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Catalogne : la présidente du Parlement a versé la caution permettant sa sortie de prison

Rédigé par leral.net le Vendredi 10 Novembre 2017 à 15:33 | | 0 commentaire(s)|

Carme Forcadell avait compté, un à un, les bulletins des élus ayant voté pour la sécession. Elle est poursuivie pour "rébellion".


Catalogne : la présidente du Parlement a versé la caution permettant sa sortie de prison

La présidente indépendantiste du parlement catalan Carme Forcadell, a bien versé la caution de 150.000 euros qui lui permettra de quitter dès vendredi la prison où elle a passé la nuit, a-t-on appris auprès d'une porte-parole de la Cour suprême.

"La caution de Forcadell a été consignée, il manque l'ordonnance de remise en liberté du juge", a déclaré une porte-parole de la Cour suprême à des journalistes. Carme Forcadell est poursuivie dans l'enquête pour "rébellion" et "sédition", déclenchée après la déclaration d'indépendance du parlement catalan, le 27 octobre.

La présidente du Parlement de Catalogne, Carme Forcadell, avait été écrouée jusqu'au versement d'une caution de 150.000 euros, a ordonné jeudi 9 novembre au soir, un juge de la Cour suprême de Madrid.

Selon un porte-parole de ce tribunal, elle avait été placée en détention provisoire dès jeudi soir. Plusieurs membres du noyau dur séparatiste sont déjà derrière les barreaux.

Le président indépendantiste destitué de Catalogne Carles Puigdemont a réagi sur Twitter, en déplorant que Carme Forcadell soit contrainte de "dormir en prison pour avoir permis un débat démocratique".

 

.@ForcadellCarme  farà nit a la presó per haver permès el debat democràtic. Per permetre parlar i votar! Així és la democràcia espanyola 🚫

"Vous n'êtes pas seuls !"

Carme Forcadell et cinq autres élus ont été entendus dans la journée. L'un a été laissé libre, le seul non indépendantiste, tandis que les quatre autres disposent d'une semaine pour réunir 25.000 euros et éviter la prison.

Carme Forcadell a assuré devant le juge qu'elle n'avait pas, en tant que présidente du Parlement, "la liberté d'interdire un vote", selon un porte-parole de l'élue. Elle a aussi expliqué que la déclaration d'indépendance était sans effets juridiques, selon des sources ayant assisté à l'interrogatoire.

C'est Carme Forcadell qui avait compté, un à un, les bulletins des élus ayant voté le 27 octobre pour la sécession, 70 sur 135, un fait sans précédent qui a ébranlé l'Espagne et inquiété l'Europe.

Carme Forcadell avait été accueillie à son arrivée au tribunal jeudi par les cris de manifestants pour et contre l'indépendance. "Vous n'êtes pas seuls !", disaient les uns aux élus indépendantistes, "Puigdemont en prison", hurlaient les autres.

La Cour, compétente s'agissant de parlementaires, est saisie d'une enquête sur de possibles faits de rébellion ou sédition, voire de malversations de fonds, commis en vue de déclarer l'indépendance.

Huit membres du gouvernement séparatiste destitué par Madrid de l'indépendantiste Carles Puigdemont, sont déjà inculpés et écroués. Carles Puigdemont et quatre de ses "ministres" ont fui en Belgique et sont visés par un mandat d'arrêt espagnol.

"Toute forme de séparatisme qui fragilise l'Europe"

Carles Puigdemont a signé jeudi une lettre publiée par un quotidien catalan, "El Punt Avui", réclamant la "libération des prisonniers politiques retenus en otage par l'Etat espagnol".

L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International ne les considère toutefois pas comme des "prisonniers d'opinion" au motif qu'"ils sont accusés d'actes qui peuvent constituer des délits".

Le délit de rébellion est passible de 15 à 30 ans de prison, et celui de sédition d'un maximum de 15 ans.

Les incarcérations ont entraîné de nombreuses manifestations des indépendantistes, au moment où ils doivent préparer les élections régionales convoquées par le gouvernement central pour le 21 décembre.

Jeudi, le chef du gouvernement Mariano Rajoy a souhaité une forte mobilisation des adversaires à l'indépendance lors de ce scrutin, alors que la région est divisée, presque à parts égales, sur le sujet. "Il sera important qu'il y ait une participation massive", a-t-il déclaré.

Peu après, le chef du gouvernement conservateur a reçu à Salamanque son "ami", le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui s'est vu décerner un titre de docteur honoris causa et en a profité pour rappeler son opposition "à toute forme de séparatisme qui fragilise l'Europe", déclarant que "le nationalisme est un poison qui empêche l'Europe de vivre ensemble".

La Commission européenne a apporté une bonne nouvelle à l'Espagne, assurant qu'à ce stade l'impact économique du conflit catalan, était "limité, voire négligeable", et révisant ses prévisions de croissance à la hausse pour l'Espagne en 2017 et 2018, respectivement à 3,1% et 2,5%.

L'incertitude n'en a pas moins entraîné le déménagement de siège social de plus de 2.200 entreprises hors de la région.

Et mercredi, des responsables du Congrès mondial de la téléphonie mobile, rendez-vous annuel crucial du secteur à Barcelone aux retombées économiques importantes, ont fait part de leur "inquiétude".

Ils étaient à Barcelone en pleine grève indépendantiste mercredi, alors que des dizaines de milliers de passagers et des centaines de camions ont été bloqués par des militants protestant contre l'incarcération de responsables séparatistes.

Lors des élections régionales en 2015, les partis indépendantistes avaient obtenu 47,8% des suffrages et 72 sièges sur 135 au Parlement régional. Les sondages prédisent pour l'instant un résultat très serré pour le scrutin de décembre.

Avec AFP