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Conflit de type nouveau : le Mali sur le chemin de la restructuration

Rédigé par leral.net le Jeudi 7 Février 2013 à 13:43 | | 0 commentaire(s)|

Autrefois, pour la plupart du temps, ce sont les Etats eux-mêmes qui entraient en conflit. Les causes étaient quasiment liées aux frontières ou à des chocs d’intérêt. Mais il nous est apparu en Afrique des conflits de type nouveau sous le coup de la gestion disparate du territoire et des ressources de la chose publique par les gouvernants plongeant les Etats dans un chaos endémique. Le conflit qui a déstructuré le nord du Mali depuis avril 2012 est de ce prototype.


Conflit de type nouveau : le Mali sur le chemin de la restructuration
Mais le geste protecteur de la puissance coloniale, la France, laisse entrevoir les prémices d’une paix tant attendue dans la bande sahélo sahélienne.

L’évolution de la crise au nord du mali avait allure d’une conquête à haut risque renseigne un observateur averti au vu de la situation géostratégique du territoire et des sept frontières que le Mali partage avec les pays du sahel (Mauritanie, Algérie, Niger, Guinée, Sénégal, Nigeria, Burkinafaso).
Un danger permanent guettait les Etats riverains dont la perméabilité des frontières a toujours été une problématique de taille.

Ensuite, les liens ombilicaux qui font foi entre les différentes branches armées sous la bannière djihadiste s’étendent sur une large proportion. Cette zone trouble s’est élargie depuis les vastes déserts du Mali, de la Mauritanie, de l’Algérie et du Niger pour traverser le Tchad, la Libye, le Soudan jusqu’en Afrique de l’Est en Somalie avec notamment Boko Ha ram au Nigeria et les shebabs au Darfour Des groupes nébuleux unis pour la circonstance (MNLA, An sardine, MUJAO, Alqaida) ont semé le désordre et pris en haleine tout un peuple laissé en rade par les autorités étatiques du Mali. Un désastre s’est abattu dans les régions de Gao, Tombouctou, Kidal et Mopti ;

En réalité, ce sont de véritables brigands, maîtres des lieux de surcroît qui ont désagréablement exploité la faillite de l’Etat du Mali dans son rôle de sécuriser le territoire et de relever le bien être du peuple. Des groupes armés supposés être des djihadistes ont ainsi profité de la situation d’ingouvernabilité au nord Mali pour faire leur loi et s’ériger en maître. Une invasion réussie sans moindre anicroche.

Mais force est de reconnaître que le nord du Mali, bien avant cette invasion, a été sous le choc d’intenses opérations d’échanges d’armes, de trafics de drogues, de razzias et de passeurs d’otages. Une zone ‘’grise’’, dangereuse, contrôlée par des narco trafiquants et des terroristes qui ont des ramifications étendues dans les katibas du désert Sahara jusqu’à la Somalie.

Une véritable poudrière en ascendance, une menace à étincelle pour la sous région en proie à des actes de banditisme de toute nature, un traumatisme à désamorcer au plus vite. C’est tout le sens de la réponse de la communauté internationale pour évacuer le mal hors des champs de nuisance avant de l’anéantir dans son embryon.

L’opération Serval de la Mission Internationale de Soutien au Mali (MISMA) dont les Français ont fait preuve de bonne volonté tout en démontrant à la face des puissances du Monde qu’elle reste le maître incontesté de cette partie de l’Afrique. Un geste d’une grande fermeté.

Comme on n’a pu le constater avec tout le tapage médiatique sur le conflit au nord du Mali. La tentative de restaurer la paix et de pacifier le territoire malien n’a pas été une rude épreuve. Au vu de la situation du terrain, il n’y a pas eu de résistance héroïque. Et cela peut se comprendre dans une stratégie de guerre. Quand on est en face d’un ennemi de loin mieux armé, on peut se permettre un temps de repli pour mûrir une stratégie de riposte.

Donc l’acte 1 de la bataille est déjà sous nos yeux avec la France comme principal maître de jeu le temps de laisser le terrain aux forces africaines. Et cette piste peut être appuyée par des forces de maintien de la paix qui sera conditionnée par la décision du conseil de sécurité de l’ONU.

L’acte 2 sera axé sur la libération par la MISMA des 7 otages français détenus dans les ifoghas de l’Adrar au nord-Est du Mali, bastion des Islamistes. . Les jalons sont déjà posés même si le plan n’est pas dévoilé. Les agents de renseignement sont à contribution pour dénicher la voie à suivre dans les meilleurs délais.

L’acte 3 reste à mon sens une équation à une inconnue par ce que dépendant de l’attitude des troupes armées Touaregs du nord Mali.
Quelle sera leur fin ? Vont-ils disparaître pour de bon ? Quels seront les éléments d’appréciation à ravaler pour entamer des négociations ?

Voilà une série de questions sur lesquelles la détermination de la partie adverse représentée par les islamistes du nord Mali sera attendue.

Enfin le dernier acte sera posé après le rétablissement de la paix. Une fois le calme revenu, ce sera un retour programmé à un Etat démocratiquement constitué. Un plan programme planifié dans le temps et dans l’espace pour organiser des élections justes transparentes et démocratiques. Ainsi la mission de la MISMA sera accomplie et le Mali sera définitivement libéré. On ne saurait dire jusqu'à quelle période ce plan sera de rigueur. Tout compte fait, la durée de vie de la MISMA est inscrite pour une année à compter de la mi-janvier 2013.

Pendant ce temps les maliens semblent retrouver une certaine overdose dans les vœux de retrouver l’intégralité de leur territoire sans démolir ou engranger des vies humaines.
Toute la communauté internationale reste soudée derrière la France pour un soutien de taille et sans faille.

En plus, pour rappeler que le sport est un facteur de cohésion sociale, un réconfort moral qui donne plus de sens à l’existence d’un peuple, une somme de valeurs que reflète le comportement appréciable de l’équipe du Mali aux joutes continentales de football. A la clef une qualification en demi finale.

En définitive, l’Afrique a manqué encore l’occasion de prouver à la face du monde qu’il reste plus que jamais uni devant l’essentiel et d’incarner son autonomie devant les prises de décision. Loin s’en faut, le continent est sous l’emprise de dirigeants étrillés par une certaine perte de charisme politique et de personnalités de grande envergure pouvant jouer le leadership et vaincre la bataille du développement. Mais devant cette ambition, il nous faut encore patienter, l’heure n’a pas encore sonné.




Daouda DIOUSSE : MEP, Master2 en Sciences
po et RI, diplômé en diplomatie stratégique.
Spécialiste en communication Institutionnelle
Chef section Communication au BCD du Ministère des Sports