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Compagnonnage Apr/Ps : Le début de la fin


Rédigé par leral.net le Mardi 12 Novembre 2013 à 09:38 | | 6 commentaire(s)|

Compagnonnage Apr/Ps : Le début de la fin
Entre l’Alliance pour la République et le Parti socialiste, il semble que ce n’est plus le grand amour, renseigne le quotidien La Tribune. Du moins, si l’on se fie à la guéguerre que se livrent les deux alliés. A en croire le canard, au rythme où vont les attaques, de part et d’autre, par seconds couteaux interposés, le divorce est quasiment inévitable. D’ailleurs, nos confrères sont formels : Macky Sall anticipe la mort de la Coalition majoritaire au pouvoir (Benno Bokk Yakaar).



1.Posté par Strong Man le 12/11/2013 08:09 | Alerter
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Les sbires commencent à vocifèrer pour garder leur pitance; HONTE à Vous les « amis » d’hier Mbaye Ndiaye, ALy Ngouille Ndiaye, Mor Ngom mais DIEU est juste, sachez qu’on ne pourra jamais arréter la mer avec ses bras et demain vous allez tous vous agenouiler devant ABC.

2.Posté par Diaraf SOW le 12/11/2013 08:37 | Alerter
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Chers journalistes, chers organes de la presse, Chers frères et sœurs du parti Rewmi
Chers militants et sympathisants, Chers membres du Mouvement IDY BANLIEUE
Honorables invités
Bonsoir
Le Mouvement IDY BANLIEUE vous remercie tous de l’importance que vous lui accordez en ayant répondu massivement à son invitation de ce Dimanche 10 Novembre 2013 dans le cadre de son « YENDOU » qui sera clôturé par cette conférence de presse.
En effet, Tout le monde sait que le Sénégal va mal, très mal, certains me diront que « Rewmi dokhoul », d’autres crieront que « rewmi dafa Macky » ;
C’est parce que nous avons mis à la tête de ce pays un géologue qui n’a de compétence que pour la manipulation des cailloux (la géologie), qui n’y connait rien en matière de gestion étatique malgré les différentes stations qu’il a eu à occuper durant ses huit ans de compagnonnage avec le Président Abdoulaye WADE dans l’appareil étatique.
Cette politique d’amateurisme de tâtonnement quotidiens de Macky SALL et de son gouvernement a amené le Sénégal dans une situation de crise sans précédant.
Le Sénégal n’a jamais vécu une pénurie d’eau pareille à celle connue sous Macky SALL alors qu’il ne s’agissait que d’un tuyau défectueux. La seule prouesse réussie par notre Président par défaut a été de se déguiser en chef rebelle pour n’avoir que ses yeux pour constater son impuissance, son impuissance et son incapacité. Pendant ce temps, ses Ministres dont certains dorment en pleine déclaration politique générale organisent des meetings de ralliement.
Le retour des coupures intempestives d’électricité ajoutée à des factures de plus en plus chères font que le goorgorlou sénégalais ne sait plus à quel saint se vouer
En cela s’ajoutent les PME et PMI déjà en difficulté qui sont douloureusement affectés d’où le rapport DOING BUSNESS 2014 qui classe le Sénégal sous Macky SALL en avant dernière position en Afrique.
Macky SALL a réussi à tromper tous les sénégalais en ayant tenu des promesses électorales qu’il n’a jamais tenues et qu’il ne pourra jamais tenir parce que « Macky Menoul, té dou dem ». Par exemple, qu’en est –il des 100.000 emplois par ans promis ?
Mis à part un recrutement et des nominations népotistes et clientélistes digne de la dynastie FAYE-SALL, Rien n’a été fait en matière de politique d’emploi et de lutte contre le chômage.
Plus de 40.000 jeunes sont actuellement au chômage dont les 19.000 sont des diplômés dont leurs dossiers servent à faire du thé aux employés du Ministères de la fonction publique.
De l’ANEJ , à la fonction publique, seuls des jeunes de l’APR sont recrutés maquillés parfois par de rares éléments des jeunes diplômés sans emploi en lieu et place d’autres jeunes plus méritants.
Le Mouvement IDY BANLIEUE dénonce surtout la multiplication des cumuls de fonctions et les recrutements de personnes retraités par le régime de Macky SALL alors que des jeunes diplômés attendent.
En plus, le Mouvement IDY BANLIEUE s’insurge contre la mise en place de cette « police de proximité » qui n’est rien d’autres qu’une milice privée que Macky veut mettre en place pour en faire un bouclier contre la furie des populations déjà débordante.
Le Mouvement IDY BANLIEUE dit au Président de Benno Bokk Yaakar que s’il se soucie de la quiétude des populations, l’idéal serait de renforcer le recrutement dans la police et la gendarmerie qui sont les véritables acteurs de luttes contre la délinquance et l’insécurité
Le Mouvement IDY BANLIEUE voit les bourses sociales de l’ancien Directeur de Campagne d’Abdoulaye WADE comme une mascarade et une escroquerie car non seulement celui-ci a transformé tous les Sénégal en indigent, en pauvre et en nécessiteux mais que 8000 F/mois ne peut même pas acheté un demi-sac de riz
La Couverture maladie universelle, une autre escroquerie, non seulement elle ne concerne que les enfants de moins de 7 ans amenés en urgence dans les hôpitaux, mais elle ne prend en charge ni les frais d’hôpitaux, ni les ordonnances médicales
En plus, c’est la charrue avant les bœufs, car il aurait été mieux de renforcer le plateau technique, sanitaire et les ressources humaines car avec 15 milliards de dettes, les hôpitaux manquent de médecins, de sages femmes, d’infirmiers, d’appareils médicaux et de fournitures en coton, seringues, médicaments etc, bref c’est de la poudre aux yeux
A l’université, les étudiants pleurent surtout avec la réduction des bourses d’étude et l’augmentation des frais d’inscription, quelle contradiction !
Le Mouvement IDY BANLIEUE trouve la politique du l’ancien Ministre de l’intérieur de WADE nulle et non sensée
On reprochait à WADE de vouloir mettre son fils mais Macky SALL nous impose sa famille et sa belle-famille : le népotisme et le clientélisme continue et s’accentue. Dans les ambassades, à Paris, Lyon et Marseille par exemple, c’est des militants de l’APR qui sont nommés au détriment des diplomates de carrière
Le Mouvement IDY BANLIEUE exige à Macky SALL un bilan de mi-parcours sur la traque des biens mal acquis notamment sur la traque sur ses huit milliards qu’il dit posséder et déposer dans le greffe du Conseil Constitutionnel
Le Mouvement IDY BANLIEUE ayant crée aujourd’hui une « CREI DU PEUPLE »attribue en ce jour même une mise en demeure d’un mois à l’ancien DG de PETROSEN pour que celui-ci prouve au peuple sénégalais l’origine licite de ses 8 milliards.
L’a-t-il ramassé ? Lui a-t-on fait cadeau ? L’a-t-il volé ? Parce qu’avant 2000, celui-ci n’était ni millionnaire, ni véhiculé, ni propriétaire de maison.
Le Mouvement IDY BANLIEUE s’interroge aussi sur le problème que Macky SALL a avec nos marabouts : Le Président SENGHOR était l’ami intime de Serigne FALLOU MBACKE, le Président Abdou DIOUF l’ami intime de Serigne Mansour SY borom Daradji et de Serigne AbdoulAhad MBACKE , le Président Abdoulaye WADE lui était connue pour son amitié avec Serigne Saliou MBACKE ; Mais le mentor des apéristes qu’en est-il de lui ?
Pire ! De source digne de foi, c’est le vénéré Ibrahima Sokhna de Fatick qui lui a donné le Wird Tidjane, alors qu’il se réclame Mouride, Que là aussi nous demandons que l’ancien Président de l’assemblée Nationale sous WADE nous édifie
Sur l’affaire de la drogue, des supputations courent selon lesquelles un ancien Ministre de l’intérieur devenu tout puissant homme fort du Sénégal serait trempé raison de l’étouffement de l’affaire ? Là aussi les sénégalais exigent une lumière
Le Mouvement IDY BANLIEUE exige à Macky SALL de nous clarifier sur sa prétendue appartenance à la loge maçonnique d’Abidjan depuis 2008. Si cela n’est pas vrai, qu’il le clarifie à ses concitoyens
Le Mouvement IDY BANLIEUE appelle à l’unification de la famille libérale et dénonce avec la plus grande énergie la mesure illégale, arbitraire et inélégante des autorités préfectorales qui ont en violation flagrante des dispositions constitutionnelles interdit de marcher en banlieue
Le Mouvement IDY BANLIEUE considère cette décision comme une forfaiture et une voie de fait
Par conséquent le Mouvement IDY BANLIEUE programme une marche qui débutera à « Boutou Pikine » et terminera à la préfecture de Pikine
Nous sous limiterons à informer l’autorité conformément aux dispositions légales mais quel que soit leur décision, IDY BANLIEUE marchera !
Enfin le Mouvement IDY BANLIEUE s’érige en Mouvement sentinelle du Président Idrissa SECK et du parti Rewmi
Que « LOU EUP TOUROU », trop, c’est trop, Le Mouvement IDY BANLIEUE dit stop aux calomnies et autres dérives des affamés de pouvoir de l’APR !
Que désormais les attaques contre le Rewmi et son Président seront sanctionnées à hauteur des attaques du Mouvement IDY BANLIEUE

Chers journalistes, chers organes de la presse, Chers frères et sœurs de parti Rewmi
Chers militants et sympathisants, Chers membres du Mouvement IDY BANLIEUE
Honorables invités
Telles sont les informations que le Mouvement IDY BANLIEUE tenait à vous livrer à l’occasion de son « Yéndou » en permettant à la presse s’il le désire de poser leurs questions auxquelles nous tenterons d’apporter des réponses.
Merci de votre attention²
Fait pour Conférence de Presse
Banlieue le 10 Novembre 2013

3.Posté par ndiaganiao le 12/11/2013 12:01 | Alerter
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Quelle vision politique pour le Sénégal de demain ?Changeons de cap pour un nouveau programme alternatif/Gëm sa Bopp noppalu
Par Mamadou Diop « Decroix »
Ancien Ministre d'Etat
Député (non inscrit) à l'Assemblée nationale
Secrétaire Général d'Aj/Pads


I - Introduction - Contexte et justification

Recentrer le débat politique autour des vrais problèmes qui freinent la marche du Sénégal.

Le débat politique au Sénégal s'est beaucoup appauvri au cours des dernières années, se résumant pour l'essentiel à des invectives, pour dire le moins. Or, au vu de nos impasses actuelles et de celles qui se dessinent à l'horizon, nous gagnerions à nous concentrer davantage sur les vraies solutions à nos pannes de toutes sortes. La critique, la dénonciation et le combat citoyen pour le pain, pour les libertés et la démocratie, pour plus de transparence et d'équité, pour la fin des règlements de comptes personnels sur le champ politique restent plus que jamais nécessaires mais, convenons-en, le temps des solutions alternatives se consume et s'épuise. Certes, petites phrases et effets de manche sont le sel de la vie politique mais ne remplaceront jamais les vraies réponses aux vraies crises qui plombent le développement du pays. Et c'est précisément sur ce terrain là qu'il convient de convoquer le pouvoir en place qui a réussi à arracher le suffrage des Sénégalais sur la base de promesses qui attendent d'être tenues.

Nous ne doutons pas du désir réel du Président de la République Macky Sall de répondre aux attentes du pays, tout comme nous ne doutons pas de l'impossibilité pour lui d'y arriver aussi longtemps qu'il s'en tiendra aux politiques actuellement en vigueur, sans compter les autres types de limites qui gangrènent son régime. "bëgga dem taxuta dem, mana demay taxa dem".

Il nous faut donc résolument changer de cap en commençant par nous doter d'une Vision claire qui inspire à la fois espoir et confiance. Vision indispensable pour sortir le Sénégal de sa triple crise : crise économique, crise sociale, crise culturelle (inversion des valeurs).

Le monde tel qu'il est aujourd'hui
Au plan économique et financier : La fin des certitudes doctrinales et la crise des paradigmes :
La crise économique de 2008 a vu une intervention sans précédent de l'Etat en Occident pour sauver des banques et des sociétés au bord de la faillite. Cette opération de sauvetage a coûté des centaines de milliards de dollars ou d'euros aux Etats-Unis et en Europe. Ainsi les doctrinaires du néolibéralisme triomphant qui ont toujours théorisé la marginalisation de l'Etat dans le jeu économique n'ont pu s'empêcher d'utiliser celui-ci comme levier décisif pour, sinon vaincre définitivement, du moins faire reculer la crise et ses effets dévastateurs sur l'emploi et l'inflation.

