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Affaire Bassirou Faye : Ces pistes qui ont perdu le parquet de Dakar

L'affaire Bassirou Faye, l'étudiant tué le 14 août 2014 lors des échauffourées entre étudiants et forces de l'ordre, vient de prendre une nouvelle tournure. Les policiers Tombong Oualy et Saliou Ndaw ont bénéficié d'un non-lieu et Sidy Mouhamed Boughaleb renvoyé devant la Chambre criminelle d'assises. Le père de Tombong a dit toute sa satisfaction après la décision du Doyen des juges d'instruction contrairement à celui de Boughaleb qui se dit surpris et déçu.


Rédigé par leral.net le Lundi 24 Août 2015 à 21:47 | | 0 commentaire(s)|

Affaire Bassirou Faye : Ces pistes qui ont perdu le parquet de Dakar
Le Doyen des juges a fini de prendre une ordonnance de renvoi du policier Mouhamed Bougaleb, agent de police âgé de 33 ans, devant la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Par ailleurs, les deux autres policiers inculpés eux aussi du meurtre de l’étudiant Bassirou Faye ont bénéficié d’une décision de non lieu. Cette décision sonne comme un désaveu du parquet de Dakar. En fait, Serigne Bassirou Guèye a, depuis le départ de l’affaire, désigné Tombon Oulay comme le présumé meurtrier de l’étudiant originaire de Diourbel. Et dans son réquisitoire définitif aux fins de non-lieu partiel, de mis en accusation et de renvoi devant la chambre criminelle, le procureur de la République a encore cité Tombon Oualy comme l’assassin présumé de Bassirou Guèye. Retour sur ces pistes qui ont perdu le parquet.

Discréditer Sette Diagne et son témoignage

S’il y’a un contradicteur de la position du parquet de Dakar dans cette affaire, c’est bien l’étudiant et ami du défunt, Sette Diagne. Depuis le début de l’affaire, Sette Diagne a toujours « démenti » le procureur de la République. L’étudiant donnait toujours une description physique du tireur différente de celle de Tombon Oualy. Il disait toujours que le tueur est un homme élancé (entre 1,85 et 1,90 mètre) de forte corpulence, de teint clair et portant un casque dont la visière était relevé au moment des faits. Un portrait robot de Mouhamed Boughaleb qui n’a rien à voir avec Tombon Oualy. Alors pour établir la culpabilité de Tombon Oualy, il fallait d’abord régler l’équateur Sette Diagne qui est un témoin oculaire. Dans le réquisitoire définitif, le parquet note que Mouhamed Boughaleb a lui-même démenti les propos de Sette Diagne qu’il a assimilé à de graves accusations. Aussi, le parquet n’a pas manqué de faire remarquer que Sette Diagne est le seul témoin à avoir varié dans ses propos entre l’enquête préliminaire et l’instruction. Notamment dans la description faite du tireur. Puisqu’au cours de l’enquête, préliminaire, il avait dit qu’il Il disait toujours que le tueur est un homme élancé (entre 1,85 et 1,90 mètre) de forte corpulence, de teint clair. Alors qu’au cours de son audition devant le Doyen des juges Mahawa Sémou Diouf, Sette Diagne a laissé entendre qu’il s’agissait d’un homme de forte corpulence, costaud mesurant 1,75 mètre et de teint clair. Une évolution du témoignage qui devait pousser à le repousser, selon le parquet.

Les arguments du parquet qui disculpent Boughaleb et Saliou Ndao

Le procureur de la République a commencé par expliquer que ce sont les seules déclarations du témoin Sette Diagne qui l’ont installé dans la cause. En plus, il y’a des variations dans les témoignages de Sette Diagne. Par ailleurs, le parquet estime que les circonstances liées aux échauffourées font qu’il est impossible de faire une description exacte si l’on sait que Boughaleb portait un masque et se trouvait à environ quarante mètres du témoin. Toujours pour extirper Boughaleb dans la cause, le parquet estime que la balle fatale a atteint Bassirou Faye vers les coups de 13 heures, ce 14 août 2014. Alors qu’en ce moment le seul policier renvoyé devant la chambre criminelle dans cette affaire était blessé à la tête aux environs de 9 heures 30 minutes et s’est rendu à l’infirmerie de l’école de police par la suite dans celle du Camp Abdou Diassé. Comme d’ailleurs le confirme la vérification du registre de consultation au niveau du camp. En plus de la géo localisation de son téléphone vers l’école normale supérieur à 12 heures 45 minutes et à Thiaroye vers 18 heures. Et pour terminer, aucun agent de police faisant partie des policiers qui étaient sur les lieux du drame, y compris les chefs des groupes, Saliou Ndao et Tombon Oualy, n’ont à aucun moment aperçu Mouhamed Boughaleb.

En ce qui concerne Saliou Ndao, le parquet fait noter qu’administrativement, il ne pouvait pas doté d’une arme. Ensuite il a été régulièrement désigné pour participer à l’opération. Il renseigne que son inculpation découle simplement des accusations de Tombon Oualy lors de son audition par le Doyen des juges. Et que les accusations d’un coinculpé, en l’absence de tout élément de preuve, ne suffisent à renvoyer, selon Serigne Bassirou Guèye, devant la chambre criminelle.

Pourquoi c’est Tombon Oualy qui a tiré

Depuis le départ, Serigne Bassirou Guèye a considéré le policier Tombon Oulay comme le bon suspect. Et il n’a jamais varié. Il est resté constant dans sa démarche. Et au moment de délivrer son réquisitoire définitif, le procureur de la République a désigné Tombon Oualy comme le présumé meurtrier de Bassirou Faye. Il estime que l’arme qui a tiré la balle fatale n’a pas été retrouvée. Et que Tombon Oualy a délibérément et volontairement infiltré le dispositif de maintien de l’ordre. Alors qu’il bénéficié de congé. Le parquet explique plus, en outre, que Tombon était toujours en possession de son arme de service, un pistolet automatique, qu’il a omis de restituer. Alors qu’il devait le faire conformément à la réglementation en vigueur. Par ailleurs le chargeur de son arme avait une contenance de cinq munitions. Mais qu’elle manquait une balle. Le procureur, dans son réquisitoire définitif, laissé entendre que Tombon a justifié cette balle manquante par le fait d’un tir d’essai effectué en présence d’un de ses amis. Seulement, l’ami en question conteste cette déclaration selon le procureur de Dakar. Avant de revenir dans ses déclarations, dans un souci de sortir son ami du pétrin.

L'OBS