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Affaire Bouaké (2/5) - Les zones d’ombre d’un bombardement meurtrier

Rédigé par leral.net le Mardi 3 Mai 2016 à 08:40 | | 0 commentaire(s)|

Deuxième volet de notre enquête sur le bombardement de Bouaké, épisode-clé de la crise ivoirienne et de l’histoire récente entre la France et la Côte d’Ivoire. Le 6 novembre 2004, l’armée ivoirienne bombarde un camp français de la force Licorne à Bouaké. Neuf soldats français et un Américain sont tués, 38 personnes blessées. Après 11 ans d’instruction, que sait-on? Quelles zones d’ombre persistent ? RFI revient sur cet épisode tragique. Une enquête en 5 volets d’Anthony Lattier, avec le concours de Frédéric Garat.


 

« Ce 6 novembre, c'était la surprise. On a pas eu le droit de faire de sport, on ne sait pas pourquoi. On n’avait pas le droit non plus d’accéder à notre foyer, là où on buvait un café. C’était fermé. Je suis allé voir mon chef. Il ne savait pas pourquoi. » Onze ans après le bombardement qui l’a blessé au pied, la fermeture du bâtiment reste toujours une énigme pour ce soldat français. C’est en effet ce bâtiment qui a été pris pour cible par les avions de l’armée ivoirienne le 6 novembre 2004.

« Le bâtiment visé était fermé. C’était la seule et unique fois. Jusqu’à aujourd’hui, on ne sait pas qui a donné l’ordre. C’est ça qui a commencé à me faire réfléchir », raconte maître Jean Balan, qui ferraille depuis le début sur ce dossier. L’avocat de la plupart des parties civiles en est aujourd’hui persuadé, ce bâtiment a été fermé de façon préventive pour qu’il n’y ait pas de victimes. Il pense que « l’idée était de faire bombarder un bâtiment vide du camp français afin  de pousser Gbagbo dehors. Cela devait servir de prétexte pour le destituer. Les morts n’étaient pas prévus. La manipulation a tourné à la bavure. »Le foyer fermé exceptionnellement ? Pas le droit de faire du sport ? Les officiers français expliquent : « L’aviation ivoirienne frappait des cibles à Bouaké depuis trois jours [voir première partie ]. Le matin du 6, une opération de regroupement des ressortissants avait été déclenchée. Dans ces cas-là, il est normal que les activités soient limitées », affirme le général Poncet, à l’époque patron de la force Licorne. Le général Henri Bentégeat, alors chef d’État-major de l’armée française, renchérit : « De toute façon, un avion de combat qui bombarde une base quelle qu’elle soit ne peut pas, sauf s’il dispose de munitions guidées lasers, faire de choix entre différents bâtiments. Il arrose forcément extrêmement large ! »

rfi

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