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Comment perdre le pouvoir. Par Cheikh Diallo

Fermez un instant vos yeux. Imaginez Me Abdoulaye Wade réélu en 2012 et qu’une centaine de jours plus tard, l’opposition sorte majoritaire à l’Assemblée nationale. Conséquence : le nouveau Premier ministre sera opposé à la politique du président de la République. Ouvrez les yeux à présent...


Rédigé par leral.net le Mercredi 24 Février 2010 à 18:16 | | 6 commentaire(s)|

Comment perdre le pouvoir. Par Cheikh Diallo
Après avoir programmé la mort du Parti démocratique sénégalais (Pds), il y a un semestre, essayons aujourd’hui de poser la problématique du Pds-L face aux enjeux législatifs de 2012. Notre réflexion n’a pas la prétention de prévoir l’imprévisible. Ni prophétique, ni scientifique, nous nous proposons d’ouvrir dans l’espace public un débat sur une éventualité établie par le chef de l’Etat lui-même, dans les colonnes du quotidien « Le Soleil », en août 2003 : « je souhaite une alternance à l’alternance (...) Si nous décevons les Sénégalais et si nous allons aux élections, le Pds perdra », scénarisait-il. Avec cette déclaration, le chef de file des libéraux a mis sa formation politique dans une bouteille électorale. Il a ouvert l’outre aux vents.

En vérité, ce n’est pas assez de réélire Me Abdoulaye Wade, le principal est de lui donner une majorité. L’opposition a tout compris. En agitant son « impossible candidature unique », elle fait une fausse ouverture stratégique pour mieux endormir l’adversaire libéral. La Coalition Bennoo ne vise rien d’autre que de rafler la mise à l’Assemblée nationale. Dans le p’tit salon d’Amath Dansokho, lorsqu’elle délibère avec sa propre conscience électorale, elle se voit mieux unie pour les élections législatives que la présidentielle. « Me Wade a l’illusion du pouvoir, nous aurons la réalité du pouvoir ». Telle semble être la division de sa poire électorale en deux. Contrairement aux apparences, les leaders de l’opposition conçoivent des plans réalistes, nouent des alliances systématiques, se disputent, se divisent, se rapprochent, il n’y a presque rien à quoi ils se préparent, sinon à ce qui peut arriver : une cohabitation.

Depuis une décennie, le Sénégal est dans le schéma classique d’une « alternance parfaite ».

Dans le système politique actuel, le fond constitutionnel reste parlementaire, mais le mouvement institutionnel est présidentiel : le chef de l’État émane de la même légitimité populaire que l’Assemblée nationale et il est en même temps le (vrai) chef de la majorité parlementaire.

Sur le plan doctrinal, nous affirmons qu’il n’y a pas une, mais deux Constitutions dans la Charte fondamentale du 22 janvier 2001 : une parlementaire et une autre présidentielle. Il y a un dédoublement constitutionnel, les deux faces ne se superposent pas, elles se surpassent au gré des circonstances politiques. Tant qu’il y a harmonie entre les deux majorités [comme c’est le cas actuellement], on assiste à la transformation du régime parlementaire en régime présidentiel. C’est la pratique qui corrige la théorie.

Abdoulaye Wade étant le véritable chef de la majorité parlementaire, c’est le type présidentiel qui est applicable. L’unité du pouvoir s’opère à son profit. Dès lors, il peut le répartir selon son bon vouloir. Le pouvoir exécutif est partagé en deux parties inégales. D’un côté, le pouvoir monopolisé par le président et, de l’autre, l’Exécutif au sens littéral dévolu au gouvernement. Dit autrement, Wade gouverne, son Premier ministre administre. Au premier « la conception », au second « la mise en œuvre », selon l’heureuse formule de Pompidou. Il en a toujours été ainsi depuis notre Constitution de 1963. Senghor et Diouf ont toujours été bénéficiaires du fait majoritaire ou « l’enfant retrouvé », selon l’heureuse formule de Michel Debré. Wade, président de la République et chef de la majorité parlementaire, concentre entre ses mains l’essentiel du pouvoir. Il ne peut en être autrement avec son élection au suffrage universel direct et populaire. Cette élection est considérée comme l’acte par lequel le peuple a délégué son pouvoir souverain à celui qui a la responsabilité de l’exercer. Dans le fond, la Constitution de 2001 consacre la prééminence du Président du Conseil des ministres.

