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Assainir la gestion des affaires publiques est devenu une nécessite absolue et incontournable

Rédigé par leral.net le Lundi 1 Septembre 2014 à 11:18 | | 0 commentaire(s)|

« Même les nénuphars tremblent à l’idée qu’on puisse assainir le fond du marécage » Stanislaw Jerzy Lec


Assainir la gestion des affaires publiques est devenu une nécessite absolue et incontournable
Au Sénégal, nous vivons un véritable drame d’impunité des fautes de gestion, entretenu malheureusement par les pouvoirs qui se sont succédé à la tête du pays. Drame qui plombe notre développement dans tous les domaines depuis cinq décennies approximativement. Il est triste de le dire, mais par devoir d’honnêteté, il fau t reconnaitre que la culture de la fraude, de la malversation, de l’escroquerie, de la corruption, du détournement des deniers publics et de toutes les autres antivaleurs sociales pour de l’argent facile, trouvent un terrain fertile chez nous, à cause de l’impunité presque totale dont elles bénéficient. Et cependant, la règle la plus élémentaire de l’éthique à observer à propos des biens publics dicte ceci : « les biens publics doivent être inviolables et sauvegardés par tous, en toutes circonstances et tout temps » Ce que l’adage wolof traduit en ceci : « Alalu mboolo bayifa la tudd, te ñepp ñoko wara saam sa suune». Voici un lien d’un de mes articles se rapportant au service public. http://www.devoircitoyen.fr/index.php/culture/12-le-service-public-doit-etre-un-sacerdoce-et-non-une-source-d-enrichissement-facile.

Mais malheureusement, nous notons au cours de cette année 2014, et même avant, les révélations graves et extraordinaires contenues dans les différents rapports de nos Institutions et Organes de contrôle (IGE, OFNAC, Cour des Comptes, etc.) sur la gestion en général des biens publics. Le Rapport public 2012 de la Cour des comptes, après celui de l’IGE, montre à suffisance à travers un tableau affligeant, combien la plupart des responsables à qui une gestion des biens publics avait été confiée, ont tout simplement détourné tout ou partie, à leur propre profit. Et comme au Sénégal, c’est le pays où les fautes de gestion de deniers publics sont rarement impunies, à cause de l’absence de rigueur ou de la complicité passive de l’Etat, mais aussi et surtout, des lobbies, receleurs intéressés par les butins des voleurs. Il nous faut rompre nécessairement avec cette spirale infernale.

Le vérificateur a parfaitement raison quand il dit : « On ne peut pas tordre la main à l’Exécutif » car comme le rapporte L’Obs du 28 Aout 2014 : « La cour des comptes a, lors d’une conférence de presse hier, rendu public son rapport 2012, 296 pages d’irrégularités et de recommandations soulevées par le vérificateur. Quant à la suite à leur réserver et aux poursuites qui pourraient en découler, elles relèvent de l’Exécutif. » Langage, on ne peut plus clair et sans complaisance ! Voilà pourquoi, les excellents et remarquables travaux de nos Institutions de contrôle, qui nous révèlent les vrais pilleurs de nos ressources insoupçonnés, se transforment en lettres mortes ou dorment dans les tiroirs du président de la République, pour des raisons obscures. Il faut toutefois l’affirmer de manière nette et claire que, tant qu’un tel environnement demeurera dans notre pays, il ne pourra jamais y avoir, au-delà des facteurs favorables, un développement économique, social et culturel, car, ceci est un préalable minimum pour tout cela. Ce lien renvoie à une de mes contributions qui va dans le même sens que je vous invite à lire http://www.devoircitoyen.fr/index.php/culture/8-l-ige-sert-a-quoi-alors-si-ses-rapports-ne-sont-pas-suivis-de-sanctions-necessaires.

