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Affaire « WIRI WIRI » : Aidons Jojo à comprendre (Par Baba Gallé DIALLO)

Rédigé par leral.net le Dimanche 6 Novembre 2016 à 22:00 | | 0 commentaire(s)|


 Le Lundi 31 Novembre 2016, la TFM diffuse une séquence d’un épisode de la série « Wiri Wiri »  mettant en scène M. Balla GAYE 2 et M. Cheikh NDIAYE dit JOJO en train de fumer de la chicha.  Ce qui est interdit  par l’article 10 de la loi 2014 -14 du 28 Mars 2014. La LISTAB déclare par le biais de la presse porter plainte.
 
Ainsi,  M. Cheikh NDIAYE dit JOJO dans la livraison du journal l’Observateur du Vendredi 04 Novembre 2016 réagit et ne semble pas apprécier la déclaration de la LISTAB.
 
Disant  «  La LISTAB est allée vite en besogne, ils auraient pu attendre la suite du scenario »  « Chaque jour, les télévisions diffusent des choses pires que le fait de fumer. « La plainte est un non évènement » « Nous laisserons personne nous dicter notre scenario »  « Si c’était à refaire Balla GAY2  et moi allons refaire la même chose »
 
Une analyse de sa réaction à l’aune de la loi 2014 -14 du Mars 2014 montre qu’il n’a pas compris de quoi il en retrouve exactement. Sur ce, je ne pense pas que la plainte de la LISTAB vise expressément eux les acteurs car leur rôle est moindre par rapport à la responsabilité de la Télévision Futurs Médias (TFM) au regard de la loi antitabac. Toutefois, il ne sert à rien d’ajouter de l’huile au feu en tenant des propos incendiaires.
 
Es qualité ancien membre du comité de pilotage du projet de loi et ancien Coordonnateur du Mouvement Antitabac du Sénégal, je me permets d’intervenir  pour apporter mon point de vue après la réaction de M. Cheikh NDIAYE dit JOJO sur  ce qui peut être appelé désormais l’affaire « Wiri Wiri »
 
Disant «  La LISTAB est allée vite en besogne, ils auraient pu attendre la suite du scenario »  « Chaque jour, les télévisions diffusent des choses pires que le fait de fumer. On montre de l’alcool et des acteurs reniflant la drogue dure, pourquoi n’en parlent-ils pas ? »
 
Il n’y a pas de suite à attendre. C’est du « flagrant délit »  Si on fait ce que l’on ne doit pas faire,  il n’y a pas à attendre une suite quelconque. On a commis une infraction c’est la sanction prévue dans la loi qui s’impose. C’est totalement différent des autres sujets abordés par la série « Wiri Wiri » Dans tous les films qui mettent en parallèle le bien et le mal, on a observé, au finish, que le bien a toujours triomphé du mal. Ceci est observé chez le sort qui a été réservé dans la série au personnage de Cheikhouna par le scénariste. Contrairement au type de mal évoqué par M .Cheikh NDIAYE dit JOJO, la consommation du tabac est mal, mais un mal que le fumeur exerce sur lui-même et sur son entourage. Ce qui est juridiquement, rappelons-le, une fois de plus, encadré par la loi 2014 -14 du 24 Mars 2014.
 
Sur ce, il n’y a pas de bon timing que la LISTAB aurait pu observer pour réagir. Et quelle autre attitude aurait-elle pu prendre en dehors de celle qu’elle a déjà prise c’est-à-dire de porter plainte ?  Par ailleurs, est-ce que la LISTAB a le droit de porter plainte?  La loi antitabac 2014 -14 du 28 Mars 2014 confère ce droit aux associations dont l’objet statutaire comporte la lutte contre le tabagisme. L’article 33 de loi précitée stipule : « les associations régulièrement déclarées et reconnues depuis au moins un an à la date des faits dont l’objet statutaire comporte la lutte contre le tabagisme peuvent exercer des droits reconnus à la partie civile. »
 
En remplissant les conditions décrites dans l’article 33 de la loi 2014 -14 du 28 Mars 2014, la LISTAB est effectivement dans son bon droit de se constituer en partie civile pour porter plainte. Cependant, il est important de ne pas occulter que c’est au juge de dire le droit. Ainsi, conformément au décret 2016-1008 portant application de la loi 2014-14 du 28 Mars 2014, les parties concernées pour l’application de la loi, chacune en ce qui la concerne doit jouer son rôle pour que force puisse rester à la loi.
 
