Appel pour interdire la lutte avec frappe et autres atrocités usagères

Ce spectacle, dans sa forme comme dans son fond est une très mauvaise et triste tentative de réplique des combats de gladiateurs dans la Rome antique avec toujours le contexte du César de ses édiles et de sa plèbe. Les gladiateurs dont je parle, étaient des esclaves, des condamnés à mort ou de désespérés miséreux qui étaient contraints à ce métier et qui ne pouvaient survivre, qu’en comptant sur la récompense offerte pour leur victoire. Leurs droits et leurs corps étaient entre les mains d’un manageur qui en était presque propriétaire et à qui les luttes sanglantes profitaient plus qu’à eux. Sans citer de nom, Il n’est pas difficile de redimensionner ces rôles dans notre contexte actuel. Ce principe d’occuper le peuple en lui offrant du cirque et du pain (panem et circensis), pour lui empêcher de penser à la gestion de la cité, est le même que celui que nous vivons au Sénégal aujourd’hui. Du jeu à profusion, rien que du cirque. Le paradoxe qui surprend et m’inquiète est que nos mères, nos religieux, nos médecins, nos historiens comme les petits enfants innocents raffolent de ces spectacles et exultent en y assistant à l’arène ou si cela ne se peut à la télévision. Ce sport local légalisé depuis quelques années, qui crée tant d’engouement est le prolongement de celui qu’un misérable colon français raciste des années trente organisait en clandestinité dans une salle fermée de Dakar et dans laquelle, de jeunes noirs s’opposaient entre eux et souventes fois avec des militaires blancs beaucoup plus entrainés qu'eux aux techniques de combat. Leur solde fictif dépendait simplement des recettes des droits d’entrée. L’on imagine aisément à qui cela profitait ; car la plupart du temps nos compatriotes qui se furent engagés à ces prestations lugubres étaient laissés pour crevés. Jamais les colons n’ont légalisé la lutte avec frappe. Aucune nation au monde n’a comme sport national une discipline violente ; la boxe, si fameuse n’est le sport national d’aucun pays. Le japon, berceau des arts martiaux a le sumo comme sport populaire, et la chine s’enorgueillit de sa gymnastique etc. Il n’est pas étonnant qu’après l’avènement de la lutte avec frappe, des lynchages débiles et monstrueux se passent de plus en plus au Sénégal. Aujourd’hui, il suffit de crier ‘‘au voleur ! au voleur !’’ pour que la population s’empresse de libérer sa mesquinerie et son sadisme pour lyncher à mort la personne indexée en plein jour, ce qui exclut toute circonstance atténuante. Aucun ministre de l'interieur ni aucune autorité,n'intervient pour dénoncer, empêcher et arrêter ces atrocités. Aucun religieux ni aucune association n'en parle ni à la radio ni dans les médias. cette pratique diabolique est entrain de rentrer dans les us du peuple. Personne n’oublie toutes ces vielles femmes lynchées en 1989,1990 sous l’accusation fallacieuse de mère "matâté" (la vielle dame à la morsure mortelle). Personne n’oublie ces nombreux sénégalais tués comme de pauvres chiens par nos populations sous l’idiote accusation de vol de sexe, et bien d’autres cas de violence gratuite coutumière à présent qui assombrissent nos matchs de "Navétâne" et tous les autres qui jonchent les pages des faits divers de nos journaux.Nous vivons une crise d'autorité inouie et inimaginable,qui tranforme notre peuple de mal en pis et qui crée un paradoxe incomprehensible; quand on voit le visage architectural du pays dominé par ces milliers d'églises et de minarets sans compter les nouvelles sectes qui foisonnent du cinéma Al akbar à l'avenue Mimran de richard toll. Le christianisme, l'islam et l'étique de ces messies naissants ordonnent- ils de lyncher de pauvres désherités inoffensifs en plein jour; fussent -ils des voleurs? Les gouvernants au lieu de s'occuper de l'éducation du peuple n'ont d'interêt que de les laisser dans l'obscurantisme et les délires de la supertition. Bien sûr, le sport comme émulation est une vertu fondamentale révélatrice, fédératrice de compétences, de génies, qui peuvent auréoler le blason de notre pays à travers le monde en nous apportant, le respect nécessaire nous permettant de travailler et coopérer avec les autres nations du monde d’égal à égal. Mais, la violence et le sang n’ont aucune raison d’être dans les arènes et les stades; la victoire à elle seule suffit. Ramener à sa forme traditionnelle le "lamb'' qui imprime dans le reflexe des jeunes la violence avec très peu d’entre eux qui parviennent à réussir grâce à lui ; en lui donnant alors un dimension plus internationnale doit être le credo de toute la nation. Me fondant sur les interviews des mères de lutteurs, révélant qu’aucune d’elles n’a jamais assisté aux combats de son enfant ni à la télévision ni à l’arène; je m’adresse à toi femme et mère sénégalaise (‘‘ Toi qui la première m’ouvrît les yeux aux prodiges de la terre’’ .''Mère mienne et qui est celle de tous'') et par-delà à la conscience collective nationale pour ramener la lutte à sa dimension traditionnelle c'est à dire une lutte sans frappe.Mon bien cher compatriote, nous avons bien sûr des traditions qu’il est urgent et necessaire de modifier ou d’abandonner, comme l’ont faites les peuples émancipés du monde; qui ont eu leur moyen âge avec les soi-disant sorcières brulées au bûcher, avec leurs castes qui font du forgeron un être meilleur que le palefrenier et le combattant meilleur que le cultivateur; mais en attendant, évertuons nous et engageons nous pour que la lutte revienne à des combats sans frappe. Pour qu’on assassine plus de pauvres petits pikpockets alors qu’aucune loi ni aucune religion ne les condamnent à ces cruautés monstrueuses, pour que nous ne vivons plus les lynchages de vieilles femmes et de soi-disant rétécisseurs de phallus,pour qu'on en un mot, pour que nous sortons de la médiocrité et du moyen âge .Le secret n'est rien d'autre que l'éducation qui mène à l'évéil populaire, à laquelle chaque citoyen a le devoir de participer au sein de sa famille d'abord et avec honneur partout où le fixe le service public. Nul citoyen n'en est dispensé. A bon Entendeur salut.
Papa Amadou Ndiaye
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