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Comment perdre des élections législatives (Par Cheikh Diallo)

Rédigé par leral.net le Lundi 19 Décembre 2011 à 15:56 | | 6 commentaire(s)|

Imaginez Me Abdoulaye Wade réélu en 2012 et qu’une centaine de jours plus tard, l’opposition sorte majoritaire à l’Assemblée nationale. Conséquence : le nouveau Premier Ministre sera opposé à la politique du Président de la République.


Comment perdre des élections législatives (Par Cheikh Diallo)
Notre réflexion n’a pas la prétention de prévoir l’imprévisible. Ni prophétique, ni scientifique, nous nous proposons d’ouvrir dans l’espace public, un débat sur une éventualité établie par le Chef de l’Etat lui-même, dans les colonnes du quotidien « Le Soleil », en août 2003 : « je souhaite une alternance à l’alternance (…) Si nous décevons les Sénégalais et si nous allons aux élections, le Pds perdra », scénarisait-il. Avec cette déclaration, le chef de file des libéraux a mis sa formation politique dans une bouteille électorale. Il a ouvert l’outre aux vents.

En vérité, ce n’est pas assez de réélire Me Abdoulaye Wade, le plus important est de lui donner une majorité. L’opposition peut se ressaisir. En agitant son « impossible candidature unique », elle fera une fausse ouverture (malgré elle) pour mieux endormir l’adversaire libéral. Maintenant la Coalition Benno ne visera rien d’autre que de rafler la mise à l’Assemblée nationale. Dans le p’tit salon d’Amath Dansokho, lorsqu’elle délibèrera avec sa propre conscience électorale, elle se verra mieux unie pour les élections législatives que la présidentielle. « Me Wade a l’illusion du pouvoir, nous aurons la réalité du pouvoir ». Telle semble être la division de sa poire électorale en deux. Contrairement aux apparences, les leaders de l’opposition sont capables de concevoir des plans réalistes, de nouer des alliances stratégiques et de se préparer à ce qui pourrait arriver, un jour : une cohabitation.

Depuis une décennie, le Sénégal est dans le schéma classique d’une « alternance parfaite ».
Dans le système politique actuel, le fond constitutionnel reste parlementaire, mais le mouvement institutionnel est présidentiel : le Chef de l’État émane de la même légitimité populaire que l’Assemblée nationale et il est en même temps le (vrai) chef de la majorité parlementaire.
Sur le plan doctrinal, nous affirmons qu’il n’y a pas une, mais deux Constitutions dans la Charte fondamentale du 22 janvier 2001 : une parlementaire et une autre présidentielle. Il y a un dédoublement constitutionnel, les deux faces ne se superposent pas, elles se surpassent au gré des circonstances politiques. Tant qu’il y a harmonie entre les deux majorités [comme c’est le cas actuellement] on assiste à la transformation du régime parlementaire en régime présidentiel. C’est la pratique qui corrige la théorie.

Me Abdoulaye Wade étant le véritable chef de la majorité parlementaire, c’est le type présidentiel qui est applicable. L’unité du pouvoir s’opère à son profit. Dès lors, il peut le répartir selon son bon vouloir. Le pouvoir exécutif est partagé en deux parties inégales. D’un côté, le pouvoir monopolisé par le Président et de l’autre, l’Exécutif au sens littéral dévolu au gouvernement. Dit autrement, Wade gouverne, son Premier Ministre administre. Au premier « la conception » au second « la mise en œuvre », selon le bon mot de Pompidou. Il en a toujours été ainsi depuis notre Constitution de 1963. Senghor et Diouf ont toujours été bénéficiaires du fait majoritaire ou « l’enfant retrouvé », selon l’heureuse formule de Michel Debré. Wade, Président de la République et chef de la majorité parlementaire, concentre entre ses mains l’essentiel du pouvoir. Il ne peut en être autrement avec son élection au suffrage universel direct et populaire. Cette élection est considérée comme l’acte par lequel le peuple a délégué son pouvoir souverain à celui qui a la responsabilité de l’exercer. Dans le fond, la Constitution de 2001 consacre la prééminence du Président du Conseil des Ministres.

Depuis les locales du 22 mars 2009, la famille libérale ne privilégie rien tant que se trouver de vaines et piteuses querelles. Lorsqu’elle ne vote pas contre elle-même, ses fils se déchirent, se neutralisent et s’essoufflent ; ses responsables désinvestissent leur fief, ses cadres ne se soucient plus des micro-préoccupations de leur base, accélérant ainsi la fin des années romantiques du Sopi. Que faire ? D'abord, refuser d’élever le PDS dans la certitude de sa supériorité électorale, ensuite « que chaque baron libéral soit souverain en sa baronnie et que le boss soit souverain par-dessus tout ». Sinon on aura en 2012, un chef sans troupe (parlementaire).

Ah, si les bilans étaient un gage de succès électoral ! Si la formation libérale continue à encombrer ses énergies, il y a fort à parier qu’elle perdra la majorité des sièges. C’est là tout le sens de la mise en garde du « Maître ». Qu’arrivera-t-il ? On sera – à Dieu ne plaise – en présence de deux majorités : celle d’un Président de la République élu au suffrage universel direct et une autre, parlementaire issue à son tour du suffrage populaire. En d’autres termes, on aura une formule institutionnelle où deux familles politiques opposées porteront deux projets différents tout en appartenant à un même exécutif. C’est la parfaite illustration d’une cohabitation ou encore d’une « alternance imparfaite ». Ce qui ne serait pas une première en Afrique, écrivions-nous, à Paris en septembre 2003, dans une tribune politique.

