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Affaires Petro Tim – Acelor Mittal : Na Leer (*) - Par Ibrahima Sadikh Ndour

Rédigé par leral.net le Vendredi 19 Décembre 2014 à 10:01 | | 0 commentaire(s)|

Affaires Petro Tim – Acelor Mittal : Na Leer (*) - Par Ibrahima Sadikh Ndour
Comme nombre de Sénégalais constituant la majorité silencieuse, j’ai écouté, attentivement, toutes versions servies, qu’elles soient à charge ou à décharge. Je me suis donné la peine d’examiner, à la loupe, tous les documents liés à ces deux affaires rendus publics par les parties protagonistes ou par la presse. À plusieurs, reprises, je me suis donné la peine de faire des recherches complémentaires sur le net aux fins de me faire une opinion exacte. À ce jour, je n’y suis pas parvenu (combien sommes-nous dans ce cas ? des millions à mon avis).

En effet, je ne suis pas encore édifié sur la vérité dans ces affaires, car les explications, jusque là fournies par Aliou Sall, les Ministres de l'Énergie et des Finances puis par le Premier ministre n'ont fait que rendre plus sombre ma compréhension des choses. Les demi-vérités entendues, la variation des versions servies par les accusés et les mensonges par omission dont sont rendus coupables tous les intervenants interpellés au premier chef ont fini par installer le doute, voire faire naître de lourds soupçons à leur égard.

En ma qualité de citoyen ordinaire, j'ai droit à des explications plus claires, à des preuves matérielles non tronquées et à une plus grande transparence de nos dirigeants. La situation est grave. Face à l'énormité des accusations, la réponse fournie, par les accusés, se caractérise par une faiblesse manifeste des preuves présentées. Plus grave, les autorités accusées et leurs partisans nous servent, en guise de réponse, des insultes à l’endroit du Président Wade, de sa famille et des responsables du PDS. Cela ne pourra, indéfiniment, constituer une ligne de défense. La vérité finira par éclater.
Nous devons nous départir de nos partisanneries et privilégier les intérêts du Sénégal. Peu importe la bouche ou la plume par laquelle la vérité sort.

Ce n’est pas parce que le Président Wade, sa famille et ses anciens collaborateurs ont commis des crimes de toute sorte notamment économiques que nous ne devons pas les écouter. Il nous appartient de faire la part des choses. Les crimes dont Wade et consorts sont supposés être les auteurs doivent être instruits et jugés par la justice et, si justifié, des sentences exemplaires rendues à leur encontre. De l’autre côté, il faut admettre que le Président Wade n’est pas un citoyen ordinaire. Le pouvoir qu’il a exercé pendant 12 années au sommet de lÉtat l’avait placé au centre des décisions et au cœur des actions initiées par l’État du Sénégal. De surcroît, nous ne devons pas oublier que c’est vers lui et ses collaborateurs convergeaient toutes les informations sécrètes ou confidentielles glanées par les services de renseignements.

Donc, forcément, l’objectivité et l’humilité nous recommandent d’admettre qu’il sait beaucoup plus de choses sur les dirigeants actuels et certains dossiers que nous autres. Cela ne voudrait nullement dire qu’il faille gober tout ce qu’il viendra nous dire. Bien au contraire, devons rester vigilants en analysant et en disséquant tout propos émanant de lui, car il reste un politicien avec son agenda et ses objectifs qui lui sont bien propres.

Depuis l’éclatement de ces deux affaires, les propos avancés par le Président ne sont pas encore battus en brèche de façon nette ni démentis avec des preuves qui emportent l’adhésion et la conviction. Par conséquent, nous devons lui accorder, jusqu’à la preuve du contraire, une certaine crédibilité dans le cas d’espèce. En effet, dans ces genres d’affaires, l’histoire politico-judiciaire montre que la justice ne parvient à les élucider que grâce aux dénonciations, anonymes ou publiques, d’une ou plusieurs personnes initialement impliquées ou informées des actes délictuels commis. J’en veux comme exemple l’affaire de la vente des frégates à Taïwan par la France où plus de 500 millions de dollars furent versés sous la forme de commissions aux autorités chinoises et taïwanaises, puis une partie revenue en France sous la forme de rétro-commissions.

Pour rappel, la justice française s’était auto-saisie de cette affaire suite à des dénonciations anonymes et, surtout, elle a pu la démêler grâce, entre autres, aux révélations de Roland Dumas, Ministre des affaires étrangères au moment des faits et un des principaux bénéficiaires de ces rétro-commissions.

Si nous ne tirons pas au clair cette affaire ici et maintenant (la phase exploratoire du pétrole n'est pas encore terminée), je crains que l'exploitation de l’or noir dans quelques années pourrait installer le Sénégal dans un cycle de malédiction du pétrole comme on le voit dans certains pays (accaparement des ressources pétrolières par une minorité, appauvrissement de l'écrasante majorité, économie essentiellement basée sur la rente pétrolière, etc.). La clarification des tenants et aboutissants de ces deux affaires devient un impératif démocratique, social et de justice.

C’est cela qui nous permettra d’en tirer toutes les conséquences et, surtout, de mettre des balises de gouvernance claires et infranchissables pour que l’exploitation ultérieure des ressources du Sénégal profite à tout le monde et non exclusivement à une petite minorité politico-affairiste.

NA LEER (*) : mots wolof pouvant se traduire, approximativement, par « la clarification s’impose »

Ibrahima Sadikh Ndour
ibasadikh@gmail.com