« Quand on sait tout, on ne prévoit rien ; et quand on ne sait rien, on prévoit tout ». Claude Allègre (Éditions Fayard 2004).

Depuis les locales du 22 mars 2009, la famille libérale ne privilégie rien tant que se trouver de vaines et piteuses querelles. Lorsqu’elle ne vote pas contre elle-même, ses fils se déchirent, se neutralisent et s’essoufflent ; ses responsables désinvestissent leur fief, ses cadres ne se soucient plus des micro préoccupations de leur base, accélérant ainsi la fin des années romantiques du Sopi. Que faire ? D’abord, refuser d’élever le Pds-L dans la certitude de sa supériorité électorale ; ensuite « que chaque baron libéral soit souverain en sa baronnie et que le chef soit souverain par-dessus tout ». Sinon on aura, en 2012, un chef sans troupe (parlementaire).

Ah, si les bilans étaient un gage de succès électoral ! Si la formation continue à encombrer ses énergies, il y a fort à parier qu’elle perdra la majorité des sièges. C’est là tout le sens de la mise en garde du « Maître ». Qu’arrivera-t-il ? On sera - à Dieu ne plaise - en présence de deux majorités : celle d’un président de la République élu au suffrage universel direct et une autre, parlementaire, issue à son tour du suffrage populaire. Dit autrement, on aura une formule institutionnelle où deux familles politiques opposées porteront deux projets différents tout en appartenant à un même exécutif. C’est la parfaite illustration d’une cohabitation ou encore d’une « alternance imparfaite ». Ce qui ne serait pas une première en Afrique, écrivions-nous, à Paris en septembre 2003, dans une tribune politique.

Le Niger a connu une cohabitation qui a été lamentablement tragique entre 1995 et 1996. La France a connu trois cohabitations aussi différentes les unes que les autres. La première de 1986-1988 (Mitterrand-Chirac) a été qualifiée de cohabitation conflictuelle par les uns et d’hyperconflictuelle par les autres. La seconde cohabitation 1993-1995 (Mitterrand-Balladur) a été consensuelle ou hyperconsensuelle, c’est selon. Après quatorze ans de pouvoir, le leader des Socialistes ne se souciait que de la trace profonde qu’il laisserait dans l’histoire politique française. Enfin, la troisième cohabitation 1997-2001 (Chirac-Jospin) a été qualifiée de « cohabitation-surprise ». Rien n’obligeait Chirac à dissoudre l’Assemblée nationale. En le faisant, ses compatriotes ont donné une majorité absolue à la gauche plurielle, assurant ainsi l’élection-nomination de Lionel Jospin comme chef de gouvernement.

Si la Coalition Sopi perd les élections législatives de 2012, Wade aura des pouvoirs, mais pas le pouvoir. Dans les autres Constitutions, il revient généralement au gouvernement la prérogative de « déterminer » et de « conduire » la politique de la Nation (article 20, Constitution française 1958). Dans notre texte fondamental, « le gouvernement conduit et coordonne la politique de la Nation sous la direction du Premier ministre » (article 53), tandis que « le président de la République détermine la politique de la Nation » (articles 42 de la Constitution). Comment alors demander à un Premier ministre élu sur la base de son programme politique de « conduire » et de « coordonner » une politique qu’il ne partage pas ? Voilà l’impasse de la Charte fondamentale ?

