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Crash du Paris-Le Caire : la piste de l'attentat

Rédigé par leral.net le Jeudi 19 Mai 2016 à 22:31 | | 2 commentaire(s)|

Jeudi soir, les autorités égyptiennes privilégiaient la piste de l'acte terroriste pour expliquer le crash du vol MS804 de la compagnie EgyptAir, qui reliait Paris au Caire avec 66 personnes à bord.


Accident ou attentat? C'est la question qui a immédiatement saisi la France et l'Égypte au réveil, jeudi matin après la disparition dans la nuit du vol Paris-Le Caire d'EgyptAir au-dessus de la Méditerranée. Une question entêtante, quasiment six mois après les attaques qui avaient ensanglanté Paris avec ses 130 morts. Et sept mois après l'attentat contre le vol 9268 Metrojet au départ de Charm el-Cheikh. Cet avion, à destination de Saint-Pétersbourg, s'était écrasé dans le Sinaï avec 224 personnes à bord. L'acte avait été revendiqué par «Province du Sinaï» du groupe État islamique.
Le vol MS804 parti de Paris à 23h09 devait atterrir au Caire à 3h05. Mais l'Airbus A 320 ne rejoindra jamais le tarmac égyptien. Après plusieurs heures d'interrogations et de prudence embarrassée, c'est finalement l'Égypte qui a avancé la piste de l'attentat. Jeudi après-midi, au Caire, le ministre égyptien de l'Aviation civile a tenu une conférence de presse. Après des échanges très policés, avec des précautions de langage qui prêteraient à sourire dans d'autres circonstances et des atermoiements sémantiques («la terminologie est très importante») autour du terme de «crash», Chérif Fathi a fini par lâcher: «La possibilité d'une attaque terroriste est plus élevée que celle d'un incident technique.» Quelques minutes plus tôt, un journaliste l'interrogeait à propos des déclarations de François Hollande, le président français ayant évoqué un «crash». Réponse du ministre égyptien: «Tant que nous n'avons pas retrouvé les débris de l'avion, je considère qu'il a disparu, qu'il ne s'est pas crashé». Les propos du ministre égyptien étaient nuancés cependant par une source aéronautique française: «La transparence n'étant pas une vertu cardinale du régime égyptien, il faut prendre toutes leurs déclarations avec des pincettes ou du moins s'interroger sur pourquoi ils tiennent de tels propos.»

«Une rupture totale et brutale des transmissions»

Alors, que s'est-il passé? Mercredi soir, aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. À 23h09, le vol MS 804 décolle, destination Le Caire. À son bord, 56 passagers (dont 16 en business class), sept membres d'équipage et trois officiers de sécurité, dont un en formation. Le voyage se passe sans incident. L'Airbus A 320 qui est passé la veille par l'Érythrée, l'Égypte et la Tunisie, vole à 37.000 pieds, soit à peu près 11 280 mètres d'altitude. Puis, le contact est perdu avec le sol à 2h30 (heure française). L'avion se situe alors à 280 kilomètres de la côte de l'Égypte dont il vient juste d'intégrer l'espace aérien. L'appareil disparaît donc des écrans seulement deux minutes après avoir quitté l'espace aérien grec. Et dans ses échanges avec les contrôleurs aériens grecs, le pilote n'avait fait part d'aucun problème, a assuré jeudi le directeur de l'Aviation civile hellénique. Le dernier contact avec l'équipage a lieu vers 2 h 05, puis le pilote ne répondra plus jamais aux appels des contrôleurs aériens qui ont continué jusqu'à la disparition de l'avion des écrans radar.
Une très petite quantité d'explosif suffit, à raison d'une balle de tennis ou d'une canette, à partir du moment où l'avion est pressurisé.
Le commandant de bord totalisait 6000 heures de vol, dont 2000 sur cet appareil. Avec 48 000 heures de navigation au compteur, et une livraison à EgyptAir en 2003, l'appareil était récent. D'après le ministre grec de la Défense, Panos Kammenos, le MS 804 «a effectué un virage de 90 degrés à gauche puis de 360 degrés à droite en tombant de 37.000 à 15.000 pieds», de 11.000 à 4570 mètres, avant de disparaître des radars. Par ailleurs, une source proche du ministère grec de la Défense a évoqué le témoignage du capitaine d'un navire marchand disant avoir vu «une flamme dans le ciel» dans cette zone, sans plus de précision.

De source aéronautique française, on met en avant «la rupture totale et brutale des transmissions» avec un «événement soudain et irrécupérable», évoquant nécessairement «l'acte malveillant». Et de préciser qu'une très petite quantité d'explosif suffit, à raison d'une balle de tennis ou d'une canette, à partir du moment où l'avion est pressurisé. Ce spécialiste rappelle le précédent du vol 3159 Daallo Airlines. Le 2 février dernier, une explosion d'origine terroriste avait troué le fuselage d'un Airbus A321 à destination de Djibouti après son décollage de Mogadiscio. La déflagration avait fait une brèche d'un mètre de diamètre, contraignant l'équipage à faire demi-tour pour regagner la capitale somalienne. Le kamikaze présumé avait été aspiré hors de l'appareil, et son corps retrouvé à une trentaine de kilomètres de Mogadiscio. L'explosif avait visiblement été déposé dans un ordinateur portable. Le suspect, Abdullahi Abdisalam Borleh, 55 ans, était somalien. Les deux employés de l'aéroport qui lui auraient remis l'ordinateur ont été arrêtés. L'attaque avait été revendiquée par al-Chebab, un groupe terroriste islamiste somalien salafiste.
Pour l'heure, l'épave du MS 804 n'a pas encore été retrouvée. Jeudi dans la soirée, la compagnie EgyptAir annonçait que des débris de l'Airbus avaient été découverts au large de la Crète. Des allégations vite démenties par le Comité grec de sécurité aérienne, qui a précisé qu'il s'agissait de morceaux de bois et de tissu n'appartenant pas à un avion. Le président Abdel Fattah al-Sissi à appelé à «intensifier les opérations de recherche».

Le Figaro