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Affaire Sweet Beauté : Qu'attend la justice pour démêler cet écheveau?

Quelques jours après l'anniversaire de l'affaire Sweet Beauté, tous les ingrédients sont réunis pour une réédition. Les acteurs sont toujours là, de même que les protagonistes, la volonté d'en découdre est également là. Pendant ce temps, le dossier traîne, car la justice qui devait démêler cet écheveau de «complot», est aux abonnés absents


Rédigé par leral.net le Mardi 15 Mars 2022 à 09:32 | | 0 commentaire(s)|

Aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire "plus jamais les événements du mois de mars", qui ont plongé le pays dans le chaos des jours durant. Les deux protagonistes piaffent d'impatience et s'accordent à dire qu'ils veulent aller le plus vite au procès. Un doyen des juges a été nommé, le ministre de la Justice a dit que c'est "une affaire privée entre deux adultes". Où est-ce que ça coince donc ? À moins que ce ne soit pas une affaire si privée que ça.

En tout cas, il est incompréhensible, inadmissible que dans un pays dit de droit, une affaire aussi grave, qui a entraîné la mort de 14 personnes, ne soit pas vidée, alors que le gouvernement avait promis une commission d’enquête pour situer les responsabilités. Et aujourd'hui, rien, absolument rien n'explique cette lenteur constatée dans la conduite de ce dossier.

Car, on ne saurait gober des arguments du genre "le temps de la justice n'est pas le temps des hommes", parce qu'il y a eu des affaires moins graves que la justice a vidées en mode fast-track. Aussi, est-il attendu de cette justice, la même diligence et la même célérité pour démêler cet écheveau...

Malheureusement, elle est aux abonnés absents. Alors qu'elle devrait diligenter ce dossier, voir s'il n'y a pas dans cette histoire, comme le prétendent certains, une intention d'éliminer vaille que vaille un opposant, quitte à le discréditer avec une campagne médiatique intense, faute de le faire condamner et de lui faire perdre ses droits civiques.

Si tel est le cas, elle doit sévir en toute responsabilité et en toute impartialité, en faisant de sorte que tous ceux qui sont impliqués, répondent de leurs actes. Mais, s'il est établi que les accusations de la fille sont avérées, qu'Ousmane Sonko, qui est un justiciable comme tout le monde, subisse les rigueurs de la loi. Pour que la sérénité revienne et que le pays soit épargné par d'autres soubresauts, cette affaire doit être vidée comme le réclament d'ailleurs les principaux protagonistes.

Ou bien la thèse du complot serait-elle avérée ?

Toujours est il que dans ce dossier, Ousmane Sonko a encore parlé de complot lors de son dernier face-à-face avec la presse et cité nommément de hautes personnalités de la République, parmi lesquelles serait impliqué le ministre de l'Intérieur. Vrai ou faux ?

En tout cas, si aujourd'hui certains sont amenés à dire que cette affaire s'est jouée au plus haut sommet de l’État, difficile de soutenir le contraire. Tout le monde se rappelle encore cette information, selon laquelle une certaine avocate avait envoyé, par inadvertance, un sms écrit à l’un des avocats d’Ousmane Sonko, Me Bamba Cissé.

Dans ce message qui serait plutôt destiné au ministre de l’Intérieur, l’auteure du message conseillait de ne pas envoyer Ousmane Sonko en prison, mais plutôt de le placer sous un long contrôle judiciaire qui lui ôterait la parole. Ce qui laisse penser que, dans cette affaire Sonko, il semble que le but visé par le pouvoir n'est pas d’élucider cette affaire de viol, mais plutôt de discréditer le leader de Pastef, de déchirer son manteau de «monsieur propre» que lui ont taillé ses partisans, pour lui faire revêtir celui d'un Tartuffe.

Maintenant, tant que la justice ne se résoudra pas à juger cette affaire, il sera difficile d’écarter la thèse du complot, d'autant que le palais de la République est réputé être un nid de comploteurs, du moins, si l'on se fie aux propos de certains proches collaborateurs du Président parmi lesquels Yakham Mbaye, Ibrahima Ndoye et son frangin Aliou Sall, qui ont eu à faire des sorties publiques pour dénoncer des «comploteurs» nichés dans l'antre du palais de la République.

On se souvient de la lettre de soutien de Yakham Mbaye à Aliou Sall, dans laquelle il affirmait que le palais de la République grouillait de «scorpions, de frelons» et autres bestioles dangereuses.

«Rassure toi ! Non que je sois à l'abri des sales coups que ces félons, qui pullulent en notre sein, n'ont eu de cesse de m'asséner depuis près de dix ans, et qui ont culminé lorsqu'ils m'ont collé cette bande audio fabriquée, après s'être immiscés dans ma vie conjugale pour la détruire (...)». disait-il, entre autres, dans la missive.

Comme si cela ne suffisait pas, Ibrahima Ndoye, conseiller spécial du président de la République, y était allé lui aussi, de ses révélations : «la plupart des gens qui entourent le Président, sont des comploteurs. Ils passent leur temps à comploter auprès du Président contre des gens qui travaillent», avait dit Ibrahima Ndoye, le 22 juillet 2019, dans une sortie parue dans la presse.

Avant eux, c'est Aliou Sall le frangin du président, qui en 2017, après le retrait de sa candidature aux Législatives, sur injonction de son frère de président, disait déjà ceci : «Le lendemain, quand j’ai entendu ces faucons, à la radio et sur internet, danser comme de petits diables pour fêter leur victoire, j’ai compris que tout cela était le fait de comploteurs. Et moi, je n’accepte pas de me défaire devant les comploteurs (...)».

Autant de facteurs qui rendent les gens dubitatifs face à cette situation. Donc, aujourd'hui, seule une justice impartiale, préoccupée par le seul souci de dire le droit, rien que le droit, pourra démêler cet écheveau pour apaiser les craintes et faire revenir la sérénité.






Tribune