Supposons l’arrivée d’une nouvelle majorité hostile au chef de la magistrature suprême, le président de la République ne bénéficiant plus d’une majorité parlementaire, nous serions donc en présence d’un régime de type parlementaire. Ce qui amènera un désaccord inédit au sein de l’Exécutif. La direction imprimée par Wade ne sera sans doute pas mise en application par un Ousmane Tanor Dieng, un Moustapha Niasse ou un Macky Sall. Alors que toutes les forces devront se rassembler pour relever les grands défis, elles se défieront et se neutraliseront comme dans toute période de cohabitation. Dans ce cas de figure, l’harmonie entre la majorité et la « dyarchie tranquille » du pouvoir ne sera plus la norme. Il y aura une crise de légitimité : un conflit entre le Législatif et l’Exécutif, soit une coexistence de deux légitimités concurrentes. Entrera-t-on alors dans l’âge d’or de l’Assemblée nationale ? Sera-ce une belle démonstration de l’adaptabilité de la norme suprême du 22 janvier 2001 ? Après une éblouissante promenade, Schopenhauer avait rendu un verdict inattendu : « [m]a tâche n’est point de contempler ce que nul n’a encore contemplé, mais de méditer sur ce que tout le monde a devant les yeux ».

Cheikh DIALLO

Journaliste-Ecrivain

Chercheur en Science politique

Ucad

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1.Posté par babacar le 24/02/2010 21:11 | Alerter
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Cheikh il faut epargner ce qui te reste de matière grise pour trouver réponses aux interpellations du juge aprés 2012, au lieu de se lancer dans des films de science fiction.
Cheikh, le candidat Wade (Abdoulaye ou Karime) sortira défait des prochaines élections présidentielles.C'est cela la vérité.

2.Posté par arc en ciel le 24/02/2010 21:28 | Alerter
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comment vous pouvez encore difuser des articles de ce charlatant incapaple ,fermer definitivement la gueule de cette aprenti sorcier qui a foutu karim et le presient dans la merde il faut eliminer definitivement des tortueux prevert de ce genre .

3.Posté par saly le 25/02/2010 08:43 | Alerter
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MERCI A VOUS BABACAR ET ARC EN CIEL
A CELA J AJOUTERAI JUSTE QU IL DEVRAIT PLUTOT ECRIRE ""COMMENT BRISER SA CARRIERE POUR UN HOMME QUI EST DEJA FINI"" ET SE LE DEDIER

4.Posté par Sutura le 25/02/2010 15:15 | Alerter
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Nous avons tous et sans exception aucune, hérité de la colonisation française, cet art odieux de nous pervertir nous-mêmes et constamment, en imaginant tout et rien à la fois, sans jamais nous demander à quoi ressemble la vérité vue de près, au moment de nos pérégrinations supposées intellectuelles.

Nous avons ainsi forcément, par ce même biais hélas, pu apprendre, même comme cela ne devait jamais se faire, à nous suffire dans le manque le plus cruel et, à force de chercher à plaire, tout imaginé et tout mélangé, pour nous retrouver soudain à une année lumière de « ce qui est ».

Mais que ceci soit dit en passant, je n’ai rien de réprobateur ni de dédaigneux dans l’absolu, contre les élucubrations de tels ou tels connaisseurs de je ne sais quelle donne, qui d’un moment à l’autre pourrait surgir de l’ombre quelque part, pour dire ou tenter de prouver, que c’est de lui que viendrait la lumière, pour éclairer le pauvre peuple martyre, des dictateurs africains, afin d’espérer un jour, le sortir de son cauchemar éternel.

Je ne sais donc, dans quel pays, vit le Monsieur auteur des propos ci-dessus cités, ni de quel pays il parle, mais je crois tout de même, qu’il faudrait l’écouter poliment tout de même, et pour ceux qui le peuvent, lui répondre poliment, puisqu’il a déjà parlé et nul ne peut parler pour ne rien dire.

Oui, ne nous voilons pas la face, Wade peut bel et bien, en 2012, se présenter aux élections présidentielles. Oui, il pourrait même aller jusqu’à les emporter, pour qui sait, comme l’auteur du texte ci-dessus, comment cela se passe de tout temps en Afrique, où celui qui est au pouvoir gagne toujours.