Source : l'AGEFI - Véronique Riches-Flores dans Conjoncture économique
► PIB Mondial : La croissance mondiale de 2013 n’excèdera pas celle de 2012 (3,2 %). Il faudra attendre 2014 pour retrouver un taux de croissance supérieur à 4 % à l’échelle mondiale, le plus soutenu depuis 2010.
► En 2014 et par rapport à 2012, le PIB des pays émergents augmenterait de 4 trillions de dollars à prix et taux de change constants de 2010 , soit une contribution à la croissance mondiale quatre fois plus élevée que celle des pays développés. À l'horizon 2014, la répartition du PIB mondial entre pays avancés et pays émergents devrait ainsi parfaitement s’équilibrer.
► Inflation : La reprise plus soutenue de l’activité en 2014 élève les cours des matières premières (le pétrole remonte à 130$) et accélère l’inflation dans le monde émergent.
► La crise économique et financière mondiale de 2008 s'est prolongée en Europe au point de laisser entrevoir une éventuelle dislocation de la zone euro avec la Grèce et l'Espagne entre autres pays sous perfusion mais celle-ci aura échappé aux menaces en dépit de sa crise prolongée. L'espoir y revient progressivement.
Le monde au plan politique et sécuritaire :
Le terrorisme et les autres types de conflits : Afghanistan, Pakistan, Iran, Irak, Syrie, Liban et Palestine, les 2 Corée.
EnAfrique de l'ouest : Mali - Nigeria - Niger. Dans une moindre mesure Mauritanie et Sénégal Afrique : Afrique méditerranéenne (libye, Tunisie, Egypte)
Afrique centrale et de l'Est: Congo démocratique - Somalie - Kenya - Angola (Cabinda)
Afrique de l'ouest : Mali - Nigeria - Niger. Dans une moindre mesure Mauritanie et Sénégal
Le Sénégal ( Casamance ).

C'est dans cet environnement mondial et africain que nous examinerons la situation au Sénégal.

Les statistiques du 1er trimestre de 2013 de la Direction de la Planification et des Etudes Economiques (DPEE) donnent de la crise économique au Sénégal une physionomie très précise hors de toute considération politicienne :
* Le taux de croissance du PIB est de 1,7% en termes réels, base 100 de 1999, contre un taux de croissance démographique de 2,5%!
* Le déficit budgétaire hors dons atteint 8,7% du PIB, en passant de 605 Milliards en 2011 à 629,9 milliards en 2012.
* le déficit du Compte courant est passé de 7,9% en 2011 à 10,5% en 2012, contre un plafond UEMOA de 6% !
* "Le taux de la masse salariale sur les recettes fiscales, est de 34,7% pour un plafond de 35% fixé par l’UEMOA.

Les chiffres de l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) sont eux aussi éloquents pour parler de la crise économique. Par rapport à juin 2012, la production industrielle globale a reculé de 22,4% en juin 2013 tandis que la production des industries alimentaires a reculé de 35,6% dans la même période.

De son côté, la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee), dans son «Point de conjoncture » de juin 2013 indique que les recettes budgétaires du Sénégal ont baissé pendant que les dépenses publiques ont augmenté. Le solde budgétaire global, dons compris, est estimé en déficit de 112,3 milliards de FCfa contre un déficit de 82,3 milliards de FCfa à la même période en 2012.
Ce n'est pas tout ; lors de la REVUE ANNUELLE CONJOINTE DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE ET SOCIALE, le représentant de la Cnes (Confédération nationale des employeurs du Sénégal) est revenu sur le chômage des jeunes avec les indications du rapport qui note, en 2012, "un taux d’activité de 50,7% et un taux de sous-emploi de 32,0% qui peuvent faire craindre un risque de fracture sociale".
Le Conseil nationale du patronat (CNP) a pu noter de son côté 376 fermetures d’entreprises (essentiellement des Pme) en 2012.
La déclaration de politique générale de Mme le Premier ministre du 28 octobre 2013 est venue conforter, et la morosité de la situation économique, et le manque d'ambition (déguisé en réalisme) du gouvernement. En effet, tandis que l'UEMOA caracole à 6% de taux de croissance moyen de son PIB en cette année 2013, le Sénégal qui en est membre, en ce qui le concerne, est à 3,5% de croissance PIB nominal. En faisant intervenir le déflateur du PIB et le croît démographique de 2,5% l'an, il ne reste plus rien. Même pas de quoi espérer atteindre les OMD encore moins l'émergence tant évoquée sur tous les toits. La cause est enfin entendue lorsque le gouvernement projette pour 2017 le taux UEMOA de 2013. Mais, force est de le reconnaître, telle se présente la situation économique du pays.

Quant à la situation sociale, les résultats de l'enquête récente d'Afrobaromètre nous édifie amplement. En effet, selon Afrobaromètre, en juin 2013, dans le cadre de la réduction des inégalités sociales, « 8 Sénégalais sur 10 jugent négativement la politique gouvernementale en matière de réduction du fossé entre les riches et les pauvres, contre 17 % qui apprécient positivement les efforts du gouvernement. Concernant le problème du chômage et du sous emploi, l'enquête de 2013 a établi que les stratégies de création d’emplois développées durant la première année du mandat de Macky Sall sont négativement appréciées par 78 % des citoyens, soient environ 8 personnes sur 10. S’agissant de la sécurité alimentaire, 75 % de la population désapprouve la manière dont le gouvernement gère cette question. Et parmi ces 75 %, 30 % se disent très insatisfaits. En somme, 70 à 80 % des citoyens réprouvent la gestion de plusieurs secteurs, notamment la santé, la création d’emplois, la stabilité des prix, la sécurité alimentaire, etc." fin de citation.

Voilà le pays tel qu'il est au moment où nous exposons nos propositions sur la vision politique pour le Sénégal de demain. Tels sont les chiffres qui conduisent les Sénégalaises et Sénégalais à tirer (trop vite?) à leur manière le bilan de la gestion du Président Sall en assimilant, par dérision, son nom à la crise qui les secoue : " Réew mi Da fa Macky" c'est à dire, "le pays est à sec".

Or donc, pris sous l'étau de l'immobilisme économique et de l'aggravation des tensions sociales, le peuple Sénégalais semble quelque peu désorienté et se pose d'importantes questions de type existentiel : Nous est-il encore possible de nous en sortir ? Y a – t – il encore lieu de croire aux leaders d'opinion quelle qu'en soit l'obédience ? Y a – t – il même lieu de croire désormais en autre chose qu'aux stratégies individuelles de survie, ignorant les valeurs et référentiels qui fondent une société solidaire, équilibrée et stable ? La spectaculaire montée en puissance des jeux de hasard d'un côté et celle de la criminalité de l'autre nous rappellent, avec arrogance, que l'espoir est entrain de déserter les consciences, juvéniles en particulier.

De fait, la perte de repères, mais aussi la défiance et la suspicion des Sénégalais n'affectent plus seulement les milieux politiques mais touchent profondément la société civile, les mouvements citoyens et même les milieux religieux. La désespérance, le manque de confiance en nous-mêmes et en nos capacités collectives, et la prédominance de modèles culturels inadaptés, ont fini de plonger toute la société dans un désarroi profond. Notre jeunesse est désemparée ; les grèves de la faim et les immolations par le feu n'en sont que l'expression la plus achevée. En somme notre société est malade mais elle peine, voire même refuse sous certains angles, à reconnaître qu’elle est malade? Comment devrions-nous enrayer ce qui semble être un processus de démoralisation collective qui se révèle par un refrain entonné sur presque toutes les lèvres : « senegaale gëmëtul dara », "le Sénégalais ne croit plus en rien". Comment en est-on arrivé, dans le vécu quotidien, à la négation du concept même de contrat ? Comment en est-on arrivé à la négation du concept de loyauté ? On revendique publiquement et fièrement le droit absolu de déchirer ses "engagements" d'hier, de renier ces "convictions fortes". Cette tendance lourde est le signe d’un processus à enrayer de dé-moralisation de la société sénégalaise et d'accélération de la crise. C’est dans ce contexte qu’intervient la deuxième alternance politique à la tête de l'Etat, souhaitée par une grande majorité de sénégalais. Toutefois, aujourd'hui, le blouse semble être plus prégnant qu'auparavant. "A quoi bon se battre" entend on "lorsque l'on constate que tout change pour que rien ne change". Ce discours révèle -ce qu’il est convenu d’appeler - un processus de déresponsabilisation en cours dans une société sénégalaise travaillée par les fortes inégalités et fractures sociales qui y sont à l’œuvre et, dans le même temps, par l’émergence progressive d’une dissidence d'abord souterraine qui s’exprime en terme de défiance voire même de mépris envers non seulement la caste des politiciens mais aussi, de plus en plus, des resquilleurs qui prennent le raccourci de mouvements citoyens ou chevauchent la société civile pour prendre part au partage du gâteau, à moindre frais.

A cette situation chaotique s'ajoute l'instabilité dans la sous région suite à la guerre imposée au peuple malien. Une guerre asymétrique où la ligne de front est partout et nulle part. Une agression perpétrée par des forces obscures que les états de la sous-région réunis ont été politiquement incapables de prévenir et militairement inaptes à juguler. Une situation incongrue dont la France a été amenée à s'occuper sans intermédiaire. Une guerre qui expose à la face du monde ce que, dans le fond, nous sommes réellement : Des souverainetés en question, qu'un procès de Hissen Habré en terre africaine ne change pas dans le fond, hélas!

C’est dans ce contexte d’incertitude qu'il nous a paru nécessaire d’exposer nos propositions pour une vision nouvelle capable d'accoucher une nouvelle ère de développement économique, social et culturel, une ère de dignité (collective et individuelle) et de souveraineté retrouvées pour notre peuple et pour notre pays dans une sous région et une Afrique réconciliées avec elles - mêmes.

II - De la vision politique, du projet de société et du programme.
La vision est une projection sur l'avenir. Elle est la représentation qui, à partir de ce que nous sommes aujourd'hui, donne une conscience claire de ce que nous voulons devenir demain. Elle est, ou devrait être, pour ainsi dire, le gouvernail et le souffle de l'action politique. Notre Président manque cruellement de vision. On ne sent pas, dans ce qui tient lieu de politiques étatiques, une âme, une inspiration tendue vers le rêve de lendemains qui chantent pour le Sénégal et pour l'Afrique. Or le déficit de vision favorise les errements et autres tâtonnements. Et, comme l'affirme Sénèque, « il n'y a pas de bon vent pour le marin qui ne sait pas où il va ».

Projection sur l'avenir avons nous dit mais, au cœur de la vision se trouvent aussi les urgences d'ici et maintenant. Au Sénégal, tout est urgence. La sécurité est urgence ; l’emploi est urgence ; l’Ecole est urgence ou encore la santé. Le dossier Casamance qui est à la fois politique et sécuritaire est une urgence ; réformer l'Etat est une urgence et j'en passe...
Par où donc commencer ? Question grave dont la réponse pourtant ne peut plus être désormais différée sous peine de forclusion. Pour nous, il faut commencer par la cause première des urgences : l'état comateux à tous égards de l'économie du Sénégal, corrélé aux déséquilibres institutionnels prolongés qui menacent à tout instant les fondements républicains de l'Etat. C'est donc un double mouvement qu'il nous faudrait lancer pour, à la fois re configurer l'Etat et mener les réformes économiques radicales arrivées à maturité dans le pays.

La grande faiblesse de "Yoonu Yokkute" réside dans le fait que ses concepteurs ont mis la charrue avant les bœufs. En effet, ils ont commencé par l'annonce de mesures sociales comme la couverture maladie universelle de base, la bourse de sécurité familiale, la bonification retraite, des logements sociaux pour 300 milliards, et en se fixant un objectif de 500.000 emplois sur 7 ans soit un peu plus de 70.000 emplois l’an, sans, au préalable, penser un appareil économique capable de porter de telles ambitions. Comme indiqué plus haut, il apparaît aujourd’hui, à presque deux ans d’exercice du pouvoir, que sans réorientation majeure, non seulement les objectifs énoncés ne seront pas atteints, mais, plus grave, des reculs notoires seront observés.

