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Ainsi disait Bacar Dia : "Tout le monde sait où on va mais, en bon comédien, on fait semblant de ne rien voir"

Ce qui est advenu de l’équipe nationale, mardi, à Malabo, Bacar Dia, ancien ministre des Sports, l’avait annoncé en tirant même la sonnette d’alarme avec forces arguments dans un entretien qu’il nous avait accordé et qui avait été publié le 13 juin 2014. Un entretien dont nous reproduisons ici l’extrait relatif à l’échec programmé et connu d’avance du coach, Alain Giresse. Il allait droit au mur et Bacar Dia l’avait dit. Hélas, personne ne l’avait écouté.


Rédigé par leral.net le Jeudi 29 Janvier 2015 à 14:55 | | 0 commentaire(s)|

Ainsi disait Bacar Dia : "Tout le monde sait où on va mais, en bon comédien, on fait semblant de ne rien voir"
Mais dans le cas de l’entraîneur de l’équipe A de football, cette responsabilité n’est-elle pas partagée par la tutelle qui a validé le contrat ?

Mais l’entraîneur, qui l’a choisi ? Ce n’est pas Mbagnick (Ndlr : Mbagnick Ndiaye était alors ministre des Sports) qui l’a choisi. Si Mbagnick mettait une option sur le choix de l’entraîneur, la fédération allait l’attaquer pour lui dire que nous sommes indépendants. Et les fédérations sont très protégées par la Fifa. Elles choisissent leurs entraîneurs, les staffs techniques, elles choisissent tout. Mais quand il y a une défaite comme on dit "ñom ñeep ño waaf" (ils s’évaporent). Quand il y a une victoire, ils sont tous debout. Ils demandent toujours des moyens et ils n’ont pas une obligation de résultats. Quand il manque un franc, ils sont dans les radios en train de parler. Quand ils perdent, ils ont encore le courage à se représenter à des élections. Mais comment vous pouvez comprendre ça ? Quand il y a une défaite, le ministre s’en va. On sait comment ça se passe, c’est fait pour être gagné d’avance. Il faut que les fédérations s’assument.

Et l’équipe nationale coachée par Giresse…

Je suis passionné du football, mais je sais parfaitement où on va avec cette équipe nationale. Tous les techniciens avertis savent où on va avec cette équipe de Giresse. Ce qui nous manque, c’est le courage de nous dire ‘arrêtons-nous’ et voir ce qui ne va pas. Souvenez-vous, avec mon ami Lamine Ndiaye, c’était la même situation. J’ai convoqué et j’ai discuté avec le Comité de normalisation du football (Cnf), on était d’accord, parce que le contrat était terminé, pour voir comment renforcer le staff technique.

Et à décharge de Saër Seck qui était absent à cette réunion, les gens étaient tous d’accord pour qu’on rectifie le tir, qu’on choisisse des hommes pour seconder l’entraîneur. Parce que ça ne marchait pas, on a été battu partout. Mais le jour où il fallait organiser une rupture, il y a eu une levée de boucliers. Les journalistes ont dit que Bacar Dia veut chasser Lamine Ndiaye. Pourquoi pas si ça ne marche pas ! Seulement, le Cnf a reculé. Ils ont gardé le même staff tout en sachant qu’on allait perdre. On a perdu. Et aujourd’hui, avec Giresse, l’histoire semble se répéter. Sauf que, comme disait l’autre, "l’histoire ne se répète jamais deux fois de la même manière". Même si elle allait le faire, elle le fera pour une première fois comme une tragédie. Et moi, ce que j’ai vécu, c’est une tragédie. Une deuxième fois, l’histoire se répétée comme une comédie. Et ce qu’on est en train de faire aujourd’hui, c’est de la comédie. Tout le monde sait où on va, mais en bon comédien, on fait semblant de ne rien voir.

Qu’est-ce qu’il faut faire alors ?

C’est aux techniciens de le dire. Tout ce que je peux dire, c’est qu’on va vers des difficultés. On le sent c’est ambiant. Ce qui nous manque dans le milieu du sport -au prix d’être attaqué - c’est qu’on ne dit jamais non, arrêtons-nous avant que ça ne soit trop tard. On préfère aller jusqu’au bout de l’échec. Comme dit dans le jargon sénégalais : "su ndox turu an bak mo dess".

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