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Cerge et le ramadan :Un Koor de rêve


Pour son premier jour de jeûne, Cerge se dit bien prêt – « psychologiquement dans la tête », comme il aime à le dire – à affronter ce que son ami Fara décrie comme un véritable supplice. « Barké Yallah » ! Au sixième jour de pénitence, Fara, son binôme avec qui il ne s’entend que rarement, s’est complètement métamorphosé : ses joues de ripailleur ont pris du recul et ne s’affichent plus de manière ostentatoire. Les yeux ne mentent pas, ce Fara Diop est visiblement « attrapé », pour dire très affecté par le « koor » dont il a bien subi les six premiers jours.


Rédigé par leral.net le Vendredi 27 Juillet 2012 à 21:28 | | 0 commentaire(s)|

Cerge et le ramadan :Un Koor de rêve
Mais, malgré cet exemple expressif, personnifié par son compère, Cerge est bien décidé, en bon esclave de Dieu, à sacrifier à cette tradition qui, dit-on, remonte aux temps des « premiers » croyants. « Il me faut jeûner s’est-il dit, ne serait-ce que pour montrer que je suis, à part entière, membre de la communauté ». Et puis, de toutes façons, cela revient au même d’autant plus que koor ou pas, l’ami Cerge est un champion du saut en…repas qui ne peut pas se permettre de manger à sa faim, surtout en ces périodes de vaches efflanquées. Cerge, donc, trouve intérêt en ce mois béni de ramadan. Par son jeûne, il pense faire d’une pierre, au moins deux coups. Montrer qu’il est musulman, et se tenir prêt pour recevoir une main providentielle qui, « après koor » l’extirpera de sa galère de footballeur raté. Ah sa carrière ! il ne peut y penser sans maudire la seringue et son inventeur, Charles-Gabriel Pravaz. Cerge en effet, fut un excellent ailier droit, plus habile et bien moins arrogant que ce présomptueux Christiano Ronaldo. Son intelligence, taquinaient ses potes du quartier « Mortal combat » de Thiaroye, ne se meut que pour le ballon. Mais, son destin de futur probable « Merengue » a été forclos par une maudite injection ratée, faisant de lui un presque handicapé sans-emploi. Depuis, Cerge lui-même se sent dans la carapace d’un raté, jusque dans l’orthographe de son second patronyme. En réalité, à l’état civil, ce garçon répond par Moustapha Serge Traoré. Ce nom, il le doit à l’ouverture de son pater, un ancien cheminot qui a bien voulu tenir une vieille promesse faite à un ami toubab et, l’enracinement de ce même « padre » dans les valeurs islamiques dont le nom donné à son rejeton est un symbole vivant. Vieux Traoré a donc trouvé la parade et donné un double patronyme à son deuxième garçon. Seulement, par déformation jargonnesque et surtout par désamour de la lettre « S », depuis l’histoire de la seringue, Serge est devenu Cerge tout court. Néanmoins, et c’est le plus important, dans l’esprit et même une partie de la lettre, ce Cerge-là est bel et bien musulman. Il compte d’ailleurs le prouver par le jeûne qu’il est désormais décidé à pratiquer tous les jours.



Source:Loffice.sn