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Cinéma| Un africain né en Amérique: Un film pour délivrer la carte d’identité africaine à Randy Weston

Rédigé par leral.net le Samedi 4 Septembre 2021 à 17:15 | | 0 commentaire(s)|

À la tombée de la nuit de mercredi dernier, le Complexe Yaadikoon de l’île de Ngor a abrité, la projection, en avant-première mondiale, du documentaire « Un Africain né en Amérique » de Bara Diokhané, en hommage à Rabdy Weston. « Un Africain né en Amérique. » C’est le titre, tout indiqué du film de 52 minutes en hommage […]

À la tombée de la nuit de mercredi dernier, le Complexe Yaadikoon de l’île de Ngor a abrité, la projection, en avant-première mondiale, du documentaire « Un Africain né en Amérique » de Bara Diokhané, en hommage à Rabdy Weston.

« Un Africain né en Amérique. » C’est le titre, tout indiqué du film de 52 minutes en hommage à Randy Weston. Il est écrit, produit et réalisé par Bara Diokhané. Ce documentaire revient sur le curriculum et l’esprit artistique d’un musicien noir américain de jazz qui a toujours revendiqué et défendu ses origines africaines. C’était la fierté de sa vie, et il s’enorgueillissait tout autant des amitiés qu’ils nouaient avec les fils du continent.

C’est le cas de ses affinités avec Cheikh Anta Diop dont il montre, au début du film, le livre qu’il lui a offert et dédicacé avec la mention « À mon compatriote afro-américain Randy Weston ». Dans l’intimité de sa demeure, le spectateur constate un fond de bibliothèque fort admirable. Le musicien lui-même dit qu’il détient plusieurs œuvres de sommités africaines. Preuve de sa connaissance des réalités africaines, il regrette de ne pouvoir les offrir à sa mort à des universités africaines « qui ne sauraient en prendre soin ». Elles sont finalement revenues à l’Université d’Harvard.

Parmi ses plus proches, on notait Doudou Ndiaye Coumba Rose. Le tambour-major est parmi ceux qui ont le plus inspiré le jeu du « colosse aux mains agiles ». Ce vent a soufflé même après sa mort. Une batterie de tambours de plusieurs pays a conduit la procession dans l’église à ses funérailles. Le journaliste et critique de cinéma Baba Diop, à la fin de la projection, a considéré que ce passage du film « résume tout l’itinéraire musical de Randy Weston et les formes qu’il a intégrées dans sa vie ». Il épousait parfaitement les rythmes tout autant que la moelle culturelle qui les sous-tend. Ça a toujours transparu dans sa musique, notamment depuis ses premiers pas en Afrique, au Maroc où il a habité, et déjà avec les viatiques de son père qui donnait du prix à l’adoption des traditions africaines.

Il a suivi la volonté paternelle jusqu’à ses intimités. « C’est un honneur de rendre hommage à ce grand personnage qui aimait tant l’Afrique, et particulièrement le Sénégal. Dans son testament, il avait bien signifié qu’il voulait que ses cendres y soient versées. Les cendres de son fils y sont aussi versées. Il a même épousé une Sénégalaise, Fatou », a réagi son ami et réalisateur du film, Bara Diokhané. Doudou Ndiaye Rose est décédé en 2015 avant Randy Weston. Et c’est son fils qui a accompagné par les tam-tams la dispersion des cendres de l’artiste afro-américain sur une plage sénégalaise.

Le film, au-delà de montrer l’intimité de l’illustre musicien et ses amours africaines, signifie le poids culturel et sociopolitique de Randy Weston et de ses pairs jazzmen du début des années 1950. Une influence tellement considérable que l’autorité politique ségrégationniste, considérant la prise de conscience des Noirs par le message du jazz, a entrepris de saboter son bastion. Chérif Thiam, ami de Randy Weston qui intervient dans le film, soutient que les politiques ont commandité l’introduction de la drogue dans Brooklyn, aujourd’hui réputé repère criminogène, pour saper les velléités progressistes et de rupture politique de la communauté afro-américaine.

Le film est un condensé de témoignages des proches de Randy Weston, d’entretiens avec lui et de vidéos qui le montrent dans des situations artistiques. Le hic de cette production est la qualité sonore, dû au fait qu’elle a été réalisée avec un Smartphone et une tablette. Cela n’a pas cependant empêché de percevoir toute la symbolique du projet. « Ce film se situe dans une lignée d’autres réalisations telles « Roots », avec des personnages afro-américains qui viennent à la rencontre de leurs sources. Tout cela participe de la réconciliation entre l’Afrique et cette diaspora qui a toujours considéré que leurs parents africains les ont vendus », a déclaré Baba Diop.

Le Pr. Maguèye Kassé affirme que « la critique littéraire et celle cinématographique auront beaucoup à dire sur ce film qui a concentré plusieurs éléments d’intermédialité et d’intertextualité, dans la poésie, la musique et dans les repères historiques. Il y a toute une symbolique là-dedans ». Selon le critique de cinéma et professeur des universités, ce film fait ressortir tout le combat de Randy Weston et « nous amène à de nouvelles considérations notamment la vérité que la diaspora américaine n’est pas que rhétorique ». Bara Diokhané, réalisateur du film documentaire, est un vidéaste, artiste-plasticien et avocat inscrit au barreau de New-York (Etats-Unis d’Amérique).

Mamadou Oumar KAMARA



Source : http://lesoleil.sn/cinema-un-africain-ne-en-ameriq...