L’Amicale des Ivoiriens du Canada (AICA), qui a son siège social au Québec, est une association à but non lucratif qui a été créée en décembre 2007. Elle est née de l’initiative de certains pionniers qui, s’étant rendu compte des difficultés d’intégration socioéconomique rencontrées par leurs compatriotes ivoiriens, se sont retrouvés autour des valeurs de solidarité et d’entraide. Comme nous le souligne, M. Frédéric Kouakou, commissaire permanent chargé du réseautage et de l’employabilité de l’Amicale : « L’idée de créer une amicale est venue du fait que nous avons compris qu’il y avait un manque d’organisation et d’encadrement des personnes qui venaient d’arriver sur le sol québécois. La nouvelle génération ivoirienne, poursuit-il, n’a pas voulu vivre les mêmes problèmes que les générations précédentes. Il y avait également un problème d’encadrement par les structures officielles gouvernementales et nous avons voulu donner plus d’information aux compatriotes avant leur arrivée au Québec ».
Les représentants du bureau et les membres de l’Amicale accompagnent le néo québécois d’origine ivoirienne dans le processus de recherche de logement avant même son arrivée en lui réservant un appartement et en se portant garant pour le paiement du loyer des premiers mois. Ils ont établi des contacts à Abidjan, la capitale ivoirienne, pour mieux assurer le suivi de leurs membres. Les technologies de l’information facilitent le travail de ces associations. De plus en plus, les personnes qui désirent immigrer contactent les associations depuis leur pays d’origine afin de faciliter les démarches d’intégration. C’est pour cette raison que les organismes communautaires multiethniques1, qui ont développé une solide expertise dans le domaine de l’intégration des immigrants, ont beaucoup à gagner en se rapprochant de ces associations afin qu’elles deviennent des agents multiplicateurs de bonne information dans tous les sens du terme.
L’association qui compte une cinquantaine de membres de diverses qualifications universitaires et collégiales et de formations tout aussi diverses, se donne comme objectif de mener des actions visant à faciliter une meilleure intégration de ses ressortissants.
1) L’intégration socioéconomique des membres
La capacité d’innovation des structures associatives se manifeste à travers les nouveaux besoins des immigrants par son orientation particulière dans les premières démarches d’installation. Selon monsieur Kouakou, il faut comprendre l’action de l’Amicale dans le sens de « combler un vide et apporter une orientation à tout nouvel arrivant d’origine ivoirienne ».
Et effectivement, devant l’absence d’une réponse appropriée aux problèmes qu’ils rencontrent, les ressortissants ivoiriens essaient d’inventer des solutions alternatives à leurs préoccupations quotidiennes.
C’est ainsi que cette association à but non lucratif développe des services de première ligne afin de prendre en charge certains de leurs besoins (accueil à l’aéroport, aide au premier logement, premier contact, accompagnement, carte assurance-maladie, carte assurance sociale, référence pour les logements, avance d’argent, conseils, référence, orientation).
Les nouveaux arrivants se sentent, dans un premier temps, plus proches des associations qui essaient de perpétuer la chaîne de solidarité. Dans les sociétés africaines, le groupe est plus important que l’individu. Ce qui est aux antipodes de la société d’accueil qui valorise au contraire l’individu plus que le groupe. Quand on parle de risque de ghettoïsation de ces associations, on pense le plus souvent aux valeurs qui sont mises de l’avant dans certaines sociétés et qui ne pourraient pas concorder avec les valeurs de la société d’accueil. Mais, ce qu’il faut comprendre aussi de la volonté de regroupement de ces associations monoethniques, c’est l’aspect entraide qui confère un statut social important à ces acteurs. Dans l’imaginaire populaire africain, l’entraide constitue le ciment de la société même, d’une importance croissante en raison de la tendance actuelle à l’individualisme suscité par la crise économique, à la mondialisation de certaines valeurs européennes et à bien d’autres facteurs.
Sous un autre angle, au fur et à mesure que l’individu sort de son entourage immédiat pour être en contact avec les autres membres de la société, il se développe une « socialisation nationale ». En clair, la société d’accueil intègre l’individu. Du coup, certaines personnes qui acquièrent ainsi des normes et des valeurs de leur nouvelle société s’affranchissent des cordons ombilicaux et jugent moins nécessaire leur appartenance aux associations de leur propre communauté.