Cet appareil économique réformé s’adossera sur une société où devront s'épanouir le pluralisme et la diversité. Diversité politique, culturelle, confessionnelle, confrérique. Diversité enrichissante parce qu'inclusive, dans un environnement marqué par une confiance totale en nous-mêmes, en nos capacités intrinsèques à transformer radicalement nos conditions d'existence. Dans la grande guerre contre le sous-développement, gagner cette bataille de la confiance en nous-mêmes conditionne toutes les autres victoires. La confiance en soi n'est pas un discours que l'on tient mais un vécu, une praxis de tous les instants.
Qu’est-ce avoir confiance en nous-mêmes ? C’est d’abord cesser de croire que nous sommes un pays pauvre. Le Sénégal n’est pas un pays pauvre. Un pays qui couvre 200.000 km² avec une façade maritime de 700 km, des richesses importantes du sous-sol, des fleuves et des rivières, sans reliefs accidenté, une population de près de 14 millions d'âmes, désireuse de s'en sortir et une diaspora pétrie de patriotisme qui ne respire que pour le terroir, ne peut être pauvre. Oui ! Nos populations ont été appauvries, exploitées et humiliées. Oui ! Des siècles d'esclavage puis de colonialisme sont passés par là ; mais cela est notre histoire propre que nous devons assumer et dépasser. Nous ne pouvons pas passer les prochaines décennies voire les prochains siècles à nous lamenter sur ce passé et à justifier notre stagnation ou même nos reculs par ce passé qu'il nous faut enfin exorciser. Avec l'exemple chinois, nous n'avons pas à réinventer la roue. Il y a moins d'un siècle, quand la Chine était appelée pays pauvre et arriéré, des soi-disant savants à la Gobineau sont allés jusqu'à prétendre fonder le retard économique de ce pays et l'extrême pauvreté de ses populations sur la morphologie du Chinois (de quel Chinois ?). Ils ont ensuite théorisé l'incontournable péril jaune, projetant l'image de hordes de Chinois faméliques, tel des criquets pèlerins, montant à l'assaut du reste du monde à la recherche de pitance. Aujourd'hui, si "péril jaune" il y a, c’est probablement une Chine bientôt première puissance économique du Globe chez qui, déjà, on se bouscule pour solliciter, parfois avec obséquiosité, ses attentions et ses opportunités. A cet égard, le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy méritait certes réponse (s) de la part des intellectuels africains mais la vraie réponse qui relève de la responsabilité de nos élites politiques est, toutes choses étant égales par ailleurs, celle des Chinois.

Il convient, ici, de convoquer les principes d'éthique et de morale dans l'action politique notamment le rapport entre le leader politique et ses engagements électoraux. Le combat pour réhabiliter la politique et ceux qui la font passe, en tout premier lieu, par le respect des engagements que l'on a pris dès lors que les suffrages vous placent aux commandes. Il nous faut jeter aux orties d'une époque révolue la fameuse formule selon laquelle "les promesses n'engagent que ceux qui y croient". Non ! Les promesses devraient engager d'abord et avant tout ceux qui les font. Il devrait être d'ailleurs possible de trouver des mécanismes plus accessibles au peuple souverain que les traditionnelles motions de censure réservées au parlement, pour interpeller aux fins de destitution, les dirigeants élus qui se seraient par trop écartés de leurs promesses électorales par incompétence ou par escroquerie délibérée. En effet, la confiance en nous-mêmes doit s’adosser aussi sur un pacte de confiance vécu entre le peuple Sénégalais et ses élites politiques. En somme, les révisions déchirantes, les changements fondamentaux sont d’abord à attendre de ceux-là qui ont la redoutable prétention à diriger leurs semblables et à conduire leur pays à l’émergence et au développement.

III - En l'absence de vision, la coalition au pouvoir ne peut résoudre sa crise programmatique.
3.1. - Deux plateformes s'affrontent
Nous savons bien que la constellation de coalitions qui gouverne le pays est, depuis le début, écartelée par la coexistence de deux orientations que sont d'une part, "Yoonu Yokkute" revendiqué par le Président de la République et sa coalition et, de l'autre, les conclusions des Assises nationales portées, entre autres, par les deux grandes coalitions issues du parti socialiste historique autour de l'AFP et du PS. Il est à noter, pour s'en désoler, que depuis plus d'une année qu'elle est aux affaires, cette constellation de coalitions ne s'est jamais retrouvée aux fins d'harmoniser leurs approches autour de ce pourquoi leur candidat du deuxième tour a été élu ; du moins à notre connaissance. Bien au contraire, l'essentiel des parties prenantes des assises nationales qui s'expriment sur la question estiment que celles-ci ont été trahies et exigent des réaménagements dans les institutions, les politiques et les hommes tandis que les tenants de la coalition Macky2012 quant à eux, clament et réclament "Yoonu Yokkute" et rien d'autre au motif que les assises ont été battues aux élections de 2012. Mais ce débat lui-même est frappé d'obsolescence depuis l'avènement de la SNDES (Stratégie nationale de développement économique et social).

3.2 - Ci gît Yoonu Yokkute
Il se trouve en effet aujourd'hui que Yoonu Yokkute lui même vient d'être subrepticement remisé à la faveur d'une opération de substitution qu'il aurait été plus juste d'exposer au pays en raison de l'éthique de transparence que l'on revendique. Il aurait fallu annoncer avec courage aux Sénégalais que désormais Yoonu Yokkute n’est plus à l’ordre du jour mais plutôt la SNDES. Il aurait fallu ensuite expliquer que la SNDES qui s'étend sur (4) quatre années (2013-2017), n'est, elle-même, rien d'autre que l'ajustement du DPES (document de politique économique et social 2011-2015) validé avec les partenaires économiques et financiers en novembre 2011 soit quatre mois seulement avant la seconde alternance du 25 mars 2012. En somme il aurait fallu dire aux Sénégalais qu'il n'y a pas de rupture consolidante ni même continuité enrichissante mais plutôt un enlisement qui perdure.

IV - Fixer l'objectif et s'y tenir avec fermeté : Des taux de croissance à deux chiffres.

Pour ce qui est des ambitions, la SNDES en manque cruellement. En effet, à l'horizon 2017, un taux de croissance de seulement 7% du PIB est visé. Un tel taux nominal ( le Fmi projette quant à lui 5%), confronté à un croît démographique de 2,5% et à l'inflation est inapte à faire face aux urgences de survie telles que les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), à plus forte raison installer le Sénégal sur les rampes de l'émergence. L'objectif doit être d'éradiquer la faim, la malnutrition et les maladies du sous-développement en une décennie. Pour cela, il nous faut de nouvelles démarches capables de doubler notre produit intérieur brut (PIB) au bout de la décennie considérée avec des taux de croissance à 2 chiffres, portés, entre autres, par des secteurs de production et d'échanges à forte intensité de main d'oeuvre et dans le cadre d'une inflation maîtrisée et de finances publiques assainies. Cela nécessite un appareil économique radicalement réformé et moins exposé aux chocs exogènes.

Rappelons quelques performances récentes de pays africains qui ne sont pas forcément mieux dotés que le Sénégal pour prouver que nous ne sommes pas dans le domaine des rêveries spéculatives mais bien d'une volonté politique tout à fait réalisable.
• En 2012 le Burkina Faso, pays sahélien sans façade maritime, a réalisé 8% de taux de croissance contre 3,5% pour le Sénégal.

Pour cette année 2013, le Burkina projette 9,8% de PIB contre 4% pour le Sénégal

Pour 2014, les projections donnent un taux de croissance à deux chiffres au Burkina 10,7% contre 4,6% au Sénégal.

La Gambie projette un taux de croissance du PIB réel de 4,3% en 2013 et 5% en 2014. Lorsqu'on sait que le niveau d'inflation peut atteindre les 5% dans ce pays, l'on peut estimer le taux de croissance du PIB nominal à près de 10%.

• L’Ethiopie, qui a connu deux décennies de guerre civile, a réalisé un taux de croissance de 10,6% en 2012 contre 10% en2011.


V L'Economie rurale, moteur de la nouvelle économie et fondement du développement.

Nous parlions d’un appareil économique radicalement réformé. Un tel appareil aura pour paradigme le concept d’Economie rurale. Une économie rurale d'autosuffisance alimentaire et d’exportation articulant harmonieusement l'agriculture dans ses différentes déclinaisons, l'élevage dans ses différents versants, la pêche et la pisciculture, un artisanat de qualité et une efficiente industrie légère de transformation.

Les échanges mondiaux des biens et services étant encore largement marqués par l'inégalité et l'iniquité, et le Sénégal étant un Pma (pays moins avancé), il nous faudra protéger fermement et résolument notre agriculture. L'expérience de l'oignon local dont la production a été multipliée par 4 en une décennie du fait de la protection est à méditer à cet égard. Selon l'OCDE, les subventions agricoles versées aux agriculteurs des pays membres de cette organisation totalisaient 252 milliards de dollars en 2009 soit le chiffre astronomique de 126.000 milliards de CFA en une seule année ! Dès lors, la seule solution qui nous reste est de protéger notre agriculture et nos producteurs en interdisant l'importation de ce que nous produisons à la hauteur de notre production locale. Bien entendu la plus grande rigueur en termes de qualité devra en contrepartie régner dans notre système de production, de stockage et de transformation.
Nous traiterons cette question de l'Agriculture comme nous traitons celle des infrastructures énergétiques et de transport, c'est à dire selon une approche mutualiste avec les pays voisins dans une optique de complémentarité mais également pour un renforçement du front anti subvention à l'OMC (Organisation mondiale du commerce) et une attitude commune de fermeté face aux APE (Accords de Partenariat Economique) avec l'Union Européenne et un nouveau modus operandi s avec le FMI et la banque mondiale.

Dans ce domaine précis de la production, l'exploitation agricole familiale devra retenir l'attention toute particulière de l'Etat car elle est la corde principale qui ouvrira les mailles du filet de l'autosuffisance alimentaire et signera la disparition de la faim et de la malnutrition. Les réformes foncières et agraires la mettront au coeur des préoccupations.

Pour tenir fermement cette orientation et la sécuriser sur le moyen et le long terme, il faut décider que tous les objectifs déclinés dans l'Agriculture seront pour l'essentiel financés sur ressources propres car un tel secteur qui n’attire pas encore suffisamment d’investissements privés, qu'ils soient nationaux ou directs étrangers, ne se développera que de cette façon. A cet égard, le budget consolidé d'investissement (bci) devra être totalement refondu pour prendre intégralement en compte la priorité qui s'attache à l'agriculture.

Le pays devra développer, dans le même mouvement, une industrie lourde tirant sa substance des minerais de fer de la Falémé (+-1 milliard de tonnes) pour assurer une mécanisation durable de l'agriculture. Une mécanisation adaptée aux différents types de sols (à régénérer) et aux différents types d'agriculture : l'exploitation familiale, l'agro-industrie d'exportation, les entreprises moyennes de substitution à l'importation. Lorsque nous parlons de sols à régénérer, nous intégrons ceux gagnés par le sel. En effet, sur les 3.800.000 ha cultivables que nous avons, plus de 1.230.000 ha sont affectés par le phénomène de salinisation.

Cette industrie lourde servira également à la modernisation de l'artisanat et, surtout, ressuscitera le rail au Sénégal et dans les pays voisins au travers d'infrastructures ferroviaires modernes, capables d'accélérer l'intégration des différents espaces à l'intérieur du pays d'une part, et, de l'autre, entre le pays et les différentes économies de la sous-région. La Guinée Conakry travaille actuellement sur une politique d'exploitation du minerai de fer de Simandou qui serait l'un des plus importants au monde. La construction d'une ligne de chemin de fer de 800 (huit cents) km est déjà à l'ordre du jour. Une collaboration étroite entre les deux pays devrait permettre une réalisation rapide des objectifs déclinés.

Tous les secteurs de l’économie seront judicieusement articulés au secteur primaire d’où ils puiseront en retour leur sève nourricière. Il en sera ainsi du commerce et des services tout comme de la recherche et développement.

L'eau
Proclamer que l'on met l'agriculture au poste de commande sans une politique adéquate de l'eau reste de la phrase. La maîtrise de l'eau sera au coeur de cette stratégie. Partout dans le pays l'eau devra être disponible tout au long des 12 mois que compte l'année. Toutes les dispositions possibles et imaginables devront être prises pour que les dizaines de milliards de m3 d'eau que les rivières, les fleuves et les pluies nous apportent chaque année soient largement récupérés, stockés et gérés en sus des nappes souterraines pour mettre un terme définitif à la situation actuelle où un pays tout entier ne peut compter que sur une activité agricole de trois ou quatre mois de l'Année. D'autres l'ont réussi ; il n'y a donc aucune raison que le Sénégal ne puisse à son tour le réussir. En termes de révolution économique, c'est la première manche qu'il nous faut gagner. Partout où nous pourrons aller tirer des expériences dans le monde pour arriver à cet objectif, nous devrons le faire sans complexe et dans les meilleurs délais. Un institut de l'eau derait être créé pour aider à porter les politiques définies par les pouvoirs publics.

Dans l'optique d'assurer le plein succès de la politique agricole, le volet recherche-développement sera fortement appuyé avec un budget conséquent de renforcement des ressources humaines (en effectifs et en motivations), des équipements et de la logistique.

