérêts multiformes récurrents les uns par rapport aux autres selon les positionnements symétriques ou a – symétriques des acteurs de la diaspora et de leurs réseaux par rapport à ces enjeux de  démocratie participative et des pratiques de proximité du dévelloppement local.

Cette idée généreuse tendant à interpeller et à mettre la diaspora sénégalaise face aux objectifs du développement durable et de l'émergence du Sénégal, la reconnaissant de facto comme une actrice exponentielle à part entière du destin du Sénégal, avec des obligations, des devoirs, des droits, des éligibilités, ouvre fondamentalement des perspectives en matière organisationnelle de voir émerger dans les paysages institutionnels sénégalais, des cadres, des engagements, des constructions, des mises en œuvre, des formes d'animations et de gestions dédiées, et une collectivité publique extra- territoriale qui serait à équidistance avec celles existantes au Sénégal ( département – commune ). Ceci au fur et à mesure de l'approfondissement de la décentralisation et du phasage progressif des pôles territoriaux, du développement de nouvelles pratiques publiques et citoyennes de gestion des collectivités locales et territoriales que favoriserait l'achèvement de l'acte  trois de la décentralisation.

La spatialisation des réseaux – acteurs de la diaspora dans le temps peut être une spécificité  institutionnelle qui épouse une autre ou d'autres spécificités géographiques plurielles qui une fois mis en commun, intègrent l'ensemble des moyens de vulgarisations des priorités dévolues à la diaspora et au développement local et territorial, et facilitent les capacités des ressources humaines composant et animant cette collectivité publique extra-territoriale,  aident à conseiller les pouvoirs publics dans la définition et dans l'élaboration, des politiques publiques migratoires dédiées d'une part ; et d'autre part , à rendre possible  la mobilisation des ressources multiformes de la diaspora et d'autres partenaires pour les mettre à la disposition des besoins de l'Etat et des collectivités territoriales et locales,ainsi ques des acteurs privés qui participent à leurs niveaux aux réussites du projet de l'émergence du Sénégal ( entreprises et associations ).

Les avantages en économie du gain, du temps et des plus-values en faveur du développement territorial sont considérables si les canaux de co-production, de partage de responsabilités, de cogestion des exécutifs locaux et de co-développement avec d'autres sont acceptés et validés par les pouvoirs publics (Etat)  et les élus locaux ( maires, conseillers départementaux, association des maires du Sénégal, association des départements du Sénégal et l'Union des associations des élus locaux).

 Car les territoires géographiques d'une collectivité publique extra-territoriale portée par un Conseil supérieur de la diaspora sénégalaise comme organe de délibération et de décision , avec un statut de collectivité territoriale: le département, corroborant les départements électoraux des Sénégalais de l'extérieur, étroitement impliquée dans l'animation des pôles territoriaux, sont un cadre dynamique d'une multitude de réponses appropriées pour l'accroissement des moyens et des méthodes nouvelles de vulgarisations et de portages des projets de développement en faveur de l'autonomie des collectivités et de la cohésion sociale territoriale et locale.

En matière de développement et de participation à l'émergence économique et sociale comme force vive de la nation, les diasporas et leur collectivité publique, se sont des actrices majeures de l'animation de la coopération internationale décentralisée, du co-développement et de la solidarité internationale, des porteuses des dynamiques de développement partagé, des animatrices des réseaux de solidarité et de luttes contre les pauvretés, des dynamiseurs de la cohésion sociale des territoires et des terroirs,  des stabilisateurs sociaux de plusieurs zones géographiques du pays prévenant ainsi des risques de troubles liés à la permanence des pauvretés non pris en charge et non résolues, des bailleurs de premier plan du financement du développement local                           (développement villageois et communal rural ou urbain), d'une part; d'autre part, elles (les diasporas) sont en mesure de favoriser, de mobiliser et de faciliter des financements féconds d'abord à leurs niveaux propres par la mobilisation des épargnes des migrants, et autres formes de ressources générées par les cotisations salariales des migrants non reversées;  et  aussi par l'inter-médiation dans le cadre de partenariats publics - privés à co-contruire dans l'espace économique et social sénégalais en faveur d'initiatives entrepreneuriales destinées à promouvoir et élargir les résaux de productions des richesses à l'échelle locale, territoriale et nationale, dès lors que les dispositions financières et fiscales sont mises favorablement à contribution pour l'émergence et la viabilité de projets pluriels.

Cette collectivité des diasporas est aussi le réceptacle des solidarités actives internes à la communauté des Sénégalais de l'extérieur en accompagnements des familles, en prévoyances sanitaires et sociales, en prises en charge des décès et des rapatriements sanitaires, en protections, assistances et solidarités multiformes,  en développements et en continuités dans le temps des liens permanents avec les cultures, villes et villages d'origine, en vulgarisation des  pratiques sociales de l'insertion par l'économique dans les pays d'accueil, de projets de retours et de réinsertions au Sénégal porteurs de richesses nouvelles et d'initiatives en matière de réussites , et des solidarités financières du développement économique et social portées par des générations successives nées à l'étranger et qui constituent pour le Sénégal une source potentielle de viabilité économique, des plus-values nombreuses et un avenir exponentiel, des permanences de flux financiers et des transferts maîtrisés et orientés vers le financement du développement durable co-construit avec l'Etat et les collectivités territoriales et locales

 

C'est pourquoi, il semble pertinent de promouvoir cette utopie, et de prévoir dans l'approfondissement et le parchèvement de l'acte trois de la décentralisation, l'association des réseaux financiers de la diaspora dans l'animation des exécutifs locaux, de telle sorte à permettre aux acteurs locaux à disposer non seulement de ressources humaines au fait des outils de la solidarité internationale et familiers  des contraintes des échanges internationaux, mais aussi des influences positives à partir de la communauté plurielle des Sénégalais, en capacité de mobiliser des financements et de faciliter la transformation des caisses villageoises de la diaspora et d'autres réseaux d'épargne des migrants en France et ailleurs dans le monde, en opérateurs financiers capables d'investir avec confiance dans leurs collectivités ou d'autres sur l'ensemble du territoire sénégalais.

Les réseaux de la diaspora et leur collectivité étant dans ce sens un relais et des interfaces nécessaires et pertinentes pour des mises à disposition des ressources humaines et financières  de manière endogène, et un cadre d'aide et de soutien pour des constructions de liens d'échanges et de solidarité avec d'autres partenaires dont les financements et les aides peuvent contribuer de manière durable à l'émergence du Sénégal, au développement de la cohésion sociale et à la promotion humaine.

  Mamadou Déme

  Sociologue des migrations et du développement local

  Haut conseiller territorial

  Président de KISAL SENEGAAL

  mail: mamadou0542@orange.fr