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Aladji, le joueur du FC Donzelle finalement expulsé vers le Sénégal


Rédigé par leral.net le Samedi 3 Octobre 2015 à 16:27 | | 2 commentaire(s)|

L’attaquant du club avait été débouté dans sa demande d’asile. Détenu depuis juin, il refusait son renvoi vers autre pays que la Gambie

L’entraîneur du FC Donzelle, Christian Lamers, refusait de croire que cela pouvait arriver. Et pourtant, mercredi soir ou jeudi matin, l’attaquant de son club, Alagie, a été expulsé vers le Sénégal par vol spécial après plus de trois mois passés en détention administrative. «Ce n’est pas la première fois et ça ne sera pas la dernière fois que cela arrive à un requérant et c’est ça qui fait le plus mal, soupire le coach. Comment faire pour que les gens ouvrent les yeux?»

Plusieurs clubs de football se sont mobilisés pour soutenir l’attaquant du club de La Plaine, plus de 800 personnes ont rejoint le groupe de soutien sur Facebook. Le conseiller d’Etat Antonio Hodgers avait même écrit personnellement à Christian Lamers pour le féliciter de l’action collective pour intégrer et soutenir Aladji , «à l’image des valeurs d’accueil et de solidarité qui sont la marque et la beauté de l’Esprit de Genève». Mais toute cette mobilisation n’a pas suffi à contrer les logiques administratives et juridiques menant à son expulsion.

Que s’est-il passé? «Aladji m’a appelé mercredi vers 14h pour me dire qu’il partait voir le juge, se souvient son entraîneur. Quel juge? J’ai appelé son avocate qui n’était au courant d’aucune audition. Je lui donc demandé à Aladji de me rappeler à son retour et je n’ai plus eu de nouvelles. Au centre de détention de Frambois, ils m’ont dit qu’il n’était pas revenu. Un contact à l’Etat m’a dit qu’il avait été renvoyé vers le Sénégal.»

Depuis Dakar, Aladji a pu joindre son entraîneur et son avocate jeudi. Vendredi, son téléphone ne répondait plus. «Lui qui est d’habitude si calme était hyperénervé, la communication était mauvaise, mais il m’a expliqué qu’il avait pu trouver un ami pour l’héberger pour la nuit car il craignait de rentrer en Gambie sans document d’identité», poursuit Christian Lamers.

Aladji s’est en effet toujours déclaré Gambien. Son avocate, Me Vanja Mégevand, s’était opposée à son expulsion vers le Sénégal car cela n’était pas son pays, en vain. «Dans de nombreux cas, les étrangers tenus de quitter la Suisse refusent de dévoiler leur véritable nationalité dans l’espoir d’éviter d’être renvoyés dans leur pays d’origine, explique la porte-parole du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), Céline Kohlprath par écrit. Dans ce cas, nous soutenons les autorités cantonales pour obtenir un laissez-passer». Son avocate soupire. Elle a en effet remué ciel et terre pour prouver la nationalité gambienne d’Aladji .

Mais c’est désormais le fait que son client ait été expulsé par vol spécial, «les pieds et les mains attachées et avec un sac sur la tête» qui l’interpelle. «En règle générale, l’expulsion par vol spécial n’intervient que lorsque la personne s’est opposée deux fois à son renvoi sur un vol de ligne», explique-t-elle.

La porte-parole du SEM confirme que son service «favorise les retours volontaires», mais explique que «si les personnes refusent de rentrer volontairement, les autorités cantonales ont la possibilité d’utiliser des mesures de contrainte, dont l’organisation de vols spéciaux».

Avec TDG

( Les News )