La coopération internationale sera aussi largement sollicitée dans ce cadre, tant au plan matériel et financier qu'au plan des ressources humaines et scientifiques.

Yoonu yokkute met un accent particulier sur son FONGIP pour résoudre le problème du financement de l'équipement agricole et avicole (50 milliards/an). Alors que nous bouclons la deuxième année du mandat de Macky et que 100 milliards devraient être déjà injectés, rien de bien nouveau ne se passe encore dans le secteur agricole en termes de financement. Il est d'ailleurs peu probable que ce fonds puisse faire beaucoup mieux que le FPE ou encore la CNCAS.

Lorsqu'on se tourne vers la SNDES, les montants alloués à l'agriculture atteignent péniblement 11% du montant total destiné au financement de la stratégie. Il faut y ajouter l'élevage (91,793 milliards), l'hydraulique agricole (265,678 milliards), les industries de transformation alimentaires (68 milliards), la pêche et l'aquaculture pour 58 milliards pour atteindre péniblement 19% des montants destinés à la SNDES 2013-2017. Précisons d'ailleurs, sur ce point, que 1283 milliards sont à rechercher pour boucler théoriquement le budget agriculture de la SNDES, soit plus du quart (26%).

C'est pourquoi les objectifs fixés par 2Y dans ce secteur comme les infrastructures de stockage, de conservation, de conditionnement, de transformation ne seront pas atteints ; encore moins l'aménagement des terres ou le renforcement des instituts de recherche.

VI - Le pôle éducation

L'Ecole sénégalaise (éducation – formation – recherche) doit être repensée et ré dessinée de fond en comble, remise d'aplomb et structurellement stabilisée dans ses différents niveaux pour être en osmose avec nos préoccupations sociétales et nos objectifs de développement économique. Aujourd'hui perçue comme un fardeau voir un boulet que l'on traîne et dont on ne sait finalement que faire, l'Ecole doit être désormais regardée comme une formidable opportunité. Les réformes arrivées à maturité doivent être menées avec la lucidité nécessaire mais aussi avec le courage et la ténacité indispensables à cette aventure devenue incontournable. L'Etat et le secteur privé (dynamique, ambitieux et innovant) y travailleront en étroite collaboration.

Une politique hardie de discrimination positive en faveur des filières scientifiques et techniques devra être mise en œuvre sans état d’âme. Tous les élèves ou étudiants qui choisiront les filières scientifiques bénéficieront d’un traitement spécial et différencié. Les enseignants de ces filières de tous les ordres d’enseignement bénéficieront aussi d’un traitement particulier. Tous les enseignants et encadreurs retraités des filières scientifiques dont les capacités physiques et intellectuelles sont certifiées par des compétences en la matière seront recyclés et reprendront du service jusqu'à ce que les besoins en enseignants et en encadreurs soient satisfaits.

6.1 Refonder l'Université et l'enseignement supérieur en général

Refonder l'Université sénégalaise, c'est comprendre ce qu'elle doit être de nos jours en termes de capacités et d'aptitudes à répondre à nos besoins d'aujourd'hui et à ceux des générations à venir.
Par exemple, il faut totalement réformer les relations entre l'université et l'entreprise. Les universités doivent, dans une large mesure, être orientées marchés et business avec les entreprises dans une logique de retour sur investissement. C'est l'écosystème universités - secteur privé - banques qu'il faudra promouvoir pour y arriver. Un budget recherche conséquent corrélé à nos moyens et ouvert à toute contribution extérieure sera mis à la disposition de nouvelles générations d'entrepreneurs dans tous les domaines notamment dans l'agriculture et les nouveaux métiers. Le rôle de l'Etat ici est décisif. Pour avoir une entreprise de la taille de Apple il a fallu que l'Etat américain soit derrière. Pour Samsung, c'est l'Etat coréen. Ce sont l'innovation et l'invention (deux choses différentes quoi que proches) qui doivent être aux postes de commande à cet égard. L'innovation doit être une habitude de travail inscrite dans notre ADN. Pour cela, nous devons commencer par valoriser ceux qui cherchent. Les universités et les grandes écoles supérieures doivent avoir des laboratoires de recherches avec des normes acceptables tant du point de vue des équipements que des ressources humaines motivées. Elles seront réparties sur tout le territoire national sur la base des spécificités des zones éco géographiques et économiques identifiées.

6.1 - Les concertations sur l'Ecole.
Les nouvelles orientations et les nouveaux objectifs issus de la Vision seront le ferment des concertations sur l’Education et la Formation. Autrement, ce ne seront que des concertations de plus, sans lendemains. Il s'agira d'un débat national approfondi autour de toutes les questions et problématiques qui interpellent le système éducatif dans son ensemble, en impliquant tous les acteurs et partenaires pour arriver à des conclusions applicables et salutaires. Il ne s’agira pas seulement, comme le pense le nouveau pouvoir, «d'allonger la durée du PDEF (programme décennal pour l'éducation et la formation) de 10 ans à 15 ans et de changer l’appellation en Programme de développement de l’éducation et de la formation ». Il faut d'abord savoir à quoi sert l'école, par delà ses invariants, à chaque moment historique déterminé, pour assigner aux instruments disponibles des rôles et fonctions en cohérence avec les finalités. Autrement, ce sera, encore une fois, le bon vent et le marin qui ne sait pas où il va. Toutefois, dans l'enseignement élémentaire, moyen et secondaire, quelques réformes essentielles ne devraient pas attendre telles que :
* renforcer la formation des enseignants avec l’introduction de nouveaux modules (par exemple informatique, recherche documentaire, comptabilité matière et financière, administration, gestion et management des personnels, secourisme, langues nationales).
* mettre au point un programme quinquennal d’éradication des abris provisoires et des effectifs pléthoriques.
* Installer des observatoires départementaux du quantum horaire
* généraliser progressivement les cantines scolaires pour accompagner efficacement le régime de la journée continue à l’école.
* Renforcer le dialogue social et la bonne gouvernance du secteur par la fonctionnalité des structures de dialogue et de concertations - repensées et rénovées - dans tous les établissements (APE, CGE, Cellules pédagogiques, CODEC, CE, médiathèque, etc…) pour une gestion transparente et concertée.

6.2 - Langues nationales, alphabétisation et scolarisation.
"bépp làkk rafet na buy gindi ci nit xel ma, buy tudd ci jaam ngor ga". Serigne Hady Touré. (??? )
"La question de la langue et de l'écriture est essentielle si l'on veut sauver le signe africain d'une longue histoire d'abjection et restituer à l'Afrique sa force et sa puissance propre". Achille Mbembe***

Ajouter la linguiste Arame FALL

Dans la nouvelle Ecole, les langues nationales occuperont une place de choix. Il ne leur sera plus alloué moins de 1% dans le budget de l'éducation (moins d'un milliard CFA) comme c'est le cas actuellement, mais 3% du budget global par an soit, dans l'hypothèse des chiffres actuels, aux environs de 70 milliards de CFA.. Un programme quinquennal de formation dans les langues nationales et de promotion de ces langues devra être lancé sans tarder.Toute la population sénégalaise ayant l'âge requis sera alphabétisée au cours de cette période. Le contenu de cette formation doit être multi fonctionnel et déterminé avec les experts dans les différents domaines pertinents et selon les spécificités éco géographiques et culturelles de chaque terroir et dans des domaines comme l'Agriculture, l'élevage, la santé, l'environnement, le genre, Etc.

A l'épuisement du programme quinquennal, la formation des jeunes qui atteignent l'âge d'être scolarisés ainsi que le suivi et l'approfondissement des expériences retiendront l'essentiel de l'encadrement dans la filière qui, comme dans les autres enseignements, acquerra un statut permanent. On verra alors l'émergence d'une véritable économie des langues nationales : La formation des millions de Sénégalais dans leurs langues maternelles, l'édition d'une presse écrite, d'une presse en ligne, d'ouvrages de formation, l'introduction des langues nationales dans l'administration, la littérature et l'art, les sciences, techniques et technologies portées par nos langues.

L'Académie des langues nationales occupera une place centrale dans le dispositif des institutions à caractère scientifique du pays. Tout le monde sera tenu désormais de respecter les règles d'écriture de nos langues. Divers prix, distinctions et autres récompenses seront institués pour encourager la promotion des langues.
Tout cela générera des dizaines voir des centaines de milliers d'emplois productifs.

L'impact économique, social et environnemental des savoir, savoir faire et savoir être dispensés à travers les langues nationales dans le cadre de ce programme quinquennal sera considérable. Les projections des experts pourront nous en donner une idée plus exacte.

6.2 - La problématique des Daaras dans la politique éducative de l'Etat.
Le Daara est une civilisation, au-delà de sa fonction de transmission du message coranique. Le Daara combiné à la case de l'Homme forgeait littéralement le jeune garçon qui en sortait trempé et aguerri, prêt à affronter la vie. Le dynamisme de nombre d'hommes d'affaires de notre pays, de l'intérieur et de la diaspora, leur aptitude à faire face aux défis, l'esprit de solidarité qui les anime et leur capacité d'innovation qui sont un trésor immense pour l'économie et la culture, proviennent essentiellement de leur formation au Daara. Au Sénégal, du Nord au Sud et d'Est en Ouest, toutes les communautés ethniques et toutes les confréries pratiquent l'éducation par le Daara qui se trouve être d'ailleurs le premier espace de socialisation du savoir pour l'enfant hors du cercle familial. Il s'agit d'un véritable modèle social dont nous devons être fiers. En conséquence le Daara devra être une composante à part entière de l'Ecole publique selon cependant des modalités à définir par les spécialistes de façon que leur identité et autonomie ne soient pas dévoyées mais puissent servir de levain pour tout le système. Les problèmes récurrents signalés ici et là au niveau des Daaras sont tout à fait réels ; toutefois l'on ne saurait jeter le bébé (le modèle social), avec l'eau du bain (les difficultés et autres travers). La problématique des jeunes filles dans cette approche sera examinée par les spécialistes du secteur.

Une approche différenciée des Daaras de la campagne et des Daaras des centres urbains doit être opérée dans une optique de lier avec efficience l'étude et le travail de manière que les Daaras soient aussi des unités de production. Dans les campagnes, des moyens conséquents en termes de matériel agricole, semences et intrants, de superficies cultivables, et d'un accompagnement technique permettront aux Daara d'apporter une contribution de taille dans la réalisation de l'autosuffisance alimentaire. Des formes de coopération seront déterminées entre les deux types de Daara de façon à éliminer la mendicité des enfants dans les centres urbains. A leur tour les Daara des centres urbains seront aussi orientés vers des formations dans des secteurs comme l'artisanat de manière à coopérer utilement avec les Daaras ruraux.

Le Système de formation, l’encadrement et les curricula seront définis par les spécialistes et des EFI dédiés pourraient être ouverts pour les maîtres coraniques.
En tout état de cause, les autorités religieuses du pays et La Fédération Nationale des Associations des Ecoles Coraniques du Sénégal (F.N.A.E.C.S) seront des partenaires privilégiés de l’Etat sur ce sujet. Il m’a été donné de constater les énormes avancées faites par la FNAECS dans la réflexion et l’élaboration. Un travail de mise en cohérence avec les services chargés de la politique éducative permettrait de basculer les Daara dans le système sans perdre trop de temps après une phase d’expérimentation permettant de corriger, améliorer et perfectionner le système avant sa généralisation.

La question des diplômés en langue arabe et, d'une manière générale, celle de l'enseignement de la langue arabe seront également posées et résolues dans le cadre du nouveau système. Tout comme les diplômés en français vont poursuivre leurs études dans des pays non francophones moyennant une initiation adéquate à la langue dans laquelle les enseignements sont dispensés dans les pays d'accueil, de la même manière, les diplômés en langue arabe devront être mis à niveau dans la langue française selon des critères pédagogiques convenables pour qu'ils puissent s'insérer dans l'administration et poursuivre normalement des carrières comme ceux qui ont fait leur formation de base en français. Naturellement, les écoles qui dispensent les enseignements en arabe devront à leur tour s'adapter aux exigences nouvelles notamment en réservant au français la place qui convienne. Là aussi, les associations qui regroupent les diplômés en langue arabe seront pleinement associées aux réformes à apporter.

