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Contribution scientifique à la problématique des inondations

Rédigé par leral.net le Jeudi 30 Août 2012 à 19:58 | | 3 commentaire(s)|

Notre capitale est entrain de vivre une calamité inhabituelle, consécutive aux fortes pluies qui s’y sont abattues le Dimanche 26 Aout 2012. Avec plus de 150 mm (150 mm de pluie= 150 Litres d’eau versés sur une surface de 1 m2), certaines populations de Dakar sont devenues de véritables sinistrés.


Contribution scientifique à la problématique des inondations
Alors se pose la lancinante question de la gestion de ces sinistrés, mais aussi et surtout de la résolution définitive de l’évacuation des eaux pluviales.
En filigrane de ces problématiques, apparait la question de leurs gestions temporelles.
Si la prise en charge des sinistrés nécessite des actions d’envergure immédiates, à court terme, que le plan ORSEC est entrain de dérouler, il en demeure autrement pour l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan stratégique d’assainissement global.
Justement, c’est ce volet complexe, nécessitant du temps, de la patience et d’énormes ressources qui nous interpelle en tant que spécialiste.
Fondamentalement, les études relatives à des projets hydrauliques d’une certaine envergure se font dans la durée pour deux raisons essentielles :
• D’abord, les hypothèses et autres paramètres de calculs doivent se fonder sur le comportement variable et aléatoire de l’eau. De ce point de vue, les phénomènes cycliques, le plus souvent par période de 10 ans (le réchauffement climatique permet certainement aujourd’hui de réduire cette périodicité), qui génèrent les éléments essentiels de calculs nécessitent beaucoup de temps, car émanant de relevés et d’observations in situ. Ainsi, les situations les plus défavorables sont mieux cernées et prises en compte, pour être pondérées dans le but d’optimiser le dimensionnement des ouvrages qui résulteront des études. Il s’y ajoute que des projets de cette nature exigent dans leur mise en œuvre beaucoup de technicité et de rigueur, car leur destruction accidentelle entraine souvent des conséquences chaotiques pour les populations ;

• Ensuite, il y a le cout faramineux de ces types de projet. Leur importance exige que toute la méthodologie qui sied soit respectée, notamment la prise en compte des dimensions historique, sociologique, scientifique etc. Pour cela, il est absolument nécessaire de répertorier l’existant, de cerner les comportements des populations et de se projeter sur le long terme. En effet, au delà des conséquences sociales dramatiques évoquées plus haut, liées à une mauvaise conception des ouvrages, du fait du non respect des différentes étapes nécessaires pour asseoir des études sérieuses, il y a le gâchis financier énorme qui en découle, et qui peut même compromettre la crédibilité et le développement économique d’un pays.
Dès lors, la question des inondations qui nous interpelle doit être abordée sous le rapport d’un plan à long terme, exécuté séquentiellement sur la base d’études bien élaborées, pour la réalisation d’ouvrages facilement extensibles, dont la durée de vie devrait prendre en compte les besoins de plusieurs générations de citoyens.

Pour cela, au-delà des généralités les actions suivantes s’imposent à nous :
• Faire l’état des lieux de toutes les infrastructures existantes avec toutes leurs caractéristiques. L’objectif de cette démarche est de les intégrer dans le nouveau plan si elles s’avèrent nécessaires à leur exploitation, mais aussi d’éviter les redondances inutiles pouvant entrainer des surcouts ;

• Relever immédiatement, cela a du être fait à la fin de la pluie du Dimanche, les niveaux d’eaux à des endroits bien choisis, par rapport au niveau de la mer. Cette précaution s’imposait d’ailleurs depuis 2005. Ceci aurait permis aujourd’hui en 2012, donc sur une période de 7 ans de disposer de données assez fiables pour faire des extrapolations sur le long terme ( je suppose que les données existent);

• Collecter par satellite les photographies et données de la zone géographique du Cap Vert hors d’eau, pour avoir :
 le relief naturel avant les pluies ;
 mais également l’état des lieux juste après les inondations.
En effet, les ruissellements des eaux pluviales se font de façon naturelle, en fonction du relief, des talus ou de façon forcée à travers des aménagements ou autres équipements faits volontairement ou involontairement par les hommes.



La véritable problématique réside donc dans notre capacité à élaborer un plan stratégique, et non ponctuel, déclinant des projets intégrés de mise en œuvre d’un réseau national d’assainissement, en profitant au mieux de ce que la nature nous offre en terme de relief et de littoral pour bien capter les eaux pluviales et ensuite les évacuer.
Il est clair que de telles réalisations, si tant est que nous voulons régler définitivement la question des inondations, vont créer des désagréments importants pour les populations en termes de délogements par exemple. Bien entendu il va falloir s’efforcer de les minimiser dans la limite permise par les études pour atteindre les objectifs du plan.
Enfin, je le rappelle, il y a la durée des études et la planification des travaux qu’aucune pression ne devrait écourter dans leur déroulement normal. Bien sensibilisées, les populations attendraient sereinement un plan définitif de résolution de leurs problèmes, avec parallèlement des mesures intermédiaires comme le plan ORSEC.
Je m’en vais donner pour finir, quelques exemples pour vous édifier sur la névralgique question de la durée, de la patience dans les projets d’aménagements et de construction hydraulique.
 Pour le barrage d’Itaipu entre le Brésil et le Paraguay, les études commencées en Février 1971, ont duré 4 ans. Au préalable la décision de faire le projet avait été prise en 1960. Quant aux travaux, démarrés en 1975, ils n’ont été achevés qu’en 1982
 Plus prés de nous, les travaux du barrage de Manantali ont démarré en 1997 et se sont achevés en 2001 pour un cout de 246 milliards FCFA.
Ces exemples peuvent être perçus démesurés, le barrage d’Itaipu et celui Chinois des Trois-Gorges sont les plus grands du monde, mais si l’on prend en compte les besoins en assainissement de Dakar, pour ne citer que la capitale, et la complexité de réaliser de gros ouvrages en pleine ville, la comparaison se justifie amplement.
Telle est la réflexion que je voulais apporter dans ces moments difficiles que traverse notre pays.