Mais, n’aurions-nous pas plutôt, mieux fait de lui laisser le temps de nous expliquer une petite la mécanique de confiscation des élections en Afrique, lui qui semble être dans le secret des dieux ?

Je le dis d’autant plus sincèrement, que quiconque vit ici au Sénégal, même aveugle et sourd, sait pour peut qu’il soit confronté à la réalité de la catastrophique que fait subir Wade à son peuple, sait que nous avons désormais le dos au mur. Dans ce cas bien précis, l’histoire nous enseigne que même les peuples les plus amorphes, ont toujours su réagir, ne serait-ce que pour mourir avec la certitude de laisser dire aux rescapés: « ils ne sont pas morts pour rien ».

Alors, à ce cher Monsieur Diallo, lui qui voudrait tant lancer le débat autour de l’énigme Wade, je demande : « que savez-vous réellement de lui, plus que qui ? Comment le croyez-vous capable d’ignorer ce qu’il a fait du Sénégal, pour prétendre se représenter en 2012 pour si possible réclamer une quelconque victoire ? Surtout, que savez-vous seulement de demain, même si, comme vous le dites, l’anticipation fait partie intégrante des réalités de la vie ?

Alors, pour sa part, Satura a plutôt envi de croire, que c’est tout à fait possible, que vous ayez écrit votre texte, afin de taper à l’œil du dictateur, au point qu’il se dise : « cet homme pose admirablement et adroitement, les vrais problèmes de ma survie à la tête de ce pays et, partant, à mon existence même comme simple humain. Alors, je crois qu’il peut, tout aussi bien pourquoi pas, savoir tous les résoudre. Je le prendrai donc à mon service dès que possible, comme tant d’autres avant lui. Il est pédant comme moi et comme moi, bardé de diplômes. Il sait tout comme un dictionnaire et veut tout prouver à mon image. Puis, comme les autres, qu’est-ce qui m’empêcherait, après avoir tout pris de son esprit, de le museler d’une main pour l’étouffer de l’autre ? »

Alors, je vous demande pour finir, Monsieur Diallo: « pourquoi avoir pensé comme vous l’avez si habilement et astucieusement fait, qu’un tel bourreau de son peuple devrait, contre vents et marrées, absolument survivre, jusqu’à devoir encore gagner les élections de 2012?

5.Posté par le solitaire le 28/02/2010 14:46 | Alerter
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cheikh diallo est le copain de karim qui a théorisé la génération du concret. il est extremement craint dans l'entourage de karim et même par les hauts fonctionnaires de la république. son plus grand concurrent est abdoulaye baldé. c'est un burkinabé naturalisé sénégalais. quand il ne reve pas, il est dans les vap. il carbure à l'alcool. c'est grace à ses théories que benno a gagné les législatives. l'opposition ganera 2012 grace aux lumineux conseils qu'il donne au rejeton. il a un billet d'avion caché dans son pantalon et je ne pense pas qu'il ose être présent le jour des élections en 2012. karim ne sera jamais où il sera parti. à bobodioulasso perhaps!
cheikh diallo, vous devez vous en rendre compte, je l'aime beaucoup. il est petit, vilain, alcoolique, menteur et fumiste. mais vraiment, puisqu'il ne connait ni le sénégal, ni les sénégalais, je l'adore quelque part de tromper karim et wade, ce qui les poussera à débarassere le plancher en 2012

6.Posté par uggs le 19/08/2010 00:46 | Alerter
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il pense seul, il agit seul. les politiiciens de la tremep de Babou pensent que les sénégalais st amnésiques. Non, ce st eux les politiques qui st amnésiques, ce n'est meme pas de l'amnésie, c'est l'absence de vertue. mais il ne perd rien à attendre, car wade a bien ces propos en mémoir et ce st pas ses fanfaronnades qui empecheront à wade de le virer un jour.

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