La promotion des langues nationales et l'inclusion des Daara dans le système éducatif vont renouveler et raffermir, pour ainsi dire, les bases de notre enracinement et de notre modèle spécifique de développement. Ce seront de puissants antidotes à l'aliénation culturelle à l'ère de la mondialisation. C'est, au demeurant, toute la portée et la place du "gëm sa Bopp" dans l'éducation et la culture. La vraie histoire du pays et de l'Afrique y sera enseignée de façon que la jeunesse acquiert la fierté légitime qu'elle doit acquérir et la force de caractère que confère la confiance en soi. Y seront également enseignées l'histoire des résistances anti esclavagistes déjà, puis l'histoire de la résistance coloniale aussi bien sous sa forme traditionnelle et temporelle que sous sa forme religieuse et spirituelle ; et sous cette dernière forme, l'histoire de la résistance religieuse armée comme celle de la résistance religieuse non armée. Les thèses de Cheikh Anta Diop et de ses disciples seront mises à contribution dans cette oeuvre de rédemption historique. C’est en nous ancrant à ce substrat que nous pourrons brasser nos valeurs de civilisation avec celles des autres civilisations en participant victorieusement à la bataille des contenus qui fait rage sur la toile et les bouquets de tv. D’une manière générale, ce sont la formation dans les langues nationales, l'inclusion des Daara dans le système éducatif, le Lël (la case de l’Homme), l’Armée et les divers mouvements de jeunesses (scouts et guides, pionniers, etc.) qui seront nos espaces d'incubation permettant à la jeunesse (masculine et féminine) de notre pays d’être suffisamment trempée, aguerrie et dotée d’un solide esprit critique et citoyen. Le service civique national (repensé et réformé) et le service militaire seront articulés de manière que chaque jeune à partir d'un âge à déterminer puissent subir une formation adaptée à son profil afin de pouvoir, pour une période d'un an à deux an, servir le pays dans un domaine déterminé, selon des programmes et des curricula élaborés par les spécialistes dans les filières concernées.

C’est au vu de ce qui précède qu’il est permis de penser que la réforme en cours de l'enseignement supérieur pourrait ne pas atteindre les objectifs qui lui sont assignés pour la raison bien simple qu'une véritable réforme doit articuler tous les niveaux d'enseignement dans une approche intégrée. En effet, le supérieur étant en aval des autres ordres d'enseignement, le réformer sans repenser dans le même mouvement ce qui est en amont, c'est s'exposer à des déconvenues.

VII - Le pôle santé
L'approche des problèmes de santé publique doit être fortement infléchie par l'intensification des efforts en direction de la prévention. La prévention reste souvent un slogan pour les gouvernants. Elle demande une approche pragmatique, ciblée et cohérente. La prévention s’adresse aux maladies transmissibles et aux maladies chroniques non transmissibles. Pour les maladies transmissibles, principalement les maladies infectieuses (paludisme, tuberculose et infection à VIH), les succès obtenus sont indéniables mais s'expliquent pour une très large part par un soutien conséquent des bailleurs de fond internationaux. Si, pour une raison ou une autre ce soutien faisait un jour défaut, des reculs importants pourraient être notés. C'est pourquoi l'Etat doit, tout en poursuivant cette coopération, élaborer un plan "B" notamment par la mise en place d'un fonds autonome à alimenter régulièrement. Pour les maladies chroniques non transmissibles, tout est à faire. Une bonne politique de prévention (Diabète, maladies cardiovasculaires, maladie rénale chronique, cancers) commence par un état des lieux qui nécessite des enquêtes à grande échelle. Les Tics et d'autres outils informatiques appuyés sur des jeunes formés et recrutés en grand nombre, devraient permettre une grande maîtrise de la situation au plan national.

En somme, la prévention doit être élevée au rang d'une politique transversale portée par l’ensemble des secteurs de la vie nationale notamment l’Ecole. Toute l'administration (publique comme privée) ainsi que les collectivités locales seront également concernées. Le programme quinquennal d'alphabétisation universelle fonctionnelle que nous préconisons y jouera un rôle prépondérant en tant qu'il portera des thèmes d'initiation à la prévention et aux soins de santé primaire. L’allocation des ressources budgétaires tiendra pleinement compte de cette orientation.

S'agissant de la dimension curative, l'accent devra être mis sur un renforcement substantiel des ressources humaines aux divers niveaux du système. Il faut également relever de façon volontariste le plateau technique pour le hisser aux normes de l’OMS. Ainsi, les hôpitaux régionaux, départementaux et les centres de santé ruraux, soulageront notablement les centres hospitaliers universitaires. Une telle politique participe également de l'aménagement du territoire.

Tout comme dans l’éducation avec le PEDEF, les différents programmes et politiques dans le secteur de la santé comme le PDIS devraient être complètement refondus à travers une approche intégrée des problèmes de santé publique. A cet égard, le concept de médecine traditionnelle devrait être revisité avec une perception dépouillée de toute condescendance. Il s’agit de réorganiser ce secteur informel en le débarrassant des charlatans qui nuisent beaucoup à la population. Il faudra l’encadrer par des textes législatifs et réglementaires et un système d’évaluation des compétences.

La politique sanitaire doit être capable de satisfaire la prise en charge adéquate des populations dans un rayon de cinq (5) km pour les soins de deuxième degré, par une équipe composée de médecins, d’infirmiers et de sages-femmes sans oublier les spécialités (chirurgie, pédiatrie et gynécologie), de même que la logistique médicalisée nécessaire.

Comme pour les filières scientifiques dans l'Education, dans le secteur de la santé aussi, toutes les ressources humaines disponibles seront mobilisées. Les jeunes diplômés en chômage seront recrutés. Les personnels à la retraite seront ré injecter dans la filière selon des modalités précises à déterminer pour compenser les déficits.

La formation des personnels de santé doit être renforcée pour relever les défis d’une médecine de qualité dans les zones les plus reculées du Sénégal. Le sénégalais, quel que soit son lieu d’habitation, doit avoir accès à une médecine de qualité. Pour ce faire, il faut financer la formations des médecins spécialistes (pédiatres, gynécologues, chirurgiens, etc…) dont les sénégalais ont le plus besoin en les recrutant d’abords dans la fonction publique et en les prenant en charge dans des filières de formation de spécialité qui existent toutes au Sénégal. L'objectif ici reste de doter chaque hôpital régional des différentes spécialités nécessaires à son fonctionnement dans des délais raisonnables.

Après avoir arrêté toutes ces mesures préconisées, il conviendra d'égaliser les chances dans l'administration publique. Etant donné les différences dans les conditions de travail en termes d'opportunités de toutes sortes, entre Dakar et certaines zones favorisées du pays d'une part, et le reste du territoire national d'autre part, une attention particulière doit être prêtée aux personnels de l'Administration publique qui travaillent dans des zones déshéritées. Les discours sur le patriotisme et le devoir citoyen ne masqueront jamais l'inégalité intrinsèque qui existe quant aux conditions et environnement de travail entre les deux catégories. Pendant que ceux qui ont « les bras longs » resteront dans les zones favorables, les autres resteront à l’intérieur avec leurs frustrations et leur dépit et certains d’entre eux passeront le temps à s’absenter de leur poste de travail et même à racketter les populations tandis que l’Etat fermera les yeux. Lorsqu’on veut être juste, on doit se pencher sur cette situation. Après une étude sérieuse, des réformes profondes seront introduites dans la fonction publique pour rééquilibrer les chances des fils et filles du pays où qu'ils ou elles puissent naître ou grandir. Des indemnités spéciales suffisamment attrayantes ainsi que d'autres avantages conséquents accompagneront cette politique de redéploiement.

Dans le même ordre d’idées, l’Etat devra s’acheminer, avec les organisations syndicales et tous les secteurs en lutte, vers une sorte de recapitalisation des accords non encore respectés par le gouvernement. Il s’agit de faire l’inventaire de tous les accords, ensuite de s’entendre sur les délais et modalités de mise en œuvre par le gouvernement. En contrepartie, les organisations syndicales s’engagent, durant toute la période considérée, à s’abstenir de toute perturbation aussi longtemps que les engagements seront respectés. Des clauses d’actualisation seront prévues de manière à faire face aux situations imprévues et pérenniser la quiétude nécessaire au travail et à l’étude.

Naturellement, la plus grande rigueur sera de mise partout ailleurs mais plus particulièrement sur l’éducation et la santé, notamment dans le mode de gestion de ces deux secteurs où le gâchis est énorme à tous égards. Ce sont l’éducation et la santé qui, à titre principal, forgent et entretiennent les êtres humains. S’en occuper est donc une priorité vitale pour l’Etat. C'est pourquoi, tout comme dans le domaine de l'énergie dont il sera question ci-dessous, l'approche par la demande devrait gouverner les futures politiques d'éducation et de santé à la place des politiques actuelles qui s'appuient sur une approche par l'offre. Il n'y a aucun doute qu'une restriction drastique du gâchis grâce à cette approche par la demande permettrait de renforcer substantiellement les acquis dans ces deux secteurs fondamentaux sans des augmentations budgétaires faramineuses. Un audit du gâchis est incontournable. Combien d'infrastructures au cours des décennies écoulées ont été programmées et budgétisées à coups de milliards et "réceptionnées" alors qu'elles n'ont jamais existé sur le terrain, l'argent ayant été intégralement dilapidé ?

Le sport de haut niveau et les compétitions internationales de disciplines porteuses comme le football, le basket ou encore l'athlétisme seront perçus comme des leviers diplomatiques du plus grand intérêt. L'arrivée du Sénégal en quart de finales du mondial de 2002 a concédé à notre pays un niveau de visibilité qu'une décennie de travail diplomatique classique n'en aurait été capable. C'est pourquoi la politique sportive devra être conçue depuis la petite catégorie avec cet impératif catégorique. Les victoires sportives à l'international, outre la satisfaction morale qu'elles nous procurent, enrichissent nos champions dans leur domaine respectif, boostent les investissements directs étrangers et le tourisme.

VIII - L'appareil économique.
Il convient donc de configurer l'appareil économique capable de porter les ambitions déclinées si l'on veut véritablement que les objectifs sociaux proclamés soient crédibles. Or, depuis 50 ans, nous travaillons sur un appareil économique d’inspiration coloniale, par conséquent tourné vers des objectifs de satisfaction de marchés métropolitains qui n’existent plus. Il en a été ainsi des autres territoires coloniaux devenus pays indépendants qui nous entourent. La politique coloniale de spécialisation agricole des territoires pouvait avoir sa cohérence pour la métropole. L'arachide au Sénégal, le café cacao en Côte d'Ivoire, la banane en Guinée ou encore, plus loin de nous, le riz en Indochine. Mais après les indépendances, il nous fallait découvrir de nouvelles rationalités économiques. Hélas nos économies n’ont pas été repensées dans une perspective nouvelle d'intégration et de complémentarité. Les marchés sont donc restés minuscules avec un pouvoir d’achat plus que faible.

La politique d’intégration sous régionale (à commencer par les pays frères limitrophes) doit être donc le paradigme dans l’édification économique du Sénégal. C’est cela qui fonde le concept d'infrastructures nouvelles que nous envisageons pour l’avenir. Un tel appareil économique sera construit sur des politiques publiques vertueuses sans être timorées, audacieuses sans être téméraires. Par exemple, il conviendra de passer à la mise en œuvre sans délais de toutes les recommandations pertinentes liées à l'environnement global des affaires, à une véritable administration de développement, à une justice efficiente, distribuée sur la base de la transparence, de la diligence, de l’équité, etc. A cet égard, une Haute autorité dotée de pouvoirs étendus, doit être érigée, dont la vocation sera exclusivement tournée vers le suivi systématique de l'exécution de cet important chantier de mise en œuvre par l’Administration des très nombreuses recommandations pertinentes formulées depuis des décennies mais rarement appliquées. Ce sera une autorité permanente qui devra travailler avec célérité et rapidité.
Nous discuterons avec nos frères Africains qui utilisent le franc Cfa comme nous, pour exiger la parole et parler d’une seule voie sur le sort de cette monnaie face à l’Euro. Nous sommes une centaine de millions d’Africains dans ce cas vivant sur un ensemble territorial plus vaste que l’Europe ou encore l'Inde avec des ressources naturelles du sol et du sous-sol sans commune mesure avec celles des pays de l'Union européenne et n’avons pas le droit de laisser l’Europe décider de notre sort à travers des politiques sur lesquelles nous n'avons aucune prise.

