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Dangers de l’émigration : Les conseils de Serigne Mame Mor Mbacké aux Sénégalais d’Italie

Dans le cadre de sa tournée annuelle en Italie, Serigne Mame Mor Mbacké est allé à la rencontre des Sénégalais établis dans les villes de Genova et de San Remo. Selon Serigne Mame Mor Mbacké Mourtalla, la crise économique qui sévit dans ce pays ne doit pas les pousser à emprunter le mauvais chemin.


Rédigé par leral.net le Jeudi 20 Juin 2013 à 23:05 | | 0 commentaire(s)|

Dangers de l’émigration : Les conseils de Serigne Mame Mor Mbacké aux Sénégalais d’Italie
«C’est vrai qu’il ya une crise économique en Europe. Mais cela ne doit pas être un prétexte pour certains d’entre vous de passer par le mauvais chemin. La crise économique ne doit pas entraîner celle des valeurs». Serigne Mame Mor Mbacké a invité les émigrés Sénégalais de San Remo et de Genova à rester sur le droit chemin. «La crise économique a toujours existé dans le monde. Mais la crise la plus dangereuse est celle des valeurs. Vouloir rapidement avoir de l’argent ne doit pas vous pousser à dévier du droit chemin».

Le marabout qui tenait ce discours pour répondre au commissaire de San Remo, Dr Manzo Lorenzo, qui déplorait les actes prohibés auxquels certains Sénégalais s’adonnent, a appelé aussi la nouvelle génération d’émigrés à suivre les pas de leurs devanciers. «Vos aînés ont bâti une bonne réputation en Italie. Ce qui leur a permis d’être considérés dans ce pays. Il vous faut donc suivre leur exemple pour ne pas tomber dans certaines vices».

Située à une dizaine de kilomètres de Nice, la ville de San Remo est une zone touristique avec plusieurs activités commerciales. Ce qui en fait un lieu de transit et de rencontre. Nouvellement affecté dans cette ville à l’architecture médiévale, le commissaire dit garder « de bons souvenirs des Sénégalais» dans toutes les villes où il est passé. «J’étais commissaire à Firenze quand on a assassinés les deux Sénégalais en décembre 2011. Cela a été une chose qui m’a fait très mal. Et ce qui m’a le plus marqué à l’époque, c’est la sérénité, le calme et la dignité dans lesquelles la communauté sénégalaise a géré cette crise», a-t-il souligné. À San Remo, le commissaire dit constater des déviances chez certains jeunes Sénégalais qui s’adonnent à des actes prohibés, comme la vente de produits contrefaits ou le trafic de drogue. «Contrairement à leurs ainés, ils veulent certainement gagner vite de l’argent, oubliant aussi qu’ils deviennent des cibles faciles pour les groupes organisés comme la mafia». Aussi, a-t-il demandé au guide religieux de leur parler.

Plus connu sous le nom français de Gênes et située dans la même zone que San Remo, Genova est aussi une ville d’échanges et de transit.
Avec sa tradition maritime et son célèbre port, Gênes sert de zone d’import-export. Serigne Mame Mor a conseillé aux émigrés établis dans cette ville et surtout aux jeunes de ne pas prendre «l’argent comme une fin, mais seulement un moyen pour satisfaire des besoins». Il a aussi rappelé aux Sénégalais qui y résident, que l’histoire de l’Islam a été marquée par l’émigration. «Le prophète Mouhamad (Psl) avait conseillé à ses premiers compagnons de s’exiler en Ethiopie face à l’hostilité des Mecquois. Lui aussi s’est exilé après à Médine pour bien vivre sa foi.
Partout où le Prophète (Psl) a été, il a gardé les bonnes valeurs et demandé aux autres d’en faire autant. «Donc, où que vous soyez, faites la même chose» ajoute t-il.

Drame de Firenze en 2011 : les blessés sénégalais faits citoyens italiens par la mairie
(Livourne, Italie). Les Sénégalais établis dans la ville de Firenze ont vécu de douloureux événements en décembre 2011, avec la mort de deux d’entre eux, tués par les militants d’extrême droite. Les blessés de ces événements ont été faits citoyens Italiens et bénéficient d’une prise en charge de la mairie de cette ville.

La ville de Firenze, de son nom français Florence, est connue pour avoir vu naître l’auteur du manuel le plus connu en politique, Nicolas Machiavel qui a écrit «Le Prince». Cette cité de la région de Toscane a été rendue célèbre au Sénégal en décembre 2011. Deux sénégalais, Mor Talla Diop et Modou Samb, ont été abattus au marché de Firenze par un militant d’extrême droite qui s’est ensuite donné la mort. Un autre a été également blessé par balle. Un événement qui avait plongé toute l’Italie et le Sénégal dans l’émoi. «Les blessés ont été faits citoyens Italiens et entièrement pris en charge par la mairie, tandis que les familles des disparus bénéficient de l’aide des autorités de Firenze», informe Pape Demba Dia, président de l’Association des Sénégalais de la région de Toscane.

Rencontré dans la ville voisine de Livorno à l’occasion de visite de Serigne Mame Mor Mbacké Mourtalla, Pape Demba Dia explique qu’une stèle a été construite sur le lieu du drame en mémoire des victimes. «L’année dernière, il y a eu une cérémonie de commémoration. Pour cette année, il est prévu d’organiser un concert. Les recettes vont aller dans la construction d’écoles et de structures de santé pour les localités sénégalaises où habitaient ces émigrés». Selon lui, ces événements ont été bien gérés par la communauté sénégalaise qui était bien intégrée dans la ville de Florence. «Les Sénégalais sont très respectés ici. Ce sont eux qui sont les fers de lance des étrangers établis dans la région de Toscane», ajoute t-il. Makhoudia Sylla, un Sénégalais établi dans cette ville depuis une dizaine, a vécu ses tristes événements.

Selon lui, cet assassinat avait mis en émoi toute la ville. «Les Sénégalais accompagnés par d’autres étrangers avaient improvisé une manifestation dans la rue ce jour-là et exprimé leur mécontentement», raconte-t-il. Pour Makhoudia Sylla (qui est marié à une Florentine convertie à l’Islam et qui porte le nom de Mame Diarra), Firenze n’est pas une ville raciste et que ces meurtres étaient un cas isolé. «Firenze est une ville historique avec un grand patrimoine visité chaque année par des touristes de tous bords. C’est une ville ouverte qui ne peut pas être raciste», rassure Mme Sylla. Selon Mame Diarra, les habitants de Florence n’ont jamais eu de problèmes avec les étrangers. Elle espère que ce souvenir douloureux ne se répétera pas à Firenze.

Oumar NDIAYE