Cependant, il faut bien noter que c’est un réel esprit de solidarité qui anime l’action associative et rassemble les acteurs du milieu associatif. Les représentants de ces associations ethnoculturelles s’estiment concernés par des problèmes d’exclusion sociale et du chômage et agissent en s’inscrivant dans des réseaux d’accompagnement.
2) Qui fait quoi ?
La part du bénévolat est très importante dans le domaine de la vie associative. L’implication des bénévoles qui font fonctionner les structures associatives dynamise le tissu associatif.
Ces associations fonctionnent grâce à la bonne volonté de leurs membres actifs et comptent énormément sur la cotisation de ceux-ci alors que les organismes communautaires multiethniques bénéficient des subventions des différents paliers gouvernementaux (municipal, provincial, fédéral).
Ces associations monoethniques ciblent un groupe d’individus homogène tandis que les organismes communautaires ciblent un groupe d’individus hétérogènes (de différentes nationalités) pour l’offre de services.
Ces organismes associatifs, qui sont censés défendre les intérêts de leurs membres, ont tendance parfois à s’aventurer sur le terrain de l’accompagnement professionnel des chercheurs d’emploi. Le risque de ne pas offrir des services appropriés, malgré la bonne volonté qui les anime, est très grand dans la mesure où les personnes qui donnent un soutien technique ne sont pas formées sur le plan professionnel. Ce rôle devrait être dévolu et réservé aux organismes multiethniques qui ont développé une solide expérience dans le domaine de l’intégration au marché du travail.
À la lumière de ce qui précède, nous voyons que les structures d’accompagnement des personnes immigrantes ont des méthodologies différentes quant à l’approche, aux méthodes et aux techniques à développer pour intégrer les néo-québécois.
Chaque structure a des compétences spécifiques liées à son domaine d’intervention. Toutefois le partenariat à développer s’impose pour rendre plus efficace leurs actions respectives.
Ces associations doivent jouer un rôle de solidarité et d’aiguillage vers les structures d’intégration des immigrants, toutes origines confondues.
La particularité de l’Amicale des Ivoiriens du Canada est d’avoir œuvré en étroite collaboration avec les organismes ayant développé une solide expérience dans le domaine de l’intégration par l’emploi.
3) L’AICA : un symbole fort de la démarche partenariale
Les associations ethnoculturelles africaines ou monoethniques essaient de se structurer de plus en plus pour répondre aux besoins de leurs membres surtout en ce qui touche le volet intégration économique par le biais de l’emploi, de la régionalisation et du mentorat.
Cette association à but non lucratif noue des relations concrètes avec certains acteurs du monde de l'intégration comme l’atteste le commissaire permanent chargé du réseautage et de l’employabilité de l’Amicale, monsieur Kouakou, dont le mandat comprend la régionalisation qui me confiait que : « L’Amicale devait organiser prochainement, en collaboration avec PROMIS, une sortie dans les Basses- Laurentides en vue de réseauter avec les employeurs de la région ». C'est un exemple parmi d'autres, car cette organisation noue également des contacts avec le Centre Génération Emploi pour les ateliers de recherche d’emploi et le Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé pour le programme Québec Pluriel Mentorat.
Cette association qui a bien compris qu’une ethnicité n’existe pas en soi et qu’elle n’a de sens que dans les rapports aux autres et ne se situe donc pas en marge de la société. Elle se positionne, certes dans le domaine de l’intégration mais essaie de travailler en étroite collaboration avec les associations multiethniques. Le rapprochement interculturel fait partie de son mandat. En clair, elle ne se replie pas sur elle-même, ne s’inscrit pas dans le communautarisme, et M. Kouakou nous précise que : « Dans le préambule de ses statuts et du règlement intérieur, l’Amicale mentionne expressément la collaboration avec la société d’accueil. Des Québécois d’origine font d'ailleurs partie de cette Amicale dont un autre signe d'ouverture se manifeste par le rapprochement avec l’Association des Camerounais du Canada ».
