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Covid-19 : Le vaccin et le monde des privilégiés

Rédigé par leral.net le Lundi 5 Juillet 2021 à 18:53 | | 0 commentaire(s)|

Par Daouda MANE Depuis son apparition, il y a deux ans en Chine, la Covid-19 rythme la vie dans tous les pays du monde. Malgré la production de vaccins en un temps record, la maladie continue de hanter le sommeil des populations avec l’apparition d’une multitude de variants, les uns plus mortels ou plus contagieux […]

Par Daouda MANE

Depuis son apparition, il y a deux ans en Chine, la Covid-19 rythme la vie dans tous les pays du monde. Malgré la production de vaccins en un temps record, la maladie continue de hanter le sommeil des populations avec l’apparition d’une multitude de variants, les uns plus mortels ou plus contagieux que les autres. C’est dans un tel contexte que de nombreux pays développés travaillent à l’introduction de «passeports vaccinaux» ou des «certificats similaires». Ces documents, argue-t-on, devront permettre aux personnes, surtout les voyageurs, de démontrer qu’elles présentent un risque faible de transmettre le virus, soit parce qu’elles sont protégées de manière significative par la vaccination ou une infection passée, soit parce qu’elles ont la preuve d’un test négatif récent pour la présence du virus. L’objectif recherché : atténuer la propagation du virus et inciter à la vaccination.

Certes, les dirigeants de ces pays ont le plein droit de protéger leurs concitoyens. Mais une telle stratégie ne peut être efficace que s’ils retiennent leurs concitoyens à l’intérieur de leurs frontières. Et nous ne croyons pas qu’ils puissent réussir cette prouesse ; le déplacement étant l’essence même de l’humain. C’est pourquoi, de l’Afrique, il a essaimé le monde. Nous pensons – et ils sont nombreux à le croire – qu’une telle mesure a d’autres visées.

Au moment où l’Occident fait face à l’émigration clandestine, qu’il cherche à juguler par tous les moyens, le doute est permis sur les intentions réelles de ces pays. En effet, les pays occidentaux n’ignorent pas que ceux en développement, qui ne produisent pas de vaccins, éprouvent de grandes difficultés. Doit-on pour autant initier une politique de containment contre leurs citoyens ? L’image renvoyée par ce «projet» est, à bien des égards, hideuse. Elle crée une fracture dans un espace partagé obligé de cheminer ensemble pour relever les défis de l’heure et du futur.

Ces «passeports et certificats vaccinaux» ne sont rien qu’une autre frontière créée à dessein. Ils ne visent qu’à enfanter un monde de privilégiés – celui de ceux-là qui ont accès aux vaccins – d’où sont exclus les pauvres qui ne disposent surtout pas de technologies numériques. Rien de plus. Car, au moment où l’Occident prend cette mesure, on note, de sa part, une faible solidarité en matière de disponibilité des vaccins malgré les multiples appels au partage. Non content de tout accaparer, alors qu’il est le principal fabricant, il doute de l’efficacité des vaccins fabriqués dans des pays en développement (par exemple en Inde), comme si le protocole diffère pour un même vaccin. À ce titre, ces «passeports et certificats vaccinaux» portent atteinte à l’un des droits humains le plus élémentaire, celui de circuler. C’est donc à juste titre que l’Unesco a exprimé ses préoccupations éthiques. Pour des considérations obscures, notre cheminement collectif est mis à rude épreuve.



Source : http://lesoleil.sn/covid-19-le-vaccin-et-le-monde-...