Leral.net - S'informer en temps réel

Condamnations unanimes après le massacre en Syrie

Rédigé par leral.net le Samedi 14 Juillet 2012 à 10:36 | | 0 commentaire(s)|

Alors que plus de 150 personnes ont été tuées dans le village de Treimsa jeudi, la Russie condamne mais demeure hostile à tout projet de résolution du Conseil de sécurité. Vendredi, les violences ont fait au moins 56 morts.


Condamnations unanimes après le massacre en Syrie
Tandis que les pourparlers autour d'une nouvelle résolution tournent court à l'ONU, le régime syrien accentue la répression. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), plus de 150 personnes ont été tuées jeudi dans l'attaque du village de Treimsa, dans le centre de la Syrie. Le bilan dépasserait les 220 morts, selon un chef rebelle. «Considérant la petite taille de la ville, c'est peut-être le plus grand massacre commis depuis le début de la révolution», a commenté le président de l'OSDH Abdel Rahmane.

Le village a été bombardé puis mis à sac par des chabiha, des miliciens progouvernementaux, disent les opposants. Selon un militant, les forces gouvernementales ont pilonné une mosquée où de nombreux habitants avaient cherché refuge. Treimsa «est vide maintenant. Tout le monde est mort ou a fui», affirme-t-il. «Une trentaine de véhicules de l'armée ont totalement encerclé le village. Quiconque essayait de fuir à travers les champs était abattu», raconte un autre militant. «Il semble que des miliciens alaouites des villages voisins soient descendus à Treimsa après le repli des rebelles qui la défendaient et qu'ils eurent commencé à tuer. Des maisons ont été entièrement détruites et incendiées dans le bombardement», a déclaré Fadi Sameh, un opposant local.

Condamnations unanimes

L'Union européenne par la voix de sa chef de la diplomatie Catherine Ashton a dénoncé «une violation flagrante» du plan de paix Annan. Elle n'a toutefois pas nommé les responsables de «ces actes atroces» «qui doivent être identifiés». Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan a affirmé dans une note au Conseil de sécurité que le gouvernement syrien avait «bafoué» les résolutions prises contre le régime de Bachar el-Assad. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a estimé pour sa part que cette tuerie constituait «une éscalade scandaleuse» dans le conflit syrien. Selon lui, l'inaptitude du Conseil de sécurité à mettre la pression sur Bachar el-Assad équivaut à lui octroyer «un permis de massacrer».

S'exprimant après la tuerie de Treimsa, Ban Ki-moon a poussé le Conseil de sécurité, actuellement très divisé, à «envoyer un message fort à tout le monde pour dire qu'il y aura des conséquences» si le plan de paix prôné par l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan n'est pas respecté.

En marge d'un discours au ministère de la Défense, le président français François Hollande a tenu à adresser un message aux «Russes et aux Chinois». «Pour être clair, en ne faisant rien pour que nous puissions avancer plus directement vers des sanctions plus fortes, finalement c'est le chaos et la guerre qui vont s'installer en Syrie au détriment de leurs intérêts», a déclaré le chef de l'Etat. Il a néanmoins écarté l'usage de la force: «Nous n'en sommes pas encore là», a-t-il dit. Une solution également balayée par le président égyptien Mohamed Morsi et son homologue tunisien Moncef Marzouki, vendredi, lors d'une conférence de presse commune. Enfin, la secrétaire d'état américaine Hillary Clinton s'est dite «sandalisée» par ce massacre.


De leur côté, les autorités syriennes ont fait porter la responsabilité du massacre aux «groupes terroristes» ainsi qu'aux «médias assoiffés de sang». «Des unités de nos forces armées ont mené jeudi matin une opération de qualité (...) et ont réussi à vaincre les terroristes sans qu'aucune victime civile soit à déplorer», a affirmé l'armée. Le régime a par ailleurs confirmé la première défection de l'un de ses ambassadeurs, Manaf Tlass, un général proche du président Assad, suivie mercredi par celle de Nawaf Farès, l'ambassadeur de Syrie en Irak. Sur le terrain vendredi, les violences à Damas et à Alep ont fait au moins 56 morts, dont 25 civils, 24 soldats et sept rebelles, selon l'OSDH. Les observateurs des Nations unies en Syrie rapportent enfin qu'une opération militaire aérienne visant des zones urbaines au nord de Hama est en cours.

Projet «inacceptable» pour la Russie
Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a pressé vendredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'adopter une résolution contraignante à l'encontre du régime. Mais les pourparlers patinent. La Russie, soutien indéfectible du régime de Damas, a une fois de plus qualifié d' «inacceptable» le projet de résolution déposé mercredi à l'ONU par les Occidentaux, menaçant d'y mettre son veto s'il était soumis au vote du Conseil de sécurité jeudi. «Dans son ensemble, leur projet n'est pas équilibré», seul le gouvernement syrien se voyant imposer des «obligations», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov. L'émissaire international de l'ONU pour la Syrie, Kofi Annan, sera à Moscou lundi pour des entretiens avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Il s'est dit «choqué et effaré et a condamné “ces atrocités”». Paris a demandé au Conseil de sécurité de «prendre ses responsabilités».

De l'autre côté, les États-Unis ont menacé de ne pas prolonger le mandat de la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus) si le Conseil n'utilisait pas les sanctions comme moyen de pression sur Bachar el-Assad. Toutefois, leur chef, le général Robert Mood, a indiqué qu'ils étaient prêts à se rendre à Treimsa en cas de cessez-le-feu. «La mission a suspendu ses opérations en raison du niveau inacceptable de violence sur le terrain (…) Cependant les observateurs sont toujours stationnés dans les différentes provinces, peuvent voir ce qui se passe dans les environs et sont en relation avec les parties sur le terrain», a-t-il dit.

Européens et Américains ont donné dix jours au régime de Damas pour retirer ses troupes et armes lourdes des villes rebelles, sous peine de sanctions économiques.


Par lefigaro.fr