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Ali Haïdar, ancien ministre de l'Environnement du Sénégal : "J’ai dérangé, j’ai été dégommé"

Infatigable défenseur de l’utilisation durable des ressources naturelles, l’ancien ministre sénégalais de l’Environnement se bat pour mettre l’écologie au centre du débat sur le développement et mettre à bas un système de captation des richesses et des ressources au profit d’une minorité dont il fustige la corruption. Initiateur de la Fédération des partis écologistes africains, Ali Haidar estime que le salut de l’Afrique passe par une révolution verte.


Rédigé par leral.net le Lundi 12 Octobre 2015 à 13:12 | | 7 commentaire(s)|

Ali Haïdar, ancien ministre de l'Environnement du Sénégal : "J’ai dérangé, j’ai été dégommé"
"Globalement, les dirigeants africains n’aiment pas leur pays. Sinon, ils y passeraient sans doute plus de temps. Quand on veut lutter contre la corruption, mettre à la porte des gens qui touchent de l’argent pour dilapider nos ressources, on peut le faire. C’est ce que j’ai fait au ministère de l’Environnement. J’ai dérangé, j’ai été dégommé", a souligné le Sénégalo-libanais dans une interview avec Jeuneafrique.

Poursuivant, il affirme : "Dans les grands projets d’extraction en Afrique, les politiques ne regardent même pas les contrats. Ce qui les intéresse, ce sont les sommes qu’ils vont pouvoir empocher. Les multinationales font ce qu’elles veulent", indique Haïdar El Ali qui accuse "les Chinois qui se servent des Sénégalais à la frontière avec la Gambie pour récupérer illégalement du bois précieux... On déguise des exploitations de bois de grumes sous des permis de bois de chauffe. C’est un pillage organisé et c'est environ 1000 milliards de francs Cfa qui échappent chaque année aux Sénégalais !", dit-il.

L'écologiste, qui s'exerce également à la politique, est conscient du faible poids des partis écologistes africains, même s'il semble convaincu par le fait que le terme "écologie" continue d'animer les bouches. Il n'a pas manqué également de juger la santé écologique de son pays. "Il y a une réussite, c’est que l’on parle d’écologie. Ce n’était pas le cas il y a quinze ans. Ensuite, il y a une vraie influence sur le domaine politique. Au Sénégal, quand j’étais en fonction, nous avons fait passer la loi interdisant les sacs plastiques et nous avons introduit le code de la pêche et le code forestier. Il y a donc des avancées mais il reste beaucoup à faire. Le Sénégal est aujourd’hui en état de catastrophe écologique".