leral.net | S'informer en temps réel

Débat sur le retour de la peine capitale : "L'application de la peine de mort est une exception en islam", selon Imam Ahmadou Makhtar Kanté

La recrudescence des meurtres au Sénégal a réactualisé la controverse autour de l'application de la peine de mort. Si Seydina Fall, le député initiateur de la loi sur la peine capitale, reste toujours convaincu qu'elle doit être votée, l'imam de la mosquée du Point E, Ahmadou Makhtar Diakhaté, préfère tempérer. Car, pour lui, au regard du fonctionnement actuel de la justice, il faut être prudent lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à quelqu'un.


Rédigé par leral.net le Mercredi 19 Août 2015 à 10:30 | | 0 commentaire(s)|

Interpellé par EnQuête, sur les nombreux meurtres de sang froid notés dans notre pays, imam Ahmadou Makhtar Diakhaté déclare : "Je suis choqué par ces meurtres, avec une fréquence de plus en plus importante. Pour un rien du tout, on tue un individu. La religion a sa part, mais il faut voir les autres aspects : économiques, sociologiques... Ce serait très prétentieux de la part d'un chef religieux de dire qu'il a des solutions. C'est une question très complexe avec des facteurs interdépendants". Sur le retour de la peine capitale, l''imam du Point E se veut prudent. "La peine de mort n'est pas une panacée. Des enquêtes ont montré que dans certaines sociétés où elle est appliquée, elle ne résout pas le problème. Les Etats-Unis par exemple. L'application de la peine de mort est une exception en islam. Durant les 10 ans du Prophète (Psl) à Médine, elle ne s'est appliquée que sur deux personnes qui se sont dénoncées elles-mêmes", a-t-il dit estimant qu'"il faut voir, comprendre pourquoi les gens sont faibles et pensent que le meurtre est la solution. "Il s'y ajoute que la peine de mort me fait peur si on voit les manipulations de la justice. Beaucoup de verdicts sont rendus et, par la suite, on se rend compte qu'il y eu une main derrière. J'ai des réserves sur l'autonomie et l'indépendance de la justice. Or, donner le pouvoir de tuer, ce n'est pas une petite affaire", indique-t-il.