8.1 Les relations entre l'Etat et les institutions de Bretton Woods.
La faillite économique des premières décennies d'indépendance avait entraîné l'irruption des institutions de Bretton Woods dans nos affaires au travers de programmes d'ajustement structurel avec le Pas de 1979, le programme de redressement économique et financier (pref) 1980-84 et le plan d'ajustement à moyen et long terme pamlt (1985-92). En dépit des immenses sacrifices consentis par le peuple qui, rappelons le, n'avait aucune part de responsabilité dans les échecs économiques, la descente aux enfers ne s'est pas ralentie bien au contraire. Le slogan moins d'Etat, mieux d'Etat a été avancé pour liquider les fonctions vitales de l'Etat dans le développement économique du pays. L'Etat a été dessaisi de ses fonctions dans l'agriculture à travers la nouvelle politique agricole (Npa) , dans l'Ecole à travers le slogan d'Ecole nouvelle ou encore dans l'industrie à travers la nouvelle politique industrielle (Npi). Toutes ces politiques n'ont pu empêcher la mise en place, en 1993, d'un plan social drastique avec baisse des salaires, destiné disait-on, à éviter la dévaluation du franc cfa, lequel objectif n'a jamais été atteint puisque le franc CFA a été malgré tout dévalué en 1994. Et ensuite se sont succédés les programmes de rattrapage des déconvenues de la période précédente : programme de prise en charge de la dimension sociale de l'Ajustement structurel (ce qui en soi est tout un bilan de l'Ajustement), programmes de réduction de la pauvreté avec les documents de stratégie de réduction de la pauvreté, ou encore les objectifs de développement du millénaire. En somme depuis 1979, nous n'avons pas été maitres de nos choix et de nos orientations économiques. L'Alternance de 2000 avait permis de poser des jalons importants dans la critique théorique ou doctrinale des options des institutions de Bretton Woods d'une part et, de l'autre, de diversifier notre partenariat économique mais, pour des raisons liées au rapport des forces à l'externe et à des erreurs majeures au plan interne, cette orientation reste à être confortée et consolidée.

C'est ici le lieu d'indiquer que, pour nous, les appréciations formulées contre les institutions de Bretton Woods doivent être divisées car, si revendiquer l'indépendance et la souveraineté dans ses choix nous avait conduit à des avancées économiques et sociales et à l'émergence comme ailleurs dans le monde, ces institutions ne seraient probablement pas là à nous dicter notre conduite. C'est pourquoi certaines dénonciations aux accents patriotiques ont pu paraître tout juste comme une béquille pour disposer de suffisamment de latitude pour dilapider à moindre frais les biens publics. Il faut avoir le courage et l'honnêteté de reconnaître que ce sont nos propres turpitudes qui ont entraîné l'irruption du FMI et de la Banque mondiale dans notre gouvernance économique, qu'elles qu'aient pu être par ailleurs les erreurs et déconvenues qui ont pu être notées. C'est pourquoi l'Etat, dans tous ses démembrements, devra revenir à une conduite vertueuse dans tous les domaines ce qui rendrait inopportunes certaines injonctions ou interpellations des partenaires. C'est le premier pas pour sauvegarder sa dignité et son autonomie de pensée et d'action. C'est aussi sur la base de cette nouvelle approche que les pouvoirs publics devraient travailler en intelligence avec les banques et établissements financiers existants ou à créer, pour des réformes nécessaires à l’avènement de systèmes financiers innovants favorisant pleinement l’accès au financement pour l'Agriculture et pour les pme /pmi.

L'Etat et le secteur privé national.
Ces deux partenaires inséparables devront revisiter de fond en comble leurs rapports. Il nous faut affirmer le rôle axial de l'Etat dans le développement économique d'un pays. La crise économique et financière en Occident née à la fin de la décennie précédente et le remède de cheval qui lui a été administré à coups de centaines de milliards de dollars ou d'euros pour sauver des banques ou des entreprises sur le bord de la faillite en est la preuve la plus flagrante. Mais il s'agit pour nous d'un Etat qui n'a rien à voir avec ce que nous avons connu depuis les indépendances. Le nouvel Etat dont il est question devra fonctionner selon des normes d'une grande rigueur dans son administration, ses choix économiques, la transparence et l'équité dans les actes qu'il pose, dans ceux que la justice pose ; un Etat respecté par des citoyens convaincus que les choses marchent, pour l'essentiel, comme elles devraient marcher. La problématique de la commande publique et le secteur privé national devra être résolue sous la forme d'une doctrine élaborée, partagée, acceptée et mise en oeuvre avec esprit de suite. Cette notion de commande publique doit englober la part du secteur privé national et sous régional dans les grands travaux d'infrastructures qui sont en vue. Nos spécialiste financiers devront élaborer des schémas de joint-ventures véritablement porteurs en termes de parts de marché, en termes d'emplois qualifiés mais aussi en termes de transfert de compétences.
Les entrepreneurs Sénégalais seront appelés à leur tour à adopter de nouvelles postures. Le milieu devra être plus professionnel et la mentalité de rentiers qui habite certains hommes ou femmes d'affaires devrait à terme disparaître. Mais encore une fois, l'amorce devra être donnée par l'Etat. Il appartiendra à ce nouvel Etat en particulier de poser les infrastructures transnationales de dernière génération.

8.1 - Les infrastructures.
Le drame des dirigeants africains a été, dès le lendemain des indépendances, de n'avoir pas repensé les infrastructures. Celles-ci étaient juste conçues dans une logique coloniale de drainer les matières premières vers les ports du littoral pour être transportées vers les métropoles. L'exception a été, dans une certaine mesure, le Président Houphouët-Boigny de Côte d'Ivoire. Au Sénégal, le Président Abdoulaye Wade avait compris la centralité des infrastructures dans une logique de dépassement de Houphouët en intégrant pleinement leur dimension sous régionale et même continentale. Il nous faut donc aujourd’hui, approfondir cette orientation stratégique en matière d’infrastructures.

De quelles infrastructures le Sénégal d'aujourd'hui a - t - il besoin en tant que porte d'entrée de l'Afrique de l'Ouest mais, paradoxalement enclavé ? Ici aussi, une véritable vision doit être projetée à partir des exigences de notre pays et de ceux de l'hinterland qui, au demeurant, relevaient de la même administration coloniale il y a à peine soixante ans. Comment combiner de manière rationnelle un réseau routier, un réseau ferroviaire, un réseau de transport maritime et fluvial et un réseau de transport aérien pour un double objectif d'intégration : A l'intérieur du territoire, intégration des différentes zones éco géographiques et, à l'externe, intégration des pays voisins et de l'hinterland ? Telles sont les questions posées et à résoudre.

Dans la construction des infrastructures routières, nous devons articuler de façon rationnelle les pistes de production, les routes nationales bitumées et les autoroutes internationales. La construction des pistes de production tiendra pleinement compte des programmes locaux de développements (pld) des collectivités locales tandis que celle des routes nationales partiront du pnat (plan national d'aménagement du territoire) et des Srat (schémas régionaux d'aménagement du territoire).

8.1.1 - Autoroutes internationales.
Quatre autoroutes internationales désenclaveront le pays pour en faire le véritable hub qu’il doit être :
• L'autoroute Dakar-Tamba-Bamako-Ouagadougou-Niamey.
• L'autoroute Tamba-Kédougou-Labé - Conakry
• L'autoroute Thiès - Louga - St-Louis – Nouackchott. Cette infrastructure permettra la réalisation, chemin faisant, du pont de Rosso.
* L'autoroute Kaolack - Farafégné - Bignona - Ziguinchor -Bissau

Signalons les projets de réseau autoroutier comme Lagos - Mombasa ou Beira- Lobito ou encore Alger-Lagos "financés et développés par les partenaires au développement. Ces projets démontrent que plusieurs pays africains se sont effectivement engagés à ouvrir des itinéraires routiers entre eux. L’Ethiopie, cette année, a signé un accord pour la construction de trois projets routiers qui relieront le pays au Soudan. De même la Banque mondiale finance une route Kenya - Sud-Soudan". Sans oublier l'autoroute Abidjan-Lagos desservant au passage Accrah, Lomé et Cotonou.

8.1.2 Les autoroutes nationales
De fait les autoroutes internationales desservent aussi l'essentiel des établissements humains du Sénégal. Par exemple, l'autoroute vers Bamako desservira aussi Touba ou, plus exactement, l'autoroute Dakar-Touba sera conçue comme le premier tronçon de l'autoroute vers Bamako.
* L'autoroute reliant Mbour à partir de l'aéroport international Blaise DIAGNE à Fatick et Kaolack viendra compléter le dispositif autoroutier.

8.1.2 - Réseau ferroviaire
Le réseau ferroviaire sera articulé à ce nouveau réseau routier grâce à des chemins de fer nationaux et internationaux à écartement standard qui fassent table rase de ce qui tient lieu de chemins de fer aujourd'hui dans notre pays. En effet, nos infrastructures ferroviaires actuelles datent du début du siècle dernier avec un écartement métrique (abandonné dans l'essentiel des pays) et des trains de cinquante (50) ans d'âge qui, de Dakar, ne parviennent à rallier Bamako (1200 km) qu'au bout de 48h d'un voyage époustouflant aux allures d'expédition tandis qu'ailleurs, pour les mêmes distances, 5 ou 6 heures de temps suffisent largement dans des conditions de confort et de sécurité convenables.

Au niveau national, trois (3) axes ferroviaires et quatre (4) tronçons doivent être réalisés :

Axe 1 : St-Louis - Podor – Matam – Bakel pour transporter, entre autres, le riz, et sucre du waalo, phosphates de Ndendory et produits agricoles et agro-industriels du Fouta et du Gidimaxa (entre autres).

Axe 1 : ​​La dorsale Tamba-Vélingara-Kolda-Sédhiou-Ziguinchor (reconstruction du pont Emile Badiane).
Le marché sous régional de Diaobé qui polarise hebdomadairement le commerce des marchandises de tous les pays voisins aura une dimension toute particulière dans ce cadre. Cet axe doit être une véritable dorsale d'intégration entre le Sénégal, les deux Guinée, la Gambie, la Mauritanie, le Mali, etc.

Axe 2​​ : Dakar - Thiès - St-Louis
Cet axe autoroutière et ferroviaire devrait contribuer puissamment à ranimer les économies des régions traversées grâce à la renaissance d'une activité agricole rénovée tirée par le développement des échanges avec la Mauritanie et le Maroc.

Quant aux quatre (4) tronçons, ce sont :

Tronçon 1 : Diourbel - Touba.
Ce tronçon interconnectera les deux plus grands établissements humains du pays : la conurbation de Dakar et celle de Touba

Tronçon 2 : Louga - Linguère.
L'axe Louga-Linguère naguère appelé le rail des éleveurs contribuera fortement à la relance de l'élevage dans le Jolof et à la résorption des déficits alimentaires du pays notamment dans le domaine de la viande et du lait.

Tronçon 3 : Guinguinéo - Kaolack
Ce tronçon permettra de connecter le port de Foundiougne et celui de Kaolack à la dorsale ferroviaire Dakar - Bamako.

Les autoroutes et chemins de fer internationaux vont conférer à notre pays et à sa capitale en particulier leur véritable place et rôle de porte d'entrée de l'Afrique de l'Ouest à partir de l'Europe et des Amériques.

Au vu de ce dessein sous régional voir continental, la région de Dakar devra être profondément restructurée afin d'être à la hauteur des missions qui lui seront assignées en tant que plaque tournante pour un marché de près de 80 millions de consommateurs habitant sur de vastes territoires (plus de 4 millions de km2), riches de leurs sols et de leur sous-sol.

8.1.3 - Les ports.
La région de Dakar devrait abriter un chapelet de nouvelles infrastructures portuaires de grande envergure. Jusqu'à Toubab Dialaw ou Mbour, des ports dédiés seront construits.
• Dakar sera le port dédié au Sénégal,
• Pikine, Rufisque, Bargny et au-delà verront s'ériger les port dédiés respectivement au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
*​ Le port minéralier du Sénégal viendra compléter ce dispositif.

Les ports dédiés aux pays de l'hinterland bénéficieront du statut d'exterritorialité avec des conventions internationales qui conféreront toutes les garanties nécessaires aux pays concernés. L'Europe a démarré par l'acier avec 6 Etats. Ils sont aujourd'hui 27 et, en dépit de la crise, ils ont déjà montré que c'est possible.
Les ports et débarcadères de Kaolack – Foundiougne – St-Louis – Ziguinchor – Podor – Bakel – Kidira – Mbour – Joal – Kayar – Kaffountine – Cap skiring retiendront l'attention en rapport avec la Mauritanie, la Gambie et la Guinée Bissau.

La navigabilité du fleuve Sénégal sera une composante essentielle dans cette politique d'infrastructures d'intégration sous régionale.

8.1.4 - Les aéroports.
Les liaisons aériennes locales seront développées pour connecter les capitales départementales et régionales.

Notre approche des infrastructures, comme on le voit, est bien différente des fameuses "Mesures clé" de Yoonu Yokkute qui manquent dramatiquement de vision et d'ambition. Je cite : "Désenclavement du Sénégal par la modernisation des principales routes départementales, nationales notamment Tamba-Kayes et Tamba-Labé,
Réhabilitation du chemin de fer Dakar – Tamba – Kayes,
Construction d’un nouveau port à Bargny,
Construction du pont de Rosso et reconstruction du pont Emile Badiane,
Extension et réhabilitation du train bleu (de Dakar à Thiès)". Fin de citation.

