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Comment élever et améliorer la qualité du débat politique public sur les plateaux de télévision et de radio ? - Par Baba Gallé Diallo

Rédigé par leral.net le Lundi 27 Juin 2016 à 08:09 | | 0 commentaire(s)|

Comment élever et améliorer la qualité du débat politique public sur les plateaux de télévision et de radio ? - Par Baba Gallé Diallo
Le débat politique public s’appauvrit de plus en plus du fait qu’il tourne autour de type deux discours : un discours de type dénonciation sans force de proposition produit par l’opposition et un discours de type défense sans apport d’information chiffrée porté par la mouvance présidentielle.

L’analyse du discours politique servi sur les plateaux de télévision et de radio par les hommes politiques montre à suffisance que la plus part de leurs interventions à caractère politique ne reposent pas sur les faits et les données fiables chiffrées. Ce qui abaisse le niveau et détériore la qualité du débat politique public. Il est observé que ce débat politique public dans la plus part des émissions télévisées ou radiophoniques a tendance à prendre l’allure d’une joute oratoire stérile dé –constructive à l’antipode des résultats attendus. Dans ce contexte, quelle est la part de responsabilité des hommes politiques, des animateurs d’émissions de télé et de radio et des institutions ministérielles en possession de l’information et des données fiables dans la baisse du niveau et de la mauvaise qualité du débat politique public au Sénégal?

1. la part de responsabilité des hommes politiques
Dans la baisse du niveau et de la mauvaise qualité du débat politique public, les hommes politiques ont une part de responsabilité importante qui mérite d’être soulignée. En effet, depuis que les partis politiques ont renoncé à l’une de leurs missions essentielles en tant que association politique qui consiste à assurer une formation politique multidimensionnelle à ses membres, le débat politique public a baissé de niveau et s’est bougrement dégradé.

Bref ! Le parti politique a pour objectif majeur de préparer les jeunes militants à des charges politiques et administratives fondées sur les valeurs du parti. A cela, il faut ajouter la fin des idéologies des partis politiques est ce autre facteur causal qui a contribué baisser le niveau et la qualité du débat politique public où on observe sans gêne les coalitions de partis politiques se faire et se défaire sans aucune forme d’idéologie qui soutient l’opération de coalition. Sans aucune affinité idéologique identitaire partagée. Ce qui fait confusion et tue les valeurs idéologiques qui fondent les partis politiques et érige le seul intérêt politique en valeur essentielle.

En tant que association, les partis politiques sont soumis à des règles d’organisation, de fonctionnement et de gestion. Et l’absence de contrôle régulier et continu des services compétents de l’Etat sur l’observation de ces règles est à l’origine ce me semble de facto, du désordre dans lequel nous sommes dont la résultante la plus palpable est le nombre de parti politique enregistré au Sénégal et qui ne cesse de croitre de jour en jour comme des champignons en toute légalité.

Ainsi, la baisse du niveau et la mauvaise qualité du débat politique public trouvent leur source dans la pauvreté des discours des hommes et des femmes politiques qui nous servent en général deux types de discours sur les plateaux de télévision et de radio à savoir : un discours spéculatif et approximatif de l’opposition axé sur la dénonciation sans force de proposition transformationnelle et de sortie de problème et un discours spéculatif et approximatif de la mouvance présidentielle basé sur la défense des attaques de l’opposition sans apport d’information chiffrée alors que l’information et les données fiables existent et sont disponibles auprès des institutions ministérielles.

Un débat politique se prépare. Un débat tout court se prépare. Et la documentation est le seul moyen qui nous permet de débattre sur les faits et d’éviter la spéculation et l’approximation en disposant des données d’information fiables, vérifiés et vérifiables. Cette documentation est d’abord personnelle avant d’être ou de faire l’objet d’une organisation et d’un cadre de coordination.

2. la part de responsabilité de l’animateur d’émission de télévision ou de radio
Plier important dans le dispositif de réponse à la baisse et à la dégringolade de la qualité du débat politique public, l’animateur de l’émission télé ou de radio a un rôle prépondérant à jouer. Cependant, avant d’en venir au rôle déterminant qu’il devra jouer pour élever le niveau et améliorer la qualité du débat politique, il me semble important de rappeler en quelques mots celui des médias dont l’un des pouvoirs essentiels est de façonner l’opinion publique.

