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Changement climatique: débat terminé (Par Dr Arona Coumba Ndoffène Diouf)

Rédigé par leral.net le Vendredi 16 Juin 2017 à 12:40 | | 0 commentaire(s)|

Dr ARONA COUMBA N’DOFFENE DIOUF
Diplômé Double PhD, Doctorat d’Etat en Sciences de la Terre et de l’Environnement à l’Université d’Etat de la Ville de New York - City University of New York (CUNY – Graduate Center)

Récipiendaire de la Médaille Transatlantique Leadership Award in Sciences 2014 (USA)
 
Les Etats-Unis viennent de se désengager de l'accord précédemment signé à Paris en 2015 par près de 200 pays, accord relatif à la lutte contre le changement climatique. Le Président Trump a signé un ordre exécutif par lequel est ordonné le lancement d’un processus judiciaire pour annuler l’engagement du Président Obama, visant par un tel accord à réduire la pollution produite par les gaz à effet de serre des centrales à charbon.
 
Cela malgré les tentatives des leaders du G7 à convaincre le Président Trump de reconnaître que les États-Unis devraient faire preuve de leadership en matière de climat, en tant que deuxième émetteur de carbone au monde. Une décision à contre-courant de tout ce qui a été fait et dit aux sommets mondiaux du CAP 21, tenu à Paris en 2015, et de celui qui s’est déroulé à Marrakech, au Maroc, en 2016.
 
Comment en est-on arrivé là ?
 
Les principaux responsables de l’Agence américaine pour la protection de l’Environnement (EPA) avaient conseillé le Président Trump de sortir de l'accord historique de Paris sur le changement climatique. La fondation conservatrice Heritage, l'une des voix les plus ferventes des Etats-Unis, avait de même exhorté le Président américain à se retirer de l'accord de Paris, arguant que le gouvernement américain l’avait signé uniquement en raison de sa participation à la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques.
 
 Héritage Fondation a même insisté pour que le gouvernement des États-Unis se retire de la UNFCCC (Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques). De Hauts fonctionnaires fédéraux pensent (soutiennent) que la participation de l'Amérique aux programmes internationaux de lutte contre le changement climatique, a généré un gaspillage d'argent des contribuables.

Et qui plus est, elle a conduit à des interventions douteuses et nuisibles dans les marchés de l'énergie par des programmes financiers, des mandats et des règlements lourds soutenus par le gouvernement fédéral.
 
De prestigieuses sociétés, universités communautaires et privées ont adopté une position similaire, affirmant que le déclin de l’industrie du charbon de ces dernières années, découle des promesses faites par les gouvernements signataires du Pacte de Paris sur le changement climatique.

Cette industrie du charbon fournit environ un tiers de l’électricité mondiale. Si toutefois, disent-ils, l’entente scellée à Paris prospère, une telle situation entraînerait la mise en chômage des travailleurs de toute la chaîne de l’industrie du combustible fossile. Un tel procédé ne sied pas à la tendance sous-jacente du développement mondial.
 
 L’Honorable Kevin Cramer, Député républicain de l’Etat de Dakota du Nord et conseiller en politique énergétique, a récemment introduit une motion demandant au gouvernement américain de supprimer le plan d'énergie propre de l'administration Obama ainsi que d'autres réglementations introduites par l'EPA (Agence de protection de l’Environnement) pour réduire la pollution du secteur de l'énergie.

Dans un document de quatre pages adressé au Président Trump, il a soutenu qu’il fallait au contraire accroître la production d'énergie en Amérique sur une tendance mix-énergétique en utilisant toutes les énergies disponibles à savoir l’éolienne, le solaire, le pétrole, le charbon et la tourbe.
 
Pour la première fois, une administration fédérale reconnait, après avoir partagé publiquement son analyse sur la crise climatique, que la notion de réchauffement climatique a été créée de toutes pièces par et pour les Chinois, afin de rendre l’industrie américaine non compétitive.

Ce désaveu par les Etats-Unis du Pacte de Paris sur le changement climatique entraînera bien sûr, une chaîne de défaillances d’autres pays qui se demanderont pourquoi ils devraient continuer d’honorer leur engagement sur le changement climatique signé à Paris, surtout et de surcroît, en ce qui concerne le paiement des milliards de dollars de subventions promis aux pays en développement pour soutenir leur transition vers l'énergie propre.
           
L’analyse du revirement américain
            
On peut se demander pourquoi les Américains sont prêts à s’exposer à une réprobation du reste du monde sur la question du changement climatique. Ce revirement peut se situer sur plusieurs angles, en  procédant à l’analyse holistique de l’historique de la création du CAP 21 et en replaçant la posture des Américains dans le contexte économique et scientifique du débat mondial sur le changement climatique.
 

D’abord, le décrochement des Américains du Pacte de Paris sur le changement climatique était prévisible. Il a été même prédit par les spécialistes avertis et par certains représentants des signataires du pacte de Paris. Laurent Fabius, par exemple, ancien ministre français des Affaires étrangères, qui présidait aux négociations climatiques de 2015, avait reconnu tout au début qu'il existe des «risques associés aux pays réticents» et qu'éventuellement, s’ils se retirent, d'autres grands émetteurs puissent se retenir de la mise en œuvre de leurs propres engagements climatiques.
 