Samba NDIAYE
Ingénieur G.C option : Aménagements et Construction Hydraulique
Maire de Ndoffane
DG de la SIRN
msndiaye421@yahoo.fr



1.Posté par DONG le 31/08/2012 06:21 | Alerter
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MAIS OU EST LA SOLUTION SCIENTIFIQUE DANS TOUT CA?

2.Posté par Issamay le 31/08/2012 07:48 | Alerter
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Enfin une contribution très positive dans une presse sénégalaise qui depuis un certain temps nous casse les oreilles avec des futiltés. Je profite de l´occasion pour féliciter Monsieur N´diaye. Les solutions qu´il propose devraient être prises en compte par nos nouvelles autorités. Notre problème au Sénégal, c´est de de ne jamais agir à long terme, et d´oublier très vite tous ces dégats causés par des pluies exeptionnelles dés que l´hivernage sera terminé. J´espère et je prie pour que le nouveau régime mène une politique autre que ce qu´on a vu jusqu´à présent. Pour atteindre ce but il faudra beaucoup de courage.Encore une fois bravo Monsieur N´diaye.

Wa Salam

3.Posté par Cheikh DIOUF le 31/08/2012 23:38 | Alerter
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Les inondations sont les conséquences de la pression de l’homme sur le foncier
J’ai même envie de dire premières conséquences. La nature a bien organisé les choses. S’il y avait que des montagnes sur terre ou si le relief était formé de façon homogène de marais, la vie sur cette planète serait impossible. Heureusement nous avons la chance de profiter d’un espace naturel très riche qui nous offre toutes les possibilités de vivre confortablement sur cette terre.
Le relief est organisé de façon à permettre à l’homme d’avoir un lieu où habiter, un espace où cultiver, des marécages où trouver de l’eau si le besoin se manifeste, des forêts où il peut mener son troupeau, etc. Malheureusement, la nature n’a pas de vocabulaire pour nous expliquer tout ceci si ce n’est des signes et des signaux qu’elle nous envoie. A nous d’user de notre intelligence pour savoir que cette organisation naturelle n’est pas un hasard.
Aujourd’hui on assiste à une autre forme d’organisation de l’espace terrestre, imposée par l’homme et que la nature n’accepte pas. Le développement des villes et les possibilités que celles-ci offrent entrainent un exode massif vers les centres urbains qui ont fini par faire le trop plein. En autorisant des constructions sur des marécages et des bas-fonds, les autorités n’ont pas prévu le retour de la pluviométrie à la normale car la sècheresse, qui avait entrainé la rareté des pluies et la baisse des eaux sous-terraines, n’est qu’une question de cycle. Les populations quant à eux, animées par la volonté de vivre en ville, acceptent d’occuper les lieux « en attendant le retour du maître ». Et voilà, c’est fait.
Aujourd’hui, le discours s’articule principalement autour d’un sujet : assainissement, canalisation. C’est bien de prévoir dans un plan d’urbanisation un système d’assainissement. Seulement, et faut-il le préciser, les canalisations sont faites pour évacuer les eaux usées des ménages, les eaux de pluie et les eaux stagnates mais jamais elles ne pourront drainer les eaux sous terraines. Si la pluviométrie reprend son cours normal, les eaux des nappes phréatiques remonteront et causeront des dégâts à qui se trouvera à la surface. Certes ces eaux ne peuvent pas inonder de vastes surfaces mais peuvent avoir des effets néfastes sur les constructions (les techniciens du batiment pourront en dire davantage). Alors oui à la canalisation mais là où la nappe phréatique n’est pas très profonde, la seule solution durable est de déplacer les personnes qui y vivent. Occupons la place qui nous est réservée sur cette terre et laissons à l’eau, aux cultures et aux forêts leurs places pour une cohabitation paisible.
J’ai parlé de l’agriculture et des forêts parce que la pression des hommes sur le foncier ne se limite pas seulement à la ville. Le milieu rural vit cette situation mais sous une autre forme qui, à mon avis, risque de taper plus fort que les inondations.
Le problème s’aggrave avec l’arrivée des promoteurs immobiliers ou plutôt avec le développement de leur activité. Deux mots pour exprimer le caractère sauvage de l’agression de la nature par ceux-ci : déforestation et exploitation du sable marin qui nous font subir deux menaces. A l’ouest, la mer menace de nous envahir si on ne trouve pas de solution à cette exploitation anarchique du sable marin. Précisons que toute cette partie du pays qui s’étend sur 700 km environ baigne dans la mer. Au nord, nous sommes exposés au plus grand désert du monde. Son expansion est amplifiée par la déforestation qui va finir par nous priver de terres cultivables. Imaginez cette situation qui se dessine à l’horizon, que nous même allons créer si rien n’est fait : avancée de la mer à l’ouest, désertification au nord et baisse de la production agricole dans le monde rural.
La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que nous avons encore le temps d’agir, nous avons le temps d’éviter que cela arrive. Pour ce faire, au niveau étatique, le discours politique que les politiques sénégalais maitrisent tant mais qui a montré ses limites, doit céder la place aux réalisations concrètes. Pour nous, population sénégalaise, la solution est simple. Reconcilions nous avec le civisme, avec nos valeurs que nos parents ne cessaient de chanter et surtout, revoyons le mode de désignation de nos dirigeants.

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