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CNLS : La balkanisation de la riposte à VIH au Sénégal ou le nouveau diktat institutionnel


Rédigé par leral.net le Jeudi 21 Mai 2015 à 08:36 | | 1 commentaire(s)|

CNLS : La balkanisation  de la riposte à VIH au Sénégal ou le nouveau diktat  institutionnel
Le Programme de Lutte contre le SIDA nous a habitués depuis plus de deux décennies à des prix et récompenses aussi bien au niveau africain qu’international. Cette réputation, nous la devons aux différents acteurs impliqués dans la riposte depuis le début. Ils sont de tout bord , de tous les secteurs et catégories de populations. Voila ce qui fait et est la mention différenciée du Sénégal dont les exploits et résultats font référence dans le monde.

Mais, il urge aujourd’hui d’attirer l’attention du peuple sénégalais mais surtout des décideurs politiques sur ce qui se trame au niveau de la coordination nationale de la riposte à VIH. Travailler dans le sida ne confère pas une expertise encore moins une excellence dans le management.

La vision de l’actuel manager en chef de la lutte contre le SIDA nous ramène en arrière avec une coordination et un management médicalisé de l’infection à VIH.

Il est vrai que les financements extérieurs se raréfient d’année en année ( avec la fin programmée en juin 2015 du R9 du Fonds Mondial Principal bailleur du Sénégal à + de 80%) et que des solutions pérennes doivent être trouvées pour un assainissement de la coordination nationale qui doit être portée par le Gouvernement sénégalais.

Aujourd’hui ce bailleur précité a modifié son modèle de financement afin d’obtenir un impact plus marqué contre les trois maladies que sont la Tuberculose, le Paludisme et le SIDA. Sa conception vise à rendre le financement prévisible, à récompenser l’ambition, à s’appuyer sur des échéances plus souples avec une procédure plus fluide et plus courte qui garantisse un taux de réussite élevé.

Donc le Sénégal doit partir d’une hiérarchisation de ses priorités en matière de lutte contre le SIDA en partant du principe de consolidation de tous les acquis obtenus dont l’un est sans doute la multisectorialité (implication et engagement du Public (Ministères) , du Privé (Entreprises) et de la société civile (ONG, associations et OCB) qui reste un des points forts qui risque une mort certaine avec le scenario concocté par la nouvelle Secrétaire Exécutive du CNLS et ses ouailles.

Compte tenu de la crise financière internationale, en session Washington DC Juillet 2012, les Partenaires Techniques et Financiers ont décidé de stopper de financer les salaires des personnels en charge de la coordination pour promouvoir le recrutement des personnels nationaux par l’Etat . Devant une telle décision, notre pays doit trouver des solutions opérationnelles. Ce qui pousse le CNLS à trouver des buées de sauvetage pour la riposte dont le premier maillon est la prochaine compression de personnel qui doit s’opérer à tous les niveaux de l’arsenal technique du Secrétariat Exécutif (Niveau central et décentralisé).

Lors du dernier forum des partenaires (pour ceux qui ne le savent pas c’est une plateforme permanente annuelle qui permet à la coordination nationale d’évaluer périodiquement les activités de l’ensemble des partenaires impliqués dans la riposte à VIH/Sida, d’analyser les GAPS afin d’aider à mobiliser les ressources nécessaires pour la mise en œuvre du plan stratégique) , les Gouverneurs de Région sont revenus très largement sur les succès obtenus grâce à la multisectorialité au niveau de toutes les circonscriptions (régional, départemental, local…).

Pour l’essentiel des acteurs, le meilleur schéma qui aiderait le gouvernement sénégalais à pérenniser les performances de la Riposte dans un contexte de raréfaction de ressources financières internationales est celui qui confère la coordination au CNLS avec une équipe réduite composée pour la plupart d’agents de la fonction publique aussi bien au niveau central que régional. Au niveau décentralisé, il a été suggéré que l’entité d’appui soit logé à la Gouvernance sous la responsabilité du Gouverneur, Président du Comité Régional de Lutte contre le SIDA pour assurer et garantir la multisectorialité.

Le contraire c'est-à-dire loger le bureau d’appui à la Région Médicale sous la responsabilité technique et financière du Médecin Chef de Région étoufferait les actions de coordination et la multisectorialité car il n’existe aucune relation d’hiérarchie entre la Région Médicale et les services régionaux décentralisés mais des rapports fonctionnels de collaboration.

Cet ancien Ministre de la Santé n’a pas beaucoup retenu de la définition du département qu’elle dirigeait dont l’objectif ultime est de préserver et de garantir le bien être général des Sénégalais.

Pour un Sénégal Emergent, il urge que le Premier Ministre, Président du CNLS voit le schéma qui sied le mieux à la lutte contre le SIDA et de réfléchir sur un format d’appel à candidature nationale pour le poste de Secrétaire Exécutif du CNLS avec des TDR précis axés sur l’obtention de résultats et bannir définitivement les nominations.

Notre pays est à une étape décisive de la consolidation et de maintien de son faible taux de prévalence donc ne soyons pas responsable ou complice de la forfaiture d’un groupuscule imbu par des intérêts corporatifs et personnels.

Chers concitoyens, l’urgence du moment c’est de trouver un schéma consensuel de la coordination de la riposte aussi bien au niveau national que régional qui garantisse la mobilisation de tous pour endiguer encore le passage à ce virus qui a encore de beaux jours en Afrique noire.

Cheikh A. Salam DIA

Diplômé en Gestion des programmes et systèmes de Santé