Le Niger a connu une cohabitation qui a été lamentablement tragique entre 1995 et 1996. La France a connu trois cohabitations aussi différentes les unes que les autres. La première de 1986-1988 (Mitterrand-Chirac) a été qualifiée de cohabitation conflictuelle par les uns et d’hyper-conflictuelle par les autres. La seconde cohabitation 1993-1995 (Mitterrand-Balladur) a été consensuelle ou hyper-consensuelle, c’est selon. Après quatorze ans de pouvoir, le leader des Socialistes ne se souciait que de la trace profonde qu’il laisserait dans l’histoire politique française. Enfin, la troisième cohabitation 1997-2001, (Chirac-Jospin) a été qualifiée de « cohabitation-surprise». Rien n’obligeait Chirac à dissoudre l’Assemblée nationale. En le faisant, ses compatriotes ont donné une majorité absolue à la Gauche plurielle, assurant ainsi l’élection-nomination de Lionel Jospin comme Chef de gouvernement.

Si le Pds perd les élections législatives de 2012, Wade aura des pouvoirs, mais pas le pouvoir. Dans les autres Constitutions, il revient généralement au gouvernement, la prérogative de « déterminer » et de « conduire » la politique de la Nation (article 20, Constitution française de 1958). Dans notre texte fondamental, « le gouvernement conduit et coordonne la politique de la Nation sous la direction du Premier Ministre », (article 53), tandis que « le Président de la République détermine la politique de la Nation » (article 42 de la Constitution). Comment alors demander à un Premier Ministre élu sur la base de son programme politique de « conduire » et de « coordonner » une politique qu’il ne partage pas ? Voilà l’impasse de la Charte fondamentale ?

Supposons l’arrivée d’une nouvelle majorité hostile au chef de la magistrature suprême, le Président de la République ne bénéficiant plus d’une majorité parlementaire, nous serions donc en présence d’un régime de type parlementaire. Ce qui amènera un désaccord inédit au sein de l’exécutif. La direction imprimée par Wade ne sera sans doute pas mise en application par un Macky Sall ou un Idrissa Seck. Alors que toutes les forces devront se rassembler pour relever les grands défis, elles se défieront et se neutraliseront comme dans toute période de cohabitation. Dans ce cas de figure, l’harmonie entre la majorité et la « dyarchie tranquille » du pouvoir ne sera plus la norme. Il y aura une crise de légitimité : un conflit entre le Législatif et l’Exécutif, soit une coexistence de deux légitimités concurrentes. Entrera-t-on alors dans l’âge d’or de l’Assemblée nationale ? Sera-ce une belle démonstration de l’adaptabilité de la norme suprême du 22 janvier 2001 ? Après une éblouissante promenade, Schopenhauer avait rendu un verdict inattendu : « [m]a tâche n’est point de contempler ce que nul n’a encore contemplé, mais de méditer sur ce que tout le monde a devant les yeux »


Ps. J’ai publié ce texte, il y a deux ans, dans les différents quotidiens de la place. La parité intégrale n’était pas encore en vigueur. Si elle est appliquée, la moitié des députés de l’actuelle législature n’y sera plus. Si le casting n’est pas réussi, le vote-sanction fera loi. Alors « bonjour tristesse » !

CHEIKH DIALLO

PiccMi.Com - La Rédaction



1.Posté par julom le 19/12/2011 17:11 | Alerter
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tu ferai mieu d faire 1 contribution 1 contribution pour le peuple burkinabé ! en + on en est ala presidentiel et votre candida est inapte

2.Posté par tacko le 19/12/2011 18:51 | Alerter
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bravo, mon frère toi au moins tu fais réflechir... chapo. tu as une plume sublime. Mach'allah.

3.Posté par Doudou SANGOTT le 19/12/2011 18:55 | Alerter
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Encore ce plumitif . Quel incontinent quand il s 'agit d'émettre des inepties.!!.


Il y a 3 jours, il soutenait que Sédar Léopold Senghor était décédé en 2000 et que lui Diallo Cheikh, avait à cet effet publié un texte ( antidaté ) dans le Soleil..



Ce gars est un fieffé menteur.


Calme-toi !! Ton nombril n'est pas le centre de la galaxie.

4.Posté par Doudou SANGOTT le 19/12/2011 19:01 | Alerter
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Dans le contexte mondial du XXI ème siècle, après 2011, tout président qui rêve de cumuler avec une majorité parlementaire est déjà virtuellement assis sur un fauteuil factice.



Dans le contexte mondial du XXI ème siècle, après 2011, tout président qui rêve de cumuler avec une majorité parlementaire est déjà virtuellement assis sur un fauteuil factice.




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Dans le contexte mondial du XXI ème siècle, après 2011,
tout président qui rêve de cumuler avec une majorité parlementaire est déjà virtuellement assis sur un fauteuil factice.

5.Posté par AHAHAHHI HI le 20/12/2011 00:49 | Alerter
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Il est drôle ce bonhomme Rien d'autre pour le qualifier

6.Posté par Citizen Lambda le 20/12/2011 15:16 | Alerter
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Bravo Cheikh. Toute cette prose contrite pour accoucher au forceps d'un texte à peine digne d'un étudiant en 1ère année de droit (constitutionnel) ! Le pire c'est qu'on sent combien tu parais fier et convaincu de la portée de ce texte: "Après une éblouissante promenade, Schopenhauer avait rendu un verdict inattendu : « [m]a tâche n’est point de contempler ce que nul n’a encore contemplé, mais de méditer sur ce que tout le monde a devant les yeux »

Après la lecture de ce texte insipide que tu as saupoudré de réfèrences pour lui donner un glaçage académique, j'ai juste réprimé un baillement et le regret d'avoir perdu les cinq précieuses minutes à le lire.

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