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Bye Bye, Mimi ! Par Nioxor Tine

Rédigé par leral.net le Lundi 7 Juillet 2014 à 08:31 | | 0 commentaire(s)|

Kouthia avait annoncé son arrivée triomphale et son ascension irrésistible ! La mal-aimée de la galaxie libérale au sein et hors du pouvoir, combattue depuis le premier jour de sa nomination, a été virée sans ménagement par ses vrais faux camarades de l’APR, qui n’auront pas manqué de l’initier aux jeux interdits de la démocratie bourgeoise que sont l’achat de consciences, la fraude électorale... etc. Mais ce nouvel épisode de la vie politique nationale, qui nous rappelle un passé récent, sous le règne du président Wade, ne fait que traduire le manque de stabilité de nos Institutions et le besoin pressant de refondation institutionnelle et de renouveau démocratique.


Bye Bye, Mimi ! Par Nioxor Tine
UN LIMOGEAGE REVELATEUR D’UNE GESTION SOLITAIRE DU POUVOIR

La promotion fulgurante, en septembre de de l’année dernière, de Mme Aminata Touré, alors au faîte de sa popularité, à la Primature, n’avait pas fait que des heureux même si elle était méritée, comme le prouve sa nomination très peu appréciée par certains inconditionnels du président Macky, parmi les cent personnalités les plus influentes du monde.
Certains mauvais esprits étaient allés jusqu’à suggérer qu’on cherchait, par cette migration à la station primatoriale, à tempérer son zèle exagéré dans le traitement des dossiers brûlants de la CREI et que sa mission-suicide à Grand-Yoff annonçait, dès le départ, son limogeage programmé.
Cette défénestration de l’ancienne militante trotskyste, la démission tardive du désormais ex-maire de Saint-Louis, de même que les stratégies de contournement de la société civile pour participer aux élections locales posent la problématique des rapports de l’élite sénégalaise avec le pouvoir. Face à l’omnipotence du monarque républicain qu’est le Chef de l’Etat, les hommes politiques ainsi que les acteurs de la société civile, au lieu d’assumer leurs positions, choisissent le plus souvent, le louvoiement, les atermoiements et les manœuvres souterraines.
C’est ce qui explique ces coalitions sans programme ni concertation, la transhumance politique, la lutte des places, la complicité gouvernementale se traduisant par un mutisme troublant sur toutes les grandes réformes présidentielles, sans oublier le vote mécanique par une majorité diverse mais docile de tous les projets de lois soumis par le gouvernement à l’Assemblée Nationale.
C’est cette manière de faire la politique, cette gestion solitaire, dont on pensait qu’elle était révolue, après la révolution citoyenne, la tenue des Assises Nationales et la signature par les leaders de la Coalition présidentielle de la Charte de gouvernance démocratique, que les citoyens sénégalais ont rejetée, par deux fois, en s’abstenant massivement aussi bien lors des législatives de 2012 qu’à ces présentes locales.

CLASSE POLITIQUE ET SOCIETE CIVILE, DES SŒURS SIAMOISES ?

La défaite de Mimi Touré et de sa coalition artificielle relève moins d’un vote d’adhésion des électeurs dakarois, plus particulièrement ceux de Grand-Yoff aux thèses de Taxawu Ndakaru que d’un vote protestataire contre le retard du règlement des urgences sociales et les visées hégémoniques de l’APR, qui n’a pas lésiné sur les moyens financiers pour remporter l’élection de Dakar.
C’est pourquoi, on peut affirmer, de manière péremptoire, que le seul vainqueur des élections locales de juin 2014 reste et demeure le camp des abstentionnistes, renvoyant dos à dos classe politique et société civile qui, il est vrai, ressemblent de plus en plus à deux frères siamois, experts en manipulation politique.
En effet, abstraction faite de la déroute de la société civile, il est patent que la rivalité absurde et stérile entre politiciens d’un même Parti ou d’une même Coalition au sein d’une même collectivité locale de même que le foisonnement de listes de candidats reposant sur des alliances politiques contre-nature ne permettent pas de désigner un seul camp comme vainqueur.
Il est clair, cependant, que le processus démocratique sénégalais a subi des reculs graves, victime du non-respect de certaines dispositions de la loi électorale à Touba, de la perpétuation de l’achat massif de conscience, des violences politiques et même l’instauration de l’état d’urgence à Saint-Louis.
Si les tares de la classe politique essentiellement coupable de nouer des alliances sans contenu et friande de strapontins sautent aux yeux, les travers de la société civile, d’ailleurs souvent composée d’anciens politiques sont plus difficiles à décrypter.
On ne peut néanmoins manquer de s’interroger sur le pragmatisme de certaines figures de proue de la société civile, occupant de hautes fonctions étatiques dans un régime, où la continuité avec le mode de pensée wadiste l’emporte et de loin sur les innombrables effets d’annonce d’une rupture toujours annoncée mais jamais réalisée.
Dans le même ordre d’idées, il est difficile de comprendre que des mouvements citoyens puissent emprunter ou même louer le récépissé d’un parti, dont ils ne partagent pas les options idéologiques !
Il est vrai que la scène politique sénégalaise, fonctionne, depuis quelques années comme un théâtre d’ombres chinoises avec son lot de surprises et de scandales et où la quasi-totalité des acteurs avancent masqués.

QUEL IMPACT SUR LE PROCESSUS DE DECENTRALISATION ?

Curieux fait du hasard ! On se rappelle, encore, qu’en 1996, l’acte 2 du processus de décentralisation, avait été inauguré par une journée électorale marquée par des irrégularités massives, ce qui à l’époque, avait déjà été considéré, comme un sérieux handicap compromettant les rapports des citoyens sénégalais avec leurs élus locaux en manque de légitimité.
Dans le contexte d’alors, caractérisé par un Parti-Etat dominant de fait, les collectivités locales n’étaient que des appendices du parti au pouvoir, au lieu d’être de véritables moteurs d’un développement multisectoriel.
Près de vingt ans après, après deux alternances réussies, malgré un processus électoral devenu plus fiable, des mécanismes de fraude électorale plus élaborés ont vu le jour, reposant essentiellement sur le clientélisme et l’achat de conscience en amont des opérations de vote, avec tout de même quelques cas de prolongation illégale et exagérée des opérations de vote, de transfert d’électeurs et de bourrage d’urnes.
Au final, on aboutit à la même situation, dans laquelle, on cherche à instrumentaliser les citoyens, qui au lieu d’être des acteurs conscients s’appropriant des enjeux locaux, continuent à rester passifs. De plus, les conseils de collectivités locales sont toujours restés des chambres d’enregistrement des désidérata du président du conseil de la collectivité locale, au lieu d’être des assemblées délibérantes authentiques.
C’est le lieu de sonner l’alerte sur la seconde phase de “corruption électorale”, qui va s’ouvrir avec l’élection prochaine des maires et président de conseils départementaux avec le risque de retournement de majorités hétérogènes, ne reposant sur aucun socle programmatique, composée de membres mettant leurs intérêts crypto-personnels avant toute autre considération.
Le mode de scrutin inique, majoritaire à un tour, la confiscation des élections par les partis politiques, l’absence de projet cohérent pour la plupart des listes risquent de gêner la recherche consensus forts, qui constitue la meilleure stratégie en matière de gouvernance locale.
Il faudra éviter que les conseils de collectivités locales, en plus de leur déficit notoire de légitimité et de représentativité, ne deviennent des lieux de tiraillements politiciens sur des questions n’ayant rien à voir avec le développement local.

NIOXOR TINE
misterno98@hotmail.fr