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Comment Casino et Citydia, en complicité avec l’Etat, piquent dans le portefeuille des clients

L’OBS – Ils sont nombreux, les Sénégalais qui ne comprennent pas encore la taxe de 1% prélevée sur les achats de plus de 20 000 FCfa dans les grandes surfaces. Au Casino et à Citydia, les plaintes et complaintes ne manquent pas, quand les clients finissent par se rendre compte de la retenue sournoise effectuée. Mais dans les grandes surfaces (Casino, Citydia…) et à la Direction générale des impôts et domaines, l’on met tout cela sur le compte d’un déficit de communication.


Rédigé par leral.net le Vendredi 18 Juillet 2014 à 20:43 | | 0 commentaire(s)|

Comment Casino et Citydia, en complicité avec l’Etat, piquent dans le portefeuille des clients
L’homme sort de Citydia Plateau, des sachets de produits divers en mains, il marche d’un pas pressé vers un véhicule 4X4 noir stationné devant le supermarché. Puis, avant d’ouvrir la portière du véhicule, on attire son attention sur le ticket d’achat, qu’il a vite fait de ranger dans sa poche. D’un geste nonchalant, il sort le ticket. On va l’appeler M. F., car il veut garder l’anonymat. Lui, n’était pas au courant de cette «taxe» de1% pour tout achat de plus de 20 000 FCfa en produits divers dans les surfaces Citydia. Après avoir déboursé 28 275 FCfa en espèces, ce quadra s’est vu retirer un droit de timbre de 280 FCfa, sans avoir été averti au préalable de cette ponction. Interloqué, le visage assombri par cette subite découverte, M.F. ne cache pas sa désagréable surprise. «C’est du vol, ils n’ont pas le droit de prendre 1% sur les produits, sans en aviser les clients. Ce n’est pas sérieux», lâche-t-il. Pourtant, l’homme est fidèle client de cette grande surface, mais il n’a jamais remarqué cette arnaque, sournoise opérée.

A l’intérieur de la grande surface, les clients comme des enfants, lâchés dans des magasins de jouets, se ruent sur les rayons bien achalandés, en écarquillant les yeux avec une joyeuse envie de tout acheter. Ils sont nombreux sur place à ne se douter de rien. «Ah bon ! Je ne peux pas comprendre qu’on vole les gens de cette manière, sans que personne ne moufte», murmure une dame d’une trentaine d’années d’origine libanaise, vêtue d’un jean bleu et d’une chemisette blanche. Elle n’a pas tardé à vouloir se faire une raison. Mais chez les employés de cette grande surface, personne n’ose avancer une quelconque explication sur la situation. L’on nous oriente vers une dame, occupée dans un coin à faire des kits «Ndogou». «Vraiment, on ne peut rien vous dire. Il faut appeler à la direction. Ils sont plus à même de vous livrer des informations», avise-t-elle, le dos courbé, vêtue de la tunique blanc rouge, bleu de l’enseigne. Ce n’est pas que chez Citydia qu’on soutire aux clients le droit de timbre.

Le directeur du Commerce intérieur est tombé dans le panneau

Au Casino Albert Sarrault également, le même principe est appliqué. Sur les lieux, les tickets d’achat portent la mention TVA, selon l’achat effectué. Ce jour-là, vers les coups de 18h36, deux dames habillées comme pour aller aux «Fanals», conversent dans une ambiance bon enfant, sachets en mains. Elles ne trouvent pas l’application de cette taxe si scandaleuse. «La première fois, je suis entrée dans une colère noire quand on m’a soutiré de l’argent. Maintenant, j’ai l’habitude. Ce que je ne sais pas c’est : où va cet argent ?», questionne-t-elle. Au Trésor bien sûr.

Cependant, dans un Etat normal, la surprise désagréable de ces clients pouvait être évitée, d’autant que de l’avis de Mamadou Guèye, Chef du bureau communication des Impôts et Domaines depuis janvier 2013, il existe une loi imposant aux clients qui ont fait des achats de plus de 20 000 FCfa, de payer des droits de timbre de 200 FCfa. D’où un déficit de communication qui peut engendrer beaucoup de frustrations auprès des clients des grandes surfaces. L’anecdote mousse le sujet, elle est racontée par le directeur du Commerce intérieur, Oumar Diallo, sur le tollé que cette loi suscite. «Lors du début d’application de la loi, je me suis rendu au Casino Sahm et après mes achats, je me suis rendu compte qu’ils m’ont fait payer plus que prévu. Ils ont commencé par dire que ce sont les impôts, je leur ai alors demandé d’afficher ça. C’est quand je me suis adressé à un collègue des Impôts qu’il m’a expliqué la mesure…c’est vous dire», témoigne l’homme bien au fait des réalités commerciales de notre pays. Alors, quid d’autres Sénégalais pris au dépourvu ?

C’est pourquoi il peut arriver que des caissières se fassent traiter de tous les noms d’oiseaux par des clients surpris de se faire soutirer quelques précieuses pièces de monnaie du portefeuille. «Aujourd’hui, il y a une accalmie, mais il arrivait des moments où on se chamaillait sans cesse avec les clients», justifie une caissière de teint clair au Casino, pressée de rendre la monnaie à un client. En tout cas, le Dakar de la moyenne et haute classe défile devant les différentes caisses pour claquer les billes. Mais rares sont ceux qui jettent un coup d’œil sur les tickets de caisse. Une femme voilée qui se dirige vers un véhicule bleu de marque française, après avoir fini de faire des achats pour le reste du mois, tend un ticket où on lui a fait payer le droit de timbre. Elle ne s’en offusque pas outre mesure. «Je ne peux pas appeler ça du vol, mais comme c’est ici qu’on fait nos achats, on se plie aux exigences», confie-t-elle. Au Casino, l’on communique sur ce droit de timbre de gaieté de cœur. Même si Baïdalaye Kane, responsable de la comptabilité marchandise au Casino, trouve qu’il y a des efforts à faire sur le plan de la communication, pour que tout le monde soit sur la même longueur d’onde. Voilà, tout est dit.

MOR TALLA GAYE

( Les News )