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Alioune Tine sur l'issue du cas Assane Diouf : « C’est une décision avisée qui évite la double peine »

Rédigé par leral.net le Jeudi 31 Août 2017 à 16:08 | | 0 commentaire(s)|

Il faut bien interpréter le sens de la décision du procureur qui prend au dépourvu l'opinion publique. Quand on a passé 16 ans aux États-Unis et menacé d'être expulsé, on peut, connaissant bien la valeur de la liberté d'expression, user d'une arme non conventionnelle, l'insulte comme dernière cartouche, comme énergie du désespoir. Une arme politique bannie par notre ordre moral et condamnée de façon unanime.


Alors qu'il faille examiner en profondeur, l'ambiguïté de l'image de la mère dans notre culture. Adulée et portée au rang d'un culte, la mère est en même temps, la figure la plus insultée quand les gens sont en colère dans certaines communautés avec l'existence de concours d'insultes de mère. Les Kaolackois de ma génération le savent.

Condamné à quitter les États-Unis, décision qui ruine le rêve de tout immigrant, le garder en prison au Sénégal est une peine de trop, qui va consacrer son statut de héros "négatif " à Assane Diouf, une surchauffe des réseaux sociaux. Faut comprendre également qu'il n'y a pas de statut de héros sans controverse.

Que le procureur ait pris acte pour considérer qu'il n'existe pas d'opportunité de poursuivre, est une décision plein de sens.

Mais au-delà est-ce un signe d'une volonté d'apaisement ? Une espèce de frémissement face à la volonté de punir ?

Alors, il faut aller plus loin dans la recherche des conditions de succès d'un dialogue national sur la consolidation du pacte républicain et démocratique.

Libérer le député Khalifa Sall. Suspendre les poursuites car il est désormais protégé par son immunité. Mon ami et frère Amadou Kane, a fait une excellente interprétation, en donnant l'exemple de la jurisprudence Chirac.

Sinon la justice va être soupçonnée légitimement, de bloquer les candidatures qui gênent pour 2019.
Les dysfonctionnements de la justice et de la démocratie produisent des pertes de sens souvent difficiles à prévenir.

Que la volonté d'apaiser prévale et s'approfondisse pour la paix civile.
 
Alioune Tine  
Directeur d'Amnesty International
Afrique de l'Ouest et du Centre