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Bac 2017 : portrait d'Elsa, 13 ans, la plus jeune candidate de France

Rédigé par leral.net le Lundi 19 Juin 2017 à 18:56 | | 0 commentaire(s)|

© AFP PHOTO/Helene Valenzuela Elsa Verhoye (à gauche) ne craint pas du tout l'épreuve de philosophie.
© AFP PHOTO/Helene Valenzuela Elsa Verhoye (à gauche) ne craint pas du tout l'épreuve de philosophie.

Le collège en deux ans, une maman comme professeure à domicile, un quotient intellectuel de 146. Elsa Verhoye, 13 ans, a commencé mercredi les épreuves du bac littéraires.

Qui est la plus jeune candidate au baccalauréat 2017  ? La question revient certes chaque année, mais la nouvelle lauréate possède un parcours atypique. Portrait d'Elsa Verhoye, une adolescente de 13 ans, qui a effectué toute sa scolarité depuis sa maison en Guadeloupe. 

Sa mère enseignante lui fait classe

Enfant de parents divorcés, Elsa, originaire du Nord, vit depuis 10 ans avec sa mère en Guadeloupe. Sa maman, Zoubida Bechar, «ancienne enseignante, psychothérapeute et naturopathe», a arrêté de travailler pour lui faire la classe à la maison dès le CP. «Elle revenait de la maternelle, elle pleurait parce qu'elle n'avait rien appris, donc il a fallu s'adapter. Je n'ai pas eu le choix parce qu'elle n'a pas été autorisée à sauter des classes.»

Finalement, elle termine les programmes de CP, CE1 et CE2 en un an et demi. On est alors en mars, l'heure d'une annonce détonante : «Maman, j'ai 3 ans d'avance, alors maintenant, je veux une année sabbatique». Demande acceptée. Après avoir travaillé seulement «2 heures par jour pendant un an, elle a repris» sa scolarité à la maison et «fait CM1, CM2 en une année» Son collège, elle l'expédiera encore plus vite. Deux ans seulement lui auront suffi pour toquer aux portes du lycée.  

146 de QI

Quelle était donc la méthode pédagogique de sa mère, qui se présente elle-même comme une enfant de la DDASS, comme un autodidacte? «C'est moi qui lui créais les cours de manière à ce que ce soit adapté à son rythme. J'ai constitué des cahiers de leçons, d'exercices. Parfois, j'ai créé des pages et des pages d'exercices et elle n'en avait pas besoin». 

Il faut dire qu'au célèbre test de quotient intellectuel, Elsa atteint un score de 146. Lors des épreuves anticipées du bac, 9/20 à l'épreuve écrite de français, 16/20 à l'oral, et 11/20 en sciences.

Mercredi, un jour avant la métropole, c'était l'heure de la première épreuve de son Bac L : la philosophie. «Je suis stressée par moments, je suis pressée d'y arriver, et en même temps, je suis calme», résume-t-elle. Si elle redoute «l'histoire-géo», elle ne craint pas du tout «la philosophie parce que c'est le plus facile, il n'y a rien à apprendre à part les auteurs et les citations».

«Mes amis ont 18 ans le plus souvent»

L'adolescente, qui habite dans un quartier difficile de Pointe-à-Pitre, où elle a déménagé pour le bac pour «suivre des cours de gym dans une école toute proche», explique travailler à son rythme. En ce moment, c'est du «11 heures par jour mais c'est irrégulier».

Ses rares moments de détente, elle les passe sur les réseaux sociaux ou sur la plage. Elsa adolescente solitaire? «Je n'ai pas d'amis de mon âge parce qu'ils sont bêtes à cet âge-là, affirme-t-elle. Ils n'ont pas les mêmes goûts et habitudes que moi, on n'a pas les mêmes centres d'intérêts. Ils passent leur vie sur WhatsApp, moi je n'aime pas WhatsApp! Mes amis ont 18 ans, le plus souvent.»

Mais, avec ses grandes lunettes, cette adolescente châtain, élancée, dit ne pas souffrir de son écart d'âge avec les autres candidats: «Déjà l'année dernière avec les épreuves anticipées, ça ne m'a rien fait du tout en fait, parce que souvent ils croient que j'ai 16 ans, que je suis plus grande.» Dans sa chambre, rien n'évoque le quotidien classique d'une ado de 13 ans : ni poster, ni photo, ni bibelot, juste des murs blancs, un lit, une armoire et un bureau recouvert de livres.

Des études supérieures à Montpellier

Si elle obtient son bac, Elsa souhaite aller étudier à Montpellier en licence d'audiovisuel. Son objectif : «faire du montage» parce que «c'est un métier facile», qui lui permettrait de «se détendre et faire ce [qu'elle] aime à côté, comme poster des vidéos sur YouTube».

«J'aimerais un métier où je ne m'investis pas trop, comme un loisir [...] un métier, c'est seulement pour vivre, on ne travaille pas pour travailler!». Une phrase qu'elle a peut-être réutilisée mercredi, pour sa dissertation de philosophie.