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Amis Français, je suis Américaine et vous avertis: "ne laissez pas le scénario Trump-Clinton se rejouer dans votre pays !"

Rédigé par leral.net le Vendredi 28 Avril 2017 à 11:49 | | 0 commentaire(s)|

Nous vous supplions de faire attention à ce second tour de présidentielle. Ce film, nous l'avons vu. Il ne s'est pas bien terminé pour nous.


Vue des Etats-Unis, l'élection française suscite une impression de déjà-vu assez déconcertante.
Il fait peu de doute que, si on lui demandait son avis, la majorité des Américains clamerait: Prenez garde! Ne faites pas la même bêtise que nous!
Le scénario semble vaguement familier: Une finale entre un candidat centriste, raisonnable, ouvert sur le monde; et un candidat extrémiste qui prône l'intolérance et le repli sur soi. L'avis général, informé par une pléthore de sondages et des montagnes de big data, est que le candidat modéré l'emportera.
 
L'abstention ou la protestation équivalent à un vote pour l'autre camp, dont les électeurs seront mobilisés.
Mais le 8 novembre dernier, ce n'est pas ce qui s'est passé outre-Atlantique. Rares sont ceux qui ont vu venir la victoire de Trump, dans la foulée d'un Brexit qui a, lui aussi, causé des ondes de choc. Combien de badauds, interviewés après ces deux séismes électoraux, n'a-t-on pas entendu dire: "Bah, je pensais que l'autre allait l'emporter alors je n'ai pas voté" ou encore "Je ne mesurais pas les répercussions de mon vote."
A la veille du second tour, il y a un seul objectif, partagé par tous ceux qui croient à la Liberté, à l'Égalité et à la Fraternité: empêcher Marine Le Pen et son discours hideux (car, malgré tous ses efforts pour le maquiller, le laquer et le teindre en blond, c'est bel et bien un discours hideux) d'accéder au pouvoir.
 
Mieux encore, amis Français, faites tout votre possible pour qu'elle n'obtienne pas même un score respectable.
Songez à 2002, quand l'électorat a agi de manière si forte et admirable, votant haut la main pour Jacques Chirac. Même s'ils ne soutenaient pas tous son programme, 82% des électeurs ont compris qu'il fallait former un front uni et faire un pied de nez à l'extrême droite.
Et souvenez-vous que l'abstention ou la protestation équivalent à un vote pour l'autre camp, dont les électeurs seront mobilisés. Une portion de l'électorat américain a effectivement contribué, malgré elle, à élire celui qui suscite à présent l'effroi à gauche comme à droite –oui, même chez une bonne tranche des électeurs républicains.
Prenez le cas de Jill Stein. Cette candidate écologiste, pas méchante et plutôt bien intentionnée, a reçu 1% du vote populaire en novembre dernier. La plupart de ses soutiens auraient voté Démocrate, mais estimaient qu'Hillary Clinton n'avait pas besoin d'eux, et ont préféré émettre un vote de protestation. Si un peu plus de la moitié des supporters de Stein avait opté pour Hillary Clinton dans le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvanie, celle-ci aurait vraisemblablement remporté la majorité dans ces trois Etats clé, et aurait été élue présidente.
La quasi-totalité des citoyens qui ont soutenu Stein regrettent intensément la victoire de Trump. Il y a fort à parier que s'ils pouvaient voter de nouveau, ils se rueraient vers les urnes en faveur de Clinton.
Les Américains qui ne parviennent pas à digérer l'élection de Trump voient Emmanuel Macron d'un bon œil et sont optimistes pour la France. Mais ils restent inquiets car ils sont bien placés pour sentir que la victoire est loin d'être acquise.
Beaucoup d'électeurs estimaient qu'Hillary Clinton n'avait pas besoin d'eux.
Ils sont ébahis que la Russie pointe son nez ici aussi. La visite récente de Marine Le Pen au Kremlin fait écho à l'admiration constante exprimée par le candidat Trump pour Vladimir Poutine. Alors même que, dans les deux cas, les soupçons de hacking russe du camp Clinton comme du camp Macron vont bon train. Et n'oublions pas la pitoyable Madame Le Pen traînant à la Trump Tower peu de temps après l'élection américaine, espérant probablement un adoubement du nouvel élu. Ces réalignements sont éberluants. Surtout, ils sont dangereux.
Le 7 mai, l'enjeu sera colossal. Au-delà de la France, c'est l'avenir de l'Europe qui est en jeu, voire celui de l'Occident.
Et là, nous sommes tous concernés. Mes compatriotes américains qui se préoccupent du reste du monde s'inquiètent du devenir de l'Europe. Nous avons besoin d'elle, et nous ne voulons pas qu'elle s'auto-détruise.
Le 7 mai, au-delà de la France, c'est l'avenir de l'Europe qui est en jeu, voire celui de l'Occident.
Soulagés, nous décelons une lueur d'espoir, claironnée par Emmanuel Macron: une France forte dans une Europe forte! Cette dynamique est d'autant plus importante alors que le leadership américain au niveau global fait aujourd'hui cruellement défaut.
La perspective d'un front commun entre Paris, Berlin et Ottawa est profondément rassurante pour nous. Angela Merkel et Justin Trudeau ont besoin d'un autre partenaire global avec lequel ils pourront agir et construire. La Chancelière Allemande et le Premier Ministre Canadien sont à présent les gardiens de la coopération internationale. Ils s'inquiètent d'être isolés depuis le départ de Barack Obama, de Matteo Renzi et celui, imminent, de François Hollande.

Toute personne qui a vu les images de la conférence de presse qu'Angela Merkel a du subir avec Donald Trump en mars comprend ce sentiment. La victoire d'Emmanuel Macron donnerait un nouveau souffle au partenariat transatlantique et conforterait la voix de la France sur la scène internationale.
Chers Amis Français, c'est votre plus vieil allié qui vous parle. Nous sommes soulagés qu'Emmanuel Macron ait fait un bon score au premier tour. Mais nous vous supplions de faire attention. Ce film, nous l'avons vu. Il ne s'est pas bien terminé pour nous. Ne jouez pas avec le feu. Faites en sorte que, pour vous, l'Histoire prenne un meilleur tournant.