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Babacar Diop du mouvement Jeunesses pour la démocratie et le socialisme : "Ma conviction est qu'il faut alterner cette deuxième alternance"

Parler de la gestion de Macky Sall en qui les populations plaçaient un immense espoir n’est pas un sujet qu’il affectionne. Mais quand le coordonnateur du Mouvement jeunesse pour la démocratie et le socialisme donne son avis, c’est soutenir que le président de la République a lamentablement échoué. C’est pourquoi, il appelle à alterner la seconde alternance à travers un grand projet politique de gauche. Dans cet entretien accordé à «L’As», Babacar Diop aborde la question de la candidature de Khalifa Sall.


Rédigé par leral.net le Mardi 21 Avril 2015 à 13:24 | | 6 commentaire(s)|

Babacar Diop du mouvement Jeunesses pour la démocratie et le socialisme : "Ma conviction est qu'il faut alterner cette deuxième alternance"
J’ai l’impression qu’il pleut des milliards au Sénégal. Le milliard est devenu l’unité de mesure dans notre pays. Ces conseils des ministres décentralisés ou ces tournées économiques cachent certaines choses. Cela ne me semble pas opportun de mobiliser toute la République, d’aller séjourner à l’intérieur du pays. Cela coûte excessivement cher au contribuable sénégalais. Le président de la République veut faire des tournées économiques, il peut le faire. Mais que le Gouvernement reste à Dakar et continue à travailler pour le peuple. Il est inutile de mobiliser toute la République, l’Assemblée nationale, toutes les forces de sécurité. Si Macky Sall est toujours dans la ligne de conduite qu’il avait promise aux Sénégalais, la rupture pour être précis, il doit revoir cette façon de faire. Macky Sall s’éloigne de plus en plus de cette ligne qui avait fait que les Sénégalais avaient porté leur espoir sur lui.

Que pensez-vous de la déclaration du chef de l’état qui plaide pour la transhumance ?

Cela ne surprend pas. Malheureusement, on a la mémoire courte au Sénégal. Les gens ne doivent jamais oublier que Macky Sall est un élève d’Abdoulaye Wade. Durant les 12 ans de pouvoir de Wade, Macky Sall a fait 8 ans et demi. Il a été Directeur de société de Wade, ministre de Wade, ministre d’État de Wade, Premier ministre, Président de l’Assemblée nationale. Macky Sall est un pur produit du Pds et du libéralisme tel que pratiqué par Me Abdoulaye Wade. En cela, que Macky Sall revienne vers sa famille naturelle dans les faits, le fond et le contenu de sa politique, je ne suis pas surpris. Mais, il faut regretter qu’un président de la République, toute honte bue devant ses concitoyens, puisse faire l’éloge de la transhumance. C’est plus que regrettable. Mais on ne doit pas se limiter à regretter cela, il faut le combattre. Les forces sociales anti statu quo se mobiliseront. Elles se donneront les moyens de porter un vrai projet politique de rupture.

Un flou total entoure encore la question de la réduction du mandat présidentiel. Avez-vous un plan pour cela ?

Sur la question de la réduction du mandat présidentiel, cela sent beaucoup du «wax waxet». Mais comme je l’ai dit, les forces populaires anti statu quo se mobiliseront. Ces forces qui s’étaient mobilisées pour amener Abdoulaye Wade à abandonner son projet de dévolution monarchique se dresseront. Si Macky Sall pense qu’il peut trouver une fenêtre ou bien des voies et moyens de faire du «wax waxet», c’est parce qu’il n’a rien compris. Il n’a pas compris que le Sénégal a changé et que la jeunesse est devenue plus exigeante.

Au Parti socialiste, il est beaucoup question de stratégies à mettre en oeuvre en direction de la présidentielle de 2017. Pensez-vous réellement que le Ps peut revenir au pouvoir ?

