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Bibo Bourgi, une épine dans le pied de la France ?

L’homme d’affaires, principal coprévenu dans le procès de Karim Wade, est arrivé ce mercredi matin à Paris pour y suivre des soins. Le Sénégal demande son retour dans un mois.


Rédigé par leral.net le Jeudi 2 Octobre 2014 à 16:55 | | 1 commentaire(s)|

Bibo Bourgi, une épine dans le pied de la France ?
Après plus de dix-huit mois d’attente, dont plusieurs passés à l’hôpital, et une comparution au tribunal dans un fauteuil roulant, sous perfusions, Bibo Bourgi a finalement obtenu de quitter le Sénégal. Il est arrivé en France mercredi, au petit matin. Pourtant placé sous contrôle judiciaire à Dakar, ce richissime homme d’affaires franco-libano-sénégalais, de son vrai nom Ibrahim Abou Khalil, a été admis dès son arrivée en soins intensifs du service cardiologie d’un hôpital parisien. "Cette évacuation sanitaire que nous demandions depuis longtemps est peut-être une première victoire mais pour autant mon client est loin d’être sorti d’affaires, confie Corine Dreyfus-Schmidt, l’un de ses avocats français. Les médecins qui l’ont vu lundi à Dakar avant qu’il ne prenne l’avion sont pessimistes. Il n’est pas certain qu’il s’en sorte."

Principal coprévenu dans le procès de Karim Wade, l’homme, âgé seulement de 46 ans, souffre d’une grave pathologie cardiaque, pour laquelle il est suivi de longue date par des médecins parisiens. Ces derniers mois, son état s’est aggravé en raison de problèmes rénaux mais surtout d’une maladie nosocomiale contractée lors d’une opération à l’hôpital Grand-Yoff de Dakar. Malgré tout, la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), juridiction d’exception qui le juge, a longtemps ignoré les demandes répétées de transfert formulées par la défense. "On peut nous traiter d’assassins, nous assumons", avait ainsi expliqué son président.

"Il faudrait deux mois au moins pour qu’il se rétablisse"
Une intransigeance dénoncée par plusieurs organisations des droits de l’homme mais que les détracteurs de Bibo Bourgi justifient : cette personnalité incontournable de la communauté libanaise de Dakar est l’une des pièces maîtresses du procès-événement de Karim Wade qui s’est ouvert le 31 juillet dernier. Ce dernier, fils de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, est accusé de s’être constitué frauduleusement via divers montages financiers, une fortune de 178 millions d’euros lorsque son père était au pouvoir. Bourgi et Karim Wade sont amis d’enfance. Mais pour l’accusation, leurs liens vont au-delà de la simple amitié. Le Franco-sénégalais aurait été l’homme de paille de Wade. Il lui aurait servi de prête-nom pour acquérir de nombreuses sociétés. Il serait également titulaire de comptes à Monaco provisionné par l’argent du fils de l’ancien chef de l’Etat sénégalais. Aujourd’hui, la majeure partie des biens de Bibo Bourgi a été saisie.

Pour que Bibo Bourgi évite de suivre les traces de son frère Karim - lui aussi est mis en cause dans cette affaire mais reste introuvable et fait l’objet d’un mandat d’arrêt international -, le Président de la Cour lui a fait signer un document. Le businessman s’y engage à revenir dans un mois au plus tard. "Le problème est que les médecins nous disent qu’il faudrait deux mois au moins pour qu’il se rétablisse, regrette Corine Dreyfus-Schmidt. A l’évidence, le délai offert par la cour est un piège." Se dessine déjà le futur combat des avocats, celle d’une prorogation de la durée du traitement en France. Si la CREI reste intraitable, s’engagera alors un combat juridique dans lequel l’Etat français pourrait être partie prenante. En effet, si un mandat d’arrêt est lancé contre Bourgi, ce sera à Paris d’agir. Or, l’Etat français a pour coutume de ne pas extrader ses ressortissants.

Antoine Malo

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