Disant « La plainte est un non évènement » « Nous laisserons personne nous dicter notre scenario »  « Si c’était à refaire Balla GAY2  et moi allons refaire la même chose »
 
En tant qu’acteur M. Cheik NDIAYE dit JOJO avait un rôle à jouer. Il l’a joué comme lui avait demandé le réalisateur. Jusque-là, on est, faut-il le dire dans la phase de fabrication donc hors du champ d’application de la loi antitabac 2014-14 du 28 Mars 2014. Si M. Cheik NDIAYE dit JOJO, a une quelconque responsabilité qui pourrait lui est être imputable dans ce qui est advenu et condamné par tous c’est celle d’avoir participé au processus de fabrication en tant qu’acteur et metteur en scène selon le générique final de l’épisode diffusé.
 
Aussi, il est important de préciser que le fait de fumer du tabac n’est pas un délit. Car la vente et l’usage du tabac sont licites mais dans les conditions fixées par la loi. Bref ! Du fait que le tabac tue, rend malade et handicapant, l’Etat du Sénégal imbu du devoir de protéger la santé des populations par tous les moyens ne peut laisser les bras croisés sans légiférer le secteur. C’est pourquoi, il a décidé d’encadrer la fabrication, le conditionnement, l’étiquetage, la vente et l’usage du tabac par l’adoption de la loi 2014 -14 du 28 Mars 2014.
 
Dans cette affaire « Wiri Wiri », il est aussi essentiel de distinguer et retenir que tant que la séquence incriminée n’était pas diffusée par la Télévision Futurs Médias, il n’y avait pas de problème. Le produit (l’épisode) reste dans le domaine privé. La loi n’interdit pas le fait de disposer légalement d’un dvd du produit (de l’épisode) et d’en user à domicile. C’est la diffusion télévisuelle du produit (de l’épisode) qui est interdite et reprochée à la TFM. Donc, s’il y a une plainte à faire contre quelqu’un c’est bel et bien contre la Télévision Futurs Médias qu’il est légalement permis de le faire en tant que diffuseuse. Au total, c’est à ce titre qu’elle devra répondre de la plainte qui sera faite contre elle si elle n’est pas déjà faite.
 
En effet, M. Cheikh NDIAYE dit JOJO et M. Balla GAYE 2 ne sont condamnables en vérité que sur les plans de la morale publique et de l’éthique, du fait d’avoir accepté de jouer une séquence les mettant en scène en train de fumer qui a force d’influencer les jeunes à user du tabac, produit nocif à la santé mais pas sur le plan légal c’est à dire de la loi antitabac 2014 -14 du 28 Mars 2014.
 
En conclusion, si l’article 8 de la Constitution du Sénégal garantit à tous les citoyens, la liberté d'opinion, la liberté d'expression, la liberté d'association, les libertés culturelles, la liberté d'entreprendre etc, il garantit en même temps, le droit à la santé, et à un environnement sain à tous. Cela veut dire quoi ?  Cela veut dire que M. Cheikh NDIAYE dit JOJO et M. Balla GAYE 2 peuvent jouir de toutes les libertés dont ils ont droit en tant que citoyens sénégalais mais dans les conditions fixées par la loi.
 
Vive le Sénégal !  Vive la république !
 
Par Baba Gallé DIALLO  /  Email : bbgd70@yahoo.fr
Cabinet du Ministre de la Santé et de l'Action sociale 

Affaire « WIRI WIRI » : Aidons Jojo à comprendre (Par Baba Gallé DIALLO)