Le Ps a toutes les chances de revenir au pouvoir. Seulement, le paradigme a changé. L’enjeu n’est plus un enjeu de pouvoir. Il y a un nouveau paradigme et un enjeu de transformation. Le pouvoir n’est qu’un instrument politique pour transformer de manière profonde notre société à tous les niveaux. C’est pourquoi, je pense que réfléchir ou travailler simplement à avoir un candidat, c’est manquer d’ambition. Travailler seulement à avoir un candidat, c’est travailler dans la médiocrité. Il faut élaborer un projet politique sérieux, un projet de gauche alternatif et mobiliser les forces populaires, les classes populaires, les classes déshéritées, les jeunes, les femmes, étudiants, marchands ambulants, les ruraux…Tous ces gens qui sont des oubliés. Nous devons mobiliser toutes ces classes sociales pour leur montrer que nous avons une offre politique. C’est cela la nouvelle gauche, et non cette gauche ringarde qui n’a absolument rien compris. Il y a une nouvelle gauche qui doit comprendre que le sujet révolutionnaire n’est plus la classe ouvrière. Ok pour la classe ouvrière mais aussi pour toutes ces classes qui souffrent. La nouvelle gauche est une option pour les pauvres, une option pour tous les opprimés de la vie.

Une façon de dire que vous n’êtes pas d’accord avec Momar Samb, Pape Demba Sy et Cie…

Je ne suis pas d’accord avec eux. Il faut qu’ils comprennent que les jeunes aussi ont leur mot à dire dans la redéfinition du projet de gauche. La gauche d’aujourd’hui dépasse les partis politiques. Elle constitue toutes les forces pour la construction d’une société alternative au système capitaliste d’aujourd’hui. Tous ceux qui luttent pour l’avènement d’une société alternative ne sont pas dans les partis politiques. Ils sont dans les mouvements sociaux, les organisations syndicales, etc. Et le Ps se trouve dans cette dynamique de mobilisation toutes les forces. Le Parti socialiste (Ps) est en train de revoir son projet. Nous travaillons à apporter notre contribution à l’élaboration du futur projet du Parti socialiste (Ps).

On parle de plus en plus de la candidature Khalifa Sall à la présidentielle de 2017. Votre commentaire sur cette question ?

Ma préoccupation, aujourd’hui, c’est l’élaboration d’un projet de gauche. Vous vous en rendrez compte dans les prochains jours. Au niveau de la Jeunesse démocratie pour le socialisme (Jds), nous lancerons sous peu le Club de gauche. Ce sera une sorte de tribune pour accueillir tous les experts qui partagent notre vision politique, notre idée politique, notre idéal politique. Les chantiers ouverts au niveau de la Jds,
c’est de travailler à l’élaboration d’un projet politique de gauche alternatif. Et cela nous semble être la priorité des priorités.

Que répondez-vous alors à ceux qui vous accusent de travailler pour le compte de Khalifa Sall, en vue de 2017 ?

Babacar Diop ne travaille pas pour Khalifa Sall. Babacar Diop travaille pour le Sénégal et pour des politiques de rupture, des politiques audacieuses capables d’amener des changements profonds dans notre pays. La Jds ne peut pas mener un débat de personne. Nous sommes sur le terrain des idées politiques, de la contestation politique. C’est cela qui nous intéresse mais pas des débats de personne.

Khalifa Sall peut-il être considéré comme le candidat idéal du Ps?

Le candidat idéal, c’est le projet de gauche alternatif dans un premier temps. Après, on peut essayer de chercher les hommes qui porteront cette candidature. Nous travaillons à l’élaboration d’un projet politique. Les individus n’ont pas, en ce moment, une grande importance. Il ne faudrait pas tomber dans le piège. Travaillons à avoir un projet politique de gauche, un projet sérieux, un projet de rupture qui n’a rien à voir avec le libéralisme de Wade et de Macky Sall. Nous mobiliserons toutes les forces qui veulent aider le Ps à avoir un projet politique de gauche, un projet alternatif crédible. (…) Ma conviction est qu’il faut alterner cette deuxième alternance. L’émergence de Macky Sall est une vue de l’esprit et une supercherie. C’est pourquoi notre parti travaille à reconquérir le pouvoir.

L'As

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