Ces associations peuvent aider les organismes communautaires multiethniques à aller chercher des immigrants qui n’assistent malheureusement pas aux séances d’information sur les réalités socioéconomiques et les conduites culturelles en emploi alors que ce sont là des outils extrêmement importants pour faciliter leur intégration. Ne devrait-on pas trouver une alternative qui va les inciter à assister à ce genre de séances d’information puisqu’il y va de leur intérêt et que c'est par ailleurs un devoir moral de la société de transmettre le vécu d’un peuple. La question est lancée. Nous y reviendrons dans un prochain article intitulé : « L’importance des séances d’information sur les réalités socioéconomiques du Québec et les conduites culturelles en emploi ».
Il importe de souligner la nécessité de travailler en étroite collaboration avec les associations monoethniques. Parce qu’elles sont proches des groupes de population qui se dirigent naturellement vers elles, elles pourraient être une courroie de transmission efficace en ce qui concerne la sensibilisation aux activités socioculturelles génératrices de cohésion sociale.
Quant aux organismes multiethniques qui œuvrent à l’intégration des personnes immigrantes, il serait dans leur intérêt d’élargir leur bassin de recrutement des personnes immigrantes. Ils doivent absolument sortir du mode de recrutement traditionnel des personnes immigrantes. Ils ne peuvent plus se contenter uniquement de la référence du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles. Ils doivent « réseauter » davantage avec les représentants de ces associations qui constituent un levier de recrutement important et particulièrement utile pour pallier la baisse de référence de la clientèle immigrante observée à certains moments de l’année.
Sans prétendre ni dédouaner, ni stigmatiser certaines communautés culturelles, il faut aussi garder à l’esprit que certaines d’entre elles ont conservé un sentiment de peur et de méfiance vis-à-vis des institutions publiques : ce n’est pas seulement que certaines institutions québécoises soient loin d’être toujours irréprochables, mais c’est aussi parce que ces communautés ont toujours entretenu des relations de méfiance, hélas souvent justifiées, à l’égard des institutions de leur pays d’origine. Et c’est pour cette raison qu’elles préfèrent toujours collaborer plus avec les organismes communautaires à but non lucratif qu’avec toutes les institutions étatiques.
C’est ce qui nous a amené à analyser la nouvelle structuration des associations monoculturelles comme jouant un rôle complémentaire nécessaire, même si elles marchent parfois dans les plates-bandes des organismes multiethniques.
En définitive, les associations multiethniques doivent travailler de concert avec les représentants qui sont des interlocuteurs fiables car ils constituent une courroie de transmission qui aidera à conscientiser davantage les membres de leur communauté quant à l’importance des sessions de réalités socioéconomiques et des ateliers de recherche d’emploi. Ces représentants deviendront ainsi eux-mêmes des agents multiplicateurs d’information fiable.
4) Mobilisation des réseaux communautaires
Nous voyons mieux maintenant que ces structures organisationnelles communautaires sont plus complémentaires qu’opposées.
On notera bien l’intérêt qu’il y a à collaborer dans un esprit positif avec les différents partenaires même s'ils ont des modes de fonctionnement différents.
Ces structures partagent la même volonté de bien intégrer, et dans l’harmonie, les personnes immigrantes dans la société d’accueil. Et même s’il existe parfois des chevauchements dans les actions et certaines difficultés à établir des partenariats entre des acteurs qui ont des conceptions différentes de ce qu’est une intégration réussie, nous pouvons surtout souligner les efforts et la bonne volonté des différents acteurs de travailler ensemble.
Cette forme d’intervention propre à ces associations ethnoculturelles constitue certainement une nouvelle réalité qu’il faudra désormais prendre en compte dans l‘intégration des personnes nouvellement arrivées au Québec.
À notre humble avis, le réseautage devrait créer une passerelle, un pont entre les deux types d’organismes de manière à produire des actions concertées et efficaces.
Les associations ethnoculturelles constituent une force de mobilisation efficace. À ce titre, elles doivent être des partenaires privilégiés qui rendront plus efficaces l’intégration et la prise en compte de nouveaux besoins. Les organismes communautaires traditionnels ont besoin de ces associations pour augmenter la fréquentation des indispensables sessions d’information sur les réalités socioéconomiques et accroître le nombre de leurs participants pour la plus large réussite du projet d’intégration dans la société québécoise.
