Il n’a pas une fois prononcé le nom de Cheikh Béthio Thioune ou celui de ses disciples «thiantacounes», mais l’allusion était claire. Serigne Habib Sy n’a pas mâché ses mots vis-à-vis des casseurs du 22 octobre. «Je m’étais dit qu’à la première occasion, je dirai ce que je pense de ces événements» (la manifestation violente à Dakar des disciples de Cheikh Béthio Thioune ndlr), dira-t-il d’entrée.
Dans la foulée, Serigne Habib Sy Dabakh a tenu à donner son point de vue : «Ce qui s’est passé il y a quelques jours ne repose sur aucune base légale.» Se tournant vers le sous-préfet de Sakal présent à la conférence, le chef religieux de s’interroger sur l’attitude de l’administration: «je ne sais pas si c’était de la négligence ou quelle qualification je dois lui donner. Mais, je sais que ce n’est ni religieux, ni conforme à nos valeurs ; ce n’est tout simplement pas humain», a-t-il affirmé avec force. Pour lui, «détruire des biens que d’honnêtes citoyens ont laborieusement gagnés à la sueur de leur front, se réclamer de la religion et réserver un tel saccage aux biens d’autrui, ce n’est pas humain de la part de leurs auteurs et de leurs commanditaires.»
Dans cette assemblée, précise-t-il, «il y a des disciples de Serigne Touba. Khadimou Rassoul n’aurait jamais recommandé une chose pareille. D’ailleurs s’il était animé de revanche, il n’aurait jamais, à son retour d’exil du Gabon, accordé son pardon à tous, y compris à ceux qui lui ont causé du tort, tout comme Seydina Mohamet (PSL) avait pardonné à ses ennemis à son retour à La Mecque. Ces pratiques ne viendront jamais de Touba, Ndiassane, Layène ou Médina Baye ou Tivaouane.»
Pour conforter ses propos, Serigne Habib Sy rappelle à l’assistance les évènements douloureux qui se sont déroulés en plein contexte électoral et qui avaient conduit aux jets de grenades dans la Zawiya El Hadji Malick Sy.
«On ne peut égorger une personne et empêcher les gens d’en parler»
Il y a plusieurs foyers de tension en Afrique, fait-il remarquer. «Vous voyez ce qui se passe au Mali en ce moment. C’était le tour de la Cote d’Ivoire il n’y a guère longtemps. Il règne une certaine accalmie au Sénégal. Mais, certains veulent la détruire. Les religieux comme l’administration, ont chacun leur part de responsabilité», martèle le chef religieux.
Raison pour laquelle le marabout en a appelé à la responsabilité de l’Etat et des chefs religieux, car, «il y a des limites à ne pas dépasser et au Sénégal, il y a des gens qui se croient tout permis», renchérit Serigne Habib.
On se souvient qu’en janvier 2012, en pleine polémique sur la validité de la candidature du président sortant, Serigne Habib Sy Dabakh n’avait pas hésité à dire sa «vérité» au président de la République Abdoulaye Wade. Il l’avait, en effet, appelé publiquement au retrait de la course présidentielle.
Aussi, s’adressant aujourd’hui au président Macky Sall et à son gouvernement, il dira que l’heure est venue « d’éduquer les gens, de faire régner la justice dans ce pays : «trop, c’est trop !», avertit-il.
