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Cette semaine dans le Vrai du faux junior, des adolescents posent leurs questions sur la guerre en Ukraine et leur crainte du nucléaire

Rédigé par leral.net le Dimanche 6 Mars 2022 à 08:24 | | 0 commentaire(s)|

Cette semaine dans le Vrai du faux junior, des adolescents posent leurs questions sur la guerre en Ukraine et leur crainte du nucléaire.
La guerre en Ukraine est au cœur des interrogations du Vrai du faux junior, le rendez-vous de vérification et décryptage de l’information réalisé avec des collégiens et lycéens. Cette semaine ils s’interrogent sur le risque de voir cette guerre s’étendre à d’autres pays, mais aussi sur celui d'une guerre nucléaire. Enfin les jeunes auditeurs de franceinfo s’inquiètent aussi pour les familles sur place qui tentent d’échapper aux bombardements en se cachant dans des abris anti-aériens.
C'est Ioulia Shukan qui a répondu à leurs questions. Elle est spécialiste de l'Ukraine, maîtresse de conférences en études slaves à l'Université Paris Nanterre et chercheuse à l’Institut des Sciences sociales du Politique.
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Y-a-t-il un risque immédiat d’extension du conflit en Europe ?

Beaucoup de questions ont été posées sur l’éventualité d’une extension du conflit dans d’autres pays que l’Ukraine en Europe. "Est-ce vrai qu’il y aurait des possibilités d’attaques russes en Europe ?" demande ainsi Lucas.
Selon Ioulia Shukan c’est difficile de répondre à cette question car "cette guerre de la Russie contre l’Ukraine était déjà elle-même assez improbable" et pourtant elle a bien lieu en ce moment. Néanmoins, selon la spécialiste de l’Ukraine, il y a un "autre facteur qui pourrait contenir Vladimir Poutine c’est le fait que l’Ukraine, qu’il attaque, ne fait pas partie de l’OTAN, alors que nous, en Europe, en France et dans d’autres pays qui font partie de cette grande alliance militaire, nous en sommes membres. "
Ioulia Shukan explique, qu’à cet égard, "il y a une clause d’assistance mutuelle entre les pays de l’OTAN en cas d’agression et donc cela pourrait freiner le président russe dans ses intentions expansionnistes." Elle rappelle aussi que Vladimir Poutine, dans ses discours, montre "une vraie obsession de l’Ukraine, il dénie notamment leur droit d’existence." Donc selon Ioulia Shukan, "on est plutôt dans un risque [d’attaque russe en Europe] potentiel et pas du tout dans une menace immédiate."
 

Une intervention militaire française en Ukraine est-elle envisageable ?

Les adolescents qui nous ont interrogés se demandent aussi si les Européens et notamment les Français, peuvent être mobilisés pour intervenir en Ukraine.
"Est-ce vrai, parce qu’on en parle beaucoup sur les réseaux sociaux, que la France pourrait être impliquée dans le conflit et envoyer des soldats à la guerre en Ukraine ?" demande ainsi Antoine.
La position telle qu'elle a été énoncée par les gouvernements européens et la position de l'Union européenne est claire, répond Ioulia Shukan : "Non, les pays membres de l'UE ne participent pas à la guerre, n'envoient pas des troupes, mais soutiennent l'Ukraine et donc répondent à un certain nombre de demandes de la part du pouvoir ukrainien, notamment sur les armements, sur les kits de survie, de secours, sur les médicaments qui sont envoyés. Il y a un soutien logistique, mais il n'y a pas d'engagement."
 

Les États-Unis font-ils vraiment peur aux Russes ?