Source : www.doudousow.qc.ca
Les représentants du bureau et les membres de l’Amicale accompagnent le néo québécois d’origine ivoirienne dans le processus de recherche de logement avant même son arrivée en lui réservant un appartement et en se portant garant pour le paiement du loyer des premiers mois. Ils ont établi des contacts à Abidjan, la capitale ivoirienne, pour mieux assurer le suivi de leurs membres. Les technologies de l’information facilitent le travail de ces associations. De plus en plus, les personnes qui désirent immigrer contactent les associations depuis leur pays d’origine afin de faciliter les démarches d’intégration. C’est pour cette raison que les organismes communautaires multiethniques1, qui ont développé une solide expertise dans le domaine de l’intégration des immigrants, ont beaucoup à gagner en se rapprochant de ces associations afin qu’elles deviennent des agents multiplicateurs de bonne information dans tous les sens du terme.
L’association qui compte une cinquantaine de membres de diverses qualifications universitaires et collégiales et de formations tout aussi diverses, se donne comme objectif de mener des actions visant à faciliter une meilleure intégration de ses ressortissants.
1) L’intégration socioéconomique des membres
La capacité d’innovation des structures associatives se manifeste à travers les nouveaux besoins des immigrants par son orientation particulière dans les premières démarches d’installation. Selon monsieur Kouakou, il faut comprendre l’action de l’Amicale dans le sens de « combler un vide et apporter une orientation à tout nouvel arrivant d’origine ivoirienne ».
Et effectivement, devant l’absence d’une réponse appropriée aux problèmes qu’ils rencontrent, les ressortissants ivoiriens essaient d’inventer des solutions alternatives à leurs préoccupations quotidiennes.
C’est ainsi que cette association à but non lucratif développe des services de première ligne afin de prendre en charge certains de leurs besoins (accueil à l’aéroport, aide au premier logement, premier contact, accompagnement, carte assurance-maladie, carte assurance sociale, référence pour les logements, avance d’argent, conseils, référence, orientation).
Les nouveaux arrivants se sentent, dans un premier temps, plus proches des associations qui essaient de perpétuer la chaîne de solidarité. Dans les sociétés africaines, le groupe est plus important que l’individu. Ce qui est aux antipodes de la société d’accueil qui valorise au contraire l’individu plus que le groupe. Quand on parle de risque de ghettoïsation de ces associations, on pense le plus souvent aux valeurs qui sont mises de l’avant dans certaines sociétés et qui ne pourraient pas concorder avec les valeurs de la société d’accueil. Mais, ce qu’il faut comprendre aussi de la volonté de regroupement de ces associations monoethniques, c’est l’aspect entraide qui confère un statut social important à ces acteurs. Dans l’imaginaire populaire africain, l’entraide constitue le ciment de la société même, d’une importance croissante en raison de la tendance actuelle à l’individualisme suscité par la crise économique, à la mondialisation de certaines valeurs européennes et à bien d’autres facteurs.
Sous un autre angle, au fur et à mesure que l’individu sort de son entourage immédiat pour être en contact avec les autres membres de la société, il se développe une « socialisation nationale ». En clair, la société d’accueil intègre l’individu. Du coup, certaines personnes qui acquièrent ainsi des normes et des valeurs de leur nouvelle société s’affranchissent des cordons ombilicaux et jugent moins nécessaire leur appartenance aux associations de leur propre communauté.
Cependant, il faut bien noter que c’est un réel esprit de solidarité qui anime l’action associative et rassemble les acteurs du milieu associatif. Les représentants de ces associations ethnoculturelles s’estiment concernés par des problèmes d’exclusion sociale et du chômage et agissent en s’inscrivant dans des réseaux d’accompagnement.
2) Qui fait quoi ?
La part du bénévolat est très importante dans le domaine de la vie associative. L’implication des bénévoles qui font fonctionner les structures associatives dynamise le tissu associatif.
Ces associations fonctionnent grâce à la bonne volonté de leurs membres actifs et comptent énormément sur la cotisation de ceux-ci alors que les organismes communautaires multiethniques bénéficient des subventions des différents paliers gouvernementaux (municipal, provincial, fédéral).
