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Charles Taylor condamné à 50 ans de prison

Rédigé par leral.net le Mercredi 30 Mai 2012 à 11:39 | | 0 commentaire(s)|

L’ancien président du Liberia Charles Taylor a été condamné mercredi par la justice internationale à 50 ans de prison pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis en Sierra Leone


«L’accusé est responsable d’avoir aidé et encouragé, ainsi que d’avoir planifié, certains des crimes les plus haineux de l’histoire de l’humanité», a déclaré le juge samoan Richard Lussick lors d’une audience publique devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), à Leidschendam, dans la banlieue de La Haye.

L’accusation avait recommandé le 3 mai une peine de 80 ans de prison contre Charles Taylor, premier ex-chef d’Etat condamné par la justice internationale depuis le tribunal militaire de Nuremberg qui jugea les dignitaires nazis. La défense estimait la peine recommandée «disproportionnée et excessive».

«Les effets de ces crimes sur les familles des victimes, ainsi que sur la société en général on été dévastateurs», a ajouté le juge Lussick : «la chambre a vu de nombreux survivants pleurer lors de leurs témoignages» devant le TSSL.

L’ancien président purgera sa peine en Grande-Bretagne.
Deux circonstances aggravantes

Les juges ont également estimé qu’une peine de 80 ans de prison était «excessive», rappelant que Charles Taylor avait été reconnu coupable d’avoir eu un rôle crucial dans l’exécution des crimes sans pour autant avoir eu le contrôle «effectif» des rebelles sierra-léonais qui les ont directement commis.

Ils ont toutefois retenu comme circonstances aggravantes le fait que l'accusé avait «trahi», selon eux, la position de «confiance publique» dans laquelle il se trouvait en tant que président du Liberia ainsi que le fait qu’il n’ait montré aucun remords.

Chargé de juger les responsables des atrocités commises en Sierra Leone, le TSSL ne prononce pas de peine de prison à vie ou de condamnation à mort mais fixe un certain nombre d’années de prison.

Président de la Sierra Leone de 1997 à 2003, Charles Taylor avait été reconnu coupable le 26 avril des onze chefs d’accusation dont il devait répondre, viol, meurtre et pillage notamment, commis entre 1996 et 2002 en Sierra Leone. Il plaidait non coupable.

Si elles souhaitent interjeter appel du jugement et/ou de la peine infligée, la défense et l’accusation doivent le faire dans les 14 prochains jours.

Charles Taylor a selon les juges «aidé et encouragé» une campagne de terreur visant à obtenir le contrôle de la Sierra Leone, dans le but d’exploiter ses diamants, pendant une guerre civile marquée par des nombreux actes de cannibalisme et mutilations et ayant fait 120 000 morts entre 1991 et 2001.

En échange de diamants, l’ancien président a fourni armes et munitions aux rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (RUF), jouant donc un rôle «crucial» dans les crimes commis par ces derniers, selon les juges.

Ces derniers ont toutefois estimé que si Charles Taylor avait eu «une influence significative» sur le commandement du RUF, cette «influence significative ne signifie pas qu’il avait le commandement ou le contrôle effectif».

La condamnation avait été unanimement saluée par la communauté internationale et de nombreuses ONG, qui y ont vu une «décision historique» dans la lutte contre l’impunité.

Délocalisé de Freetown à La Haye en 2006 pour des raisons de sécurité, le procès de Charles Taylor, interpellé au Nigeria en 2006, s'était ouvert le 4 juin 2007 et achevé le 11 mars 2011.

Les Pays-Bas avaient exigé que l’endroit où l’ancien président purgerait sa peine soit déterminé avant d’accepter qu’il soit jugé à Leidschendam. La Grande-Bretagne avait alors proposé que Charles Taylor soit écroué dans une prison britannique une fois condamné.

Autorisé une dernière fois à prendre la parole devant ses juges, le 16 mai, Charles Taylor avait assuré avoir «tout fait pour la paix» en Sierra Leone et accusé le bureau du procureur d’avoir acheté et menacé des témoins.

Afp