IX - L'aménagement du territoire, la macrocéphalie du Sénégal et les questions environnementales.
Les infrastructures doivent être solidement corrélées à l’aménagement du territoire et servir aux exigences incontournables de rééquilibrage des établissements humains pour la réhabilitation et la sauvegarde de notre environnement qui se dégrade hélas de jour en jour.

Aménager le territoire d’un pays qui s’appelle le Sénégal, c'est développer une double démarche consistant à : d'une part, traiter avec succès sa macrocéphalie (développement monstrueux de la tête qu'est Dakar) en soulageant substantiellement notre capitale et, d'autre part, s'appuyer sur les six zones éco-géographiques relativement homogènes du pays dans la stratégie de rééquilibrage ci-dessus évoquée. Sur la base de caractéristiques biophysiques et socio-Economiques et des écosystèmes, les différentes zones sont :
1- La verte Casamance
2- La zone des Niayes : c'est le littoral de Dakar à St-Louis
3 - La vallée du fleuve Sénégal de St-Louis à Bakel.
4- Le Bassin arachidier au centre du pays
5 - La zone sylvo-pastorale entre le bassin arachidier et la vallée du fleuve
6- Le Centre-Est et Sud-Est qui couvre le Sénégal oriental.

Pourquoi un focus particulier sur Dakar ?
Nous sommes l'unique pays au monde, à ma connaissance, à avoir, sur un espace géographique non extensible (presqu'île) représentant 0,3 % seulement de son territoire, 25 % de sa population, 60 % de ses richesses et 80 % de son activité économique. Le plus hallucinant est que Dakar, au lieu d’être soulagé, accueille tous les ans 150.000 à 200.000 personnes faute précisément d’une politique intelligente et hardie de nature à inverser durablement cette tendance. Aménager le territoire du Sénégal c'est d'abord s'attaquer à cette contradiction principale qui gouverne, quant au fond, l'ensemble des autres contradictions rencontrées dans le domaine de l'aménagement du territoire. Toutes les politiques mises en œuvre, dans quelque domaine que ce soit, devront explicitement articuler, chacune en ce qui la concerne, une dimension "soulagement de Dakar".

La problématique des inondations récurrentes et catastrophiques dans la région de Dakar trouvera sa solution définitive dans le cadre de cette stratégie d'aménagement. En effet, les routes, les autoroutes et les chemins de fer combinés aux délocalisations des industries et des services qu'ils induisent et des politiques d'incitation qui seront développées par l'Etat entraineront de manière quasi automatique un renversement du flux migratoire vers Dakar. Thiès retrouvera son lustre d'antan et deviendra une destination de choix. Ce sera le cas pour St-Louis, pour Matam-Ourossogui et globalement la vallée du fleuve Sénégal, pour Tambacounda et Kédougou, pour les centres urbains de l'axe Tamba - Ziguinchor, ou encore les pôles urbains du centre du pays ainsi que la grande et la petite Côte. Des dizaines de milliers de ménages quitteront Dakar. Le relâchement important de la pression démographique entrainera alors une baisse drastique du loyer en vertu de la fameuse loi de l'offre et la demande. Cette baisse du coût du loyer permettra aux ménages qui vivent dans des zones inondables de trouver une nouvelle offre plus compétitive dans les zones habitables. L'Etat à son tour, dépensera beaucoup moins d'argent dans les inondations et pourra consacrer les économies réalisées aux autres urgences qui seront celle de la région de Dakar nouveau hub de la sous région. L'expérience toute récente de la nouvelle autoroute à péage prouve amplement cette prévision car l'on observe dores et déjà un frémissement dans le flux migratoire en sens inverse. Dakar retrouvera alors sa vocation véritable de grande métropole, porte d'entrée de l'Afrique de l'Ouest et première plate-forme d'éclatement entre le Maghreb et l'Afrique au Sud du Sahara. Il sera aussi un espace qui respire dans un environnement agréable à la place du capharnaüm suffoquant qu'il est presque devenu aujourd'hui.
En tout état de cause, tout gouvernement au Sénégal doté d'une volonté politique de réussir sa mission de développement au service de l'Homme, devra considérer la macrocéphalie du pays comme le problème de sécurité nationale Numéro 1. Dakar est un problème environnemental, un problème économique, social, culturel, politique, bref civilisationnel à résoudre à moyen terme (10-15 ans).

X - L'Equation énergétique : Renverser la démarche actuelle en substituant à l’approche par l’offre, l’approche par la demande.

La situation énergétique du pays est la résultante de plusieurs décennies de politique énergétique inappropriée ou simplement inexistante. Le temps du pétrole bon marché a beaucoup contribué à cette "insouciance" car les erreurs de choix ne se faisaient pas sentir en ces périodes là. Mais, à partir du moment où, désormais, le baril vogue allègrement au-dessus de 100 USD, ces errements nous ont rattrapés. Nous subissons les effets néfastes des mauvaises mesures antérieures sans compter que l'argent bon marché pour financer des investissements se fait rare, du moins en occident. C'est ainsi qu'aujourd'hui, le modèle économique classique reposant uniquement sur l’augmentation continue de l’offre énergétique est devenu insoutenable.

La problématique de l’approvisionnement a accaparé le devant de la scène nationale depuis près de deux décennies maintenant. Depuis lors, des « plans de restructuration » ont succédé à des « plans de relance » qui ont précédé des « plans de sortie de crise » interminables, installant le Sénégal sur une trajectoire circulaire stérile avec une ardoise de plusieurs milliers de milliards de francs FCFA. En effet, ces divers plans se sont révélés soit des déclarations d’intentions, soit des entreprises utopiques ne permettant de déchiffrer aucun progrès vers une solution réelle que d’aucuns ont longtemps appelé de leurs vœux ou continuent de le faire. Le "plan tàkkal" avait épargné le pays de délestages pendant plusieurs mois d'affilée mais a été débranché par le nouveau pouvoir sans alternative éclairante.

Pour résoudre l'équation de l'énergie, il faut replacer le bon sens au cœur du débat et partir de quelques postulats simples : (i) les politiques énergétiques doivent être adaptées aux terroirs et aux sources qui y sont disponibles ; (ii) le mix énergétique doit reposer le moins possible sur les énergies fossiles ; (iii) la sobriété dans la consommation est nécessaire pour arriver à des coûts énergétiques soutenables. Dès lors, nous devons opérer selon une double démarche. La première consistera à élaborer et à mettre en œuvre une politique de gestion de la demande reposant sur trois piliers : efficacité et sobriété énergétiques, décentralisation de la production, et valorisation de la vigueur de la jeunesse nationale. Quant à la seconde démarche, elle portera sur la programmation optimale d’un plan réaliste de l’offre énergétique qui, comme dans le domaine des infrastructures routières et ferroviaires, inclura une approche sous régionale de valorisation énergétique du territoire. Ces deux démarches seront combinées et corrélées.

Où donc se situe le problème ? Encore une fois, il est dans le déficit de vision. Pour les autorités, le maître mot, c'est l'approche exclusive par l'offre; il faut sans cesse accroître la production sans trop se soucier de l'efficacité de cette offre. On ne sait même pas distinguer ce qui est réellement utile de ce qui est gaspillé dans l’énergie consommée. Ce n'est pas rationnel parce qu'on cherche à satisfaire une demande qu'on ne connaît pas. On cherche à remplir d'eau un seau percé. Le renforcement du débit n'aura jamais comme conséquence un seau troué rempli d'eau. Avec l'approche par l'offre, nous ne nous en sortirons jamais, quelque soit le partenaire, qu'il soit stratégique ou tactique, de quelque nationalité qu'il puisse être.

Inverser la méthode, c'est maîtriser la géographie de la demande. Par exemple : Que consomme le paysan ? Que consomme l'ouvrier ? Que consomme-t-on dans la banlieue ? Dans la zone industrielle de Dakar ? Comment consomme-ton ? Etc. Telle est l'approche par la demande que nous préconisons. Connaître la demande est un travail de fourmi, très laborieux, exécuté par dix mille, vingt mille jeunes bacheliers que l'on embauche après une courte formation et qui, à l'arrivée, débouchera sur d'énormes économies d'argent. Il faudra adapter les filières de formation professionnelle pour faire ce travail qui est permanent.

Lorsque nous importons une centrale, les 99% de son prix vont dehors. En remettant les choses à leur place, approche par la demande, on privilégie la rationalité économique qui pourrait rendre non nécessaire l'achat de la centrale par la suppression des puissances non nécessaires, par l’amélioration de la façon de consommer. Ce serait l’équivalent de réparer le sceau d’eau dont il a été question plus haut. Toutes les entreprises devront faire l'objet d'un audit énergétique, supporté si nécessaire par l'Etat. Des pays comme le Maroc, la Tunisie ou encore l’Algérie le font. Là où l'on consomme 1000MWh, un audit pourrait ramener le besoin à 400 Mwh. En France par exemple, des centaines de milliers de gens y travaillent. Ils connaissent la radioscopie de la demande, appartement par appartement. Il nous faut donc former des jeunes pour contrôler ce qui doit rentrer dans le pays en termes de récepteurs. Le Sénégal fait partie aujourd'hui de ce qu'on appelle des pays poubelles dans ce domaine. Ailleurs, les contrôles sont stricts. Les recettes douanières qui pourraient nous amener à fermer les yeux ne représentent rien comparées à ce que l'Etat dépense par ailleurs du fait de ces appareils qui consomment énormément d'énergie et qui, de ce fait, sont, pour ainsi dire, hors de saison dans leur pays d'origine. De tels contrôles contribueraient puissamment au redressement de la balance commerciale par le secteur.
L'approche inclusive portera sur les énergies renouvelables. Le soleil, les vents et les fleuves ignorent les frontières.
L'audace dans les stratégies innovantes devrait aussi nous conduire à percevoir certaines contraintes comme des opportunités. Par exemple le typha qui est entrain d'étouffer le fleuve Sénégal est un puissant isolant qui pourrait faire économiser d'importantes sommes d'argent dans le domaine de la climatisation, donc de l'économie d'énergie tout en entraînant une régénération de l'écosystème du fleuve. Reprendre l'isolation du building du gouvernement par exemple ferait gagner des milliards à moyen terme. Une véritable industrie de l’isolation existe potentiellement au Sénégal sans compter le marché phénoménal du reste de la sous région et les centaines de milliers d'emplois susceptibles d'être créés. Mais le typha est aussi une source d'énergie.
En somme, le miracle dont on parle pour certains pays, ce n'est rien d'autre que l'audace dans la réflexion, dans les stratégies innovantes, simples, maîtrisables et de faibles coûts. Il est vrai que dans ces pays, il y a un esprit conquérant, prêt pour la compétition.
Combien de milliers d'emplois sont-ils en dormance dans l’installation, l’exploitation et la maintenance énergétique, le contrôle électronique de puissance. Combien de milliers d'emplois dans la collecte des données (niveau Bac), compilation des données (bac + 2), analyse des données (bac +5). Combien de milliers d'emplois dans le contrôle de l'éclairage ? Etc.

Voir dans les annexes, les simulations d'une approche par la demande qui permettent de mettre en exergue tout l'intérêt qui s'attache à l'inversion de l'approche actuellement en vigueur au Sénégal. L'on aura remarqué que, pour ce qui concerne le potentiel d'emplois productifs à créer, il est de l'ordre de 100 000 à 150 000 pour les besoins nationaux, sans compter que le Sénégal pourrait avoir comme stratégie de miser sur le développement de ce types de compétences et savoir-faire en vue de l'exporter dans la sous-région et le continent tout entier; ce qui démultiplierait le potentiel d'emplois, de richesses et d'exportations.

XI - Les Technologies de l'Information et de la communiction (TICs) : pour une bonne entrée dans la société de l'information.
La matière grise étant la chose la mieux partagée, aucun complexe à s'inspirer des meilleurs pratiques de par le monde.
Les TICs sont un levier d'une importance stratégique, vitale pour le développement du pays de par leur caractère transversal et, en définitive, leur nature de porteuses d'une nouvelle ère civilisationnelle. Vivre les TICs selon cette perception est la seule et unique posture qui convienne à notre époque. Nous devons penser notre développement sous ce prisme. Notre Economie rurale doit être pensée sous ce prisme. L'agriculture, depuis les processus de production jusqu'aux procédures de mise en marché doit être conduite sous cet angle. Il en est de même de l'élevage y compris la fameuse équation du vol de bétail ; il en est ainsi aussi de la pêche et de la lutte contre le pillage des ressources halieutiques. Sans compter le secteur des services ou encore l'industrie et l'artisanat ou l'Ecole, ou la santé, ou la culture et j'en oublie.

