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Empressement de l’Etat de condamner Abdoulaye Wade
Dans cette affaire, il est aussi important de relever les tergiversations des uns et autres. J’étais particulièrement impressionné de voir la rapidité avec laquelle le domicile de Wade a été cerné par des personnes encagoulées, avec des matraques, 20 minutes seulement après l’assassinat de Me Sèye. A l’époque nous étions un groupe de journalistes, Abdourahmane Camara, Tidiane Kassé, Demba Ndiaye, Ibrahima Bakhoum. Il y avait quelque chose de fantastique, non pas que la mort nous a galvanisés, mais ce sont des histoires, en termes journalistiques qui passionnent beaucoup. En fait, quand l’Etat et la gendarmerie ont visé directement le chef de l’opposition de l’époque, vous voyez ce que cela donne.
J’ai été frappé avec la rapidité avec laquelle le Premier ministre de l’époque (Habib Thiam) soutenait que l’Etat allait prendre toutes les mesures nécessaires. Quel que soit l’auteur du crime. Nous avons vu aussi le ministre de l’Intérieur sortir de ses poches des douilles devant les caméras. Alors que ces douilles devaient être entre les mains du procureur de la République. Cela préfigurait déjà du manque de professionnalisme de l’enquête conduite non pas par la police, mais par des acteurs politiques qui voulaient à tout prix avoir un assassin. A ce moment précis, Wade ne pouvait pas être assassin, mais complice. J’ai tout raconté dans mon livre. D’ailleurs, quand je l’écrivais, je suis allé voir les archives du Soleil pour me rappeler quelle température il faisait à Dakar. Vous savez, ce mois de mai est un peu frisquet, mais à l’époque, il faisait très chaud. C’était fou. Il y avait un élément de taille qui paraissait surréaliste dans ce procès. Là où maître Sèye a été touché sur la Corniche, plutôt que de faire un retour pour passer par la Corniche qui était complètement dégarnie un samedi, le chauffeur et son garde du corps ont estimé devoir passer par l’Avenue Blaise Diagne pour remonter par Sandaga pour aller à l’hôpital Principal.
Nous avions le sentiment qu’on voulait que maître Sèye meurt avant qu’il n’arrive à l’hôpital. C’était plus facile de faire un demi-tour sur la Corniche et de repartir vers l’hôpital Principal. Ce détail était troublant. Mais le Parquet avait prétendu à l’époque que des policiers de très haut niveau avaient perdu leur sang-froid. Mais des policiers d’élite comme les gardes du corps ne peuvent pas perdre leur sang-froid à ce point pour prendre tout ce chemin. Personne ne pouvait croire en cela. On était persuadés qu’il y avait un coup monté derrière. Maître Wade n’a pas manqué de souligner ça à l’époque. Cela a plus ou moins sauvé sa peau. L’Etat a semé la zizanie entre les corps, c’est-à-dire entre la police et la gendarmerie nationale.
Empressement de l’Etat de condamner Abdoulaye Wade
Dans cette affaire, il est aussi important de relever les tergiversations des uns et autres. J’étais particulièrement impressionné de voir la rapidité avec laquelle le domicile de Wade a été cerné par des personnes encagoulées, avec des matraques, 20 minutes seulement après l’assassinat de Me Sèye. A l’époque nous étions un groupe de journalistes, Abdourahmane Camara, Tidiane Kassé, Demba Ndiaye, Ibrahima Bakhoum. Il y avait quelque chose de fantastique, non pas que la mort nous a galvanisés, mais ce sont des histoires, en termes journalistiques qui passionnent beaucoup. En fait, quand l’Etat et la gendarmerie ont visé directement le chef de l’opposition de l’époque, vous voyez ce que cela donne.
J’ai été frappé avec la rapidité avec laquelle le Premier ministre de l’époque (Habib Thiam) soutenait que l’Etat allait prendre toutes les mesures nécessaires. Quel que soit l’auteur du crime. Nous avons vu aussi le ministre de l’Intérieur sortir de ses poches des douilles devant les caméras. Alors que ces douilles devaient être entre les mains du procureur de la République. Cela préfigurait déjà du manque de professionnalisme de l’enquête conduite non pas par la police, mais par des acteurs politiques qui voulaient à tout prix avoir un assassin. A ce moment précis, Wade ne pouvait pas être assassin, mais complice. J’ai tout raconté dans mon livre. D’ailleurs, quand je l’écrivais, je suis allé voir les archives du Soleil pour me rappeler quelle température il faisait à Dakar. Vous savez, ce mois de mai est un peu frisquet, mais à l’époque, il faisait très chaud. C’était fou. Il y avait un élément de taille qui paraissait surréaliste dans ce procès. Là où maître Sèye a été touché sur la Corniche, plutôt que de faire un retour pour passer par la Corniche qui était complètement dégarnie un samedi, le chauffeur et son garde du corps ont estimé devoir passer par l’Avenue Blaise Diagne pour remonter par Sandaga pour aller à l’hôpital Principal.
Nous avions le sentiment qu’on voulait que maître Sèye meurt avant qu’il n’arrive à l’hôpital. C’était plus facile de faire un demi-tour sur la Corniche et de repartir vers l’hôpital Principal. Ce détail était troublant. Mais le Parquet avait prétendu à l’époque que des policiers de très haut niveau avaient perdu leur sang-froid. Mais des policiers d’élite comme les gardes du corps ne peuvent pas perdre leur sang-froid à ce point pour prendre tout ce chemin. Personne ne pouvait croire en cela. On était persuadés qu’il y avait un coup monté derrière. Maître Wade n’a pas manqué de souligner ça à l’époque. Cela a plus ou moins sauvé sa peau. L’Etat a semé la zizanie entre les corps, c’est-à-dire entre la police et la gendarmerie nationale.