Ces associations monoethniques ciblent un groupe d’individus homogène tandis que les organismes communautaires ciblent un groupe d’individus hétérogènes (de différentes nationalités) pour l’offre de services.
Ces organismes associatifs, qui sont censés défendre les intérêts de leurs membres, ont tendance parfois à s’aventurer sur le terrain de l’accompagnement professionnel des chercheurs d’emploi. Le risque de ne pas offrir des services appropriés, malgré la bonne volonté qui les anime, est très grand dans la mesure où les personnes qui donnent un soutien technique ne sont pas formées sur le plan professionnel. Ce rôle devrait être dévolu et réservé aux organismes multiethniques qui ont développé une solide expérience dans le domaine de l’intégration au marché du travail.
À la lumière de ce qui précède, nous voyons que les structures d’accompagnement des personnes immigrantes ont des méthodologies différentes quant à l’approche, aux méthodes et aux techniques à développer pour intégrer les néo-québécois.
Chaque structure a des compétences spécifiques liées à son domaine d’intervention. Toutefois le partenariat à développer s’impose pour rendre plus efficace leurs actions respectives.
Ces associations doivent jouer un rôle de solidarité et d’aiguillage vers les structures d’intégration des immigrants, toutes origines confondues.
La particularité de l’Amicale des Ivoiriens du Canada est d’avoir œuvré en étroite collaboration avec les organismes ayant développé une solide expérience dans le domaine de l’intégration par l’emploi.
3) L’AICA : un symbole fort de la démarche partenariale
Les associations ethnoculturelles africaines ou monoethniques essaient de se structurer de plus en plus pour répondre aux besoins de leurs membres surtout en ce qui touche le volet intégration économique par le biais de l’emploi, de la régionalisation et du mentorat.
Cette association à but non lucratif noue des relations concrètes avec certains acteurs du monde de l'intégration comme l’atteste le commissaire permanent chargé du réseautage et de l’employabilité de l’Amicale, monsieur Kouakou, dont le mandat comprend la régionalisation qui me confiait que : « L’Amicale devait organiser prochainement, en collaboration avec PROMIS, une sortie dans les Basses- Laurentides en vue de réseauter avec les employeurs de la région ». C'est un exemple parmi d'autres, car cette organisation noue également des contacts avec le Centre Génération Emploi pour les ateliers de recherche d’emploi et le Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé pour le programme Québec Pluriel Mentorat.
Cette association qui a bien compris qu’une ethnicité n’existe pas en soi et qu’elle n’a de sens que dans les rapports aux autres et ne se situe donc pas en marge de la société. Elle se positionne, certes dans le domaine de l’intégration mais essaie de travailler en étroite collaboration avec les associations multiethniques. Le rapprochement interculturel fait partie de son mandat. En clair, elle ne se replie pas sur elle-même, ne s’inscrit pas dans le communautarisme, et M. Kouakou nous précise que : « Dans le préambule de ses statuts et du règlement intérieur, l’Amicale mentionne expressément la collaboration avec la société d’accueil. Des Québécois d’origine font d'ailleurs partie de cette Amicale dont un autre signe d'ouverture se manifeste par le rapprochement avec l’Association des Camerounais du Canada ».
Ces associations peuvent aider les organismes communautaires multiethniques à aller chercher des immigrants qui n’assistent malheureusement pas aux séances d’information sur les réalités socioéconomiques et les conduites culturelles en emploi alors que ce sont là des outils extrêmement importants pour faciliter leur intégration. Ne devrait-on pas trouver une alternative qui va les inciter à assister à ce genre de séances d’information puisqu’il y va de leur intérêt et que c'est par ailleurs un devoir moral de la société de transmettre le vécu d’un peuple. La question est lancée. Nous y reviendrons dans un prochain article intitulé : « L’importance des séances d’information sur les réalités socioéconomiques du Québec et les conduites culturelles en emploi ».
Il importe de souligner la nécessité de travailler en étroite collaboration avec les associations monoethniques. Parce qu’elles sont proches des groupes de population qui se dirigent naturellement vers elles, elles pourraient être une courroie de transmission efficace en ce qui concerne la sensibilisation aux activités socioculturelles génératrices de cohésion sociale.