A la télévision comme à la radio, on distingue trois de types de programmes : les programmes d’information, les programmes d’éducation et les programmes de divertissement. Ce triptyque continue toujours de guider les programmes de télévision et de la radio.
Relativement à la baisse et à la mauvaise qualité du débat politique public, l’animateur d’émission de télévision ou de radio est très souvent mis en cause par une certaine opinion en considération du poids de sa part de responsabilité dans la baisse ou l’élévation du niveau du débat politique public.

Dans le cadre du déroulement d’une émission télé ou radio, l’animateur tient seul son micro et pose seule les questions. Lui seul, détient ce pouvoir. Lui seul, possède ce droit. Ainsi, eu égard ce rôle, ce pouvoir et ce droit dont lui seul est en possession du fait de la nature de son métier, la part de responsabilité de l’animateur d’émission télé ou radio pour élever et améliorer la qualité du débat politique public est grande et prépondérante.
C’est pourquoi, pour rappel, l’animateur d’émission de télé ou de radio se doit de faire l’effort nécessaire sans concession non seulement pour se documenter de façon approfondie sur son sujet mais également sur les opinions et les prises de position antérieures de son invité (e) ou de ses invités. Ce qui justifie la place et l’importance du service des archives dans un média en particulier dans la production d’une émission télévisuelle ou radiophonique surtout politique.

L’animateur d’émission de télévision ou de radio ne peut faire l’économie de l’effort de visiter les sites web des institutions ministérielles pour préparer son émission. S’il n’est pas satisfait, il doit pouvoir s’adresser au service de communication pour disposer des éléments d’information dont il aura besoin pour son émission.

3. la part de responsabilité des institutions ministérielles
C’est une lapalissade de dire que toutes les institutions ministérielles qui composent le gouvernement disposent d’un service de communication dont la mission varie en fonction de la nature de l’institution. En effet, dans la plus part des cas, ce service de communication est chargé d’élaborer et de mettre en œuvre la politique de communication de l’institution ministérielle à laquelle il appartient. Force est de constater que malgré tous les efforts fournis çà et là, la communication gouvernementale piétine toujours et peine à prendre son envol.
Le Chef de l’Etat, M. Maky Sall lui-même a montré son mécontentement et fustigé à maintes reprises par le truchement de la presse, la mauvaise qualité de la communication à lui qui avait été mise en œuvre. Ce qui l’a amené à plusieurs reprises de changer de conseiller en communication. Cependant, il est important de souligner ici que l’on a rarement entendu les gens , spécialistes de la question ou pas faire dans leurs interventions le distinguo entre la communication du Président M. Macky Sall que lui-même avait fustigée et celle de son gouvernement qui doit servir à renforcer systématiquement et utilement sa communication à lui.

Malheureusement ,on constate non sans le regretter, que l’on a tendance à tout mettre dans le même panier ces deux types de communication pourtant différentes .Or constituée de la somme de toutes les communications ministérielles, l’inefficacité supposée de la communication gouvernementale est encore moins liée à un problème de coordination de la communication des ministères qui le composent que la mise à disposition de l’information facilement accessible aux différents groupes cibles de leur communication.

C’est conscient des enjeux de la communication institutionnelle et de son apport et dans la compréhension des actions gouvernementales posées et dans la mobilisation des énergies nationales pour assurer le développement économique et sociale de notre pays que la plus part des départements ministériels qui composent le gouvernement se sont doté d’un site web aux fins d’informer et de communiquer sur ses missions, ses activités, sur ses réalisations effectuées, celles en cours et celles à faire. Bien que résultant d’une prise de conscience et d’une volonté de changement, la mise à disposition de l’information aux différents groupes cibles par la mise en place d’un sit web est un pas important mais suffisant pour régler les problèmes de communication qui se posent au jour d’hui. Et pour que ces sites web des institutions ministérielles puissent contribuer à élever et à améliorer la qualité du débat politique public, il est impératif d’une part qu’ils contiennent des informations dont recherchent leurs différents groupes cibles et d’autre part que ces groupes cibles aient le réflexe de les visiter (hommes politiques et animateurs d’émission de télévision ou de radio).
Enfin, si les hommes politiques et les animateurs d’émission de télévision ou de radio n’ont pas le droit de faire l’économie de l’effort de visiter les sites web des institutions ministérielles ou de prendre contact avec leur service de communication par contre, celles-ci doivent impérativement mettre à leurs disposition l’information facilement accessible pour contribuer à élever et à améliorer la qualité du débat politique public au Sénégal.
Baba Gallé Diallo
Email : bbgd70@yahoo.fr