En effet au Sénégal, il existe des compatriotes qui optent délibérément de vivre dans la facilité et au-dessus de leurs propres moyens sans pour autant vouloir bouger le petit doigt. Et pour y arriver, tous les moyens sont bons. Ces derniers n’excluent même pas d’ailleurs le caractère illicite ou criminel de leurs actes, pour s’accaparer des biens publics sous leur garde. Socialement et humainement, de tels individus nuisibles à leur société et chez qui, l’éthique, la justice, la probité, le patriotisme, la citoyenneté, en définitive toutes les valeurs qui font que l’homme ou la femme soit un exemple ou modèle de comportement dans la République, sont totalement absentes. Par ailleurs, il n’est pas faux de penser que, le laisser aller actuel plus l’impunité qui prévalent sont une sorte d’invite au pillage de nos ressources qui ne dit pas son nom.

Ce qui est affligeant et révoltant par ailleurs, c’est quand ces délinquants au col blanc, non seulement ne sont nullement punis, bien qu’ils soient incontestablement identifiés et épinglés par les organes habilités, mais c’est que par dessus tout, le fait qu’ils bénéficient de surcroit d’un soutien quelconque pour une impunité totale, d’une partie de la population qui, c’est sûr, ignore le fond des tenants et aboutissants de ce qu’on leur reproche, qui est renversant.

Présentement, il est évident que la situation de tous les enrichis illicites à la faveur de la gestion des biens publics sont dans de sales draps et ne sont pas en odeur de sainteté. Ce qui est loin heureusement, du cas de la majorité des honnêtes Sénégalais, qui n’ont touché ni de près ni de loin aux biens publics, communs à toute la nation. Alors, ceux qui tremblent à l’idée qu’on puisse traquer les incriminés des biens mal acquis, savent parfaitement ce qu’ils ont fait et de quoi il retourne. Ils ont perdu le sommeil depuis lors et, ils mènent en ce moment toutes sortes de tractations avec leurs lobbies, pour y mettre un terme à tout prix et empêcher que le procès de Karim Wade ait lieu effectivement dans les règles de l’art. En réalité, les manifestations de ceux qui soutiennent aveuglément Karim Wade et consort rentrent tout à fait dans le même cadre et nous conforte qu’il y a anguille sous roche et des dessous, c’est sûr, inavouables.

Nous trouvons d’ailleurs, à tous points de vue, indécente cette campagne tous azimuts, menée pour innocenter Karim en dehors d’un procès équitable en bonne et due forme. Au même moment où, d’autres Sénégalais croupissent en prison depuis des années pour certainement des délits mineurs et, ne concernant nullement des biens publics. Mais au nom de quoi ? Si on en juge de par la loi, c’est l’acte de voler qui est condamnable par la société et constitue un délit, quelle que la grandeur de l’objet la nature du vol. Alors, tout auteur d’un délit de vol, doit être traduit devant la justice et les juridictions compétentes. En tout cas et tout au moins dans un Etat de droit où la justice est équitable et les citoyens égaux devant la loi, il en est ainsi.

Voilà pourquoi, nous ne voyons aucun inconvénient particulier sur la création de la CREI comme juridiction spécifique, si l’objectif qui lui est bien assigné, c’est de faire parfaitement toute la lumière sur le pillage systématique de nos ressources à une étape donnée.

Dans le procès actuel de Karim Wade, tout le monde aura remarqué la technique que la défense a adoptée par ruse, consistant à soulever une foultitude d’exceptions, pour retarder l’entrée dans le vif du procès. Ces exceptions qui battent tous records dans un procès, trouveraient bien leur place dans le livre Guinness des records. L’usage d’un tel dilatoire n’est rien d’autre que pour retarder la manifestation de la vérité. Si tant est que la défense soit réellement convaincue de l’innocence de Karim, mais pourquoi n’accélérait-elle pas le processus pour apporter rapidement les preuves attestant son innocence à la face des Sénégalais et hâter du coup sa libération ?
Sans assainissement rigoureux et de fond, ainsi qu’une remise à niveau dans la gestion des affaires publiques, point de développement possible ! Et comme le dit si bien l’adage wolof : « Bu kenn di gaas fukk di suul, paaq du fa mana aam »

Mandiaye Gaye