Quant aux organismes multiethniques qui œuvrent à l’intégration des personnes immigrantes, il serait dans leur intérêt d’élargir leur bassin de recrutement des personnes immigrantes. Ils doivent absolument sortir du mode de recrutement traditionnel des personnes immigrantes. Ils ne peuvent plus se contenter uniquement de la référence du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles. Ils doivent « réseauter » davantage avec les représentants de ces associations qui constituent un levier de recrutement important et particulièrement utile pour pallier la baisse de référence de la clientèle immigrante observée à certains moments de l’année.
Sans prétendre ni dédouaner, ni stigmatiser certaines communautés culturelles, il faut aussi garder à l’esprit que certaines d’entre elles ont conservé un sentiment de peur et de méfiance vis-à-vis des institutions publiques : ce n’est pas seulement que certaines institutions québécoises soient loin d’être toujours irréprochables, mais c’est aussi parce que ces communautés ont toujours entretenu des relations de méfiance, hélas souvent justifiées, à l’égard des institutions de leur pays d’origine. Et c’est pour cette raison qu’elles préfèrent toujours collaborer plus avec les organismes communautaires à but non lucratif qu’avec toutes les institutions étatiques.
C’est ce qui nous a amené à analyser la nouvelle structuration des associations monoculturelles comme jouant un rôle complémentaire nécessaire, même si elles marchent parfois dans les plates-bandes des organismes multiethniques.
En définitive, les associations multiethniques doivent travailler de concert avec les représentants qui sont des interlocuteurs fiables car ils constituent une courroie de transmission qui aidera à conscientiser davantage les membres de leur communauté quant à l’importance des sessions de réalités socioéconomiques et des ateliers de recherche d’emploi. Ces représentants deviendront ainsi eux-mêmes des agents multiplicateurs d’information fiable.
4) Mobilisation des réseaux communautaires
Nous voyons mieux maintenant que ces structures organisationnelles communautaires sont plus complémentaires qu’opposées.
On notera bien l’intérêt qu’il y a à collaborer dans un esprit positif avec les différents partenaires même s'ils ont des modes de fonctionnement différents.
Ces structures partagent la même volonté de bien intégrer, et dans l’harmonie, les personnes immigrantes dans la société d’accueil. Et même s’il existe parfois des chevauchements dans les actions et certaines difficultés à établir des partenariats entre des acteurs qui ont des conceptions différentes de ce qu’est une intégration réussie, nous pouvons surtout souligner les efforts et la bonne volonté des différents acteurs de travailler ensemble.
Cette forme d’intervention propre à ces associations ethnoculturelles constitue certainement une nouvelle réalité qu’il faudra désormais prendre en compte dans l‘intégration des personnes nouvellement arrivées au Québec.
À notre humble avis, le réseautage devrait créer une passerelle, un pont entre les deux types d’organismes de manière à produire des actions concertées et efficaces.
Les associations ethnoculturelles constituent une force de mobilisation efficace. À ce titre, elles doivent être des partenaires privilégiés qui rendront plus efficaces l’intégration et la prise en compte de nouveaux besoins. Les organismes communautaires traditionnels ont besoin de ces associations pour augmenter la fréquentation des indispensables sessions d’information sur les réalités socioéconomiques et accroître le nombre de leurs participants pour la plus large réussite du projet d’intégration dans la société québécoise.
Source : www.doudousow.qc.ca
Doudou Sow
Sociologue de formation, spécialisé en Travail et organisations, l’auteur est actuellement conseiller en emploi pour le projet Québec-Pluriel Mentorat au Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé (Canada). Il est aussi conférencier. Son livre « Analyse sociologique de l’intégration des personnes immigrantes dans la société québécoise » paraîtra en février 2010.
Sociologue de formation, spécialisé en Travail et organisations, l’auteur est actuellement conseiller en emploi pour le projet Québec-Pluriel Mentorat au Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé (Canada). Il est aussi conférencier. Son livre « Analyse sociologique de l’intégration des personnes immigrantes dans la société québécoise » paraîtra en février 2010.