Lucas a lui une question sur l’impact – ou pas –  des prises de position des États-Unis sur la guerre en Ukraine. "Est-ce vrai, demande-t-il, que les États-Unis font peur aux Russes ou les impressionnent ?"
Selon Ioulia Shukan, les Russes "ont construit ce discours de confrontation avec les Etats-Unis." Elle rappelle que Vladimir Poutine dénonce à chaque prise de parole "l’OTAN et quand il dit l’OTAN, il pense notamment aux États-Unis, qui sont membres de l’alliance militaire au même titre que d’autres États."
Cette opposition entre Russes et Américains date aussi de la Guerre froide, rappelle Ioulia Shukan avec "cette même confrontation entre l’URSS d’un côté et les États-Unis de l’autre". Mais il y a un équilibre entre les deux puissances qui est assuré par "l’arme nucléaire", estime la spécialiste de l’Ukraine qui observe que "Vladimir Poutine cherche clairement à nouer un dialogue avec les États-Unis aux dépens parfois des Européens parce qu’il considère que la Russie, si elle n’a pas peur des États-Unis, est aussi importante qu’eux sur le plan stratégique."
 

Doit-on craindre une troisième guerre mondiale ?

Cette guerre est souvent vue à la lumière de l'histoire mondiale récente, que les adolescents étudient en classe. Donc logiquement, une question revient régulièrement : "Est-ce vrai que Vladimir Poutine peut déclencher la troisième guerre mondiale ?" demandent Eléna et Grégoire.
Difficile de répondre à cette question pour Ioulia Shukan compte tenu de l’instabilité de la situation actuelle. Elle met néanmoins en avant l'espoir que Vladimir Poutine tienne compte d' "un certain nombre de limites à la fois du point de vue du potentiel militaire de la Russie, de la riposte possible s'il y a une guerre mondiale de la part d'autres États et notamment les États membres de l'OTAN". Mais, ajoute-t-elle, "il continue à avancer des menaces et il a notamment utilisé la menace nucléaire pour imposer un rapport de force"
 

Faut-il craindre l’utilisation de l’arme nucléaire ?

Corrélé aux inquiétudes liées aux risques d'une troisième guerre mondiale, revient souvent, chez les adolescents, la crainte de l'usage d'une bombe nucléaire. "Est-ce vrai que Vladimir Poutine pourrait lancer des bombes nucléaires ?" demande ainsi Eléna. "Est-ce vrai que la Russie est l’un des premiers pays nucléaires au monde ?" renchérit Grégoire.
La Russie est bien un "Etat nucléaire" rappelle Ioulia Shukan, "c’est l'héritage soviétique, puisque l'Union soviétique disposait de l'arme nucléaire. D'autres États post-soviétiques, comme la Biélorussie et l'Ukraine, ont renoncé à leur arme nucléaire alors que la Russie l'a gardé, donc effectivement, c'est une puissance nucléaire."
Vladimir Poutine a brandi la menace nucléaire, mais, ajoute-t-elle, "recourir à l'arme nucléaire, cela veut dire se détruire soi-même, détruire sa population puisqu'il y aura une riposte en retour. Je pense que l'arme nucléaire est plutôt là pour nous maintenir dans un équilibre de force, comme il y en a eu un au moment de la guerre froide, puisque les États disposant d'armes nucléaires établissaient cet équilibre et de cette façon-là, prévenaient toute menace possible nucléaire."
 

Le métro sert-il d’abri anti-aérien dans les grandes villes ukrainiennes ?

Cette guerre, ce sont aussi des images qui restent dans la tête des adolescents, notamment celles montrant l’impact du conflit sur les populations et sur les enfants. "Est-ce vrai qu'il y a des gens qui dorment et vivent dans le métro à Kiev pour éviter les bombes ?" demande Esteban. "Est-ce vrai qu’il y a des enfants et des familles qui s’abritent dans le métro pour être protégés des bombes ?" s'interroge aussi Eléna.
Effectivement, confirme Ioulia Shukan, "le métro sert depuis longtemps en tant qu'abri anti-aérien, il était conçu comme cela à l'époque soviétique, et le métro de Kiev est très profond. En tout cas, un certain nombre de stations sont situées en centre-ville, Kiev étant construit sur un territoire vallonné et donc la profondeur du métro est grande et les civils y trouvent refuge. Les gens peuvent, pour certains, prendre la place sur les banquettes, mais il n'y a pas assez de place et donc les gens s'installent sur le sol. "
 
  francetvinfo



Source : https://www.jotaay.net/Cette-semaine-dans-le-Vrai-...