Six mois d’exercice de pouvoir ont suffi pour que la nouvelle majorité présidentielle sache qu’il n’est pas aussi facile d’opérer les ruptures, la relance économique et l’équilibre social promis lors de la campagne électorale qui a précédé l’élection de Macky Sall à la magistrature suprême. Le premier bilan tiré par l’hebdomadaire « Jeune Afrique » sur le premier semestre du nouveau régime semble montrer que l’espoir est en train de céder, petit à petit, sa place au doute. Et cette lecture froide que Me Aïssata Tall Sall, la porte-parole du Parti socialiste, une des trois plus grandes formations politiques de la Coalition Benno Bokk Yaakaar, de la perception qu’ont les populations de la manière dont le pays est aujourd’hui géré est assez éloquente. « Les gens ont l’impression qu’il n’ya pas de rupture », a déclaré ce député de la majorité dans la dernière livraison de « Jeune Afrique ». Même si elle n’en parle pas, il convient de retenir que les multiples mesures d’austérité allant de la réduction de la taille du gouvernement à l’incarcération d’anciens dignitaires du régime dans le cadre de la traque des biens mal acquis, laissent indifférente « la grande majorité des Sénégalais.» Et la porte-parole du Parti socialiste, Me Aïssata Tall Sall, confie à nos confrères que ce que les populations attendent, « c’est que les prix baissent, que les fonctionnaires soient à leur bureau à l’heure, que leur quotidien s’améliore.» Pour nos confrères de « Jeune Afrique », ce sont là autant d’attentes qui ont assuré au mouvement « Y’en a marre » une survie, même « le collectif semble moins offensif depuis l’alternance (…) et le discours est peut-être moins radical.» Comme s’ils tentaient de préparer les populations à une éventuelle désillusion, les jeunes du Mouvement « Y’en a marre » veulent faire comprendre « aux Sénégalais qu’eux seuls pourront changer les choses ». Parce que, estiment-ils, « il ne faut rien attendre des politiques.» D’ailleurs, relève Fadel Barro, même si Macky Sall est plus « ouvert » que son prédécesseur, Me Abdoulaye Wade, « ce n’est pas le messie » et, rappelle-t-il, « la situation sociale est extrêmement tendue ». Pis, ajoute M. Barro dans les colonnes de « Jeune Afrique », « ça peut exploser à tout moment.»
ABDOUL AZIZ SECK
Le Pays au Quotidien
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