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Assemblée nationale : Va-t-on vers une opposition institutionnelle ?

La coalition Diomaye a certes gagné haut la main, la Présidentielle de mars 2024, mais les écueils se dressent sur son chemin. Minoritaire au Parlement, la mouvance présidentielle n’a pas les coudées franches et s’expose même à une motion de censure de la majorité Benno Bokk Yakaar.


Rédigé par leral.net le Mardi 23 Avril 2024 à 13:38 | | 0 commentaire(s)|

Assemblée nationale : Va-t-on vers une opposition institutionnelle ?
La récente passe d’armes entre le ministre Moustapha Ndieck Sarré, ministre de la Formation professionnelle, porte-parole du gouvernement et le député Abdou Mbow, président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar campe la configuration politique qui se dessine au Parlement. Les germes d’une opposition institutionnelle s’installent. Et son théâtre d’opération est à l’hémicycle. Les hostilités de cette opposition institutionnelle sont parties le dimanche dernier.

Invité de l’émission « Grand Jury » sur RFM, Moustapha Sarré,s'est prononcé sur une éventuelle motion de censure contre le gouvernement dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko. « Les députés de l'opposition sont dans l'obligation de prendre compte des résultats du scrutin présidentiel du 24 mars 2024, pour ne pas être désavoués par le peuple », a-t-il déclaré.

A l’en croire, ce serait ramer à contre-courant de la vérité des urnes du 24 mars dernier lors de la Présidentielle. Puis, dans un ton à l’allure menaçante, il ajoute : « Si jamais il arrivait que des personnes chercheraient à faire tomber le gouvernement, mais ils auront en face d’eux certainement toute l’opinion publique du Sénégal, en tout cas la plus grande partie de l’opinion».

Ces propos n’ont pas laissé indifférent le Groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar. Son président, Abdou Mbow prend acte de cette volonté exprimée par le Premier ministre, qui est conforme à la lettre de la Constitution et contre-attaque : « la motion de censure fait partie de la panoplie d’instruments de contrôle de l'action gouvernementale dont dispose l'Assemblée nationale ».

D'après le journal "Point Actu", il précise que la mise en œuvre de la motion de censure « relève exclusivement de la compétence des députés, quant à l'appréciation qu'ils feront du contenu de la déclaration de politique générale du Premier ministre, comme ce fut le cas de la motion de censure déposée par le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi, suite à la Déclaration de politique générale du Premier Ministre Amadou Bâ ». Il précise que « toute velléité de menaces sur les députés de Benno Bokk Yakaar, devient superflue, voire superfétatoire » et appelle le gouvernement à respecter le principe de la séparation des pouvoirs.

Au regard de la déclaration du président Abdou Mbow, la possibilité d’une motion de censure est bien dans l’air. Si dès la Déclaration de politique générale, le Premier ministre Ousmane Sonko annonce une batterie de mesures ruinant le confort des députés de Benno et même du groupe Taxawu et Wallu du Parti démocratique sénégalais, le gouvernement pourrait subir le vote des 83 parlementaires de Benno, auxquels pourraient s’ajouter ceux des libéraux et des Khalifistes. Si le PDS a soutenu la coalition Diomaye à la Présidentielle, l’attitude de ses députés en cas de vote-sanction reste encore une incertitude.

En revanche, nombreux sont ceux qui pensent que Taxawu Sénégal et Pastef vont vers une bataille. Ces deux entités politiques se sont à plusieurs reprises heurtées à la veille des élections. L’autre perspective qui s’offre à la mouvance présidentielle, est la dissolution de l’Assemblée nationale au mois de septembre. La loi autorise la dissolution du parlement deux ans après son installation. Mais, là un obstacle pourrait se dresser sur le chemin des tenants du pouvoir. Ils ne pourront, en effet, pas faire voter le budget.

Ousmane Wade