«On a emprisonné toutes sortes de personnalité dans ce pays et il ne s’est rien passé»
L’homme de Aynoumady dira que «les chefs religieux doivent s’adresser aux disciples. L’Etat et les autorités religieuses doivent se concerter, tempérer les cœurs et les esprits pour trouver une solution à ce désordre. Il ne peut y avoir deux pouvoirs dans un pays. L’Etat, c’est l’Etat et il peut régler tous ces disfonctionnements. Dites au président Macky Sall de mobiliser pour stopper cette anarchie. Dans ce pays on a arrêté toutes sortes de personnalités et il ne s’est pas passé grand-chose. Chacun le sait. Mais on est assez fou pour l’ignorer, on est sévèrement réprimé, mis en prison, sans que personne ne puisse nous en sortir. Si l’Etat fait une faute, je dirai encore mon opinion car, j’ai fait le pari et prié Dieu d’être indépendant afin que rien ne me prive de cette liberté de parole. J’observe scrupuleusement les actes du nouveau gouvernement. Nous sommes des gens avertis et les prenons au mot», explique le chef religieux avant de préciser que «les premiers jalons du gouvernement nous rassurent.»
Fin de l’impunité
Pour le chef religieux, « le Sénégalais est réputé pressé, mais nous l’exhortons à être patient et serein. Le gouvernement doit aider les populations. Elles sont fatiguées. De notre station de chef religieux, ou supposés l’être, nous sommes bien placés pour le comprendre.»
Serigne Habib Sy a cependant prié pour les chefs religieux et appelé à l’unité des confréries. Le Sénégal, dit-il, « est un petit pays. Tout le monde a le regard tourné vers nous. Un vrai Mouride, un vrai Tidjane, un vrai Khadre, n’a pas le temps de se livrer à des troubles.» Le chef religieux a cependant offert en exemple son «frère» Serigne Sidy Makhtar Mbacké, Khalif général des Mourides. «Lorsqu’il arrivait au khalifat, son célèbre appel à l’unité des musulmans a ému tous les cœurs. Celui-là ne demandera à personne de casser les véhicules d’autrui.»
Le fils de Dabakh a cependant remis une couche en appelant à la fin des «interventions», en faveur de prévenus, de religieux auprès des autorités. «Les multiples interventions créent le désordre dans le pays. Si à chaque fois quelqu’un commet un crime ou délit, puis s’en va demander l’intervention de son marabout, qui, à son tour, appelle à la clémence auprès des autorités judiciaires ou étatiques, ça ne finira jamais. Si sa délinquance est avérée, il ne faut pas entraver la justice. Qu’ils soient emprisonnés et qu’ils remboursent, si c’est le cas, les fonds détournés ou volés».
sud quotidien
Dans la foulée, Serigne Habib Sy Dabakh a tenu à donner son point de vue : «Ce qui s’est passé il y a quelques jours ne repose sur aucune base légale.» Se tournant vers le sous-préfet de Sakal présent à la conférence, le chef religieux de s’interroger sur l’attitude de l’administration: «je ne sais pas si c’était de la négligence ou quelle qualification je dois lui donner. Mais, je sais que ce n’est ni religieux, ni conforme à nos valeurs ; ce n’est tout simplement pas humain», a-t-il affirmé avec force. Pour lui, «détruire des biens que d’honnêtes citoyens ont laborieusement gagnés à la sueur de leur front, se réclamer de la religion et réserver un tel saccage aux biens d’autrui, ce n’est pas humain de la part de leurs auteurs et de leurs commanditaires.»
Dans cette assemblée, précise-t-il, «il y a des disciples de Serigne Touba. Khadimou Rassoul n’aurait jamais recommandé une chose pareille. D’ailleurs s’il était animé de revanche, il n’aurait jamais, à son retour d’exil du Gabon, accordé son pardon à tous, y compris à ceux qui lui ont causé du tort, tout comme Seydina Mohamet (PSL) avait pardonné à ses ennemis à son retour à La Mecque. Ces pratiques ne viendront jamais de Touba, Ndiassane, Layène ou Médina Baye ou Tivaouane.»
Pour conforter ses propos, Serigne Habib Sy rappelle à l’assistance les évènements douloureux qui se sont déroulés en plein contexte électoral et qui avaient conduit aux jets de grenades dans la Zawiya El Hadji Malick Sy.