Ensuite, l’Accord de Paris est entré en vigueur avec une vitesse record, boosté par la France et un lobbying international très puissant. Au début, il s’agissait simplement de modifier le Protocole de Montréal dont le principal objectif était d’éliminer progressivement les émissions d’hydrofluorocarbures (HFC), la catégorie la plus puissante de gaz à effet de serre. Mais voilà qu’ils se sont précipités subséquemment, pour créer un nouveau mécanisme mondial basé sur un marché spéculatif pour réduire les émissions de CO2.
 
D’autre part, l'Accord de Paris est jugé «arbitraire» par les Américains qui, en plus, perçoivent qu’aucun pays ne s’y est encore totalement engagé,- la phase de ratification étant presque en veilleuse-, malgré leur signature à Paris.

Par exemple, la Chine,  pays le plus pollueur du monde, avait éclipsé les États-Unis en 2007 pour ne pas adhérer à l'accord. Selon l’avis d’experts, sa promesse de réduire les émissions de carbone d'ici 2030, de restreindre sa consommation de  charbon et de diminuer l'intensité de sa pollution de carbone jusqu'à 65%, n'est pas assez rationnelle et reste irréalisable pour atteindre les objectifs de l'accord.
 
 Ce qui fait que les américains s’inquiètent, qu’à «la fin de la journée», les Etats Unis soient le seul pays à respecter légalement tout ce qu'il a promis à Paris. Surtout à un moment où le levier de son engagement en matière de réduction de dioxyde de carbone, le Clean Power Plan, est gelé devant les tribunaux. 
 
D’autres raisons scientifiques peuvent s’ajouter pour comprendre la sortie des Yankees du mouvement international sur le climat. En effet, depuis très longtemps; le pays est divisé sur la quintessence même des arguments exhibés pour soutenir la cause anthropogénique du changement climatique, globalement parlant.
 
Par exemple, il est prouvé aujourd’hui, que partout dans le monde, des records de basses températures continuent de discréditer, voire ridiculiser les adeptes du « réchauffement climatique», eu égard aux données satellitaires révélées comme celles de la NOAA. Les relevés des dix dernières années montrent que la température du globe n’a pas augmenté.
 
Cette absence de réchauffement (global et non régional) a annihilé tous les 73 «modèles climatiques» dont l’ONU s’est servi pour prédire la levée du niveau des océans en 2012. Cependant, il est bien admis que la température peut augmenter à certains endroits du globe mais aussi diminuer à d’autres. De ce fait, il est difficile de parler de globalité ou d’une moyenne mondiale de températures en hausse. 
 
D’un point de vue économique, il est connu par tous que la taxe carbone du « Protocole de Kyoto » de 1997, qui avait incité certains Etats à instaurer des « droits à polluer » (ou quotas), a aujourd’hui enfanté la Bourse du carbone (Carbon Exchange) installée à Londres.

Cette machination d’homme d’affaires astucieux, permettant aux entreprises les moins pollueuses de revendre une partie de leurs quotas aux plus pollueuses, n’était que le paravent d’une démarche « opportuniste » beaucoup plus sournoise, destinée à enrichir une bande de capitalistes.
 
En se faisant octroyer très généreusement leurs quotas (gratuits), grâce à un intense lobbying auprès des pouvoirs publics, les grosses entreprises ont non seulement évité de payer pour leur pollution, mais ont pu revendre leurs surplus sur le marché. Ainsi du postulat du «pollueur payant», on a glissé vers le principe du «pollueur payé » !
 
Un exemple parmi une centaine est bien illustré par le géant cimentier LafargeHolcim, un groupe franco-suisse, spécialiste en matériaux de construction, leader mondial []dans son secteur[] et qui génère annuellement un chiffre d'affaires de plus de 15,843 milliards d'euros avec environ 63 000 employés sur 1 612 sites de production disséminés à travers le monde.
 
Cette société franco-suisse produit 93 millions de tonnes de CO2 émises par an. Bizarrement, entre 2008 et 2014, LafargeHolcim, l’un des plus grands pollueurs européens, aurait gagné 485 millions d’euros en revendant son surplus de quotas dans la Bourse de Londres qui, elle aussi, aurait encaissé des millions d’Euros en taxes de transactions boursières.
 
Une fortune obtenue grâce à la « générosité» du système mis en place par l’Union européenne. Ce système peut-il faire régresser la pollution dans le monde? En tout cas, voilà une dérive généralisée d’arrangements à plusieurs milliards d’Euros, qui consiste à terme à financiariser d’importants fonds sous le prétexte de « préserver l’avenir». Un système pernicieux résolument payé par un public et des pays pauvres non-avertis !
 
Aujourd’hui, les Etats Unis, le Nicaragua et la Syrie ne souscrivent pas à l’Accord de Paris sur le changement climatique. Le Président Trump vient de déchirer le pacte… pour qui connait le businessman américain devenu Président de la première puissance mondiale !

Certes, ce ne sera pas la fin des dessous de l’Accord de Paris mais tout de même, un fonds de commerce en moins ou plutôt un complice de moins.

Let’s wait and see !