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Thierno Bocoum, Mankoo Taxawu Senegaal: "Ce sont les populations qui décident et non les biceps et les armes brandis".

Rédigé par leral.net le Samedi 22 Juillet 2017 à 18:15 | | 0 commentaire(s)|

Interview Thierno Bocoum, coordonnateur de la Commission campagne de la coalition Mankoo Taxawu Senegaal
 
Honorable, après plus de 10 jours de campagne électorale, quel bilan tirez-vous ? 
 
Un bilan satisfaisant et rassurant. La coalition Mankoo Taxawu Senegaal est aujourd’hui, présente sur tout le territoire sénégalais et dans la diaspora. Notre coalition s’est signalée par un programme de législature bien élaboré que son coordonnateur, le Président Malick Gackou a décliné dans la presse tout récemment, et que nous avons largement partagé.

Sur le terrain, nous sommes accueillis par une population réceptive parce que consciente de la prise en charge de leurs préoccupations par notre coalition. Le constat est si éloquent que nous le partageons avec les membres de la coalition Benno Bokk Yakaar qui ont perdu espoir parce que conscients de la distance qui les sépare des populations qu’ils ont trahies.

Ils savent que nous sommes à l’heure du bilan. Qu’ils gardent leur sérénité. Leurs promesses ne peuvent pas prendre le dessus sur les actes liberticides, antidémocratiques et partisans qui ont jalonné la 12e législature et qui n’ont visé qu’à renforcer un président de la République qui profite de ses pouvoirs exhorbitants pour régler des comptes politiques en maintenant, notamment notre tête de liste, le maire Khalifa Sall, en prison. Ils sont disqualifiés pour réclamer les voix du peuple puisqu’ils n’en font qu’un usage politicien et partisan.  
 
 Récemment, le ministreSeydou Guéye a révélé un deal supposé entre Khalifa Sall et Idrissa Seck qui devrait aboutir à un soutien du premier à votre mentor pour la prochaine élection présidentielle.  Qu’en est –il exactement ? 
 
 Est-il en train de nous dire qu’ils comptent faire en sorte que Khalifa Sall ne soit pas candidat ? Nous sommes en droit de nous poser cette question puisque rien ne peut justifier qu’il veuille exclure Khalifa Sall de la course à la présidentielle puisque celui-ci jouit de tous ces droits civiques et politiques.

C’est déjà une injustice que de le laisser en prison alors qu’il offre toutes les garanties de représentativité. Ils ont voulu corser son dossier pour l’empêcher de bénéficier d’une liberté devant lui permettre de faire campagne. C’est Khalifa Sall, l’homme politique qui est visé dans cette procédure judiciaire.

La situation qui se présente à nous avec une tête de liste en prison, est la situation sur laquelle le pouvoir avait misé pour faire un hold-up à Dakar. Ils se sont trompés de stratégie. Ils sont en train de vivre un effet boomerang.  Les Sénégalais dans leur grande majorité et les Dakarois en particulier, refuseront l'injustice. Et ils en sont conscients. C’est pourquoi ils versent aujourd’hui dans la violence et la médisance.  
 
Donc Idrissa Seck n’a pas soutenu Khalifa pour bénéficier du soutien de ce dernier à la présidentielle ?   
 
Idrissa Seck est un homme de principe qui a des positions de principe. En apportant son soutien à Khalifa Sall, il ne fait qu'agir en conscience pour combattre un complot politique. Il n'a pas besoin d'un quelconque deal. Dans notre coalition, nous sommes tous au service du groupe qui, à son tour est au service du peuple.

Nous travaillons pour une majorité à l’assemblée nationale qui apportera les vraies ruptures. Notre offre est diversifiée et comporte des compétences capables de relever les défis qui nous interpellent.  Le peuple sénégalais en est conscient et compte beaucoup sur cette coalition qui comporte autant de leaders que de valables têtes de liste. Nous ne nous laisserons pas divertir. Ceux qui ont le temps de parler de nous, montrent qu’ils n’ont plus rien à dire.  
 
Nous avons également noter les graves révélations du ministre Mame Mbaye Niang, qui dit détenir des preuves sur votre leader. 
Je pense que c’est quelqu’un qui a décidé de faire partie de ceux qui amusent la galerie. Le seul hic, c’est qu’il s’agit d’un ministre de la République, à qui il a été confié la construction citoyenne. La citoyenneté c’est quand même du sérieux. Le Président Macky Sall devrait respecter les Sénégalais, en détachant la citoyenneté de l’injure et de la calomnie. La République, ce n’est pas un cirque où chacun peut jouer n’importe quel rôle. 