«On ne peut égorger une personne et empêcher les gens d’en parler»
Il y a plusieurs foyers de tension en Afrique, fait-il remarquer. «Vous voyez ce qui se passe au Mali en ce moment. C’était le tour de la Cote d’Ivoire il n’y a guère longtemps. Il règne une certaine accalmie au Sénégal. Mais, certains veulent la détruire. Les religieux comme l’administration, ont chacun leur part de responsabilité», martèle le chef religieux.
Raison pour laquelle le marabout en a appelé à la responsabilité de l’Etat et des chefs religieux, car, «il y a des limites à ne pas dépasser et au Sénégal, il y a des gens qui se croient tout permis», renchérit Serigne Habib.
On se souvient qu’en janvier 2012, en pleine polémique sur la validité de la candidature du président sortant, Serigne Habib Sy Dabakh n’avait pas hésité à dire sa «vérité» au président de la République Abdoulaye Wade. Il l’avait, en effet, appelé publiquement au retrait de la course présidentielle.
Aussi, s’adressant aujourd’hui au président Macky Sall et à son gouvernement, il dira que l’heure est venue « d’éduquer les gens, de faire régner la justice dans ce pays : «trop, c’est trop !», avertit-il.
«On a emprisonné toutes sortes de personnalité dans ce pays et il ne s’est rien passé»
L’homme de Aynoumady dira que «les chefs religieux doivent s’adresser aux disciples. L’Etat et les autorités religieuses doivent se concerter, tempérer les cœurs et les esprits pour trouver une solution à ce désordre. Il ne peut y avoir deux pouvoirs dans un pays. L’Etat, c’est l’Etat et il peut régler tous ces disfonctionnements. Dites au président Macky Sall de mobiliser pour stopper cette anarchie. Dans ce pays on a arrêté toutes sortes de personnalités et il ne s’est pas passé grand-chose. Chacun le sait. Mais on est assez fou pour l’ignorer, on est sévèrement réprimé, mis en prison, sans que personne ne puisse nous en sortir. Si l’Etat fait une faute, je dirai encore mon opinion car, j’ai fait le pari et prié Dieu d’être indépendant afin que rien ne me prive de cette liberté de parole. J’observe scrupuleusement les actes du nouveau gouvernement. Nous sommes des gens avertis et les prenons au mot», explique le chef religieux avant de préciser que «les premiers jalons du gouvernement nous rassurent.»
Fin de l’impunité
Pour le chef religieux, « le Sénégalais est réputé pressé, mais nous l’exhortons à être patient et serein. Le gouvernement doit aider les populations. Elles sont fatiguées. De notre station de chef religieux, ou supposés l’être, nous sommes bien placés pour le comprendre.»
Serigne Habib Sy a cependant prié pour les chefs religieux et appelé à l’unité des confréries. Le Sénégal, dit-il, « est un petit pays. Tout le monde a le regard tourné vers nous. Un vrai Mouride, un vrai Tidjane, un vrai Khadre, n’a pas le temps de se livrer à des troubles.» Le chef religieux a cependant offert en exemple son «frère» Serigne Sidy Makhtar Mbacké, Khalif général des Mourides. «Lorsqu’il arrivait au khalifat, son célèbre appel à l’unité des musulmans a ému tous les cœurs. Celui-là ne demandera à personne de casser les véhicules d’autrui.»
Le fils de Dabakh a cependant remis une couche en appelant à la fin des «interventions», en faveur de prévenus, de religieux auprès des autorités. «Les multiples interventions créent le désordre dans le pays. Si à chaque fois quelqu’un commet un crime ou délit, puis s’en va demander l’intervention de son marabout, qui, à son tour, appelle à la clémence auprès des autorités judiciaires ou étatiques, ça ne finira jamais. Si sa délinquance est avérée, il ne faut pas entraver la justice. Qu’ils soient emprisonnés et qu’ils remboursent, si c’est le cas, les fonds détournés ou volés».
sud quotidien