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Bernard-Henri Lévy : "Mossoul ne sera pas Alep"

Le philosophe, qui était sur le front à Mossoul ces derniers jours, a estimé que la deuxième ville d'Irak ne subirait pas le même sort que la ville syrienne.


Rédigé par leral.net le Vendredi 28 Octobre 2016 à 14:08 | | 0 commentaire(s)|

INTERVIEW
Les forces irakiennes et kurdes sont toujours engagées dans la libération de Mossoul. Si la bataille s'annonce longue, elle ne se soldera pas par la destruction totale de la ville, selon Bernard-Henri Lévy. Le philosophe, qui était ces derniers jours sur le front, avec les forces Peshmergas, a rappelé que "les plans qui sont aujourd'hui en place, c'est de tout faire pour sauver la ville, pas la pilonner".

Pas de bombardement à Mossoul. "Mossoul ne sera pas Alep", a-t-il asséné. Selon lui, il y a trois manières de libérer la deuxième commune d'Irak, actuellement aux mains de Daech. La première consisterait à "l'ouvrir" pour faire sortir tout le monde. Mais civils comme djihadistes pourraient alors s'évaporer dans la nature. "L'autre manière serait atroce. C'est la méthode Poutine à Alep, qui consiste à tout raser et bombarder", a souligné Bernard-Henri Lévy.De fait, la ville syrienne est la cible, depuis fin septembre, d'intenses bombardements menés de concert par le régime de Bachar Al-Assad et son allié russe. Des frappes qui visent aussi les infrastructures civiles, comme les hôpitaux. Mais comme l'a rappelé le philosophe, "il n'y a pas de bombardement à Mossoul".

Une troisième voie. Enfin, "la troisième manière, c'est d'entrer dans Mossoul, de repérer les djihadistes, de les arrêter et de créer un Nuremberg 70 ans après pour les fascistes djihadistes", selon Bernard-Henri Lévy. Solution préférable à ses yeux, puisqu'elle permettrait de se mettre Daech hors d'état de nuire tout en évitant un drame humanitaire qui jetterait des milliers de migrants sur les routes.

La question kurde. Bernard-Henri Lévy a par ailleurs regretté un manque de soutien aux troupes kurdes qui participent à la libération de Mossoul. Selon lui, en effet, "il y a une idée, c'est qu'il faut que ce soit l'armée d'Irak qui libère Mossoul", et non les Peshmergas. D'abord parce qu'"il y a des gens dans les Chancelleries" qui craignent que, si les Peshmergas jouent un rôle majeur, ils ne réclament un Kurdistan indépendant, que Bagdad ne veut surtout pas leur donner. Ensuite parce que le plan de libération de Mossoul a été "élaboré par la coalition internationale, notamment les Américains". Or, "les Américains ont un allié dans la région, Bagdad. Bagdad est aujourd'hui sous influence iranienne, et l'Iran veut accroître son emprise sur le gouvernement à orientation chiite de Bagdad". Aucun de ces trois acteurs n'a donc intérêt à ce que les Kurdes ne tirent trop leur épingle du jeu.



Par M.B. http://www.europe1.fr/

Ndèye Fatou Kébé