J’ai eu à faire un débat avec lui et j’ai été impressionné par les séries de contrevérités débitées en un temps record. J’ai été obligé de publier un article, après le débat, pour revenir avec des éléments tangibles, sur les faits évoqués ; Donc si ce ministre a des preuves, ce sont celles de ses propres contrevérités. Il faut le prendre comme il a décidé d’être. C’est son choix. Le plus important, c’est de savoir identifier les vrais acteurs, ceux qui tirent les ficelles et qui veulent cacher leur carence à travers l’utilisation outrancière de marionnettes. C’est donc Macky Sall qui nous intéresse et non ses sbires.    
 
Les violences électorales sont notées ça et là. Est-ce que le scrutin du 30 juillet ne risque pas d’être compromis ? 
 
Les violences électorales sont des absurdités. Ce sont les populations qui décident et non les biceps et les armes brandis. En politique, il faut apprendre à convaincre par la force de l’argument. L’argument de la force ne sert à rien du tout si ce n’est envenimer une situation déjà délétère que le gouvernement nous a imposée.

Nous condamnons fortement ces violences. Mankoo Taxawu Senegaal a déjà mis en garde le Président Macky Sall dont des cortèges de sa coalition ont plusieurs fois attaqué les nôtres. Il sera tenu responsable de tout ce qui arrivera. Il a les moyens de parler à ses troupes qui se croient en territoire conquis, et qui comptent sur une immunité de fait qui  leur assure une impunité.  
 
Beaucoup de citoyens n’ont pas encore reçu leurs cartes. Une telle situation ne diminue-t-elle pas les chances de votre coalition ? 
 
Cette situation est une forme de violence orchestrée par le régime actuel contre les populations sénégalaises. Malgré toutes les assurances du gouvernement, nous constatons sur le terrain que beaucoup de Sénégalais ne parviennent pas à obtenir leurs cartes d’électeur. Nous condamnons fermement cette situation qui semble être recherchée car au même moment, on nous signale l’existence de circuits parallèles de distribution de cartes destinée à des militants identifiés de la coalition Benno BoK Yakaar.

Aux Parcelles assainies par exemple, nous avons écrit à la commission électorale nationale autonome pour porter à sa connaissance, des cas avérés de soustraction de cartes des circuits officiels pour les faire parvenir à des militants de la coalition au pouvoir.  Il y’a un vent de fraude massive qui souffle sur ce scrutin à travers la distribution sélective et le blocage des cartes d’électeur.   
 
Comment comptez-vous agir pour parer à toutes les éventualités ?
 Nous agirons pour que le scrutin soit libre et transparent. Nous n’accepterons pas que le jeu soit fait avant le jeu.  

Ne redoutez-vous pas un fort taux d’abstention ?
Tout est fait pour décourager les électeurs. Les longues queues d’attente subies pour s’entendre dire que sa carte n’est pas disponible, n’encourage aucun citoyen à revenir. Surtout lorsque les anciennes cartes d’identité sont encore valables. Rien ne presse pour beaucoup. Ca ne sera pas forcément de l’abstention. C’est une situation qui leur sera imposée.

Tout est fait pour que ceux qui ont été recensés, répertoriés et contrôlés par la coalition au pouvoir aient leurs cartes, en priorité. Certains sont même trouvés chez eux pour leur remettre leurs cartes. Cette situation que veut nous imposer le pouvoir, est inadmissible. Elle sera combattue de toutes nos forces. 
 
Votre leader Idrissa Seck a préféré être sur la liste départementale. N’y a-t-il pas des risques en cas de défaite ?
 Le Président Idrissa Seck est sur le terrain et, est en communion avec les populations. Les dignes fils de Thies savent qu'Idrissa Seck a transformé la ville de Thiès en moins de 24 mois. Dans l'histoire politique du Sénégal, aucun leader politique n'a transformé sa ville comme Idrissa l’a fait pour Thies et les Thiessois lui sont reconnaissants pour le travail qu'il a accompli. Les thiessois connaissent ses ambitions pour tout le département.

Aujourd’hui, nous avons constaté que ceux qui nous promettent une défaite, ne comptent en réalité que sur la rétention des cartes. Mais les thiessois ne se laisseront pas intimider. A Thiès, les populations réclament leurs cartes. Elles sanctionneront le régime et leurs complices thiessois comme elles l’ont toujours fait. Les populations ont compris que la  bataille de Thies n’est en réalité menée que contre un homme. Cette bataille n’est pas celle du développement. Ils ont eu l’opportunité de prouver leur bonne foi. Ils ont préféré à la place, un chantage cynique du genre « lâchez Idrissa Seck si vous voulez qu’on vous aide ». Thiès ne fonctionne pas comme cela et ils le découvriront à leur dépend. Nous n’accepterons cependant pas que les cartes soient confisquées. Aucun Sénégalais ne doit être privé de vote.  C’est un combat que nous mènerons sur l’étendue du territoire sénégalais.
 
Source: La Tribune