Les PME /PMI du secteur doivent bénéficier d'un traitement spécial et différencié. Un fonds spécial logé dans les banques doit leur être dédié de même qu'un régime fiscal particulier.

Une régulation en adéquation avec les exigences du secteur doit encadrer l'activité globale notamment la concurrence grâce à la résolution définitive de la problématique de la fourniture d'accès Internet.

Si les efforts entrepris dès l'année 2000 avaient été poursuivis en matière de stratégie Nationale d'insertion du Sénégal dans la société de l'information, notre pays serait aujourd'hui à une place tout à fait enviable. Hélas, ici aussi, le déficit de vision a sévi.

Tout comme dans la filière énergie, l'approche par la demande doit remplacer l'approche par l'offre. Les projets structurants qui doivent émerger devront précisément aller au-delà de simples offres de services mais être conçus pour répondre aux besoins qui s'expriment dans la société.

La filière des TICs correctement managée doit pouvoir nous apporter une cinquantaine de milliers d'emplois directs au bout d'un plan quinquennal de développement du secteur. Le Maroc abrite aujourd'hui plus de 3000 centres d'appels là où le Sénégal en est à peine à 50 d'où l'énorme marge de progression que nous avons.

XII - Le financement des infrastructures : L'argent est ce qui manque le moins. Le continent africain est depuis de longues années un créancier net vis-à-vis du reste du monde". Autrement dit, c'est l'Afrique qui finance le reste du monde.

Lancé officiellement le mercredi 29 mai 2013, à l’occasion des 48e Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) à Marrakech, au Maroc, un nouveau rapport conjoint de la BAD et de Global Financial Integrity (GFI) révèle que "le continent africain est depuis de longues années un créancier net vis-à-vis du reste du monde". Autrement dit, c'est l'Afrique qui finance le reste du monde.
Le rapport (http://AfricaNetResources.gfintegrity.org) conclut que l'Afrique a pâti de sorties nettes de fonds de l’ordre de 597 milliards de dollars EU à 1400 milliards de dollars, entre 1980 et 2009, après ajustement des transferts nets enregistrés pour les flux financiers sortants frauduleux".
"L’idée reçue a toujours été que l'Occident injecte de l'argent en Afrique, grâce à l'aide étrangère et aux autres flux de capitaux du secteur privé, sans recevoir grand-chose en retour. Notre rapport inverse le raisonnement : l'Afrique est en situation de créancier net par rapport au reste du monde depuis des décennies », a déclaré Raymond Baker, directeur du centre de recherche et de défense GFI, basé à Washington. Ce n'est donc pas l'argent qui manque à l'Afrique. Il s'y ajoute que des gouvernements pro actifs de pays très liquides élaborent depuis bientôt une décennie, des stratégies dédiées à l'Afrique avec des milliards USD à la clé. C'est le cas, entre autres, de la Chine (qui a récemment mis 20 milliards de dollars à disposition à des taux concessionnels), de l'Inde et du Japon (qui, à l’issue de la TICAD V de juin dernier, a mis 16000 milliards de cfa d’aide au développement pour les cinq prochaines années et 503 milliards comme soutien aux initiatives de paix au Sahel). Ces pays aménagent des créneaux d'une grande efficacité en termes d'accompagnement à leur secteur privé pour prendre d'assaut l'Afrique. Une stratégie tout aussi intelligente de l'Afrique ou de ses sous régions est ce qu'il y a de plus indiqué pour drainer des volumes d'argent importants en vue de réaliser les projets et programmes que nous avons ».
S’ajoutent à ces opportunités des ressources endogènes ici même en Afrique. A TUNIS, sous l’égide de l’Union africaine (UA), de la BAD et de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), les dirigeants des principales organisations économiques africaines se sont réunis le 19 juillet dernier dans le cadre d’une table ronde de haut niveau pour échanger sur le financement des infrastructures. Un communiqué commun des trois institutions publié en amont de cette réunion indique que « le Programme pour le développement de l’infrastructure en Afrique, s’élèvent à 68 milliards USD d’ici à 2020 » et que « désormais l’Afrique doit profiter de ses propres réservoirs de capitaux pour financer son développement".
Le rapport poursuit : "Les récentes découvertes de pétrole et de gaz, ainsi que de nouveaux dépôts de minerais dans un certain nombre de pays africains, fournissent une source viable de financement pour le développement de l’infrastructure de l’Afrique, en grande partie à partir de ses ressources endogènes. Si les revenus en découlant sont bien gérés et bien utilisés, ils peuvent être investis dans l’infrastructure essentielle pour la transformation du continent et ainsi contribuer directement à la vision de l’Union africaine de 2063 d’une « Afrique intégrée, prospère et paisible, conduite par ses propres citoyens et représentant une force dynamique dans l’arène mondiale ».
Comme on le voit, dès lors que le programme est économiquement pertinent, il restera juste à le crédibiliser politiquement. Nous proposerons donc que les autorités politiques des pays concernés et leurs secteurs privés se retrouvent pour valider les orientions majeures et s'engager à mutualiser leurs efforts pour une "Convention cadre" qui retiendra, à n'en pas douter, l'attention des investisseurs de tous horizons. Cependant, nous prêterons une grande attention à ceux qui seront les plus aptes dans la rapidité des procédures de mobilisation des fonds nécessaires.

Nous proposons que les pays concernés mettent en place un fonds commun d’investissement pour les infrastructures (FCII). Une étude de la Banque mondiale en 2006 a montré que pour atteindre le taux de croissance de 7% nécessaire pour réduire de moitié la pauvreté, l'Afrique devrait investir 5% du PIB dans l’infrastructure et 4% dans l'entretien. Il est vrai que le niveau est inégal d’un pays à l’autre et qu’il s’agit ici d’une moyenne. En partant de cette pondération, ici au Sénégal, référence PIB de 2011 (6767 milliards), nous mettrions 338 milliards/an sur les réalisations et 270 milliards/an sur les activités d’exploitation et d’entretien. Pour atteindre un taux de croissance >=10%, le Sénégal devrait aller, selon les experts, vers 8% du PIB dans l’infrastructure et consacrer environ 7% supplémentaires aux activités d’exploitation et d’entretien de cette infrastructure soit (base 2011), 473 milliards + 338 milliards = 811 milliards/an. Cette estimation, quoi que s'inscrivant dans la bonne direction est toutefois en deçà de ce qu'il faut annuellement pour atteindre les ambitions de la vision. Toujours est-il que le Sénégal pourrait apporter 400 milliards/an dans le fonds commun. Chaque pays du groupe apporterait sa quotepart au prorata de ses moyens et de ses ambitions. Ce fonds de contrepartie servira à rassembler des investissements de l’ordre de 10.000 milliards CFA/an. Sur une décennie, ce sont cent mille milliards de CFA qui seront injectés dans les infrastructures routières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires" des pays concernés. Pour ce qui concerne le Sénégal, le fonds pourrait nous permettre de disposer d'un volume plancher (nous disons bien plancher) de 2000milliards/an pour nos infrastructures.

On ne mange pas les routes" lançait-on à Abdoulaye Wade mais un rapport de AICD de 2009 indiquait fort justement je cite : « L’investissement dans l’infrastructure représente un énorme potentiel non exploité de création d’emplois productifs. Il fait progresser l’agriculture, facilite le commerce et l’intégration… L’état des infrastructures en Afrique au Sud du Sahara freine la croissance des pays de 2% chaque année et limite la productivité des entreprises jusqu’à 40%. Telle est la dure réalité. "On ne mange pas les routes mais on mange assurément mieux grâce aux routes" ont répondu ceux qui ont compris ce que représentent les infrastructures dans la création de richesses.
En parcourant cette approche et les propositions qui y sont exposées l'on s'aperçoit avec netteté que le nombre d'emplois ne se décrète pas à partir de ses désirs si généreux soient-ils, mais se sécrète par une machine économique performante et bien conduite. Ici on parle de millions d'emplois productifs sécrétés par les infrastructures de transport, par l'énergie, par l'Agriculture, par l'industrie, par l'artisanat, par le transport et les services, etc. et non de quelques emplois conjoncturels, éphémères et non productifs. C'est de cette façon qu'on gagnera la guerre contre le chômage et le sous emploi et non de manière artificielle. C'est enfin comme cela qu'on accède à l'émergence et au développement au lieu de passer notre temps à ergoter sur les vertus de l'émergence sans jamais oser faire le saut qui nous y mène.

Concluons : la vision du financement est déterminante dans tout projet ; qu'il soit personnel ou collectif. S'il est donc établi comme indiqué ci-dessus, que les moyens de nos ambitions existent et n'attendent que des initiatives appropriées pour se déployer, il est tout aussi vrai qu'il reste une bataille majeure à engager et à remporter. Il s'agit de la bataille pour garantir l'efficacité de l'investissement public.

La bataille de l'efficacité de l'investissement public.
Tous les discours et actions au sujet de la gouvernance convergent inexorablement vers la problématique de l'efficacité de l'investissement public. On ne saura jamais le montant de l'argent public théoriquement investi pour construire des écoles, des hôpitaux et postes de santé, des routes, acheter du matériel agricole, des semences, des engrais et autres intrants, etc. qui finissent indument dans les poches d'acteurs les plus divers : La corruption est une véritable culture qui imbibe si profondément notre corps social qu'elle finit par ne plus être perçue comme tel mais comme de simples opportunités à saisir, comme une chance qui est offerte... Et il faut une véritable révolution culturelle pour en venir à bout ; un changement de paradigme qui bouleverse la posture des citoyens Sénégalais vis à vis de la chose publique. Certains n'ont rien à avoir avec la corruption ou la concussion mais ils ne feront pas le moindre effort pour sauvegarder un bien public qui se détériore quand bien même ils en auraient les capacités et les moyens. En fait, les esprits ne sont pas formatés pour cela. Et c'est tout le sens du combat pour l'avènement d'une véritable citoyenneté. Ce combat pour un engagement individuel et collectif est aussi important que le combat pour les infrastructures ou pour l'agriculture car, en définitive, les infrastructures ou l'agriculture sont au service de la personne humaine dont elles concourent à améliorer l'existence sur terre. Manger, boire, se vêtir, avoir un logement décent et se soigner quand on tombe malade, accéder au savoir et se sentir en sécurité. Ce sont là les conditions pour accéder à l'émancipation ; les conditions pour l'être humain d'accéder à son humanitude : adorer leur Créateur pour certains, et/ou la production d'œuvres culturelles pour les uns et les autres. Mais ces objectifs, on ne les atteindra pas par nos raccourcis traditionnels. C'est en cela que le discours de vérité doit remplacer le discours démagogique. Dire aux Sénégalais comme l'a fait Macky Sall qu'il suffirait de l'élire pour que l'emploi, la baisse du coût de la vie ou encore la sécurité et la paix en Casamance soient au rendez-vous comme par enchantement n'est pas une démarche particulièrement novatrice notamment pour un jeune comme lui. Toutefois, la vraie question qu'il faut se poser est celle de savoir pourquoi un tel discours a pu malgré tout fonctionner et produire le résultat qu'il a produit à savoir la victoire de ceux-là qui l'ont tenu. Cela relève, encore une fois, à mon sens, de la culture du raccourci à laquelle il faut mettre un terme. Cheikh Anta Diop aimait répéter en wolof : "senegale boo koy Wax dëgg Day Mel ni da ngay tas yaakaaram" autrement dit : "Les Sénégalais n'aiment pas qu'on leur tienne un langage de vérité". Mais, aujourd'hui, le Sénégal et l'Afrique ont effectivement besoin, mutatis mutandis, du discours de Winston Churchill lorsque l'Allemagne nazie a commencé à s'occuper de l'Angleterre. Serrer la ceinture et se serrer les coudes pour vaincre les défis en pratiquant la pédagogie par l'exemple ; autrement dit, que ceux qui dirigent soient les premiers à pratiquer les ajustements nécessaires ; en somme qu'ils donnent en toutes circonstances le bon exemple.

L'Etat et le phénomène de la corruption.
C'est ici le lieu de préciser notre doctrine sur la lutte contre la corruption et autres fléaux du même ordre. Pour nous la manière dont le régime en place déclare mener la lutte contre la corruption est la pire manière de s'y prendre si toutefois telle était leur intention. L'expérience doit servir aux êtres humains puisqu'ils sont dotés d'intelligence et de mémoire. Lorsque le Président DIOUF a lancé sa traque des biens mal acquis en 1981, non seulement cela n'a rien apporté à l'Etat mais plus gra

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